Comment a-t-on maîtrisé la mesure de la
longitude ?
Dava Sobel nous raconte cette histoire avec le souffle d'un roman historique, une histoire surtout britannique qui a pour héros des marins, des astronomes et surtout… des horlogers.
L'auteure commence par poser l'ampleur du problème en racontant le récit de l'amiral Clowdisley Shovell et de sa flotte, en 1707, qui réalisa une mesure imprécise. Croyant se trouver au large d'Ouessant, il s'aperçut trop tard qu'il était en fait près des îles Scilly, zone très dangereuse. Bilan : quatre navires sur cinq échoués et coulés par le fond, deux survivants dont sir Clowdisley lui-même (qui se fit tout de go assassiner et dépouiller par une femme qui passait par la plage, triste fin).
Il s'agissait donc de sécuriser les voyages. le Parlement britannique créa en 1714 le Conseil des
longitudes, un comité d'experts destiné à faire appel à candidature pour résoudre le problème des
longitudes et à évaluer les solutions. La prime était très consistante.
Au milieu d'un tas de méthodes plus frivoles les unes que les autres - dont celle du chien blessé que j'ai mise en citation – deux tendances sérieuses finirent par s'affronter : une méthode astronomique basée sur la mesure des distances lunaires au soleil ou à des étoiles de référence, et une méthode mécanique : l'horloge marine de grande précision.
Dava Sobel nous raconte les difficultés rencontrées par les astronomes comme Edmund Halley d'un côté, et les horlogers comme John Harrison – le véritable héros de la
longitude, horloger hors pair – pour améliorer leurs mesures et fournir une méthode fiable. Je n'ai pas eu l'impression que le livre était trop technique ; il préfère mettre en avant le souffle littéraire en intégrant judicieusement les éléments techniques.
John Harrison aurait dû gagner le premier prix mais, d'une part, il fit preuve de trop de perfectionnisme qui le retardèrent des années, fournissant ceci dit des horloges absolument étonnantes pour l'époque, et d'autre part il était en butte aux astronomes du Conseil (pas Halley mais certains successeurs) qui, pris dans un conflit d'intérêt, renâclaient à favoriser une vulgaire méthode mécanique sur la noble mécanique céleste.
De grands marins testèrent les méthodes, dont
James Cook et le capitaine Bligh, le tortionnaire du Bounty.
Les deux approches furent fécondes et complémentaires en fin de compte. La méthode astronomique donna le sextant. L'horlogerie, les chronomètres. A la fin du siècle, les navires pouvaient naviguer dans les océans en sachant toujours où ils étaient.
Je termine en vous indiquant quelques liens vers des images des horloges de John Harrison, chefs d'oeuvre techniques autant qu'artistiques.
L'horloge H-1 : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bf/H1_low_250.jpg
Le chronomètre H-4 : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/54/H4_low_250.jpg