Ce qui est terrifiant dans ce roman, c'est qu'il nous donne une vision d'un avenir terriblement réaliste. Ce qui se passe dans
Dry pourrait arriver demain. Et cela se passerait sans aucun doute comme le décrit parfaitement
Neal Shusterman.
La pénurie d'eau, cette ressource que l'on consomme aujourd'hui sans se poser (trop) de question... Si ça n'est pas le cas partout dans le monde, par chez nous ou aux Etats-Unis, où se déroule l'action de
Dry, c'est ainsi.
Neal Shusterman nous invite, avec ce roman choc et extrêmement concret, à nous interroger sur notre façon de gérer cette denrée qui n'est pas inépuisable. Et surtout à modérer son usage. Il ne nous fait pas le leçon mais je vous garantis qu'une fois le livre refermé, vous ne regarderez plus l'eau coulée du robinet avec la même insouciance.
C'est un scénario catastrophe qu'il nous propose mais finalement, n'est-ce pas vers cela que l'on tend à continuer d'agir de la sorte?
Mais
Neal Shusterman sait y faire et dès les premières pages, la tension s'installe. L'eau manque déjà. L'auteur nous décrit les réactions de chacun, excessives ou mesurées, inquiètes ou rassurantes... Mais les choses s'aggravent.
Avec Alyssa, Garrett, Kelton, Jaqui et Henry, des adolescents qui ne se seraient jamais côtoyer, parler ou rencontrer sans ce drame, on prend la mesure de l'horreur de la situation si l'eau venait à manquer voire ici à complètement disparaître. Leurs relations, la méfiance mêlée à la confiance qu'ils doivent tout de même s'accorder jouent pour beaucoup dans la force de ce roman. Les personnages sont parfaits pour le drame qui se joue.
Et indéniablement,
Neal Shusterman est un bon conteur. Il fait monter l'angoisse au-delà du seul manque d'eau. Il nous laisse de l'espoir, puis l'anéantit. Rien n'épargne nos héros livrés à eux-mêmes, sans leurs parents. En même temps, à la lumière de ce qui va tous leur arriver et comment les adultes vont réagir, sur qui peut-on vraiment compter?
"Enfant, on idéalise ses parents. On pense qu'ils sont parfaits car ils sont notre seul repère, le mètre avec lequel on mesure le monde et nous-mêmes. Adolescent, on ne les supporte plus, parce qu'on se rend soudain compte que non seulement ils ne sont pas parfaits, mais qu'ils sont peut-être encore plus à la ramasse que nous. Et puis, il y a cet instant où on prend conscience que ce ne sont ni des superhéros ni des méchants. Ce sont ni plus ni moins des humains. La question qui se pose alors, c'est de savoir si on peut leur pardonner de n'être, en fin de compte, rien de plus que des hommes."
Ainsi, les chapitres s'enchaînent, laissant la parole à chacun des adolescents. Il glisse aussi la voix d'anonymes dans des courts passages "Arrêt sur image". Nous avons ainsi d'autres points de vue, extérieurs au drame qui se joue entre les adolescents. On se rend compte que la folie gagne le pays.
Et c'est bien ça qui ressort. Ce roman met à nu le comportement humain. Il nous montre combien un individu peut changer face à une situation critique, face au danger, face au manque, face à la mort. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est assez inquiétant. Et c'est sans doute cela qui fait le plus peur dans
Dry. Pas le manque d'eau mais ce que celui conduirait à faire faire aux hommes.
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