Difficile après tant de bons commentaires (je pense en particulier à celui d'Afleurdelivres) d‘ajouter ma petite pierre à l'édifice de louange qui couronne la venue du premier roman de
Yoan Smadja.
Je remercie tout d'abord les éditions Belfond pour l'envoi de ce texte dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio.
C'est un livre de 270 pages qui comprend quatorze chapitres et les dix premiers sont suivis d'une lettre de Rose à Daniel. Sacha Alona, une journaliste de guerre, attachée au journal le Temps, et qui a couvert quelques-uns des conflits les plus tragiques des années 1980/90, quitte brutalement les pages internationales du quotidien pour devenir critique gastronomique.
Vingt ans plus tard, elle reçoit un colis contenant un carnet noir, une photo et une lettre.
Commence alors le récit de la dernière mission africaine de Sacha en tant que grand reporter. Ce qui n'aurait pu être qu'un grand roman d'aventure se double d'une belle histoire d'amour : celle de Rose, une Tutsi attachée à l'Ambassade de France par son père, et de Daniel Kobeyisi, le médecin particulier de Paul Kagame, le chef du FPR.
Et les histoires d'amour finissent mal en général, ce n'est pas moi qui le dit, c'est la chanson.
On a déjà beaucoup écrit sur le génocide perpétré au Rwanda, un affrontement interethnique entre Hutu et Tutsi. J'ai lu en 2005
Une saison de machettes de
Jean Hatzfeld qui était très clair à ce sujet. En 1994, au Rwanda, 800 000 Tutsis ont été massacrés, en douze semaines, par leurs concitoyens hutus. Soit près de 10.000 personnes par jour, principalement à la machette. Comment les Hutus ont pris leur revanche sur l'ethnie des Tutsis qui avaient tenu les clefs du pouvoir pendant une longue période. J'ai aussi lu en 2016
Petit pays de
Gaël Faye qui parle aussi avec beaucoup de chaleur du drame rwandais. Gaël est né Tutsi de par sa mère et son témoignage prend un son tout à fait authentique. Mais je pense qu'on pourra écrire encore et encore sur cette tragédie sans vraiment comprendre ce qui a poussé deux ethnies cohabitant dans le même pays à s'entretuer.
Le roman de
Yoan Smadja est novateur dans le sens qu'il raconte l'histoire d'un bel amour qui aurait pu s'épanouir s'il avait été transposé dans un autre pays. le fil conducteur du récit est la quête de l'amour enfui : Daniel cherche Rose, Rose cherche Joseph (son fils)… J'ai suivi le récit avec beaucoup d'intérêt jusqu'à la fin, belle à en couper le souffle.
Tant qu'il y aura des poètes qui sauront nous charmer par de belles histoires, l'histoire, la vraie, celle qui meurtrit, celle qui tue perdurera dans nos mémoires.
Que le souvenir de ces atrocités fasse que nos enfants se disent : plus jamais cela !