Drame familial de grande envergure, cette pièce est absolument captivante !
Sentant la vieillesse le gagner,
le roi Lear souhaite abdiquer de ses droits et de ses terres en faveur de ses trois filles, Goneril, Régane et Cordélia. Mais pour effectuer le partage, il leur demande à quel point elles l'aiment. Usant de flatteries à l'excès, les deux premières gagnent le coeur orgueilleux du roi, mais Cordélia, la plus sincère des trois soeurs, use de mots trop simples pour déclarer son amour pourtant profond à son père, qui décide de la répudier et de la congédier aussitôt, sans lui laisser la moindre fortune autre que les vêtements qu'elle porte sur elle. Emu par la beauté, la gentillesse et l'amour dont fait preuve la jeune femme, le roi de France l'épouse alors. Tout à son fastueux train de vie, Lear, désormais logé par Goneril, va être trahi par ses deux filles aînées qui ne veulent plus l'avoir à charge. le roi, se retrouvant misérable, va alors espérer chercher l'aide de l'honnête Cordélia, accompagné du fidèle comte de Kent et de son Fou perspicace; mais la tromperie qu'il a subi lui fait perdre la raison. Etroitement lié à cette histoire, le comte de Glocester va lui aussi subir la trahison d'un de ses fils avide de titre et de richesse.
"
Le Roi Lear" est une histoire fascinante dont la valeur historique n'est pas tout à fait déterminée, mais considérée par une majorité comme réelle, d'où son côté mythique. Mythe ou vérité, il n'en reste pas moins que
William Shakespeare s'est inspiré de plusieurs textes relatant la plupart des faits que l'on suit;
François-Victor Hugo nous permet d'ailleurs dans cette édition, en "Appendices", de découvrir les récits originaux dont se serait donc basé le dramaturge: un extrait traduit du latin de la "Chronique Bretonne" de Geoffroy de Monmouth; l'un du "Roman de Brut", de Wace, en langue d'oïl; et enfin un extrait de "L'Arcadie", de Philipp Sydney. L'auteur fut longtemps calomnié pour avoir écrit une fin différente de celle présentée dans les précédentes versions, mais je suis de l'avis de ceux qui trouvent celle-ci parfaitement logique - je n'en dirai pas plus...
Exposant l'amour filial, les trahisons, la jalousie, la quête de pouvoir et la folie avec justesse,
Shakespeare apporte à cette pièce beaucoup de matière et le rendu est prenant ! Les personnages principaux n'ont pas le monopole de la réussite: le Fou du roi, par exemple, ressort sensiblement même si on le voit peu; il est un protagoniste secondaire fascinant par les vérités qu'il dénonce avec tant de naïveté dû à son statut. Et le simple fait que
Shakespeare ait osé mettre en scène en présence du roi Jacques Ier d'Angleterre cette pièce exhibant un souverain - être de droiture, de fierté, respectable - atteint de folie est remarquable, et incroyablement culotté !
C'est un récit complet, qui nous surprend par son côté romanesque et ses retournements de situations. J'ai vraiment pris plaisir à découvrir cette histoire, aussi sombre et terrible soit-elle. Il est dit que ce personnage est souvent offert en récompense aux interprètes, et il s'avère que je serais vraiment curieuse et enchantée de découvrir cette oeuvre sur scène, le spectacle doit être subjuguant !
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