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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pour Joseph Timar, jeune français s'installant au Gabon colonial, tout va commencer et finir par un paquebot venu de la Métropole et y retournant quelques mois plus tard, le même à l'arrivée qu'au retour. Il ira de l'espoir à la démence, d'un rêve de soleil éternel à un "coup de lune" redoutable (lire de "blues" et de folie) qui va secouer sa vie:

"L'étrave écartait doucement la soie grise de la mer"

Jeune natif de la Rochelle, il débarque à Libreville en jeune aventurier ivre d'exotisme de carte postale. Il a derrière lui, pour réussir, le poids financier d'importance de son parrain. Mais rien ne se passera comme prévu. Il va se heurter à l'Afrique et aimer Adèle.

Dans ce Gabon encore colonie française où se côtoient le blanc hautain et le noir soumis, il se heurte vite au mur de la canicule omniprésente, à la moiteur ingérable des jours et des nuits, aux crises de paludisme qu'il convient de prévenir à grands coups de quinine, de subir ou d'en mourir. Il y a aussi ce manque du pays natal qui taraude et invite sans cesse le passé dans le présent; ce microcosme blanc autarcique aux rêves effondrés, évaporés dans l'alcool fort devenu nécessité vitale.

L'Afrique va le ronger, le récurer jusqu'à l'os de ses illusions, de sa santé physique et mentale. Un "coup de Lune" va passer et l'emporter au delà de la raison. le monde sous l'Equateur offre beaucoup à l'homme blanc mais ne tient que rarement ses promesses. Simenon va décrire cette lente déchéance.

Et l'Amour, le Grand Amour, celui irrationnel et hors normes va aider Timar à plonger de l'autre côté du miroir, celui qui masque la folie qui attend patiemment sa proie.

L'encore jeune Adèle, au corps nu sous la soie de sa robe noire, tient le Central, un hôtel, en compagnie d'Eugène son compagnon, un ancien et usé coupeur de bois (ébène, acajou et autres précieuses essences exotiques). Tous deux: une ex-prostituée et un ex-maquereau en tandem. Adèle est à Libreville la chair facile et gratuite du colon blanc d'importance, elle se pose ainsi en nécessité locale et sait en tirer avantage. Mais Timar, c'est différent: c'est la jeunesse, un avenir avec lequel peut-être renouer, la promesse d'un grand amour recommencé.Elle ne tarde pas à échouer dans son lit.

Adèle va miser sur le mauvais cheval.

Eugène décède brutalement d'une complication fatale et rapide du paludisme. Adéle voit en Timar le maillon qui lui manque pour abandonner le Central, relancer une concession de bois en amont du fleuve. Un large profit sera à la clé, de quoi faire longtemps la nouba en Métropole.

Un jeune noir est retrouvé assassiné à deux pas de l'hôtel... un employé d'Adèle.

La suite appartient au roman...

Je suis un tantinet déçu par ce "coup de lune". Simenon m'a emmené en Afrique et c'est là qu'il m'a perdu. L'auteur y est si loin de ses territoires habituels. Sa patte, sa manière, sa maîtrise des phrases simples, bien que toujours présentes, ne sont pas en cause. Elles n'ont pas suffis à un décor et une ambiance suffisamment crédible. Il y a toujours eu en arrière-plan de mon imagination de lecteur ce climat continental que Simenon décrit si bien. La cohabitation des deux est difficile à différencier. J'ai de même peiné à m'intégrer à l'univers du héros, il n'est pas foncièrement détestable ou répréhensible dans ses réactions, il est à la dérive, perdu, sans amarre, au coeur d'un milieu qu'il n'assimile pas assez vite, ballotté par un amour qu'Adèle croit maîtriser à son avantage. le milieu colonial blanc n'est pas suffisamment discrédité, le problème n'est effleuré que par la bande. Simenon n'a t'il pas vraiment osé ?

Si j'ai eu l'impression d'être resté à quai du récit il n'en est pas de même de l'ultime chapitre qui raconte le voyage de retour de Timar: c'est un chef d'oeuvre de nuances, d'impressions, de non-dits. Simenon et son lecteur font corps avec le mal-être du héros. On y entrevoit la vie qui l'attend et qui ne soignera jamais les plaies que l'Afrique a laissé en lui. Superbe épilogue. Il vaut peut-être à lui seul le détour des 210 pages qui le précèdent.

On retrouve ici, avec ce "coup de lune" le thème récurent en littérature et cinéma de l'homme blanc devenu corps étranger sous une latitude qui le détruit mais dont il espère tout. J'y ai revu Montand et Vanel dans le "Salaire de la peur", Gérard Philippe et Michelle Morgan dans les "Orgueilleux".
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Le "coup de lune"... D'après ce que j'ai lu, il s'agirait - de l'autre côté de l'équateur - de notre "coup de blues"... Un coup de blues démultiplié par la chaleur, la moiteur, l'alcool, la brûlure du soleil.

Car le héros de ce court roman, Joseph Timar, se retrouve au Congo grâce à un oncle influent, qui lui a promis une bonne place à la Sacova. En arrivant à Libreville, il va cependant découvrir que la société est en train de couler et qu'il ne peut pas accéder à son poste. Il va alors séjourner dans un bar/hôtel où, dès le premier soir, il commence une relation avec la patronne, Adèle. Or, quelques jours après son arrivée, Thomas, un "boy noir" est assassiné. Timar a de bonnes raisons de soupçonner Adèle, mais il semble bien trop envoûtée par cette femme pour dire quoi que ce soit. Son amour pour elle est d'ailleurs à double tranchant : elle semble l'obséder tout autant qu'il la hait.

Finalement, Joseph Timar va rentrer fou de voyage en Afrique. À cause de son "coup de lune", certainement, mais aussi parce qu'il n'a jamais réussi à comprendre le Gabon, pays où il s'est senti mal et étranger dès son arrivée...

Pour ma part, je crois que j'ai également eu du mal à trouver ma place dans ce roman. L'écriture de Simenon m'a laissé quelque peu indifférente... J'ai tout de suite trouvé le personnage principal assez détestable, et passer le roman en sa compagnie n'était donc pas vraiment une partie de plaisir. Mais ce roman est sans conteste efficace, car il dépeint avec brutalité l'Afrique coloniale, l'alcoolisme des hommes blancs, leur racisme envers les noirs - qui payent pour tous leurs crimes, même les plus ignobles. le tout est cynique, parfois ironique et toujours très réaliste.
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