Scène XXXI.
ANTOINE.
— C’est à cette grande fée que je veux vanter tes exploits, — pour qu’elle te bénisse de sa reconnaissance.
À Cléopâtre.
Ô toi, lumière du jour, — étreins mon cou bardé de fer ; toute radieuse, élance-toi, — en dépit de cette armure, sur mon cœur pour t’y laisser — soulever par les élans du triomphe !
CLÉOPÂTRE, le prenant dans ses bras.
Seigneur des seigneurs, — ô héroïsme infini ! te voilà donc revenu souriant, — après avoir échappé au grand piège des hommes.
ANTOINE.
Mon rossignol, — nous les avons chassés jusqu’à leurs lits.
Portant la main à ses cheveux.
Eh bien, ma fille, bien que les gris — soient quelque peu mêlés aux bruns, nous avons encore — assez de cervelle pour nourrir notre énergie et — pour tenir tête à la jeunesse.
Montrant Scarus.
Regarde cet homme ; — confie à ses lèvres ta main sympathique… — Baise cette main, mon guerrier… Il a combattu aujourd’hui — comme si un dieu, hostile au genre humain, avait — pris sa forme pour détruire.
CLÉOPÂTRE.
Ami, je vais te donner — une armure d’or, qui appartenait à un roi.
ANTOINE.
— Il l’a bien méritée, fût-elle couverte d’escarboucles — comme le char sacré de Phébus !… Donne-moi ta main ; — faisons à travers Alexandrie une marche joyeuse ; — portons devant nous nos boucliers, balafrés comme leurs maîtres. — Si notre grand palais était assez vaste — pour camper cette armée, nous souperions tous ensemble — et nous boirions à la ronde à la journée de demain — qui nous promet un royal péril… Trompettes, — assourdissez la ville de vos fanfares cuivrées, — et qu’on y mêle le cliquetis de nos tambourins, — en sorte que le ciel et la terre se fassent écho — pour applaudir à notre approche.
Scène XXXVIII.
CLÉOPÂTRE.
— Peu importe, monsieur, ce que j’ai ouï dire et ce que je sais. — Vous éclatez de rire quand un enfant ou une femme vous raconte son rêve : — n’est-ce pas là votre manie ?
DOLABELLA.
Je ne comprends pas, madame.
CLÉOPÂTRE.
— Eh bien, j’ai rêvé qu’il y avait un empereur nommé Antoine… — Oh ! que ne puis-je refaire un pareil somme pour revoir — un homme pareil !
DOLABELLA.
Si vous permettez…
CLÉOPÂTRE.
— Son visage était comme les cieux ; on y voyait briller — une lune et un soleil qui, dans leur cours, illuminaient — le petit orbe terrestre.
DOLABELLA.
Souveraine créature…
CLÉOPÂTRE.
— Il enjambait l’Océan ; son bras levé — faisait un cimier au monde ; sa voix était harmonieuse — comme les sphères, quand elle parlait à des amis : — mais quand il voulait dominer et ébranler l’univers, — c’était le cri de la foudre. Sa générosité — n’était pas d’hiver ; c’était un automne — fécondé par la moisson elle-même. Ses plaisirs — étaient autant de dauphins qui s’ébattaient au-dessus — de l’élément où ils vivaient. Dans sa livrée — erraient des couronnes et des tortils : des royaumes et des îles étaient — la monnaie qui tombait de ses poches.
DOLABELLA.
Cléopâtre !
CLÉOPÂTRE.
— Crois-tu qu’il puisse y avoir ou qu’il y ait jamais eu un homme — comme celui dont j’ai rêvé ?
DOLABELLA.
Non, gracieuse madame.
CLÉOPÂTRE.
— Vous en avez menti, à la face des dieux ! — Mais, qu’il ait existé ou qu’il doive exister jamais, — un pareil être dépasse les proportions du rêve. La nature est bien souvent impuissante — à rivaliser avec les créations merveilleuses de la pensée ; mais, en concevant — un Antoine, la nature l’emporterait sur la pensée — et condamnerait au néant toutes les fictions.
https://linktr.ee/lafinroman
Conversation autour de l'écriture en cours du prochain roman de Stéphane Zagdanski
00:00:00 Thèmes de la soirée
00:07:20 Archiver avant et depuis internet
00:10:40 Documenter la vaccination en Israël
00:12:07 Documenter un essai consacré à un auteur
00:15:31 Exemple sur Saint-Simon
00:17:45 le choix des citations
00:19:05 Exemple sur Debord
00:22:30 Tricherie pour la télé sur Hemingway
00:24:15 Lire les classiques
00:27:55 Explications de textes scolaires
00:29:00 L'exemple de Sollers
00:31:30 le cas de "Pauvre de Gaule!", roman et essai
00:35:00 Comparer la Bible et Shakespeare
00:37:30 Dialogues inventés
00:39:04 le corps en littérature (Céline)
00:41:45 le cas de "Chaos brûlant"
00:46:30 le tremblement de terre d'Agadir en 1960
00:48:10 Question sur le mimétisme
00:51:40 Lecture sur Agadir
00:56:55 Question sur le cut-up
01:00:35 L'antisémitisme contemporain
01:01:50 L'exemple de Brafman dans "Chaos brûlant"
01:05:25 L'exemple de Nafissatou Diallo
01:09:15 L'exemple de Sac d'Os
01:12:30 Question du classement des archives
01:14:35 Exemple des décapitations dans "La Fin"
01:16:59 Nafissatou Diallo et les Djinns
01:23:10 Les lieux : Israël
01:25:10 le pont de Wards Island à New York
01:32:10 Sondage sur la lecture à voix haute
01:34:29 Lire des livres qu'on n'aime pas
01:36:35 L'exemple du Ministère de l'Économie
01:45:15 La documentation d'un roman
01:48:26 Être dupe de sa documentation : Houellebecq et Wikipédia
01:49:45 Critique de Twitter dans "Chaos brûlant"
01:54:38 Retraduction de "Moby-Dick", mauvais usage de la cybernétique
02:12:45 S'inspirer de l'actualité pour "La Fin"
02:15:44 Non valeur artistique de la documentation en soi
02:16:20 Combattre le monde, la réalité est un personnage
02:19:05 Exemple de l'ARN Messager
02:21:30 Les personnages : l'exemple de Rima Hassan
02:22:30 Parenthèse sur le Léviathan
02:25:58 L'exemple de Mohand Sidi Saïd
02:27:00 L'exemple d'Albert Bourla
02:29:05 Question sur le théâtre d'ombres
02:31:00 Trucage des discours, usage spectaculaire du mot "génocide"
02:37:50 Critique de la fausse érudition
02:39:30 La littérature, seul discours vrai
02:40:36 Traduire par ChatGPT
02:42:15 Lecture à voix haute
02:43:29 Annonce de la suite de la Fin : L'argent
02:47:00 le dernier des Mohicans juifs
+ Lire la suite