Les cendres du Serpent-Monde

Challenge plumes féminines 2022 – n°24

Livre découvert lors de critiques positives sur Babelio et obtenu lors de la Masse Critique de Mars. Je remercie Babelio et les éditions Scrinéo pour l'envoi. Auteure totalement inconnue pour moi. En tout cas, j'adore les couvertures de cette maison d'édition, très souvent bien trouvé par rapport à l'histoire.

J'aime beaucoup le style de l'auteure, très vivant et en même temps, on a accès à un monde nouveau et bien imaginé. L'histoire est assez intrigante en compagnie d'Erik, homme rustre embauché par un rupin historien pour trouver les indigènes de l'île. Leurs aventures sont semées d'embûches et de non-dits, aussi bien du côté du rupin que du rustre. Où va donc les mener cette équipée dans la jungle sauvage de cette île ? Vont-ils en sortir vivants, aussi bien dans leur présent que dans leur passé ? Qu'est-ce qu'il y a au-delà de la partie colonisée ? Les indigènes sont-ils aussi sauvages que les colons le pensent ? Bizarrement, un écho s'est effectué entre ce roman et mon audio en cours, Magellan de Stefan Zweig. Comme si L Histoire rattrapait la fiction… L'atmosphère de cette jungle nous fournit un huis clôt dont on sort difficilement, que ce soit pour retourner à la réalité ou pour les personnages pour retourner à la civilisation… Malgré ma lenteur de lecture, j'ai apprécié suivre les différents rebondissements dans les aventures et les déboires d'Erik et de Silas. L'auteure a su mener sa barque de bout en bout tout en nous laissant à peine entrevoir la finalité de son histoire. Elle y a inclut différents éléments faisant justement écho à Magellan (commerce, colonisation, indigènes, guerre, …) ainsi que d'autres liés à la nature même des personnes (amitié, famille, rédemption, ...). Certains passages sont violents mais nécessaire à l'histoire qu'elle nous a concocté.

Comme vous l'aurez compris, ce one-shot a été une excellente découverte de part le style très vivant de l'auteure (où on ne s'ennuie pas), l'histoire et l'univers qu'elle a imaginé pour son roman, qui me faisait penser aux Mayas. Comme à mon habitude, j'ai dû revenir plusieurs fois en arrière car j'avais avancé dans l'histoire en diagonale, tant j'avais hâte d'en savoir plus. Si vous êtes amateurs d'univers fantastiques originaux, je vous conseille très fortement de découvrir ce court roman et sa jeune auteure. Pour ma part, je vais suivre les publications de cette auteure dont la carrière débute juste.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)

Le nom de l'auteure ne m'étant pas inconnu, j'étais curieuse de découvrir ce premier roman. On y suit Erik, le narrateur, dans un environnement fictif et pourtant sérieusement hostile. En effet, truand à la petite semaine, Erik vit sur l'île de Cahor, où les colons blancs commercent avec le peuple local des Natii. Évidemment, ce commerce est une forme de pillage en règle des ressources ancestrales de l'île, les colons jouant leur rôle de destructeurs de civilisation ancienne, motivés uniquement par l'appât du gain et sans aucune considération pour cet univers foisonnant et si éloigné du leur. Mis à part ce manichéisme un peu trop prononcé, même si certains personnages, Silas en particulier, viennent le contrebalancer, on sent l'auteure passionnée par son sujet et la représentation du peuple et des croyances natii contribue grandement à l'intérêt du récit. J'aurais même aimé en savoir davantage sur les us et coutumes de cette société dont le matriarcat est la pierre angulaire. le roman est très agréable à lire, chaque chapitre comporte un rebondissement, et ils sont nombreux ! Chacun des principaux personnages représente à sa façon des valeurs fondamentales comme le courage, la loyauté, le respect, la fraternité et leur confrontation permet d'envisager sous différents aspects ce que sont la perte, le deuil, le pardon et le sacrifice notamment. La langue et les pensées d'Erik sont marquantes aussi, par leur choix d'expressions familières sans être vulgaires, ce qui ne cesse d'étonner pour un personnage retors tel que lui. Une certitude, je découvrirai avec plaisir le prochain roman de Marine Sivan.

𝙻𝚎𝚌𝚝𝚞𝚛𝚎 #𝟷𝟶 ∙𝙻𝚎𝚜 𝚌𝚎𝚗𝚍𝚛𝚎𝚜 𝚍𝚞 𝚂𝚎𝚛𝚙𝚎𝚗𝚝-𝙼𝚘𝚗𝚍𝚎

« 𝑁𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑒𝑠𝑡-𝑖𝑙 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑎𝑟𝑟𝑖𝑣𝑒́ 𝑑𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑙𝑜𝑖𝑟 𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖𝑒𝑟 𝑠𝑖 𝑓𝑜𝑟𝑡 𝑢𝑛 𝑑𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑙 𝑑𝑒 𝑣𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑣𝑖𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑓𝑖𝑛𝑖𝑠𝑠𝑒𝑧 𝑝𝑎𝑟 𝑡𝑜𝑟𝑑𝑟𝑒 𝑒𝑡 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑎𝑖𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑣𝑜𝑠 𝑠𝑜𝑢𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟𝑠, 𝑎𝑢 𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑢𝑎𝑑𝑒𝑟 𝑞𝑢𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑣𝑖𝑒𝑧 𝑣𝑒́𝑐𝑢 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑐𝑒𝑡 𝑖𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡 ? »

Notre histoire prend place sur l'île de Cahor où vivent les Naati (la tribu originaire de l'île) et les colons venant du continent. Erik a mauvaise réputation, il vit d'arnaques sur cette île depuis plusieurs années. Alors qu'il tente d'échapper à un créancier, il fait la rencontre de Silas, un historien qui veut mener une expédition dans la jungle pour étudier les Naati. Erik y voit une opportunité en or : fuir ses dettes et gagner de l'argent grâce à cette mission.

Cependant, on apprend au fil des chapitres quel but anime réellement l'historien et il n'est pas aussi charitable qu'il le prétend. On entrevoit aussi le passé mystérieux d'Erik au cours de l'expédition. À cela s'ajoute des épreuves, provenant de la nature ou des humains et, une tension qui monte en intensité. Les descriptions sont tellement réalistes qu'on se retrouve instantanément en pleine jungle, en milieu hostile, où on a l'impression de suffoquer. La chaleur étouffante et le danger constant nous donne une sensation de malaise (idem pour les scènes assez gores ponctuant le récit).

J'ai aimé cet aspect immersif prévu avec soin par l'autrice. Il en est de même de sa plume et des dialogues qui collent bien au genre de l'aventure. Ce n'est pas un type de roman que je lis habituellement donc cela a été une bonne surprise. Les relations humaines entre les différents personnages et leurs introspections m'ont beaucoup plu. Ce qui m'a moins plu, c'est l'aspect « super héros » d'Erik. Il frôle la mort 5 fois mais est encore capable de tuer plusieurs hommes seul.

Un roman que j'ai apprécié, sans coup de foudre, mais qui vaut le détour.

Les cendres du serpent-monde nous emmène au coeur d'une jungle étouffante et moite, en compagnie d'Erik, truand au passé plus que douteux, engagé par Silas pour le mener aux Natii, un peuple autochtone vivant dans la jungle. Au fur et à mesure de l'avancée dans cette jungle, les personnages se découvrent, sous toutes leurs facettes. le but de l'expédition n'est pas tout à fait le même que celui qui était prévu, et très vite, Erik va devoir faire des choix, entre garder le peu d'intégrité qui lui reste, ou se concentrer sur sa récompense financière promise, qui lui permettrait de se tirer d'un mauvais pas.

Original, comme cadre de récit, une jungle étouffante, pleine de sales bêtes qui piquent, qui mordent, et qui griffent. On la visualise très bien, avec ses lianes, ses arbres gigantesques, ses clairières et ses points d'eau douteux. J'aurais juste aimé la voir sur le papier cette jungle, que les mots et le phrasé miment la moiteur étouffante des lieux, l'horizon bouché par des lianes, encore des lianes, toujours des lianes… Là, il m'a manqué un peu de travail poétique du langage pour me satisfaire totalement.

La force principale de ce roman réside en Erik, qui n'est pas tout blanc, mais pas tout noir non plus. Il est plutôt tout en nuances de gris, et son personnage connaît une évolution très intéressante tout au long du récit. Il fait de bon choix, d'autres vraiment mauvais; en cela, il se révèle très humain, très vraisemblable et donc très crédible. Il agace autant qu'il peut émouvoir, peut débiter plusieurs conneries à l'heure mais aussi avoir du bon sens au bon moment… Personnage très travaillé.

Les autres personnages du roman sont aussi intéressants, d'autant que Marine Sivan ne les protège pas du tout. Ils s'en prennent littéralement plein la tronche pendant tout le récit, et cela permet de surprendre le lecteur à tout moment.

En revanche, je suis moins convaincue par l'aspect colons/autochtones. Si j'ai bien aimé la découverte du peuple des Natii, leur civilisation et leur ville capitale, très beau moment du récit, si j'ai aussi bien aimé les échos à L Histoire (Colonisation espagnole en Amérique centrale et du Sud), en revanche, la confrontation des deux peuples ne m'a pas conquise. Un peu déjà vu, les colons sont toujours les méchants de l'histoire et les autochtones les gentils injustement traités (même s'il y a des nuances dans le texte, et même si au final, dans la réalité, ça s'est passé comme ça). Oui, mais justement, on n'est pas dans la réalité ici, alors on pourrait imaginer ce qu'on veut…

Cela dit, j'ai passé un bon moment de lecture, et c'est un roman qui se lit facilement, qui est fluide, assez prenant, et qui offre des retournements de situation assez affolants et inattendus.


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--- Un vrai roman de fantasy ? ---

L'histoire se déroule en effet dans un autre monde que le nôtre. Néanmoins, celui-ci est dénué de toute magie, malgré un folklore intéressant. Cela n'est pas un défaut en soi, mais je tenais à le préciser.

En vérité, comme de nombreux ouvrages Scrineo, la raison d'être de ce roman se situe ailleurs. Marine Sivan aborde par le prisme de l'imaginaire des thématiques fortes telles que la rédemption et l'acceptation de la différence. Et sa manière de les traiter m'a tout particulièrement plu ; le récit est porté par une plume incisive et une ironie mordante qui lui confèrent les mots justes.

Ainsi, les dessous de l'intrigue se révèlent plus complexes qu'il n'y paraît au premier abord. Sans nous apporter des réponses, l'auteure pose les bonnes questions et nous pousse à la réflexion. Une belle réussite sur ce point ! Je remercie donc la maison d'édition pour l'envoi de ce service de presse.

--- Une intrigue en deux temps ---

Ignorant tout des véritables motivations du héros, je me suis laissé porter par l'histoire durant la première partie. Particulièrement haletante, elle s'est révélée riche en rebondissements et en surprises, l'auteure n'hésitant pas à faire souffrir ses personnages. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le livre se trouve au rayon adulte.

La seconde moitié aborde un tournant important dans l'histoire personnelle d'Erik. Dès lors, le roman se veut davantage dans l'introspection. Mon engouement est alors légèrement retombé, car les révélations tant attendues manquaient pour moi de substance. Peut-être m'attendais-je à quelque chose de plus spectaculaire ?

Néanmoins, rassurez-vous : j'ai tout de même poursuivi ma lecture avec entrain !

--- Un conflit séculaire entre colons et indigènes ---

Bien que l'histoire prenne vie dans un monde imaginaire, l'auteure s'est largement inspirée des conquêtes de notre passé. Tandis que les envahisseurs s'approprient une terre nouvelle sans considération pour les indigènes déjà présents, ceux-ci voient leurs richesses pillées et leur culture bafouée. Pourtant, en dépit des mésententes et des massacres, une cohabitation forcée s'installe. de celle-ci naissent des rapprochements entre peuples et même de l'attachement ! Cela suffira-t-il pour mettre un terme au conflit ? Rien n'est moins sûr !

Quoi qu'il en soit, j'ai apprécié découvrir le point de vue des Natii, comprendre leurs positions, assister à leurs rituels. J'aurais néanmoins préféré que le mysticisme qui entoure leurs croyances soit davantage approfondi.

--- Un héros qui se redécouvre ---

Désabusé par la vie, Erik, le héros de l'histoire, a conscience de ses erreurs passées, mais refuse de se laisser dominer par la culpabilité. Après tout, il lui est impossible de revenir en arrière. Cela ne l'empêchera pas de tout tenter pour se racheter, tant les regrets le rongent…

Comme d'autres lecteurs, j'ai éprouvé quelques difficultés à m'attacher à lui, tant son égoïsme transparaît au début du récit. Cependant, au contact de Joachim, le fils de son nouvel employeur, une lente transformation semble s'opérer en lui. Il développe une affection sincère pour ce gamin à la recherche d'une figure paternelle. Silas semble en effet incapable de remplir ce rôle, trop absorbé par sa carrière d'historien…

Aucun de ces personnages n'est parfait. Ils s'emportent, commettent des erreurs alors qu'ils se trouvent dans un environnement hostile, puis regrettent sans pouvoir échapper aux conséquences. Si j'ai parfois trouvé leur volonté de se racheter un peu trop marquée, j'ai suivi leurs pérégrinations avec plaisir, d'autant plus que Marine Sivan ne les épargne pas. Ainsi, nul n'est à l'abri d'un mauvais choix ou d'un faux pas…

Je ne vous dirai rien de plus, mais sachez que le final m'a déconcertée, bien qu'il soit en accord avec le reste du roman. En fait, la situation me semblait sans issue et je doutais que l'auteure parvienne à proposer un dénouement cohérent, mais je me trompais. J'ignore toutefois si ce dénouement plaira aux lecteurs…
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