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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Maigret, sur une envie de petit blanc et d'huîtres, s'en va enquêter sur une sordide affaire de meurtre dont est accusé un instituteur.
Ledit instituteur est venu à Paris au quai des Orfèvres demander l'aide du célèbre policier pour prouver son innocence et découvrir le vrai coupable.
Dans ce bled de trois-cents habitants, à une encâblure de la mer, Maigret va se retrouver dans l'ambiance approchant celle de son enfance... D'autant que le témoin à charge est un écolier du village!
Dans le marécage de calomnies, de magouilles, de jalousies et de haines recuites, l'instit Gastin (un "étranger" à Saint André), ferait bien un coupable idéal.
Alors, Maigret aura plus que son compte de chopines de vin blancs et alcools divers.... Mais pas d'huîtres: C'est la période de la morte-eau. Pas de chance!.. Au-moins parviendra-t-il peut-être à résoudre l'affaire...
Alors, encore un Maigret réussi aux "petits oignons", avec un commissaire au mieux de sa forme même s'il ne crache vraiment pas sur la bouteille!
Un de ces Maigret qui témoigne du talent longuement aiguisé et mûri de Georges Simenon.
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Plusieurs romans de Georges Simenon ont pour cadre des petites villes de province, souvent en Vendée ou dans les Charentes. Dans Maigret à l'école, le commissaire enquête à titre officieux (en liaison avec un lieutenant de gendarmerie) dans un petit village de Charente-Maritime, Saint-André-sur-Mer (inspiré de Marsilly, où le romancier a souvent séjourné) à l'atmosphère pesante : tous les habitants se connaissent et sont plus ou moins cousins mais aucun n'accepte volontiers l'étranger, surtout quand il refuse d'entrer dans leur jeu et leurs intérêts. Et si un coupable doit être désigné, autant que ce soit « celui qui n'est pas d'ici ».
Léonie, la vieille commère du village, l'ancienne receveuse des postes peu regardante sur l'éthique professionnelle, détestée de tous, est retrouvée tuée d'une balle de carabine de calibre 22, arme surtout utilisée par les gamins du village pour tirer les moineaux (nous sommes en 1953, époque laxiste sur la détention d'arme). Sur le témoignage d'un de ses élèves, l'instituteur, Joseph Gastin, est soupçonné (il n'est pas du village, lui) et s'enfuit à Paris pour demander l'aide de Maigret : « Parce que j'ai confiance en vous. Je sais que, si vous le voulez, vous découvrirez la vérité. » Celui-ci le ramène à La Rochelle où il est incarcéré. le commissaire peut commencer son enquête.
Maigret à l'école est un bel exemple d'investigation à huis clos dans un environnement hostile. Si deux événements ayant eu lieu hors du village sont évoqués – l'aventure de Mme Gastin à Courbevoie et le passé de Thérèse, la servante de l'auberge, que Maigret a connue à Paris où elle se prostituait) – l'enquête est circonscrite à Saint-André et se concentre sur les entretiens et les interrogatoires que mène le commissaire auprès des témoins : l'instituteur (dans son bureau du quai des Orfèvres avant qu'il ne soit incarcéré et n'apparaisse plus dans le roman) ; sa femme, flétrie et vieillie avant l'âge ; le lieutenant de gendarmerie chargé de l'enquête; trois élèves de l'école ; l'aubergiste plutôt bavard; le médecin qui l'est tout autant mais sait fort bien ce qu'il faut dire ou ne pas dire. Sans oublier l'adjoint au maire, dont le silence et le sourire narquois en disent long sur l'ambiance du village. Comme le résumera l'aubergiste lors du départ de Maigret : « Vous devez vous faire une drôle d'idée du pays ? »
Parmi ceux-ci, les enfants jouent un rôle à part en tant que seuls témoins de l'événement : Jean-Paul Gastin (qui n'a pas de camarades parce qu'il est « le fils du maître d'école »), le fils du ferblantier, Marcel (qui va se confesser chaque fois qu'il a dit un mensonge !), enfin le fils du boucher, Joseph (immobilisé dans sa chambre par une fracture, on pense à Fenêtre sur cour d'Hitchcock). Si Maigret donne l'impression d'être mal à l'aise en commençant chaque interrogatoire – ces gamins, en plus d'être un peu menteurs, sont eux aussi des « témoins récalcitrants » – il sait très vite se mettre à leur diapason et les amener à en dire plus qu'ils ne le souhaitaient au départ. Ces tête-à-tête, mais aussi l'environnement - la classe et la cour de l'école, l'église, les boutiques tristes - vont faire remonter chez Maigret des souvenirs de sa propre enfance passée dans un village semblable, où le fils du régisseur du domaine était mal vu des enfants des métayers : « C'était à croire que les habitants des villages de France sont interchangeables. »
A la fin du roman, une fois l'affaire résolue, Maigret fuit littéralement Saint-André et son atmosphère délétère pour retrouver Paris et ses lumières, Madame Maigret et leurs sorties au cinéma. Peut-être, « regretteur d'hier » (belle formule de Michel Carly) fuit-il aussi les souvenirs de son enfance perdue. Mais au bout de le la nuit et du chemin de fer, c'est Paris qui importe pour lui, la ville où l'on peut être anonyme et où il peut exercer son métier loin du regard des autres. Et ces retrouvailles commencent symboliquement par l'achat à la gare de la Rochelle d'une « poignée de journaux de Paris ».
Maigret à l'école est un grand roman (sombre, très sombre) sur la déception, la frustration des principaux protagonistes : l'instituteur, contraint de quitter Paris pour un village hostile suite à un scandale auquel a été mêlé sa femme, minée depuis par la tristesse et le remord ; le boucher, qui échoue dans toutes ses entreprises et sombre dans l'alcool et la maladie ; Marcel et Jean-Paul, les bons élèves qui ne peuvent être amis et dont les qualités scolaires ne sont pas évaluées à leur réelle valeur parce que l'un est le fils du maître d'école. Même Maigret, arrivé au pays des parcs à huîtres et des bouchots à la saison de la morte-eau, qui devra renoncer à ses envies de coquillages…
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Joli titre, n'est-ce pas ? Il recouvre pourtant l'un des romans les plus tristes, les plus désespérés de Simenon. Pour celui-ci néanmoins, je ne parviens pas à écrire "noir" car les enfants qui y sont impliqués y apportent, jusque dans leurs mensonges, une innocence, pour ne pas dire une pureté qui, même si elles ne parviennent ni l'une ni l'autre à égayer le récit - ces enfants-là ne sont pas vraiment heureux : petits ruraux certes mais qui pensent trop - lui insufflent une douceur bénéfique, miséricordieuse. Les adultes sont sots et ne réfléchissent guère aux conséquences : les enfants, eux, se tourmentent à l'idée que, de toutes façons, les conséquences, tôt ou tard, se rappellent à vous.

L'action se situe dans un petit village situé non loin, là encore, de la fameuse pointe de L'Aiguillon (Cf. "La Maison du Juge"), St-André-sur-Mer. La "Poison" du coin (comme nous l'eût qualifiée Guitry), Léonie Birard, receveuse en retraite qui, du temps de son activité, n'hésitait pas à conserver par devers elles les lettres qui l'intéressaient, vient de mourir intestat, avec une balle de . 22 long rifle logée dans l'oeil (gauche, je crois : les Anciens n'avaient pas tort, on le voit bien aujourd'hui en diverses occasions Mr.Red , d'appeler ce côté-là "sinister"). Il faut dire que, depuis qu'elle était en retraite, le plus grand plaisir de Léonie était de se poster à sa fenêtre et d'insulter ou de menacer de révélations terribles toutes celles et tous ceux, enfants et adultes, qui passaient devant elle. Faire enrager les autres, selon certains commentaires entendus à son enterrement, elle aimait déjà le faire alors qu'elle était toute petite, avec des tresses, dans la cour de l'école. Vous pensez bien que l'âge n'a pas arrangé les choses ! Demeurée célibataire (on ne se demandera pas pourquoi ), elle était obèse, souffrait d'une pilosité un peu trop visible sur le visage et aimait fort à tirer la langue à qui ne lui plaisait pas quand, encore, elle ne troussait pas carrément ses jupes en se retournant vers l'intéressé pour lui offrir la dantesque vision de son postérieur. En représailles, tout le monde (en particulier les enfants) lançait des ordures dans son jardin ou encore des cadavres de chiens ou de chats morts. Une fois, sa porte (ou son portail) avait été entièrement badigeonnée d'excréments ...

Bref, vous imaginez un peu l'ambiance.

Mais Léonie Birard, si atroce et si vieille sorcière qu'elle fût, était née à Saint-André-sur-Mer. du coup, lorsqu'elle meurt de façon si brutale et, qui plus est, assassinée par un tireur d'élite - pour que la balle se loge là où elle allée, il fallait ou un tireur d'élite, ou que le Hasard s'en mêlât - tout le village fait corps pour accuser un homme qui, lui, n'est pas du village, l'instituteur Joseph Gastin, arrivé de Courbevoie avec sa femme et son fils, Jean-Paul, pour enseigner dans la campagne profonde. Né citadin, homme intègre et un peu rigide, Gastin, qui est aussi secrétaire de mairie, s'est mis à dos nombre de personnes en refusant de signer les fameux "certificats de complaisance" qui assurent à la majorité des villageois le versement de diverses allocations. Gastin s'était aussi maintes fois disputé avec Léonie mais enfin, disons que, sur ce point, il était vraiment comme tout le monde à Saint-André et que personne ne considère cela comme une circonstance aggravante.

Au début, si l'on excepte le fait qu'il est "étranger" et qu'il est peu "arrangeant", rien pourtant ne l'accable. Sauf la rumeur. Il en profite pour se précipiter à Paris afin de plaider sa cause auprès de Maigret en personne, dont la réputation n'est plus à faire. Et le commissaire qui, en ce début de printemps, rêve d'huîtres et de petit blanc sec, se laisse tenter autant par ces fantasmes culinaires que par la bizarrerie du crime. Il ramène donc Gastin à Saint-André et apprend que Marcel, le fils de l'épicier du coin, affirme désormais formellement avoir vu, le jour du crime et peu après qu'ait résonné le coup de feu qui a tué Léonie, son instituteur sortir de sa cabane à outil, là où se trouvait la carabine 22 de son propre fils, Jean-Paul. Certes, c'est la parole de l'un contre celle de l'autre et le procureur devrait avoir bien du mal à échafauder là-dessus un dossier digne de ce nom. de toutes façons, Maigret le perçoit tout de suite, quelque chose cloche dans cette affaire et si hostiles que se montrent les villageois envers Gastin, ils savent tous qu'il n'est pour rien dans le crime.

En fait, et, au départ, cela énerve prodigieusement Maigret, tous, à commencer par Théo, l'adjoint du maire, toujours entre deux verres de vin dès 9 heures du matin, se doutent, à défaut de la connaître avec certitude, l'identité du coupable, du vrai. Mais la solidarité villageoise fait que tous préfèreraient voir Gastin condamné à tort plutôt que de livrer l'un des leurs. Alors, Maigret se met à l'ouvrage. Il mise sur son allure bonasse, à la fois roublarde et pourtant naïve - les gens de Saint-André ignorent après tout que lui aussi est né à la campagne - sur son instinct et sur sa logique. Un puzzle de plus pour lui qui en a résolu de plus complexes. Un puzzle dont, un à un, les pièces s'assemblent pour former un résultat qui attriste autant Maigret que son lecteur. Mais il faut bien aller jusqu'au bout de la démonstration et sauver Gastin. Dommage, seulement, que tant de têtes enfantines foncièrement innocentes aient été impliquées dans l'affaire par l'égoïsme et la mesquinerie de certains adultes ...

A mes yeux, "Maigret A L'Ecole" est une pépite précieuse, qui n'a pas sa pareille dans ce que j'ai lu jusqu'ici de Simenon. Un roman "à part", inclassable, où l'enfance prédomine sur tous les plans : c'est le comportement méchant mais enfantin de Léonie qui est à l'origine de son assassinat tout comme c'est la manie, toute puérile, de se déresponsabiliser systématiquement qui conduit l'assassin à la tuer alors qu'il ne cherchait, en réalité, qu'à l'effrayer, comme on fait peur à un vilain mioche qui menace de saboter vos plates-bandes. Et comme toujours, ce désir, conscient ou pas, d'adultes chevronnés d'accomplir mille sottises plus dignes de la cour d'école que de tout autre chose, retombe sur des enfants qui, du coup, vont "grandir" un peu trop brusquement. Léonie Birard ne ressuscitera pas, c'est vrai et l'assassin ira bel et bien en prison pour l'avoir tuée, même si telle n'était pas vraiment sa volonté initiale. Mais ces deux faits sont de peu de poids, finalement, devant l'innocence perdue et les tourments endurés par trois enfants qui, eux, avaient encore l'âge de la cour d'école et de son insouciance.

"Maigret A L'Ecole" : surtout, lisez-le. ;o)
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Un instituteur de province (St André sur mer, en Charente) vient demander de l'aide au célèbre commissaire. On l'accuse du meurtre d'une vielle femme que tout le village déteste. Maigret accepte ; il souhaite surtout en ce début de printemps déguster quelques bonnes huitres accompagnées de vin blanc. Il ignore que c'est la période de la « morte-eau » où, à cause des faibles marées, on ne ramasse ni moules, ni huitres !
C'est un village assez sordide que Maigret découvre où tout le monde semble mentir face à cet « étranger » qui se mêle de ce qui ne le regarde pas .Les ambiances sont lourdes, pesantes et maigret semble étouffer… Heureusement qu'il y a le vin blanc qu'il boit sans modération pour oublier tous ces personnages ravagés par la vie. Ecrit en 1953, c'est presque un document d'ethnologie rurale sur les villages d'après guerre. Les ambiances de village ont bien changé depuis ! L'enquête nous emmène dans ces secrets villageois et nous étonne par une fin inattendue. le commissaire repart de toute urgence à Paris retrouver les charmes de la capitale.
Un bon épisode dans la série des Maigret.
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Un roman de Maigret qui sort des cadres habituels du quai des Orfèvres puisque l'enquête se déroule près de la Rochelle. On est plongé dans la vie des petits villages de Charente-Maritime. L'enquête va elle aussi être menée de manière particulière, en se concentrant sur les élèves d'une école, qui pourrait être témoin du meurtre.
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Un bon Maigret que l'on va chercher à la PJ.
Un instituteur d'une petite ville près de la Rochelle est accusé du meurtre d'une vieille femme, une chipie que tout le monde détestait.
Mais étranger au village l'instituteur est un coupable qui arrange tout le monde mais Maigret n'y croit pas....
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