Dans ce court récit, de 18 pages hors introduction et postface, nous nous retrouvons à une soirée, parmi un cercle d'amis « américains aisés et brillants de l'époque (ndlr : années 70) ». La discussion porte sur la nouvelle attraction à la mode : une agence propose des voyages... dans le temps. Mais pas dans le passé, non, dans le futur ! Et précisément : à la fin du monde. Comme il est grisant d'assister en demiurges à l'extinction de toute espèce, à l'inondation de la planète, à la mort du soleil... Rien n'étonne plus les gens aujourd'hui, alors que le monde est déjà ravagé par toutes sortes de catastrophes humaines et écologiques.
Robert Silverberg offre un récit aussi court que percutant, fracassant de cynisme désabusé et de critique sur la société. le monde s'effondre (littéralement), et plus rien ne semble avoir de sens, alors pourquoi pas aller directement à la fin ? Les catastrophes sont des sujets mondains, voire même balayés d'un coup de main. Plus personne ne sait ce qui s'est passé dans le monde aujourd'hui, tellement il y a d'évènements : c'est devenu normal.
Le fait que ce livre paraisse maintenant est d'autant plus pertinent, troublant, dérangeant... et clairvoyant. La préface de l'auteur renforce encore plus ce sentiment que ce livre, écrit, en 1971, était presque une prédiction pour le monde de maintenant. Vous ne savez pas quoi lire ?
Destination fin du monde est le porte-parole de la situation, la copie carbone de ces dernières années. Et vu son petit prix, je vous le conseille vraiment. Alertes sur les catastrophes écologiques dues au réchauffement climatique, aux activités humaines, alerte sur le renouveau des maladies hyper contagieuses ou l'apparition de nouveaux virus, alerte sur le désintérêt des gens pour la politique, alerte sur l'intérêt porté davantage à l'économie qu'au social...
Comme d'habitude, les livres de cette collection du passager clandestin s'avèrent être des textes terriblement visionnaires, malgré le fait qu'il s'agisse de réédition de textes des années 50 à 80 (vous pourrez retrouver le catalogue des publications par ordre chronologie en fin de livre). Ça fait un peu froid dans le dos... mais la qualité est au rendez-vous. D'autant plus qu'il est vraiment bienvenu d'avoir une introduction au contexte historique du récit, ainsi que des liens vers d'autres oeuvres similaires. Pour qui souhaite s'introduire au genre science-fiction sans trop se dépayser, je vous recommande fortement la collection Dyschroniques.
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