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sur 130 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sur les contreforts des Corbières, à une vingtaine de kilomètres de Carcassonne, se dresse dans un décor sauvage le château de de Montrafet, un château en piteux état. Pour y accéder depuis le plus proche village, Palaja : un chemin de gravier.
Ce château fort fabuleux, classé, fait d'une multitude anarchique de tourelles, de coursives, de chemins de ronde et de passages dérobés appartient aux Testasecca depuis des générations, mais il est un véritable gouffre financier et tombe peu à peu en ruine, la famille n'arrivant plus à l'entretenir.
Quand un arrêté de demeure en péril frappe le château et que la famille risque d'être expulsée, les parents, Léon « le Minotaure » et Diane « la princesse », tout comme leurs enfants Clémence « la bricoleuse de génie », 17 ans et Pierre « le baron perché », 15 ans feront tout pour sauver ce domaine qui est leur fierté, qui représente toute leur vie et pour lequel ils sont prêts à tout.
C'est une véritable tragédie en cinq actes qui va se jouer, avec une ambiance qui va aller crescendo.
Cette saga qui raconte comment une famille désargentée met tout en oeuvre pour sauver ses racines, sa raison de vivre est une véritable épopée baroque. La nature avec ses hordes de chevreuils, la forteresse avec ses remparts, son donjon et sa tour carrée, le tout plus ou moins de guingois, la mine d'or d'Izambar, le tracteur Hyperélectreyon sont autant d'éléments qui mêlent le réel au fantastique pour notre plus grand bonheur, d'autant que se greffent sur ce décor fabuleux, les « synagries », ces démones invisibles qui habitent sur les pics des Corbières. Loghauss, l'une d'elles semble même avoir été nouée au destin de Pierre de Testasecca.
Pour ce qui est de l'assaut final, l'auteur nous en offre une vision dantesque !
L'attachement à la terre et aux racines, la relation fusionnelle entre le frère et la soeur, l'amour qui unit la famille, les sentiments d'amitié et de trahison, la menace de l'environnement par les promoteurs avides de rentabilité ramènent le lecteur à la réalité.
Avec Les Contreforts, Guillaume Sire nous offre une légende du temps jadis, actualisée. Il nous fait rêver avec ses envolées descriptives de la terre de son enfance qui sont d'une rare beauté. La résistance dont vont faire preuve nos protagonistes peut parfois sembler burlesque et d'un autre temps et pourtant on ne peut que saluer leur détermination pour préserver les valeurs auxquelles ils sont tant attachés, principalement, leur dignité.
Les Contreforts de Guillaume Sire peut être qualifié de roman un peu déjanté mais ô combien savoureux et poétique. Dès les premières lignes, j'ai été emportée par ce conte au style flamboyant.
Avant la longue flamme rouge, son roman précédent, qui mettait en scène Saravouth, véritable héros anonyme de la guerre du Cambodge, avait obtenu de nombreux prix dont le Prix Orange du livre 2020. Ce livre m'avait particulièrement marquée et enthousiasmée. Avec cette saga au style vif et envoûtant sur un sujet absolument différent, Guillaume Sire a su m'enchanter à nouveau avec talent.
Un excellent moment de lecture !

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À une vingtaine de kilomètres de Carcassonne se trouve un château fort où habitent les Testasecca. le père Leon appelé le Minotaure, la mère Diane et leurs deux enfants, Clémence et Pierre.

Là-bas les enfants ne vont pas à l'école, les parents ne travaillent pas. Ce petit monde ressemblerait à un conte de fée si la propriété n'était pas mise en périls. le château est dans un piteux état et si les Testasecca ne trouvent pas les fonds pour le remettre en état, ils risquent l'expulsion.

S'engage alors un combat de tous les dieux au sein de cette famille pour sauver ce patrimoine. À côté de cette vaillance et amour des leurs, on assiste au soulèvement de la nature qui semble elle aussi crier sa rage et sa peine.

Il y a dans ce roman une ferveur romanesque époustouflante. L'écriture est pleine, ronde, sophistiquée et envolée à la fois. L'ambiance monte crescendo pour nous servir des scènes et images à couper le souffle.

Je sais que ce roman séduira moult lecteurs car ce roman est brillant et maîtrisé à la perfection. J'ai déploré néanmoins, surtout début du livre un vocabulaire un peu trop complexe pour moi. Les termes techniques et moyenâgeus autour du château fort (mâchicoulis, fleurine, encorbellement, arbalétriers, faîtage,…) fourmillent et ont rendu ma lecture souvent ardue. L'auteur nous offre une fiction où l'art architectural imprègne chaque page. Ce château se vit tant il est décrit avec précision.

Ce bémol est tout à fait subjectif et personnel et je ne doute pas du succès de ce livre qui je le répète détient une puissance romanesque qui vaut le détour.

J'ai laissé décanté cette lecture avant de poser ma chronique. Constat sept jours plus tard : ce roman me hante encore…
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Au seuil des Corbières, l'état de l'immense château familial est pour les Testasecca un souci permanent. L'édifice menace de s'écrouler et les travaux colossaux ne sont certainement pas à la portée de ces aristocrates aussi désargentés que quelque peu fantasques. Alors ce qui devait arriver arrive le jour où, à cause de l'arrêté de péril pris au regard de leur incapacité à le mettre hors de danger, le préfet ordonne la vente du château, et leur champ de luzerne est envahi par les premiers engins de construction d'un lotissement. Mais c'est mal connaître le comte Testasecca et sa famille que penser qu'ils vont se laisser faire. C'est lorsque que le bateau coule qu'ils sont les plus combatifs...
En conteur formidable Guillaume Sire nous emporte dans une histoire romanesque à souhait. L'ensemble se lit avec un réel plaisir, même si les belles évocations du pays cathare et son architecture lassent un peu par leur luxe de détails et que les personnages, bien campés et attachants par ailleurs, frisent parfois la caricature.
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Les douces dingueries de familles atypiques… Aïe aïe aïe… Il y a toujours le risque de forcer sur le déjanté et l'atypique et d'aboutir à un truc hors-sol qui fatigue le lecteur à force d'invraisemblances. Les Contreforts sont parfois à deux doigts de la sortie de route, mais ça fonctionne. Ça fonctionne parce que le père foutraque et les esprits qui veillent sur le château familial relèvent moins du merveilleux que de la tragédie en 5 actes. Une belle tragédie cornélienne, comme qui dirait Horace-sur-Corbière.
Les pères chez Corneille sont toujours des salauds hors-normes. Horace père envoie donc ses trois fils défendre Rome, ce qui nécessite au passage de trucider la belle-famille. Et quand le dernier survivant de la tuerie s'enfuit, Horace père se déchaîne. « Que vouliez-vous qu'il fît contre trois? » lui demande-t-on. « Qu'il mourût! », répond-il benoîtement.
Ben là, c'est pareil. Il y a le château, il y a le village. Autant dire Rome et Albe. de l'un à l'autre, des amourettes, des amitiés, des bastons rigolardes. Et puis un jour, on ne rigole plus. La famille Testasecca, qui croule sous les dettes, doit être expropriée. Et comme le père est trop vieux pour tenir encore son rôle de patriarche, le nom et le territoire des ancêtres doivent être défendus par les enfants qui ploient sous l'injonction catégorique et titubent de devoir rester droits dans leurs bottes. La bataille sera terrible, épique, et riche en coups de théâtre.
Comme chez Corneille, le héros triomphe. Mais à quel prix? le châtelain au château décati mais encore magnifique est surnommé « le Minotaure », pour sa force, son caractère sanguin et pour son domaine labyrinthique. Mais le Minotaure est aussi un monstre qui se repaissait d'adolescents qu'il fallait lui sacrifier tous les ans.
Bien sûr que ce Minotaure-là est séduisant et que son combat est juste. Mais son égoïsme infantile met tout le monde en péril autour de lui. D'ailleurs c'est l'amour absolu qu'on lui voue qui le rend si dangereux.
Le château relève de l'enfance. La triste réalité est beaucoup moins glamour. Mais « être né quelque part » ne donne aucun droit et les gens ont définitivement plus de valeur que les lieux. Et il est d'ailleurs dommage que Guillaume Sire ait lui-même parfois escamoté la nécessaire part de réel (genre ne nous embêtons pas trop avec les détails techniques, on va mettre des mots qui font joli et on va dire que les étançons cèdent et que les mâchicoulis s'affaissent, ça suffira bien).
Sinon Horace, à la fin de la pièce, a perdu ses frères, tué son meilleur ami et occis sa soeur. Mais Papa est fier de son fiston: Rome est sauvée et l'honneur lavé. Dans le roman de Guillaume Sire, les pères finissent par céder et les contreforts ne tiennent pas, c'est ce qui apportera paradoxalement le salut.
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Qu'est-ce qui n'est pas impossible?

Pour son second roman, Guillaume Sire change de registre. le Prix Orange du livre 2020 avec Avant la longue flamme rouge nous entraîne cette fois sur les chemins de l'Aude où une famille tente de sauver son château. Un combat inégal, mais une vraie épopée!

Après le succès de premier roman, Avant la longue flamme rouge, notamment couronné par le Prix Orange du livre 2020, Guillaume Sire a répondu aux questions du portrait chinois de la bibliothèque de Juju. A la question, s'il était un endroit du monde, le romancier a répondu Montahut: «C'est une colline près de Carcassonne. Il faut passer par le village de Palaja, et monter dans les Corbières, vers le Col du Poteau. Après la bergerie de Montrafet, vous continuez sous le grand cèdre bleu, puis vous montez entre les genêts et les chêneverts, à gauche, et vous arrivez à Montahut.» Si je reviens sur cette description, c'est parce qu'elle nous livre la clé de ce nouveau roman précisément situé dans cette région de l'Aude.
Léon Testasecca est le châtelain de Montrafet. Mais à l'image de son château qui tombe en ruines, il ne possède plus grand chose de sa gloire passée et doit se battre pour ne pas être expulsé. Fort heureusement, il peut compter sur sa famille. «Clémence, dix-sept ans, bricoleuse de génie, rafistole le domaine au volant de son fidèle tracteur; Pierre, quinze ans, hypersensible, braconne dans les hauts plateaux; Diane, la mère, essaie tant bien que mal de gérer la propriété.» Un clan qui va devoir faire face à une montagne de problèmes pour tenter de sauver leur héritage.
Léon Testasecca est un frondeur. Il n'hésite pas à faire le coup de poing pour défendre ses idées et son honneur. S'il imagine que le vin, qu'il ingurgite en grandes quantités, sera peut-être sa planche de salut, il paraît bien seul à penser que la fortune se trouve dans son vignoble. Mais ceux qui pensent qu'il y a une mine d'or sous le château fantasment tout autant. Tandis que Pierre chasse, Clémence passe ses journées à consolider ce qui peut l'être. Et Diane se bat pour obtenir des subventions, obtenir la mansuétude de l'administration et des créanciers.
De retour de l'une de ses escapades, Léon découvre qu'un arrêté d'expulsion vient d'être édicté parce que pour l'administration, le monument est désormais en péril. Mais ce n'est rien en comparaison des engins de chantier qui débarquent un beau matin et entreprennent de préparer le terrain pour y ériger un lotissement. Car une partie du terrain a été préemptée sans l'accord de la famille et que désormais, il va falloir aussi engager les peu de moyens à disposition dans un combat juridique long et incertain.
Mais pour Léon et les siens, il est hors de question de céder. La guerre est déclarée!
Cette nouvelle version du combat du pot de terre contre le pot de fer est une tragédie en cinq actes que Guillaume Sire nous livre avec le bruit et la fureur qu'il faut y associer pour faire monter la tension dramatique. Les croyances et la légende bâtie autour du «minotaure de Montrafet» ajoutant aussi à cette épopée le poids du mythe.
Et quand Diane, la princesse parisienne, murmure contre la poitrine de son Minotaure de mari: «J'ai peur parfois que tout cela mène à une impasse. J'ai peur que le combat soit perdu d'avance. J'ai peur que la victoire soit impossible.» il peut affirmer avec force la phrase qui le guide depuis toujours: «Qu'est-ce qui n'est pas impossible?»
Guillaume Sire a retrouvé non seulement les terres de son enfance, les goûts et les odeurs, mais aussi les rêves qui ont construit le romancier qu'il est aujourd'hui devenu. Avec cette envie un peu folle de déplacer des montagnes par la force des mots… et rendre l'impossible possible.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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****

Montrafet. Au sein du massif des Corbières, aux portes de Carcassonne, s'élève ce château aux multiples tourelles, aux pièces peuplées de fantômes et aux passages abandonnés. Il appartient aux Testasecca depuis des générations. Mais l'argent manque à la famille de Léon et Diane, et ils ne peuvent plus entretenir le château qui tombe en ruines. L'avis d'expulsion tombe et la famille ne peut se résoudre à abandonner ses terres. La résistance se met alors en place…

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé la plume de Guillaume Sire. Dans un décor totalement différent de celui d' « Avant la longue flamme rouge », il a encore le don de nous emporter dans son univers…

On fait la connaissance de la famille Testasecca. Et on se prend très rapidement de tendresse pour les 4 membres de ce noyau si spécial. Clémence et Pierre, les enfants, m'ont particulièrement touchée. Ils n'ont connu que Montrafet, ce château à leurs yeux, magiques et mystérieux. Terrain de jeux de leur enfance, il leur inconcevable de le perdre. Léon et Diane, les parents, sont aussi attachés à leur demeure comme à un trésor.

Classé au patrimoine, ce château doit être préservé, réparé, restauré. Mais l'argent manque malgré tout ce que la famille trouve comme solution. Ils frappent à beaucoup de portes, les idées ne manquent pas. Mais c'est insuffisant et l'avis d'expulsion tombe.
Dans des efforts dignes de leurs ancêtres, la guerre contre les forces de l'ordre est leur moteur. Ils se battront, ils résisteront, ils n'abandonneront pas ces pierres qui les définissent.

L'écriture de Guillaume Sire est à l'oeuvre. On embarque avec lui dans les tourelles, les passages secrets, les grottes et les légendes. Découpés en 5 actes, les chapitres sont courts, rythmés et addictifs. La tension monte, les prémices de la tragédie nous mettent les frissons et le drame survient, brutal. Poignardé en plein coeur, c'est à nous de résister…
Un très beau roman tant sur la famille, ses racines, ses rêves partagés… mais sur ses dérives, ses excès et sa soif de liberté…

Merci à NetGalley et aux Éditions Calmann-Lévy pour leur confiance.
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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La magie des mots de Guillaume Sire est perceptible derrière le récit qu'il livre ici, parfois peu vraisemblable et tirant vers le conte de fées avant de s'en éloigner, oscillant entre plume merveilleuse et réalisme. Ses personnages sont semblables à des héros types, mais d'un type nouveau – la bricoleuse, le rêveur, le bagarreur et la comptable. Inévitablement moins attachants que Saravouth, ils nous entraînent malgré tout avec eux dans cette mythologie d'ici et d'ailleurs (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/08/18/les-contreforts-guillaume-sire/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Leur patrimoine, Montrafet, est frappé d'un arrêté de mise en péril. Tout s'écroule ou menace de s'écrouler. Que ce soit Léon, le baron, tel Minotaure, régnant en maître despotique sur ses terres,  Diane, que rien ne prédestinait à s'occuper de devis, démarches, gouffre financier, relances etc... car peu de ressources et trop de dépenses, Clémence, 17 ans, leur fille débrouillarde, bricoleuse, tenace et Pierre, 15 ans, leur fils, sensible et miraculé d'un orage, celui que l'on surnomme "le baron perché" car sauvé d'un orage par Loghauss la sinagrie d'après la légende villageoise, car ici nous sommes au coeur des Corbières que l'auteur connaît bien où les vieilles pierres et certains esprits peuplent la campagne.

Ce récit tient de l'épopée, de celle que mène une famille qui vit en camp retranché sur ses terres, guettant (et quêtant) subventions et aides mais plus souvent d'espoirs , de ventes de stères des bois du domaine, de braconnages pour survivre en presque total autarcie. C'est un combat de chaque jour voire de chaque minute qu'il faut affronter, au fur et à mesure que tombent les pierres, que les étayages se succèdent et deviennent eux-mêmes dangereux, où il faut savoir mener l'Hyperélectreyon, la bétonnière et la truelle mais également l'administratif que cela demande à travers formulaires, réclamations et petites combines pour récupérer le moindre euro.

"Clémence donnait les directives, véritable artisan maçon, chef de chantier, architecte des causes perdues. (p121)"

Ils sont 4, les 4 contreforts qui se soutiennent et soutiennent une forteresse qui a perdu de sa superbe et se démantèle, ils la maintiennent vaille que vaille, car fier de leur passé et de leurs ancêtres, ils en font une question d'honneur pouvant aller jusqu'au sacrifice. 

Alors ce n'est pas la maréchaussée, ni un notaire ou un promoteur immobilier qui vont les contraindre à renoncer, Léon n'hésitant pas à jouer de la voix et des poings pour rendre sa justice, Clémence, le voilier blanc qui ne plie jamais les voiles, et puis parce qu'ils y ont trop déjà perdu en amour, en amitié pour déserter. Alors dans tout combat il y a parfois une dernière bataille à mener, un champ du cor avant la curée. L'auteur dresse l'inventaire des sacrifices et pertes faits au nom de la bâtisse, qu'ils soient sentimentaux ou amicaux.

Comme dans tout combat chacun des personnages a fait des sacrifices qu'ils soient personnels, sentimentaux ou amicaux mais sans pour autant renier leurs choix car quand on est un ou une de Testasecca on ne renonce pas, d'autant que la devise de la famille depuis des siècles leur insuffle l'énergie et les rattrape quand le sort s'acharne

"Qu'est-ce qui n'est pas impossible ?"

Guillaume Sire dont j'avais énormément aimé Après la longue flamme rouge, que j'avais découvert avec Réelle, se lance, lui aussi, dans une aventure à chaque écriture, naviguant sur des  thème totalement différents car comment ne pas penser à ses familles qui héritent ou achètent des châteaux ou propriétés historiques délabrés ou en ruines, se lançant dans le faramineux travail de restauration et ce qu'il engendre d'abnégation, d'humilité pour leur garder superbe et dignité.

J'ai retrouvé l'écriture de l'auteur, insufflant le souffle du romanesque et de l'épique pour faire de son roman un récit où se mêlent les déboires et tracasseries d'un clan unit par l'amour d'un lieu et de son environnement, car la nature y est omniprésente qu'elle soit au niveau du végétal mais également du monde animal. Ici tout fait corps. J'ai été parfois un peu perdue par tous les termes propres au lieu (qui auraient peut-être nécessités une définition en base de page), mais j'ai renoncé à tout savoir et me suis laissée porter par l'épopée de ces chevaliers d'une cause que l'on comprend perdue.

Ce qui se lit au début comme le quotidien imprévisible des propriétaires des lieux, jamais à l'abri d'un effondrement, d'une chute de machicoulis ou autre coursive, ne possédant plus que leur ingéniosité et  imagination pour poser des emplâtres sur des "jambes de bois" qui ne demandent qu'à se briser, devient, au fil des pages, un dernier combat héroïque d'une rare intensité.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Contreforts def.- "un mur qui sert d'appuis à un autre mur" .
Quand on lit la définition, une fois qu'on a lu le livre, le titre prend encore plus de sens, on le comprend mieux, son essence se révèle.
Guillaume Sire parle dans son livre des contreforts de Montrafet, un lieu ou une famille des châtelains, les Testasecca, essaient tant bien que mal sauver leur château. Ruinée, menacée d'expulsion, cette famille haute en couleur devra se serrer les coudes et faire front contre tous ceux qui veulent les déraciner.
Leon, le père de famille, il est à l'image de son château. En ruine. À la recherche de sa gloire passée, il n'est pas très doué pour la parole et il préfère s'exprimer avec ses poings, les échanges avec son entourage sont parfois bien arrosés d'une bonne dose d'alcool et agrémentés de ridicule. Son épouse, Diane, une "princesse" parisienne est celle qui relève souvent Leon, celle qui se débrouille pour les prêts, les subventions, les factures, la famille ... malgré leur situation précaire, elle croit encore en son chevalier, l'amour la rend plus forte. Clémence, leur fille, est une âme sauvage, une bricoleuse hors pair. Au caractère bien trempé, elle est la seule à tenir tête aux idées farfelues de son père et essaie tant bien que mal sauver leur dignité à sa façon. Pierre, son frère est tout l'opposé de sa soeur. Rêveur, sensible, il doute de tout et surtout de lui-même. Sa vie à lui, est enveloppée de mystère, à l'image de ce fait de son enfance ou une sinagrie, étrange créature, lui a sauvé la vie.
le point fort de ce roman, ce sont ses personnages. Entiers, ils sont attachants dans leur combat pour sauver leur patrimoine. Les femmes en particulier, ce sont les murs porteurs de la famille, elles sont là pour protéger et sauver, les garder debout quand tout autour d'eux s'effrite.
Au centre de l'histoire, la terre est celle qui sauve et celle qui détruit.
Tout en subtilité, l'auteur décrit une vaste fresque tragique remplie de poésie, ou l'amour se mélange à la haine et la réalité a la magie. Justement, ce "trop" de fantastique a fait que je me suis un peu perdue lors de mon voyage dans les terres de Carcassonne et quelques questions me restent encore sur le bout de ma langue, c'est une peu dommage de sentir ce goût de "pas assez" à la fin ...
Les contreforts, un roman original, une plume intrigante !
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Pour ces mois d'automne, Guillaume Sire s'immerge avec Les Contreforts au coeur de son pays natal là où la nature explose de senteurs entêtantes, d'une faune décomplexée et omniprésente en proposant une épopée en cinq actes sur la fin d'un monde.
Pierre de Testasecca est un jeune adolescent égaré au milieu de sa famille qui vit dans un château situé sur le mont Montahut à vingt kilomètres au sud-est de Carcassonne au milieu des contreforts des Corbières, inspiré du Château de Montrafet. Dans cette famille, Clémence, sa grande-soeur, moins de dix-huit, est son ancre, sa balise anti-naufrage au milieu de ce monde en déliquescence et représente « un voilier en suspension à un ou deux mètres au-dessus de la mer, mer trouble, noire, brutale ».
Pierre chasse le perdreau à la croule c'est à dire au chant du mâle en rut qui suit sa future épousée. Dans ce monde, les hordes de chevreuils descendent vers l'Espagne en suivant les cours d'eau. Seulement, ils détruisent tout sur leur passage, comme la petite entreprise familiale, le Chaudron aux fraises. Même le garde-chasse, Arnould, se fait tirer l'oreille pour intervenir !
Seulement, il n'est pas le seul à chercher à n'en faire que le minimum. Stéphane Chauvet, le président de l'association départementale de VTT, prépare une excursion thématique sur les terres de Montahut mais ne veut pas contribuer à la réfection des sentiers.
Dans le château règne en maître absolu, héritier d'une dynastie obsolète, Léon, le père de Pierre. Léon est le Minotaure des Corbières, réglant les conflits comme le faisaient déjà ses ancêtres par la convocation d'un duel. Incapable sauf à s'attirer tous les ennuis de la terre, il est la figure incontournable, titanesque qui terrifie autant Pierre que Clémence surtout depuis l'événement qui a failli coûter la vie au plus jeune. Alors, Diane, la mère, princesse parisienne vouée aux thés mondains tente tant bien que mal de tenir ce domaine qui prend l'eau de toutes parts, au sens propre comme au figuré.
Depuis huit mois, les monuments historiques somment Léon et Diane de procéder aux réparations sinon ils subiront une expropriation. Un million deux cents milles euros à trouver pour continuer à vivre comme avant ! A l'image des Contreforts du château, Guillaume Sire écrit un conte sur la fin d'une époque où chacun va devoir s'adapter ou mourir. Mais, les dommages collatéraux d'un tel bras de fer risque de laisser des traces indélébiles sur ceux (ou celles) qui resteront.
La langue de Guillaume Sire se prélasse vers l'onirique où tout devient image et poésie. le registre de l'émotion décuple les sensations éprouvées. La superstition tient sa place comme la toute puissance de l'enfant qui veut par des signes conjurer la fin annoncée. Car l'effondrement, on le pressent, est inévitable ! Même si le lecteur ne peut en imaginer la violence !
Guillaume Sire nous conte une fable où ni la pureté, ni la force et ni la violence ne triomphent ! Son roman est une ode à l'adaptation et au renouveau. Et, le tribu versé contribue à cette évolution attendue : le sang, les larmes, les cris comme une renaissance vers un autre monde où la réalité oblige à regarder de nouvelles vérités.
L'écriture de Guillaume Sire enchaîne en rythme le rire en larmes, la comédie en tragédie, frisant souvent le burlesque et la démesure. Gargantuesque, elle étire le lecteur vers l'éloge du gigantesque, de la nature incontournable et des impressions de vie qu'il faut retrouver ! Un vrai plaisir à découvrir !
Chroniques avec photos ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/18/guillaume-sire/
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