Dans ce tome 3 de la série romanesque La Rivière Espérance, on s'éloigne définitivement de la saga télévisée pour aborder des rivages nouveaux. Benjamin et Marie, réunis, vivent heureux à Souillac et sur la Dordogne, qu'ils descendent ensemble jusqu'à Bordeaux avec leurs gabares. Mais voici que survient le chemin de fer. le lecteur sait que les Donadieu ne vaincront pas contre cet ennemi-là. Il ne leur reste qu'une alternative : s'adapter ou partir.
L'adaptation télévisée avait fait de cette réalité tragique un pathos inconsistant, sans rentrer dans le drame vécu alors par tout un monde qui vivait du transport fluvial. le roman, lui, montre cet univers et il montre surtout sa disparition. Dans les dernières pages, les berges sont désertées par les bouviers, les eaux de la Dordogne ne frémissent plus au passage des gabares et le tronc d'arbre sur lequel s'asseyaient enfants Marie et Benjamin a été emporté. Certes, la rivière n'est pas morte, mais elle a déjà changé. C'est, en plus d'un regard lucide sur tous ces mondes socio-culturels qui meurent, une évocation nostalgique du temps qui passe. La fin vibre de cette mélancolie qui parcourt Marie, l'âme sensible du livre, celle par laquelle toutes les émotions passent, tant et si bien qu'elle les exprime physiquement, par la maladie. Marie devient presque une allégorie.
Un très beau tome, le meilleur de la série, et une fin douce-amère toute en délicatesse.
Et un grand écrivain qui fait revivre avec bonheur et authenticité (du moins, peut-on y croire !) les régions d'autrefois.
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Une clôture splendide pour refermer l'histoire des Donadieu, Lombard ou encore Paradou.un régal encore et on est loin de la saga produite par France 2, très belle certes mais bien décalée de cette écriture pour le moins d une grande beauté.
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