Déjà je ne me rappelle jamais le titre ! « Que lis-tu pour le moment ? », me demande-t-on …Heu, tu sais, c'est un roman de
Lionel Shriver, celle qui a écrit «
Il faut qu'on parle de Kevin » (que je n'ai jamais lu) et «
Big Brother » (que j'ai beaucoup aimé).
Et puis là mon interlocuteur me regarde encore d'un air interrogateur.
Je lui explique que ce roman parle des fous du running, marathoniens et triathloniens (c'est comme ça qu'on dit ?). Ce roman caricature - est-ce vraiment une caricature ? - ces gens qui ont l'air de souffrir profondément, mais de souffrir ensemble, dans une espèce de secte réservée aux Vrais Sportifs, excluant les minables qui ne « font que » leurs 5 ou leurs 8 km, deux ou trois fois par semaine.
A travers l'histoire de Serenata et Remington, un couple sexagénaire, nous assistons à l'exécution pure et simple des sportifs invétérés, y compris ceux qui se rendent quotidiennement dans leur salle de sport, ou bien qui restent chez eux à faire leurs tractions, pompes et tutti quanti, impérativement tous les jours.
Serenata est une de ces sportives compulsives depuis sa jeunesse, elle ne pouvait se passer de son vélo ni de ses exercices physiques fractionnés…jusqu'au moment où son genou lui demande grâce et qu'elle est obligée de tout arrêter. C'est à ce moment précis que son mari se fait embobiner par la bimbo Bambi, coach sportif herself, plate comme une limande mais musclée comme une héroïne de jeux vidéo. le voilà embrigadé pour courir un marathon, lui qui n'avait jamais fait de sport. Et puis tout s'enchaine, malgré les avertissements de Serenata, qui abhorre la foule et ces gens qui ne font que suivre, quitte à souffrir le martyre.
Ce roman est aussi une réflexion sur le couple, sur l'acceptation de ce qui fait vibrer l'autre, et sur la vieillesse, l'acceptation de ce physique qui flanche.
Au passage, il égratigne avec férocité les embrigadés de la religion, qui ne pensent qu'à Jésus-le-Sauveur-de-l'humanité et qui veulent à tout prix partager leur enthousiasme (enthousiame ? Pas vraiment !)
J'aurais bien aimé raconter cette histoire avec enthousiasme, mais non.
Les dialogues artificiels entre le mari et la femme me font penser à un exercice de dissertation « pour ou contre le triathlon », les personnages les entourant sont beaucoup trop stéréotypés et caricaturés. Et puis c'est long, long, long… Comme ma critique, d'ailleurs. J'arrête ici, je ne voudrais pas vous obliger à pousser un ouf de soulagement à la lecture de ma dernière ligne, comme je l'ai fait en refermant le livre, comme l'ont fait ceux qui parviennent à se hisser, cadavériques et déjà en proie à la décomposition, à la barre de traction de la ligne d'arrivée des triathlons des Etats-Unis.