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3,9

sur 1320 notes
Qui ne connaît pas la tragique histoire d'Antigone? Fille d'Oedipe et de Jocaste, mariés sans le savoir alors qu'ils sont mère et fils, soeur d'Etéocle et Polynice qui s'entretue pour le règne sur Thèbes, sa vie ne pouvait finir autrement qu'en drame.
Condamnée à mort pour avoir accompli les rites funéraires pour son frère Polynice, qui devait, selon l'ordre de leur oncle Créon, se dessécher au soleil et être dévoré par les animaux, Antigone est l'un des plus grands symboles de la résistance face à la tyrannie. Indifférente au risque, elle fera ce qui lui semble juste, même si elle doit le payer de sa vie. Cette figure sera reprise des siècles plus tard par Jean Anouilh pour une version plus moderne mais tout aussi marquante.

La pièce de Sophocle m'a semblé plus courte que celle d'Anouilh et il m'a fallu bien moins de deux heures pour la lire.
Que d'émotions dans ces personnages antiques !
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Peut-être aurait-il fallu débuter une découverte du théâtre par Eschyle, mais une autre lecture en cours m'a poussé dans les bras éplorés d'Antigone. Sophocle, c'est déjà un moderne, qui aurait inventé le deuxième acteur sur scène, et les dialogues du tac au tac comme celui-ci :
- Ne sais-tu pas que tu me blesses par tes paroles ?
- Ton oreille est-elle blessée, ou ton âme ?
- Pourquoi cherches-tu où est mon mal ?
- Celui qui a commis le crime blesse ton âme, et moi, je blesse ton oreille.

C'est plus nerveux que ce à quoi je m'attendais. Mais il y a aussi, comme je le craignais un peu, de longs monologues ampoulés, surtout de la part du choeur - probablement gâteux comme il le sous-entend lui-même -, qui est aussi enclin à rappeler des lois universelles à grands renfort d'exemples mythiques, qu'à changer d'avis comme une girouette.

J'ai aussi été surpris par la brièveté de l'oeuvre. C'est très court. Heureusement j'avais lu André Degaine avant, qui m'a éclairé sur bien des points. Les auteurs présentaient 4 pièces à la suite, dont un drame satyrique, pour montrer qu'on ne se prenait pas trop au sérieux, précision utile après toutes ces morts tragiques.

La pièce est bâtie autour d'une opposition entre Antigone, qui veut enterrer son frère (la loi "divine") et Créon le roi, qui a décrété qu'il fallait le laisser sans sépulture (la loi "de la Cité"). Ca se termine mal, comme tout ce qui concerne l'infortunée famille d'OEdipe, sur laquelle se sont acharnés d'innombrables générations de conteurs.

Je ne me risquerai pas à faire un commentaire sur la portée politique, ou féministe, ou autre, de l'oeuvre. le contenu est riche de réflexions, mais j'ai l'impression que ces vieilles histoires ont été exploitées souvent bien au-delà de leur portée initiale. J'ai du mal aussi à caractériser tant la loi divine : divine ou simplement morale ? les dieux n'intervenant pas directement, que la loi de la Cité - de la Cité ou d'un tyran ? Sophocle écrivant depuis la démocratie athénienne, où il était un homme de pouvoir, à propos d'un roi archaïque.

Selon mes critères, j'ai trouvé que Créon, qui soupçonne pour un oui ou pour un non, manque trop de qualités spirituelles. Et puis, finir une longue tirade sur les vertus de l'obéissance par " il ne faut en aucune façon céder à une femme afin qu'on ne dise pas que nous sommes au-dessous des femmes. ", c'est un argument un peu faible, non ?

Score Bernacho : 2/10 (tirade du choeur commençant par "Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n’est plus admirable que l’homme.", etc.)
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Il y a trois ans, j'ai lu la réécriture d'Antigone par Anouilh qui avait été une très belle découverte. Sophocle est un célèbre dramaturge, connu pour ses tragédies et pour le rôle qu'il a joué dans le perfectionnement de la tragédie en inventant le troisième acteur. Antigone a été écrite en 441 ou en 442 avant Jésus-Christ, elle fait partie des sept tragédies de Sophocle qui nous sont parvenues. Cette pièce de théâtre permet d'opposer raison d'Etat et principes divins. Antigone a décidé de se battre contre Créon, roi de Thèbes, elle va s'opposer à lui en offrant elle-même une sépulture à son frère. le destin de cette femme est tragique et affligeant. C'est un livre qu'il faut lire.
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De tout le théâtre grec, peu d'oeuvres nous reste. Parmi les rarissimes ouvrages que nous avons encore, Antigone est l'une des plus célèbres. Il faut dire que c'est mérité : cette tragédie est une oeuvre puissante, profonde, immense, grande : il fallait être Sophocle pour nous faire un coup pareil. C'est grand, c'est beau, c'est fort !
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Un débat sur la nature du pouvoir politique qui reste toujours d'actualité.
Et pourtant, c'est une oeuvre très ancienne:
Sophocle (495- 406 avant JC) a vécu l'apogée du siècle de Périclès, la grande période du classicisme grec. Avec Sophocle la tragédie s'oriente vers le drame de l'individu aux prises avec des forces contraires.
Tel est le cas d'Antigone, héroïne qui a inspiré cette pièce:
Antigone, fille d'Oedipe, se dresse contre l'autorité de Créon, roi de Thèbes qui a refusé les honneurs funèbres à Polynice, frère d'Antigone. En effet Polynice et Etéocle, tous deux fils d'Oedipe, viennent de s'entretuer en se disputant le pouvoir.
C'est une tragédie qui campe un homme désarmé par la puissance d'une femme qui ose le braver et qui, lucidement, revendique la mort; ce faisant, elle fait oeuvre de résistance et impose d'autres valeurs qui rendent dérisoires les ordres de Créon.
La figure d'Antigone a inspiré d'autres créateurs comme Cocteau, Anouilh et Brecht.
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Quelle merveille ! J'avais oublié que j'aimais autant la tragédie grecque.

En admiration devant l'Antigone d'Anouilh, j'ai refait le chemin à l'envers pour retrouver les prémices de cette oeuvre. Et sans être la même chose, c'est tout aussi beau. J'ai oublié beaucoup de mes lectures de jeunesse et je pense poursuivre le plaisir de leur redécouverte.

N'hésitez pas, c'est tout à fait lisible au jour d'aujourd'hui et cela rend humble de penser que finalement tout a déjà été dit il y a bien longtemps.
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Voici une relecture de la tragédie de Sophocle qui m'a permis de replonger avec plaisir dans le théâtre antique, dans toute sa gravité, sa rigueur de construction, sa musicalité - bien perceptible en français, je suppose aussi en grec ancien -, dans toutes ses interrogations, ici, sur la place que chaque individu doit laisser au religieux et au politique au sein même de la collectivité, de l'État.

Interrogations portées avec force par des personnages symboliques, qui donnent parfaitement vie au mythe d'Antigone, celle qui refuse malgré la condamnation à mort, de faire passer la loi de l'État avant la loi religieuse.

Il est temps que je lise, ou relise, d'autres pièces antiques. Ce n'est pas comme si je n'avais pas depuis des années l'intégrale des tragiques grecs...
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Difficile de donner un avis précis, car j'ai une telle admiration pour l'Antigone d'Anouilh que je ne vois pas l'oeuvre originelle d'une façon détachée. Et puis, j'ai quelques difficultés à lire du théâtre antique, car j'ai souvent l'impression que les longs monologues s'enchaînent les uns aux autres sans rythme, avec une dramaturgie ralentie et plombée par les chants du choeur. Mais cet avis vient du fait que j'ai rarement vu joué du théâtre antique, sur scène l'impression rendue doit être différente.
Alors oui, Antigone, dans la pièce qui porte son nom, n'est pas une héroïne. C'est un personnage secondaire, assez effacé, qui n'agit que par devoir. Mais ses motivations sont peu exposées, puisqu'elle parle peu. On est loin de la poésie, de la fragilité et de la force mêlées qui font la grandeur de la petite Antigone qui aime la nature à l'aube. A première vue, il n'y a pas non plus la force symbolique et historique du contexte d'écriture et de représentation d'Anouilh, qui permet de voir dans Antigone une figure de la Résistance à la tyrannie.
Cependant, plus ma lecture avançait, plus j'ai été frappée par le rythme. Certes, il y a de longues tirades comme je le pensais, mais de nombreuses répliques en une phrase s'enchaînent, donnant un sentiment d'urgence, de rapidité : face au devin Tirésias, Créon est ainsi bousculé dans ses certitudes, il est forcé d'agir et de revenir sur sa décision. Et j'ai été frappée également par la noirceur et la violence, notamment dans la vision de Tirésias. Plusieurs images reviennent de façon lancinante, les corps en décomposition, les femmes emmurées vivantes, les flèches qui symbolisent la peste. Et il y a aussi un message politique : Créon est un roi qui devient un tyran en outrepassant les lois de sa cité en voulant gouverner seul sans conseiller, ne pensant qu'à son intérêt personnel et à son enrichissement. Il y a même une réflexion très actuelle sur le pouvoir des mots, des fausses promesses, du mensonge.
Oui, il faut revenir aux textes antiques, on peut toujours en faire une lecture moderne !
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Antigone a vu ses frères mourir : l'un a le droit aux éloges funéraires, l'autre à rien. Antigone veut à tout prix que ses deux frères soient ensevelis sous terre pour leur honneur et va en payer le prix : Créon, qui a ordonné cette condamnation ne changera pas d'avis : elle mourra.

J'avais lu Antigone, il y a fort longtemps, en tout cas la version d'Anouilh. J'avais un vague souvenir de l'histoire et je trouve cette pièce très forte : aussi bien du côté d'Antigone, que du côté d'Hémon qui va pour l'amour de sa femme, la soutenir, quitte à mettre sa vie en jeu.

J'ai beaucoup aimé cette pièce.
Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Cette pièce de Sophocle doit, il me semble, être lue non pas en fonction d'un contexte et d'une nature contemporains, mais plutôt par rapport aux réalités de la Grèce de Périclès. Finalement, Antigone souffre un peu des nombreuses adaptations de grands dramaturges et écrivains au XXe siècle. Les Antigone de Brecht ou d'Anouilh n'ont rien à voir avec l'originale. Chez Sophocle, Antigone est une illustration des rapports hiérarchiques entre vieillesse et jeunesse, masculinité et féminité bien sûr, mais avant tout entre tyran et citoyens, entre le Destin et la volonté des hommes. Il y a un passage remarquable où le roi Créon est contredit par son fils Hémon. Ce dernier explique à son père que ses décisions autoritaires ne peuvent être respectables parce que la majorité de la population de la cité ne les approuve pas. Sophocle illustrait ainsi les dangers que représentaient, non pas les refus d'obéissance des jeunes, des femmes ou des citoyens face aux plus âgés, aux hommes ou aux rois, mais les tendances à la tyrannie de ceux qui gouvernaient la cité.
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