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Le roman a été écrit en 1955 mais il n'a pas pris une ride!
La récente adaptation télévisée sur FR3 que l'on a pu voir ces jours-ci, dans laquelle Didier Campan; Antoine Duléry et Virginie Lemoine sont excellents, m'a bien plu et m'a donné envie de lire ce roman de Simenon.
Il est intéressant d'ailleurs de voir que Simenon n'a pas écrit que des policiers même si l'on associe toujours le commissaire Maigret à son nom.
Ici l'histoire se passe dans les années cinquante, dans le Connecticut.
Le héros, Walter Higgins, représente très bien le rêve américain: il a démarré au bas de l'échelle dans la chaîne de supermarchés Fairfax et, à la force du poignet, il s'est hissé au poste de directeur de succursale.
Il habite une belle maison dans un quartier élégant, il a une femme agréable et de nombreux enfants. Tout irait bien si...
Pour être totalement heureux, il lui faudrait être admis au Country Club dont les membres, de bons notables de la ville, s'ingénient à lui interdire l'entrée.
Une seule boule noire suffit pour exclure un membre; c'est ce qui arrive à notre héros.
Il lui faudrait attendre un autre tour, puis peut-être encore un autre, ceci pouvant durer plusieurs années. Il se décourage malgré le ton rassurant de son ami pharmacien.
Un événement va l'arracher à son ressentiment.
La mort de sa mère, vieille dame esseulée, kleptomane et alcoolique, va rouvrir ses blessures.
Il va sur place voir une dernière fois sa mère et tout son passé d'enfant abandonné et livré à lui-même va remonter à la surface.
C'est un très beau roman qui manie parfaitement le thème de l'exclusion sociale et la nécessaire conformation aux codes sociaux.
L'analyse psychologique est très fine et on ne peut qu'éprouver beaucoup d'empathie pour ce héros qui s'insurge contre ces "bons bourgeois" qui veulent rester dans leur monde...
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Beaucoup de critiques ont réduit cet ouvrage au spectacle d'un homme aspirant à se fondre dans la masse puis à vouloir parachever son existence par l'admission dans un club select lui permettant de se noyer dans une élite. Sans succès. Appréciant beaucoup Georges Simenon, devant la platitude évoquée par certains, j'ai voulu apprécier cet ouvrage par moi-même. Bien m'en a pris car j'ai découvert un ouvrage qui allait au-delà de cette approche. J'y ai découvert le portrait d'un homme tentant désespérément d'exister, d'accéder à un statut d'individu possédant ses propres richesses mais la la réalité d'être lui était refusée depuis l'enfance. le portrait d'un homme déchiré conscient d'un potentiel et qui, devant l'échec de son aspiration élitiste, porte pour la première fois un regard sur lui-même afin de comprendre. de se comprendre. de prendre conscience du fait que le bonheur ne passe peut-être pas par le regard bienveillant et admiratif de la société. Qu'il est parfois à sa porte pour peu que l'accepte d'en regarder la réalité. Même si cette naissance à soi-même impose de la douleur. Ce n'est pas un grand roman qui marquera la littérature mais j'ai apprécié le style de l'auteur pour décrire un chemin de Croix qui pour moi débouche sur l'Espoir.
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Walter Higgins mène une existence paisible dans une petite ville de l'Amérique des années 50. Entre sa famille nombreuse, son travail de gérant du Supermarket et ses multiples activités au sein de la communauté, il a tout pour être heureux. Sauf que Walter désire plus que tout être membre du Country Club. Rejeté à cause d'une seule voix négative, la vie de Walter est bouleversée.

Ce court roman débute comme un polar : après son éviction, Walter semble prêt à tout pour se venger allant même jusqu'à penser tuer tous les membres du comité. Puis, petit à petit, l'histoire lorgne vers le drame social car on se rend compte que toute la vie de Walter ne tend que vers un but : gravir les échelons afin d'oublier son enfance pauvre, son père absent et sa mère alcoolique et délinquante.
Les ficelles psychologiques sont un peu grosses mais l'histoire est surprenante et le récit se lit avec un réel plaisir.
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N°869– Février 2015

LA BOULE NOIREGeorges Simenon – le livre de Poche.

Nous sommes dans une petite ville des États-Unis dans les années 50. Walter Higgins y mène une vie paisible de père de famille nombreuse et de directeur de supermarché. Il s'implique même à titre bénévole dans divers activités au profit de la collectivité. Bref, c'est quelqu'un dont on peut dire qu'il a réussi socialement et qu'il est heureux dans cette vie autant qu'on peut l'être et que c'est un type bien. A un détail près cependant, il s'est mis dans la tête d'être membre de Country Club, une association locale de notables qui rejette systématiquement sa candidature sans raison apparente et le fait à travers un vote anonyme qui se manifeste par la présence d'une seule boule noire déposée dans l'urne le soir du scrutin. Il n'a pourtant rien de commun avec ce club mais son appartenance consacrerait sa réussite. Ce refus, manifesté pour la deuxième année bouleverse Higgins. C'est peut-être pour lui plus qu'une question de principe puisque même au pays du rêve américain où la réussite personnelle est célébrée comme une vertu, il lui semble que ce qu'on lui reproche ce sont ses origines pauvres, son père absent sa mère alcoolique, destructrice et délinquante. Pour en être arrivé là, il a dû gravir tous les échelons d'une société qui le lui avait pas fait de cadeaux puisqu'il était parti de rien. Si on lui a confié la direction du magasin, c'est qu'il avait fait ses preuves, débutant comme livreur. En lisant cela le lecteur songe immanquablement à un paranoïaque qui rejoue la grande scène du complot. C'est pour lui tellement révoltant qu'il veut tuer les membres de ce club qui lui refusent l'entrée. Pire peut-être, il découvre qu'au sein de ses activités bénévoles où il s'impliquait pourtant beaucoup, son avis importe peu et on le tient pour rien. Il démissionne donc même si cela peut avoir des conséquences sur son chiffre d'affaires et sur sa situation. Pourtant cette histoire d'appartenance à ce club n'a vraiment aucune importance mais il le vit comme quelque chose d'injuste. le déroulé des événements le fait pour autant revenir à une réalité plus terre à terre, le fait grandir, lui fait prendre conscience des choses et les relativiser.
J'observe quand même que Higgins a bénéficié du soutien sans faille de sa famille et de ses employés, ce qui se révèle à la fois rassurant et salvateur dans une situation qui aurait pu devenir criminelle. Pourtant quand on a le sentiment d'être exclus d'un groupe et en ressent une certaine solitude.
Cette histoire de boule noire a probablement une dimension maçonnique, le terme blackbouler vient de là. Mais au-delà de cette remarque qui ne trouve pas ici sa véritable résonance, ce roman, écrit dans les années 60 prend une dimension très actuelle. Il nous est tous arrivé, dans notre vie familiale ou professionnelle d'être l'objet d'injustices qu'aucune raison ne motivait. Elles nous étaient infligés discrétionnairement soit par quelqu'un qui ne nous aimait pas ou ne nous aimait plus, soit par simple jalousie. En tout cas, la personne qui faisait ainsi acte de malveillance avait une volonté farouche de nous faire du mal, de nous détruire, d'autant plus forte qu'elle ne reposait sur rien d'autre que sur cette faculté de profiter d'une situation de supériorité supposée et parfois temporaire, basée sur la fortune, la position sociale ou hiérarchique. le pire sans doute était la lâcheté puisque cette situation délétère était couverte par l'anonymat, l'hypocrisie, la mauvaise foi...

Simenon, ce n'est pas seulement les romans policiers où le commissaire Maigret exerce avec talent son pouvoir de persuasion, de déduction et démasque à chaque fois le coupable. J'ai dit dans cette chronique combien j'aimais cette ambiance un peu glauque tissée dans cette série. C'est aussi un écrivain de romans psychologiques et je suis entré, pour des raisons personnelles sans doute, dans ce processus qui m'a parlé d'autant plus que le style est fluide, agréable à lire.

Ce roman a été adapté pour le télévision dans un film de Denis Malleval (2014) diffusé sur France 3 le mercredi 17 février 2015. le comédien Bernard Campan, qu'on connaissait dans un tout autre registre, donne ici toute sa mesure dans cette dramatique.
©Hervé GAUTIER – Février 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Quand l'écoute d'une baladodiffusion sur France Culture me rappelle une très ancienne lecture :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/la-boule-noire-d-apres-georges-simenon-9615821

La Boule noire de Georges Simenon, écrit en 1955, au cours de ce que les critiques littéraires appellent sa période américaine.

L'histoire de Walter Higgins, un self made man, qui vit avec sa famille dans l'élégant quartier de Maple Street et qui rêve d'être admis au Country Club, le cercle très fermé où se retrouvent tous les notables éminents de la cité.
Hélas, à chacune de ses tentatives, lors du vote des membres, une boule noire sanctionne sa candidature.
Ce rejet cristallise alors toute son amertume et ses désillusions. Malgré son travail acharné, ses débuts tout en bas de l'échelle sociale, sa promotion au rang de directeur d'une succursale d'une importante chaine de supermarché, malgré son implication dans la vie communale, malgré sa réussite sociale et familiale, cette boule noire lui montre les limites du rêve américain.
Ce désaveu le déstabilise au moment où il perd sa mère, alcoolique et kleptomane, dans des conditions tragiques. Revenant, sur les lieux de son enfance, il éprouve alors un sentiment d'échecs et de solitude exacerbé.

Un excellent roman, des portraits psychologiques très fouillés.

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Lorsque Walter Higgins apprend que quelqu'un a déposé une boule noire dans le sac du scrutin, l'empêchant ainsi d'intégrer le cercle huppé et réputé du Country Club, un entre soi regroupant les notables de la ville, tout s'effondre autour de lui. Et d'un seul coup, tout son passé remonte depuis son enfance misérable auprès d'une mère alcoolique jusqu'à sa détermination à travailler, coûte que coûte, afin de s'élever progressivement et dignement dans l'échelle sociale afin de mener une existence meilleure et plus confortable. L'échec est cuisant, la déception amère et la honte envahit Walter qui pensait pouvoir un jour évoluer, d'égal à égal, dans le milieu très fermé de la bourgeoisie de classe.

Georges Simenon ouvre un nouveau chapitre dans son étude de la psychologie humaine, celui de l'humiliation. Ce sentiment, lorsqu'il tourne à l'obsession, peut déboucher sur des comportements aux conséquences néfastes et parfois dramatiques pour certains individus. Mené de main de maître, comme à son habitude, le développement de son récit est centré sur l'analyse des raisonnements de Walter Higgins, cet homme qui vit son exclusion comme un affront et pense que la vengeance sera un remède efficace à son éternel besoin de reconnaissance. le romancier nous fait alors descendre dans le machiavélisme le plus sordide de la pensée humaine. « Je vais les tuer » : ce sont les paroles que Walter ressasse dans sa tête, à plusieurs reprises, le danger du passage à l'acte est présent tout au long du livre. Cependant, à ma grande surprise, l'épilogue sera tout autre et l'intrigue menaçante qui nous est présentée, au fil des pages, retombera comme un soufflet, dans un choc émotionnel inattendu et apaisant ! La fin de l'histoire est étonnante.
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Extrait du blog: Si le début partait pour être un petit bijou de roman noir, comme Dimanche ou le destin des Malou, que tous les éléments étaient en place pour nous amener là où je me promettais déjà, Simenon fait un contrepied imprévisible. La boule noire devient un roman de l'intime, de la critique sociale avec une densité assez incroyable pour un si petit texte.

Magnifiquement vivant, Simenon est à l'aise dans le registre du relationnel, de la pensée. Parfaitement maitrisé, équilibre et style sont au service de la lecture. Il ne manque rien. le roman met en avant les errements d'une société humaine « de communauté », ses faux semblant, ses ambitions, ses pressions sociales, ses obligations citoyennes, ses abus, ses oublies…

Simenon nous ouvre un monde complexe et dense avec une finesse et une élégance magistrale. Il n'est pas utile de préciser ni quand ni où se déroule l'action de la boule noire. C'est partout, c'est tout le temps (contemporain). C'est nous, c'est moi! Les tondeuses à gazons de déchirent elles pas l'air printanier de notre tranquillité pavillonnaire ?
Lien : http://livrepoche.fr/la-boul..
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Belle histoire
Très belle histoire Un homme fait la crise de la quarantaine pour une boule noire sans importance Mais dommage que la fin est inachevée on attend la suite ou alors c'est au lecteur de l'imaginer
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Ce petit roman commence comme un roman noir en posant les prémices d'une histoire de vengeance : Walter Higgins est un citoyen parfait (du moins il s'y efforce) mais une blessure d'ego vient empoisonner son esprit , modifiant son regard sur sa communauté , sur sa famille et sur lui-même . Remarquable analyse psychologique et sociologique mais le final laisse le lecteur un peu sur sa faim (le lecteur veut du sang c'est bien connu…)
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Etrange atmosphère que ce petit roman dans lequel une boule noire chasse le roman noir pour faire étalage des idées noires du personnage principal. Walter est parti de rien. D'un père absent et d'une mère alcoolique. Pourtant, aux Etats Unis, dans ce monde connu pour son ascenseur social indéfectible, Walter a gravi tous les échelons pour atteindre le niveau suprême : directeur d'un Supermarché Fairfax ! Mais on va voir combien l'origine de chacun colle à la peau comme un mauvais sparadrap…
Sa vie de couple est parfaitement accomplie, ses quatre enfants sont de merveilleux présages pour l'avenir, sa somptueuse maison en banlieue chic la preuve irréfutable de sa réussite sociale. Pourtant, il manque à Will une dernière consécration. L'accès au club privé et très huppé de la ville. C'est là qu'intervient cette fameuse boule noire, ce grain de sable qui va gripper toute la mécanique, bien aidée en cela par l'irruption imprévue de la maman de Will dans le cours paisible des choses.
Le roman raconte la complète remise en cause des valeurs auxquelles le personnage principal est attaché. Tout devient doute et incertitude à l'aube de ses quarante-cinq ans. Cet édifice complexe qu'il a peiné à construire autour d'un hypothétique bonheur vacille et n'est pas loin de sombrer dans le vide des apparences.
Loin des thèmes habituels de Simenon, cette sensible et délicate analyse psychologique apporte un éclairage nouveau sur les qualités d'écrivain de l'auteur. La relation de Will avec sa mère est un délice de précision.
La lecture est fluide mais les petites phrases sont chargées de sens. La critique d'une société basée sur la réussite est parfaitement décrite. le style Simenon est porté à son apogée. Je recommande sa lecture à tous ceux qui pensent comme moi que le roman ne se résume pas à une belle histoire, de somptueux paysages et des personnages stéréotypés. J'exprime là une vérité première. Quand un roman défie le temps, devient d'une certaine façon intemporel, alors il y a toute chance qu'on touche au domaine de l'artistique pur.

Michelangelo 29/05/2020

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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