Après avoir raconté la Corrèze, voilà que Signol se prend de passion pour le département voisin au sud. Ses terres de naissance.
Le Lot. Ses bâtisses de pierre sèches, ses murets qui tracent d'improbables labyrinthes sur ses landes où ne poussent que des cailloux et qu'on appelle le Causse.
Ajouté à cela une belle canicule de Juin et voilà pour le décor.
L'intrigue?
Il n'y en a pas.
Les rebondissements, les coups du sort, rien de tout ça. Juste un fleuve tranquille. Même pas. Plutôt un gentil petit ruisseau qui murmure une litanie champêtre.
Reste un jeune quadra qui s'aperçoit qu'il traine une méchante tumeur aux poumons.
Va falloir changer d'air, mon garçon.
Ce qu'il fait. Tout comme au XIXème on partait en cure dans un quelconque établissement thermal ou dans un sanatorium d'altitude (
la Montagne Magique). Mais Signol n'est pas
Thomas Mann et on a rester dans les ornières de cette littérature régionale qui offre le meilleur… ou le pire.
Combien de personnes avons-nous croisées qui, passant à deux doigts de la grande faucheuse (accident routier, problème de santé, attentat divers), vont radicalement changer de philosophie de vie.
C'est bien le cas pour Matthieu.
Car c'est dans sa tête qu'il va devoir puiser du renouveau lors de cette convalescence.
Et quoi de mieux que les lieux de son enfance pour se ressourcer?
Paul et Louise sont les grands parents qui l'ont élevé. Elle, aimante et chaleureuse comme sont les gens du sud. Lui, vieil ours mal léché qui préférera tenir le rôle de bougon de service qu'afficher un trop plein de sentiments. Un personnage à la
Pagnol où l'on ne dit jamais « je t'aime » tandis que l'amour suinte de partout.
Matthieu retrouve ses racines trente ans après être parti. Déraciné plus exactement.
Revenu à une sorte de point de départ, il va prendre une belle leçon d'humanité, à commencer par savoir regarder les choses et les gens, pas simplement les voir. Et partager de vraies valeurs, fondées sur une certaine simplicité, un brin rustique.
On est loin de la grande littérature, bien loin des romans de tête. Mais cette histoire me touche particulièrement, ayant vécu quasiment la même chose, quasiment au même âge (le cancer des poumons en moins, heureusement). Jusqu'à un oncle bourru et rustre qui cachait un coeur d'or.
J'ai cru un instant que Signol jouait un jeu, une sorte de pari : les premiers chapitres commencent tous de la même façon, à la troisième personne. J'ai cherché d'autres indices. Il n'y en a pas. Puis les chapitres débutèrent d'une toute autre façon. Décidément, il ne faut pas voir dans ce récit autre chose que ce qu'il offre.
Au-delà de cette petite chronique (désolé les amis, il ne va rien se passer dans ces pages, même pas la plus petite contrariété, le moindre soubresaut et la femme du convalescent semble effacée : elle accepte tout, y compris quelque maladresse grossière de la part de son compagnon - est-ce une sainte, une adepte du bouddhisme parvenue à son plus haut niveau ou tout simplement Signol n'a pas voulu s'encombrer de querelles conjugales), c'est notre mode de vie, je veux dire celui adopté par la majorité, qui est montré du doigt.
Vers quoi nous précipitons-nous tôt le matin?
Qu'allons-nous chercher de nos journées?
Qu'attendons-nous de la vie?
Pour qui, pour quoi?
Bref, une lecture qui revigore elle aussi et, peut-être, saura vous faire changer d'idée sur le but de votre existence.