J'ai été happé par ce côté catastrophe et virus. Peut être parce que son histoire me rappelle le monde dans lequel je suis en train d'évoluer. Un monde que je n'ai pas envi de transmettre à ma descendance : un monde chaotique où l'humanité n'a « presque » plus sa place. Heureusement, que certains se battent pour la moindre des libertés (jusqu'à se sacrifier pour la bonne cause ?) alors que d'autres prônent le pouvoir, la haine et l'arrogance.
Dans ce livre, on différencie bien 2 camps. D'un côté, les « sans-ombre » qui perdent petit à petit leur souvenir jusqu'à devenir des personnages dangereux et insignifiants et de l'autre côté, des hommes encore munis de leur ombre se croyant, parfois, supérieurs aux autres. Mais tout n'est pas aussi manichéen. Les sans-ombre ne sont pas tous dangereux et les hommes munis de leur ombre ne sont pas tous aussi arrogants. Et on aperçoit rapidement l'Espoir d'une vie d'après.
Nous traversons cette lecture dans un monde post-apocalyptique où certains se résignent à ne plus avancer alors que d'autres n'ont aucune limite pour arriver à leurs fins. Les choix et la prise de décision se jouent en quelques secondes ce qui entrainent de nombreuses pertes. Tout doit se calculer, tout doit être minutieusement réfléchit et lorsque l'imprévu s'impose, notre instinct de survie doit reprendre le relai.
Les rebondissements sont nombreux, on craint pour nos personnages auxquels on accorde le plus grand des Espoirs. Pourvu qu'ils prennent la bonne décision au bon moment. On les suit dans les différentes quêtes et on les voit se métamorphoser sous nos yeux. Pour vous donner une idée cinématographique, on est clairement entre Walking Dead et le Livre d'Eli.
La science et l'humanité
Dans ce roman, les scientifiques tentent de comprendre le phénomène. On ne sait pas si c'est contagieux, si la perte des souvenirs est liée à la disparition de leur ombre, combien de temps le « malade » devient potentiellement dangereux, si l'on peut recouvrer la mémoire, si l'on peut retrouver son ombre, si le phénomène est permanent… On émet des théories, on évoque des légendes, on tente des expérimentations. Tout cela engendre de la peur, de la méfiance, de la violence mais aussi de l'espoir, de l'amour et de la solidarité. le lecteur jongle avec tous ses sentiments pendant sa lecture. On se met à la place des personnages en se demandant constamment comment nous aurions réagis à leur place.
Si vous voulez connaitre le pourquoi du comment de « cette maladie », rien n'est clair dans les explications de l'autrice. On nous laisse faire notre propre théorie. On passera par des contes légendaires indiens sur des éléphants aux contes de Peter Pan. Certains scientifiques essayeront de nous convaincre que ce phénomène est dû à l'emplacement du Soleil et de la Terre… Bref, l'autrice prend le partie pris de ne rien expliqué clairement sur les origines du phénomène. Pour moi, ce n'est absolument pas le plus important de cette histoire.
Tout est question de cheminement et d'évolution. Pourquoi est-on arrivé à ce moment-là ? Et si c'était à refaire aurait-on pris les mêmes décisions ? Quelles sont les solutions envisageables pour combattre l'Oubli ?
La narration et les personnages
J'ai particulièrement adoré la narration. L'autrice nous narre son histoire à travers les différents points de vue de ses personnages. Ainsi, elle construit au fil des pages leurs évolutions. Et j'aime découvrir leurs courages, leurs craintes, leurs amours, leurs échecs… On attend patiemment leur rencontre les uns avec les autres. Je ne saurai dire si j'ai apprécié un personnage au détriment d'un autre. Je les ai tous aimé aussi complexes soient-ils.
J'ai aimé le couple Ory et Max.
Max ayant perdu son ombre, enregistre sur des cassettes ce qu'elle vit lorsqu'elle décide de partir loin de son mari. Un choix qu'elle prend afin de préserver son mari de ses oublis. Que va-t-il lui arriver ? Comment va-t-elle survivre seule ? Fera-t-elle de bonnes ou de mauvaises rencontres ? On s'attache très facilement à cette femme aimante qui ne veut pas être un fardeau pour son mari. Via son magnétophone, elle communique avec son mari sur sa quête de l'Oubli.
Ory n'a qu'un seul but : retrouver sa femme. Comment réagira-t-il seul, face à des groupes de survivants qui ne pensent qu'à leur propre survie ? La passion de cet homme pour sa femme, dans un contexte comme celui-là, est juste poignant. Cet amour est renversant, il vous prend aux triples. J'ai adoré ce bouillonnement d'affection qui redonne à l'histoire son lot d'espoir et d'humanité.
On fera aussi la rencontre du premier cas dépourvu d'ombre Hemu Joshi. Si dans un premier temps, il éveille curiosité et l'envie auprès des scientifiques mais également auprès du grand public. Il sera rapidement craint et l'on tentera par tous les moyens de ne pas lui ressembler. Qu'arrivera-t-il à cet homme qu'on essaye de comprendre ?
Vous ferez la connaissance de plusieurs autres personnages secondaires tout aussi intéressants. Certains amèneront leur expérience pour avancer ensemble vers un même but pendant que d'autres ne joueront que sur leur égocentricité pour survivre.
Un coté fantastique
Oui il y a un coté fantastique dans le roman qui risque de surprendre et de ne pas plaire à tout le monde. Pour ma part, je trouve qu'il apporte de la légèreté au roman. Ça fait du bien. Bien évidemment, cela dépendra de votre perception du fantastique. Effectivement, l'histoire peut être perçue comme irréaliste et casser toute vraisemblance avec la réalité. Pour ma part, cela ne m'a absolument pas gêné. Certes, j'ai été plutôt surprise sans être déçue de la finalité de cette histoire.
Mon avis
Même si j'ai eu du mal à accrocher au début à cause de certaines tournures de phrases (dû surement à une mauvaise traduction), ce livre reste un merveilleux coup de coeur. J'ai partagé mes nuits avec ses personnages qui me manquent terriblement. J'ai été en adoration totale avec eux. Ils ont su me transmettre leurs peurs, leurs joies et leurs envies de vivre.
Le titre du livre «
le Livre de M » prend tout son sens à la fin du roman et j'ai adoré cette notion poétique.
C'est un roman d'amour, de quête d'identité et d'humanité que je vous conseille sans plus tarder.
« Toute ressemblance avec la réalité est purement fortuite », vous y verrez ce que vous voudriez y voir.