Comme dans tous les « cycles » de
Aki Shimazaki, on retrouve dans chaque volume de la pentalogie l'histoire de personnages ici juste rencontrés. le premier volume, Tsubaki, s'attachait à Yukiko, amie d'enfance de Yukio, personnage principal du second roman, Hamaguri. le troisième livre était consacré à la mère de Yukio, Mariko, et celui-ci nous raconte, en miroir, l'histoire de son mari, Kenji.
Ce roman du cycle « le poids des secrets », indépendant des autres et pouvant être lu seul, nous raconte l'histoire de Kenji, héritier d'une noble famille, et de sa rencontre avec Mariko, une jeune femme très éloignée de l'épouse idéale dont rêvent ses parents. Nous sommes, dans une première partie, dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale. Kenji nous raconte ses difficultés avec sa première femme, liées au fait qu'il ne parvienne pas à avoir un enfant, ou plutôt un héritier, comme le désire sa famille. Il tombe ensuite, après une séparation aux allures de répudiation, sous le charme de Mariko, rencontrée dans une église, et se propose de l'épouser, contrevenant en cela pour la première fois à la volonté de ses parents. Mariko, en effet, a déjà un enfant, Yukio, dont le père est inconnu, et la jeune femme ne peut se prévaloir d'une noble ascendance, car sa mère a disparu lors du tremblent de terre du Kanto, en 1923, et elle n'a jamais connu son père. Elle ne peut donc constituer un parti recommandable pour Kenji. Ce dernier devra lutter contre la volonté de ses parents, et les fuira pour s'installer à Nagasaki, où il retrouvera un de ses collègues de travail. Malheureusement, il devra quitter le Japon pour la Mandchourie, et ne rentrera que bien après la fin de la guerre, pour retrouver sa famille.
Au deux tiers du roman, la seconde partie nous ramène vers l'époque actuelle. Kenji, âgé, vivant paisiblement avec Mariko, rencontre de vieux amis. L'un d'eux, un ancien camarade d'enfance, bouleversera sa vie alors qu'il se croyait parvenu, au bénéfice de l'âge, à une certaine stabilité des sentiments, renforcée par de nombreuses certitudes.
Aki Shimazaki met en lumière le carcan étouffant du conformisme et de la tradition, cette dernière n'hésitant pas, pour être respectée, à ce que soit brisée la vie des êtres. Kenji aura le premier le courage de prendre ses distances avec cette voie toute tracée, ce destin auquel il ne semblait pas pouvoir échapper. du moins c'est ce dont il sera persuadé…
Ce roman de 120 pages se lit rapidement, tant son écriture est nette, et l'histoire prenante.
Bien qu'elle soit née au Japon,
Aki Shimazaki vit à Montréal et écrit en français, ce qui nous permet de la lire sans traduction, une exception pour la littérature japonaise à laquelle elle appartient sans conteste.
Le livre lui-même (édition poche) est réalisé « à l'économie » (comme toujours dans la collection Babel), en format poche, sur un papier très fin. Un glossaire en fin d'ouvrage précise le sens d'une vingtaine de termes japonais utilisés dans le texte.
L'éditeur,
Actes Sud, propose uniquement la version poche Babel à 7,10 €. Il n'existe pas de version ebook, ce qui n'est pas plus mal vu qu'
Actes Sud les propose à un tarif bien trop proche du papier, ce qui démontre leur volonté de ne pas commercialiser de versions ebook.