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sur 130 notes
Sur les contreforts des Corbières, à une vingtaine de kilomètres de Carcassonne, se dresse dans un décor sauvage le château de de Montrafet, un château en piteux état. Pour y accéder depuis le plus proche village, Palaja : un chemin de gravier.
Ce château fort fabuleux, classé, fait d'une multitude anarchique de tourelles, de coursives, de chemins de ronde et de passages dérobés appartient aux Testasecca depuis des générations, mais il est un véritable gouffre financier et tombe peu à peu en ruine, la famille n'arrivant plus à l'entretenir.
Quand un arrêté de demeure en péril frappe le château et que la famille risque d'être expulsée, les parents, Léon « le Minotaure » et Diane « la princesse », tout comme leurs enfants Clémence « la bricoleuse de génie », 17 ans et Pierre « le baron perché », 15 ans feront tout pour sauver ce domaine qui est leur fierté, qui représente toute leur vie et pour lequel ils sont prêts à tout.
C'est une véritable tragédie en cinq actes qui va se jouer, avec une ambiance qui va aller crescendo.
Cette saga qui raconte comment une famille désargentée met tout en oeuvre pour sauver ses racines, sa raison de vivre est une véritable épopée baroque. La nature avec ses hordes de chevreuils, la forteresse avec ses remparts, son donjon et sa tour carrée, le tout plus ou moins de guingois, la mine d'or d'Izambar, le tracteur Hyperélectreyon sont autant d'éléments qui mêlent le réel au fantastique pour notre plus grand bonheur, d'autant que se greffent sur ce décor fabuleux, les « synagries », ces démones invisibles qui habitent sur les pics des Corbières. Loghauss, l'une d'elles semble même avoir été nouée au destin de Pierre de Testasecca.
Pour ce qui est de l'assaut final, l'auteur nous en offre une vision dantesque !
L'attachement à la terre et aux racines, la relation fusionnelle entre le frère et la soeur, l'amour qui unit la famille, les sentiments d'amitié et de trahison, la menace de l'environnement par les promoteurs avides de rentabilité ramènent le lecteur à la réalité.
Avec Les Contreforts, Guillaume Sire nous offre une légende du temps jadis, actualisée. Il nous fait rêver avec ses envolées descriptives de la terre de son enfance qui sont d'une rare beauté. La résistance dont vont faire preuve nos protagonistes peut parfois sembler burlesque et d'un autre temps et pourtant on ne peut que saluer leur détermination pour préserver les valeurs auxquelles ils sont tant attachés, principalement, leur dignité.
Les Contreforts de Guillaume Sire peut être qualifié de roman un peu déjanté mais ô combien savoureux et poétique. Dès les premières lignes, j'ai été emportée par ce conte au style flamboyant.
Avant la longue flamme rouge, son roman précédent, qui mettait en scène Saravouth, véritable héros anonyme de la guerre du Cambodge, avait obtenu de nombreux prix dont le Prix Orange du livre 2020. Ce livre m'avait particulièrement marquée et enthousiasmée. Avec cette saga au style vif et envoûtant sur un sujet absolument différent, Guillaume Sire a su m'enchanter à nouveau avec talent.
Un excellent moment de lecture !

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À une vingtaine de kilomètres de Carcassonne se trouve un château fort où habitent les Testasecca. le père Leon appelé le Minotaure, la mère Diane et leurs deux enfants, Clémence et Pierre.

Là-bas les enfants ne vont pas à l'école, les parents ne travaillent pas. Ce petit monde ressemblerait à un conte de fée si la propriété n'était pas mise en périls. le château est dans un piteux état et si les Testasecca ne trouvent pas les fonds pour le remettre en état, ils risquent l'expulsion.

S'engage alors un combat de tous les dieux au sein de cette famille pour sauver ce patrimoine. À côté de cette vaillance et amour des leurs, on assiste au soulèvement de la nature qui semble elle aussi crier sa rage et sa peine.

Il y a dans ce roman une ferveur romanesque époustouflante. L'écriture est pleine, ronde, sophistiquée et envolée à la fois. L'ambiance monte crescendo pour nous servir des scènes et images à couper le souffle.

Je sais que ce roman séduira moult lecteurs car ce roman est brillant et maîtrisé à la perfection. J'ai déploré néanmoins, surtout début du livre un vocabulaire un peu trop complexe pour moi. Les termes techniques et moyenâgeus autour du château fort (mâchicoulis, fleurine, encorbellement, arbalétriers, faîtage,…) fourmillent et ont rendu ma lecture souvent ardue. L'auteur nous offre une fiction où l'art architectural imprègne chaque page. Ce château se vit tant il est décrit avec précision.

Ce bémol est tout à fait subjectif et personnel et je ne doute pas du succès de ce livre qui je le répète détient une puissance romanesque qui vaut le détour.

J'ai laissé décanté cette lecture avant de poser ma chronique. Constat sept jours plus tard : ce roman me hante encore…
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Dans les Corbières, le château des Testasecca succombe de jour en jour davantage aux outrages du temps. Ses propriétaires, ruinés, sont au bord de l'expulsion. le flamboyant père vigneron, Léon, a beau se draper dans sa superbe et multiplier les coups de poing au village, la mère Diane jongler de son mieux avec les dettes qui plombent les comptes, leurs enfants Clémence et Pierre, dix-sept et quinze ans, se rendent bien compte que leur situation est aussi périlleuse que celle de leur fabuleuse forteresse. Pour autant, pas plus que leurs parents, la fille qui, comme un homme, s'attèle avec résolution aux travaux de gros oeuvre les plus urgents, et le fils, braconnier dans l'âme, qui connaît comme sa poche les hauts plateaux alentour, ne sont prêts à se laisser chasser de leur ancestral repaire. Et s'il le faut, c'est un comité armé qui accueillera huissiers et gendarmes…


Posséder un château n'est pas une sinécure. Qui plus est une forteresse follement campée sur les contreforts montagneux du massif des Corbières, dans le paysage âpre d'une nature sèche et sauvage, à l'austérité aussi ingrate que menaçante. Car, au-delà des tracasseries financières et des appétits immobiliers sur le point de leur donner le coup de grâce, c'est d'abord l'inexorable attaque du temps et des éléments que les Testasecca affrontent dans un combat inégal et perdu d'avance. La nature des Corbières devient un personnage à part entière, magnifique mais dangereux, car doté d'une puissance imparable, imprévisible, qui, lorsqu'elle s'acharne, réveille craintes, superstitions et antiques croyances.


Parfaitement réaliste quant à son versant humain, où une poignée d'êtres anticonformistes voient leur liberté rognée peu à peu par le triomphe d'un matérialisme normatif symbolisé par le bitume et le béton, la narration verse dans la magie du conte lorsqu'elle évoque fantastiquement, comme en écho au souvenir des perceptions d'enfance de l'auteur, la fabuleuse architecture du château-fort, de terrifiants orages et de dévastateurs incendies de forêt, une faune effrayante et de maléfiques créatures cachées dans les replis de la montagne. Ne reste au lecteur qu'à lâcher prise et à se laisser porter par l'écriture magique de Guillaume Sire, qui, d'une manière qui m'a évoqué Franck Bouysse, sertit la noirceur de son histoire dans des phrases d'une beauté lumineuse lorsqu'elles évoquent son cadre naturel, et, comme dans Buveurs de vent, joue des symboles et du conte pour exprimer la rébellion contre un monde sclérosant. Une résistance qui se teinte d'ailleurs ici d'une touche de subversion, dont on pourra retrouver un écho chez Edward Abbey et les scènes de sabotage de son Gang de la clef à molette.


Dans un registre très différent d'Avant la longue flamme rouge, récit haletant et bouleversant d'une histoire vraie, ce conte symbolique, qui oppose une nature vengeresse à la cupidité suffisante d'hommes persuadés de l'avoir domestiquée, réinvente étonnamment le talent de Guillaume Sire. S'y révèle notamment une nouvelle facette, particulièrement esthétique, de sa plume. Nouveau coup de coeur pour cet auteur.

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Qu'est-ce qui n'est pas impossible ?

Telle est la devise, plutôt surprenante, des Testasecca, illustre famille dont un ancêtre, le capitaine Clodomir a combattu en hurlant à ses soldats « tenir est impossible, mais je vous le demande, mes amis, je vous le demande au nom de Dieu, de la France et de l'Empereur : qu'est ce qui n'est pas impossible ? »

Bon sang ne saurait mentir, quand un notaire véreux associé à un promoteur et à un maire affairiste, vole pour une bouchée de pain, la propriété délabrée et jugée en état de péril, Léon, le père, Diane, la mère, Clémence et Pierre, les enfants, secondés par Bendico, le chien, vont tenir les Contreforts, en tentant l'impossible, armés d'un tracteur Hyperélectreyon, véritable char d'assaut, soutenu par une infanterie dotée de cartouches aux germes de blé !

Epopée à la Raspail, glorifiant les héros de la lignée, la baronne Mahault, Izambar le Magnifique, Eugénie, Piotr, dans le décor sauvage et superbe des Corbières, au milieu d'une faune conquérante et d'une flore tantôt agressive, tantôt apaisante.

S'appeler tête sèche n'impose pas d'avoir le gosier sec et ces pages sont allègrement arrosées de Corbières, Cabardés, Malepère, Minervois et autres crus et potions magiques, dégustés en appui de gibiers prélevés pour sauvegarder les récoltes et les vignes. Un festin appétissant !

Ce roman m'a séduit avec ses personnalités emphatiques (fonctionnaires et gendarmes inclus), un scénario addictif, bouleversant, mortel, et une prose poétique, musicale, onirique. Un authentique bonheur qui nous plonge dans une France anticonformiste aussi éternelle que fabuleuse.

Qu'est ce qui n'est pas impossible à Guillaume Sire ?
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La vie de château en ruine.
De nos jours mais hors du temps, le baron de Testasecca et sa petite famille tentent de sauvegarder le patrimoine familial, un château qui fait son âge, isolé dans les Corbières. Des rêves plein la tête mais les poches vides, menacés d'expulsion et pressurisés par des promoteurs immobiliers sans scrupules, ils vont rentrer en rébellion et se retrancher dans leur domaine. de bons réfractaires gaulois comme je les aime. Les gendarmes auraient dû rester à Saint-Tropez.
La faune locale se mêle à la partie avec une invasion inexpliquée de chevreuils qui ravagent les cultures.
Le combat est inégal, la vie s'écroule au même rythme que les murs du château mais les causes perdues sont les plus belles. Pot de terre contre pot de fer, David contre Goliath, le PSG contre le Réal de Madrid, ODP31 contre les kilos en trop, Fort Alamo : chacun ses combats.
Le casting familial est une réussite. le baron, Léon, a le sang aussi chaud que bleu. Bon vivant, force de la nature, il abuse de ses poings et du vin. Un gargantua à particule. Son épouse, Diane est une ancienne parisienne devenue châtelaine. Elle a la tête sur les épaules et tente de sauver les meubles. Une pragmatique sans accent. Clémence, 17 ans, est la vraie héroïne du roman. Révoltée par nature, guerrière dans l'âme, reine de la bidouille, elle est capable de transformer un tracteur en engin de guerre, façon Mad Max du recyclage. Pierre, 15 ans, est un contemplatif qui brille dans le braconnage. A défaut d'ami, il fréquente les légendes et entretient les superstitions locales. Quand ils ne sont pas poètes, ceux qui parlent aux fées passent souvent pour les idiots du village.
Ce roman de Guillaume Sire est une petite merveille. Il est impossible de résister au charme des personnages. La nature aride et venteuse des Corbières offre en plus un décor de western à l'aventure. Il ne manque que la musique d'Ennio Morricone.
L'attachement viscéral des personnages à leur terre est magnifiquement décrit. C'est comme si l'auteur avait écrit son livre sur les murs du château. de façon subtile, Guillaume Sire s'attache à défendre les différences, les gens qui sortent du cadre, libérés du poids des normes. Mais à quel prix ? L'effort contre les forts sur les contreforts.
Je ne peux que conseiller ce roman qui est aussi un bel hommage de l'auteur aux paysages de son enfance. Lecture à coupler aussi avec une visite du massif des Corbières… avec quelques dégustations de vin pour mieux ressentir la magie des lieux.
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On est loin du Cambodge dévasté par la guerre, comme dans Avant la longue flamme rouge, le roman précédent de l'auteur. C'est pourtant aussi une guerre que mène la famille de Testasecca, sur ses terres audoises, dans les ruines du château qui fut le témoin les exploits de ses ancêtres.

Si Diane mène un combat inégal contre un ennemi impalpable mais toujours vainqueur, luttant avec les banques, les créanciers et les services administratifs de tout poil, son mari, Léon, utilise d'autres armes, ses poings et ses coups de boule légendaires, d'autant plus prompt à dégainer que l'alcool lui a chauffé les sangs.

Camille a choisi une autre forme de lutte : elle sait manier l'outil et s'acharne contre l'obsolescence : rien ne lui résiste, le matériel, les murs, les ordinateurs, à chaque panne sa solution …

Et puis Pierre, que les villageois regardent avec un respect empreint de crainte, depuis que la sinagrie l'a sauvé des flammes…

La situation se dégrade lorsque la famille est menacée d'expulsion par un arrêté de péril…

Le principal écueil de l'ouvrage pour le lecteur béotien tient à la description savante des travaux multiples nécessaires pour essayer d'éviter l'effondrement définitif du château. Deux solutions : se procurer « l'architecture et la restauration pour les nuls » ou se faire une raison et considérer simplement que ce qui est écrit veut juste dire que l'état de décrépitude s'aggrave et peu importe que ce soit les échauguettes ou les mâchicoulis.. J'ai opté pour cette deuxième approche !

Hormis cet obstacle qui démontre la documentation précise de l'auteur, le récit est réjouissant. Il y règne une ambiance de cape et d'épée, et l'aventure est portée par des personnages entiers et truculents qui font les bons romans. Et il y a fort à parier que le regard bienveillant porté sur les chevreuils qui peuplent nos campagnes sera un peu différent ...

C'est aussi le talent de conteur de Guillaume sire qui fait mouche encore une fois.

Merci à Netgalley et aux éditions Calman-Lévy.
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Au seuil des Corbières, l'état de l'immense château familial est pour les Testasecca un souci permanent. L'édifice menace de s'écrouler et les travaux colossaux ne sont certainement pas à la portée de ces aristocrates aussi désargentés que quelque peu fantasques. Alors ce qui devait arriver arrive le jour où, à cause de l'arrêté de péril pris au regard de leur incapacité à le mettre hors de danger, le préfet ordonne la vente du château, et leur champ de luzerne est envahi par les premiers engins de construction d'un lotissement. Mais c'est mal connaître le comte Testasecca et sa famille que penser qu'ils vont se laisser faire. C'est lorsque que le bateau coule qu'ils sont les plus combatifs...
En conteur formidable Guillaume Sire nous emporte dans une histoire romanesque à souhait. L'ensemble se lit avec un réel plaisir, même si les belles évocations du pays cathare et son architecture lassent un peu par leur luxe de détails et que les personnages, bien campés et attachants par ailleurs, frisent parfois la caricature.
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Les douces dingueries de familles atypiques… Aïe aïe aïe… Il y a toujours le risque de forcer sur le déjanté et l'atypique et d'aboutir à un truc hors-sol qui fatigue le lecteur à force d'invraisemblances. Les Contreforts sont parfois à deux doigts de la sortie de route, mais ça fonctionne. Ça fonctionne parce que le père foutraque et les esprits qui veillent sur le château familial relèvent moins du merveilleux que de la tragédie en 5 actes. Une belle tragédie cornélienne, comme qui dirait Horace-sur-Corbière.
Les pères chez Corneille sont toujours des salauds hors-normes. Horace père envoie donc ses trois fils défendre Rome, ce qui nécessite au passage de trucider la belle-famille. Et quand le dernier survivant de la tuerie s'enfuit, Horace père se déchaîne. « Que vouliez-vous qu'il fît contre trois? » lui demande-t-on. « Qu'il mourût! », répond-il benoîtement.
Ben là, c'est pareil. Il y a le château, il y a le village. Autant dire Rome et Albe. de l'un à l'autre, des amourettes, des amitiés, des bastons rigolardes. Et puis un jour, on ne rigole plus. La famille Testasecca, qui croule sous les dettes, doit être expropriée. Et comme le père est trop vieux pour tenir encore son rôle de patriarche, le nom et le territoire des ancêtres doivent être défendus par les enfants qui ploient sous l'injonction catégorique et titubent de devoir rester droits dans leurs bottes. La bataille sera terrible, épique, et riche en coups de théâtre.
Comme chez Corneille, le héros triomphe. Mais à quel prix? le châtelain au château décati mais encore magnifique est surnommé « le Minotaure », pour sa force, son caractère sanguin et pour son domaine labyrinthique. Mais le Minotaure est aussi un monstre qui se repaissait d'adolescents qu'il fallait lui sacrifier tous les ans.
Bien sûr que ce Minotaure-là est séduisant et que son combat est juste. Mais son égoïsme infantile met tout le monde en péril autour de lui. D'ailleurs c'est l'amour absolu qu'on lui voue qui le rend si dangereux.
Le château relève de l'enfance. La triste réalité est beaucoup moins glamour. Mais « être né quelque part » ne donne aucun droit et les gens ont définitivement plus de valeur que les lieux. Et il est d'ailleurs dommage que Guillaume Sire ait lui-même parfois escamoté la nécessaire part de réel (genre ne nous embêtons pas trop avec les détails techniques, on va mettre des mots qui font joli et on va dire que les étançons cèdent et que les mâchicoulis s'affaissent, ça suffira bien).
Sinon Horace, à la fin de la pièce, a perdu ses frères, tué son meilleur ami et occis sa soeur. Mais Papa est fier de son fiston: Rome est sauvée et l'honneur lavé. Dans le roman de Guillaume Sire, les pères finissent par céder et les contreforts ne tiennent pas, c'est ce qui apportera paradoxalement le salut.
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Sur les contreforts des Corbières, du côté de Carcassonne, le château de Montrafet domine… ce domaine prestigieux autrefois, appartient à la famille Testaseca dont la splendeur s'est quelque peu délitée dans le temps, puisqu'ils sont au bord de la ruine.

Dans la famille, nous avons Léon, personnage haut en couleurs, plus prompt à se servir de ses points qu'à manoeuvrer habilement pour se mettre qui il faut dans sa poche, pour se sortir du marasme actuel. Son épouse, Diane, parisienne transformée en châtelaine par amour, les yeux rivés sur les comptes, les factures et autres mises en demeure.

Ils ont deux enfants : Clémence, l'aînée pour laquelle la mécanique ou la « maçonnerie » n'ont aucun secret, prête à tout pour défendre le château et la famille, et qui pétille d'intelligence. Pierre, le cadet, plutôt rêveur, toujours en train de relever les pièges avec lesquels il attrape entre autres des perdreaux. Et, n'oublions pas Bendico, le chien, membre à part entière de la famille.

La lutte pour trouver des subventions va être rude, car il ne suffit pas d'étayer les murs pour qu'ils ne tombent pas, il faut trouver des solutions plus pérennes. Un classement « monument historique » est en vue, mais les tentations sont trop grandes pour notaires, véreux, édiles en quête de taxes et promoteurs immobiliers de tous poils. On déclare l'expulsion de la famille et on commence les travaux sans avertir personne. Ce sera le début d'une guerre sans merci…

Sur fond de légendes que l'on raconte le soir à la veillée, avec les sinagries et autres démones, qui permettent de tenir les enfants, tranquille. Une des légendes s'est bâtie sur l'incendie qui a détruit le côteau mais préservé miraculeusement Pierre, entretenant ainsi les superstitions.

On fait la connaissance des ancêtres illustres, Jehan Crèvecoeur, la baronne Mahault, le capitaine Clodomir, Izambar le magnifique, Piotr… Léon va tenter de perpétuer la lignée en donnant leurs noms à chacun de ces grands crus (mais l'Europe de Bruxelles s'intéresse davantage à la distance séparant chaque pied de vigne qu'à une homologation en vins bio….

J'ai beaucoup aimé plonger dans les termes techniques, ce n'est pas tous les jours qu'on parle de mâchicoulis, tourelles, échauguettes, encorbellement, le vocabulaire d'une époque, pourtant pas si lointaine. J'aime beaucoup cette région, l'Aude (mais aussi l'Ariège) les châteaux cathares…

Ce roman est aussi intéressant par son rythme, l'histoire démarre tranquillement, et peu à peu tout s'accélère et on ne lève plus le nez du livre.

Je vais garder, au passage, l'image de Clémence partant à l'assaut, au volant de son Hyperélectreyon, qu'elle a rafistolé elle-même, tel un chevalier, chevauchant son destrier pour partir à l'assaut…

Sous la plume de Guillaume Sire, on se sent des ailes, et on a l'impression de participer à ce combat de David contre Goliath, avec ces personnages plutôt magnifiques, comme dans un roman de cape et d'épée, sur une terre dont l'histoire est très riche…

Même si je suis moins enthousiaste qu'avec son roman précédent « Avant la longue flamme rouge », ce roman m'a beaucoup plu par sa truculence et la cause qu'il défend, et j'espère qu'il va faire bouger les choses pour que cette famille puisse enfin sauver son château…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Calmann-Levy qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver un auteur qui me plaît décidément beaucoup.

#Lescontreforts #NetGalleyFrance
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Qu'est-ce qui n'est pas impossible?

Pour son second roman, Guillaume Sire change de registre. le Prix Orange du livre 2020 avec Avant la longue flamme rouge nous entraîne cette fois sur les chemins de l'Aude où une famille tente de sauver son château. Un combat inégal, mais une vraie épopée!

Après le succès de premier roman, Avant la longue flamme rouge, notamment couronné par le Prix Orange du livre 2020, Guillaume Sire a répondu aux questions du portrait chinois de la bibliothèque de Juju. A la question, s'il était un endroit du monde, le romancier a répondu Montahut: «C'est une colline près de Carcassonne. Il faut passer par le village de Palaja, et monter dans les Corbières, vers le Col du Poteau. Après la bergerie de Montrafet, vous continuez sous le grand cèdre bleu, puis vous montez entre les genêts et les chêneverts, à gauche, et vous arrivez à Montahut.» Si je reviens sur cette description, c'est parce qu'elle nous livre la clé de ce nouveau roman précisément situé dans cette région de l'Aude.
Léon Testasecca est le châtelain de Montrafet. Mais à l'image de son château qui tombe en ruines, il ne possède plus grand chose de sa gloire passée et doit se battre pour ne pas être expulsé. Fort heureusement, il peut compter sur sa famille. «Clémence, dix-sept ans, bricoleuse de génie, rafistole le domaine au volant de son fidèle tracteur; Pierre, quinze ans, hypersensible, braconne dans les hauts plateaux; Diane, la mère, essaie tant bien que mal de gérer la propriété.» Un clan qui va devoir faire face à une montagne de problèmes pour tenter de sauver leur héritage.
Léon Testasecca est un frondeur. Il n'hésite pas à faire le coup de poing pour défendre ses idées et son honneur. S'il imagine que le vin, qu'il ingurgite en grandes quantités, sera peut-être sa planche de salut, il paraît bien seul à penser que la fortune se trouve dans son vignoble. Mais ceux qui pensent qu'il y a une mine d'or sous le château fantasment tout autant. Tandis que Pierre chasse, Clémence passe ses journées à consolider ce qui peut l'être. Et Diane se bat pour obtenir des subventions, obtenir la mansuétude de l'administration et des créanciers.
De retour de l'une de ses escapades, Léon découvre qu'un arrêté d'expulsion vient d'être édicté parce que pour l'administration, le monument est désormais en péril. Mais ce n'est rien en comparaison des engins de chantier qui débarquent un beau matin et entreprennent de préparer le terrain pour y ériger un lotissement. Car une partie du terrain a été préemptée sans l'accord de la famille et que désormais, il va falloir aussi engager les peu de moyens à disposition dans un combat juridique long et incertain.
Mais pour Léon et les siens, il est hors de question de céder. La guerre est déclarée!
Cette nouvelle version du combat du pot de terre contre le pot de fer est une tragédie en cinq actes que Guillaume Sire nous livre avec le bruit et la fureur qu'il faut y associer pour faire monter la tension dramatique. Les croyances et la légende bâtie autour du «minotaure de Montrafet» ajoutant aussi à cette épopée le poids du mythe.
Et quand Diane, la princesse parisienne, murmure contre la poitrine de son Minotaure de mari: «J'ai peur parfois que tout cela mène à une impasse. J'ai peur que le combat soit perdu d'avance. J'ai peur que la victoire soit impossible.» il peut affirmer avec force la phrase qui le guide depuis toujours: «Qu'est-ce qui n'est pas impossible?»
Guillaume Sire a retrouvé non seulement les terres de son enfance, les goûts et les odeurs, mais aussi les rêves qui ont construit le romancier qu'il est aujourd'hui devenu. Avec cette envie un peu folle de déplacer des montagnes par la force des mots… et rendre l'impossible possible.

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