La démocratie poursuit, dans tous les pays, la ruine des forces qui maintiennent encore un peu vivaces les traditions nationales. Les constructions du passé sont généralement assez solides pour résister aux pamphlétaires qui racontent aux pauvres diables les ridicules, les vices ou la malfaisance de certaines autorités sociales dévoyées ; les théories de l'État rationnel dont les démagogues se servent pour opposer ce qui devrait être suivant la logique, aux Choses que le temps a fait naître, sont trop abstraites pour avoir de l'efficacité par elles-mêmes ; mais ces deux moyens de propagande deviennent fort redoutables quand les masses sont persuadées que les lois de l'histoire imposent la réalisation des projets formés par les destructeurs de l'histoire.
Le scientisme historique a beaucoup contribué à la transformation de l'esprit des paysans français qui, à la grande surprise des écrivains catholiques, sont devenus en peu d'années des anticléricaux irréductibles.
À la fin de l'Ancien Régime d'innombrables beaux esprits avaient composé des descriptions de l'état naturel des sociétés, dont les éléments étaient empruntés à des sources fort diverses ; ces utopies passaient pour être très supérieures à ce que l'on constatait dans le monde, réel ; mais les lecteurs de ces mirifiques romans ne savaient pas bien quelles conséquences il conviendrait de tirer de cette littérature.
Les compagnons de Sorel et de Péguy
Pour cette série d'
entretiens croisés, les diverses personnalités interrogées évoquent la
mémoire de deux hommes qu'ils ont rencontrés et qui les ont
guidés :
Charles PEGUY et
Georges SOREL. Leurs commentaires permettent de mieux cerner le caractère de chacun. Certains comme Stanislas FUMET,
Henri HOPPENOT,
Giuseppe UNGARETTI gardent le souvenir d'un
Charles PEGUY vaniteux, tourmenté,...