"Emmenez au loin un insensé, moi qui t'ai tué, Ô enfant, et toi que voilà aussi! Ô malheureux! Je ne sais, n'ayant plus rien, de quel côté me tourner. Tout ce que j'avais en mains est tombé; une insupportable destinée s'est ruée sur ma tête."
Ayant relu l'
Antigone d'
Anouilh il y a quelques temps et étant dans une grosse période mythes grecs, j'ai voulu me mettre à la version de
Sophocle. Il est fou de constater tant de différences pour une même histoire. le temps, les siècles passés entre l'écriture des deux
oeuvres est palpable.
Je ne vais pas passer par quatre chemins: je n'ai pas particulièrement apprécié cette oeuvre. Enfin, disons que comparée à celle d'
Anouilh, elle fait pale figure.
Ici, nous sommes dans la tragédie grecque pure et dure:
Antigone, fille d'Oedipe et Jocaste, a vu ses deux frères s'entretuer. Mais là où l'un recevra les honneurs par sa famille et sa patrie, l'autre n'aura même pas un rite de mort adéquat. S'opposant à son oncle le roi Créon contre cette injustice,
Antigone recouvrira le corps de son frère et deviendra ainsi une ennemie d'État. Condamnée à la mort alors même que son avenir aupres de son fiancé et cousin Hémon était radieux,
Antigone a tout de l'héroïne tragique. Bravant l'autorité, par sa foi et son abnégation, mais dont le destin est tracé.
Et si l'oeuvre d'
Anouilh a parfaitement capturé le caractère belliqueux et fier de cette héroïne, celle de
Sophocle, de mon point de vue, est passée à côté. Simplement car durant les quelques 40 pages de lecture,
Antigone n'apparaît qu'une courte période de temps, histoire de dire que oui, elle a commis un crime. Mais pas plus.
Sophocle a préféré se concentrer sur le point de vue de Créon. Un choix qui fait sens, compte-tenu de l'époque à laquelle a été écrite l'oeuvre, mais qui m'a laissée totalement de marbre. Surtout lorsque l'on voit à quel point son conflit intérieur, son déchirement entre son amour pour sa nièce et sa fierté, le tiraille dans la version d'
Anouilh. Ici, Créon paraît bien plus froid, distant, malgré le fait que tout soit centré autour de lui.
Les autres personnages, tels que Hémon ou Ismene, sont eux aussi laissés de côté, au profite du choeur antique.
Encore une fois, le choix est logique. Mais quelque peu frustrant.
Je pense qu'il n'était pas l'heure pour moi de lire cette oeuvre, malgré ses innombrables qualités d'écriture. Elle m'a juste donnée envie de re-re-relire
Anouilh. Ou peut-être découvrir la version de
Brecht?