Ce roman est passé près du coup de coeur pour moi. Dès les premières pages, l'intrigue est forte, prenante presque envoûtante. Tout-à-fait haletant !
Les premiers chapitres sont absolument dingues. On s'essouffle à le lire tant on le dévore. Il est dur, impitoyable autant dans la narration que dans les propos tenus par les protagonistes. On espère vraiment que la suite du roman aura continuellement cette ambiance, mais on a peur d'être déçu. Parce que commencer avec une telle force rend le lecteur beaucoup plus exigeant. Et malheureusement, c'est ce qu'il se passe. le thriller se mue rapidement en roman policier pour rejoindre une simple fiction littéraire familiale. L'intrigue reste malgré tout très intéressante, mais l'ambiance haletante du début manque au lecteur. On n'en tient pas rigueur à l'auteur puisque l'oeuvre est tout-à-fait passionnante. Et puis, surtout, le suspens revient vite avec le mystère qui entoure Huck.
Les personnages, bien que très différents, sont tous hyper attachants. Gamma est une femme qu'on admire pour son génie. Elle est maladroite, parfois, à cause de cette intelligence surélevée. Mais, elle n'aspire qu'à une chose : le bonheur. Pour les surdoués, la notion de bonheur est moins accessible que pour des QI normaux. Ils se posent des questions sur tout et pour tout. Un besoin de connaître le pourquoi du comment de chaque chose. Une obsession qui les empêche de mener une vie conventionnelle.
Samantha est une adolescente de quinze ans, quelque peu égoïste. Elle pleure sa maison perdue sans penser aux autres membres de sa famille qui le pleure également. Pourtant, elle possède une force de caractère impressionnante. C'est elle qui va encourager sa soeur à s'enfuir. Elle qui, au final, va les mener à la survie. À l'âge adulte, Sam ressemblera beaucoup à sa mère. Malgré son handicap, elle a une intelligence très élevée. Et tout comme sa mère, elle a du mal à s'intégrer aux différents groupes qui émergent près d'elle.
Charlie de son côté semble plus fragile. Elle est jeune et évolue dans la période appelée « l'âge bête ». Elle est donc quelque peu énervante parfois. En grandissant, elle ressemble davantage à Rusty. On est particulièrement ébranlée par les drames qui ont parcourut sa vie et on comprend rapidement pourquoi elle a un tel caractère.
Rusty, quant à lui, au départ, semble beaucoup plus proche de sa fille Charlie. Il est souvent piquant mais on se rend compte finalement qu'il aime ses deux enfants. Tout au long de ses vingt-huit ans, il n'a jamais cessé de les protéger. C'est un homme fort qui n'accorde pas d'importance aux dires de ses détracteurs.
Lenore a été la surprise. Dès le début, on pensait que cette secrétaire entretenait une relation adultère avec Rusty. Il n'en est rien. Lenore était un homme autrefois. Et surtout, le meilleur ami de Rusty. le seul reproche qu'on puisse émettre ici, c'est de vouloir à tout prix placer ce fait en référence aux faits actuels sur les orientations sexuelles. Malheureusement, l'histoire de Lenore ne dénonce rien, ni les avis tranchés à ce sujet, ni les difficultés rencontrés par les transgenres. de mon point de vue, il ne s'agit que d'un personnage purement commercial. Toucher le plus de gens pour vendre plus. Dommage !
Miss Pinkman illustre parfaitement les faits contradictoires des croyants religieux. Ils citent Dieu constamment, mais n'ont pas de mal à oublier leurs valeurs si ça peut les aider à obtenir ceux qu'ils veulent. Même si ce qu'ils veulent c'est la mort d'autrui.
Notre indifférence pèse toutefois sur un des personnages : Kelly. Son caractère est plat, bien trop plat. On l'oublie et son histoire ne nous intéresse pas plus que ça. Sam et Charlie nous envoûte tellement que la fusillade est presque inutile dans ce roman. L'histoire des Quinn nous suffisait amplement.
L'auteur a fait un très on travail de documentation sur le domaine scientifique, notamment sur la formation des cheveux blancs ; Mais également dans le domaine de la survie, surtout en cas d'avalanche ; Et pharmaceutique, en ce qui concerne les médicaments avalés par Samantha.
Karin Slaughter n'a pas bâclé son travail et c'est salutaire. Il n'y a pas d'incohérences, ce qui est très agréable. D'autant plus que l'écriture est très fluide et très dynamique.