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sur 239 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
La narratrice, la quarantaine, est poursuivie par la vision d'une sorcière. Intriguée, elle se lance dans une recherche documentaire sur les persécutions dont furent victimes quantité de femmes en Europe au prétexte de sorcellerie. Simultanément, lui reviennent en mémoire de douloureux souvenirs de son adolescence, traumatisée par plusieurs années de harcèlement scolaire.


Dès les premières lignes s'installe le sentiment de parcourir un récit autobiographique, mêlé à une réflexion sur l'hypothèse d'un lien entre une expérience de harcèlement vécue par la narratrice, et les traces qu'aurait laissées la persécution des sorcières, autrement dit des femmes, dans nos esprits modernes.


J'aurais bien aimé profiter davantage des investigations de l'auteur sur le thème des chasses aux sorcières, et trouver dans ce livre une analyse plus aboutie et mieux argumentée de ce qui a les a motivées. Sur ce point, j'avais trouvé bien plus intéressant l'épilogue de la trilogie des Dames de Brières de Catherine Hermary-Vieille : alors oui, les sorcières ont été inventées par peur de la différence et par volonté de soumettre les femmes trop indépendantes au pouvoir masculin et religieux.


Et oui, peut-être peut-on, à la rigueur, y voir une vague similarité avec les processus actuels de rejet de la différence au travers du racisme, de l'homophobie, de la misogynie, du harcèlement : la différence n'est toujours pas comprise ni acceptée de tous, elle génère encore des comportements violents et de la persécution.


Mais de là à affirmer, sans autre argument qu'une vision persistante, que nos comportements actuels sont inconsciemment influencés par les chasses aux sorcières vieilles de quatre siècles, qu'au travers de l'épigénétique nous en avons tous hérité un traumatisme qui impacte nos comportements, qu'en l'homme sévit un inquisiteur en puissance et que les femmes sont désormais conditionnées au rôle de victimes brisées psychologiquement, ce qui expliquerait le harcèlement subi par la narratrice adolescente, il y a un raccourci qui prête presque à rire.


Les souffrances et les séquelles psychologiques de la protagoniste du livre, son douloureux parcours vers la reconstruction au travers d'une longue psychanalyse, ne peuvent qu'émouvoir et éclairer la nécessité de rompre le silence qui entoure encore souvent les drames du harcèlement, aujourd'hui démultipliés par les réseaux sociaux. L'on comprend le mal-être de l'adulte qui a dû se construire sur cette blessure, mais l'on s'inquiète de le voir s'accrocher à ce qu'on pourrait qualifier d'élucubrations, pour tenter de parvenir à l'équilibre. La narratrice s'intéresse à toutes les théories d'analyse psychologique, dont notamment les très récentes épigénétique et psychogénéalogie, et à toutes les pratiques de développement personnel à la mode, dont la méditation et les retraites sous la férule d'un maître zen. Elle semble avoir tiré de sa quête un étrange salmigondis de convictions parfois fantaisistes qui, à défaut de réalisme, l'aideront peut-être à vivre mieux.


En tous les cas, ce livre singulier construit sur des raccourcis hasardeux me paraît avoir pour principal intérêt le sujet du harcèlement et des durables blessures psychologiques qu'il occasionne, bien plus que les histoires de sorcières abordées sous un angle à mes yeux trop fantaisiste.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ce nouveau roman d'Isabelle Sorente m'a furieusement rappelé ces boutiques hybrides qui ouvrent dans ces quartiers de capitales européennes en voie de boboïsation, vous savez, ces échoppes qui font à la fois salon de thé ( rooibos bio en vedette), magasin déco et fleuriste ( rarement charcuterie, cordonnerie, bar...). La devanture vaguement pimpante à des allures fifties, on y trouve deux trois tables de récup entourées de chaises de cuisine dépareillées et une propriétaire trentenaire, ex cadre d'une entreprise du CAC 40, à la coiffure improbable ( couleur et coupes semblant maison mais on peut soupçonner le maison Dessange d'avoir flairé le créneau) et habillée d'un mix ethnique coloré ( sarouel multicolore sur haut Vanessa Bruno). Elle aborde le client avec une certaine déférence qui se relâchera lorsqu'elle aura senti que vous venez du même monde. Là, on pourra la trouver drôle, conviviale, peut être vaguement piquée. On se sentira bien dans sa boutique à siroter un café ( bio) produit par des agriculteurs colombiens justement rémunérés. Elle entamera une discussion sympa où tous les thèmes du moment seront recyclés de façon doucement émotionnelle. Au début, on ne tique même pas à certains tics de langage issus du bric à brac ésotérique actuel. Si le courant passe, on aura même droit à sa bio détaillée qui nous passionnera et nous fera sentir que nous ne sommes pas loin d'entrer dans une sorte de cercle intime, celui du client privilégié.
"Le complexe de la sorcière" procède de la même impression. le roman est aussi une autobiographie et un essai. On y trouve dedans toute une accumulation de thèmes à la mode, de la psychanalyse au harcèlement des adolescents, de la place de la femme dans la société à la méditation, ce zest de bouddhisme indispensable à tout cadre surmené en recherche de supplément d'âme. Mais Isabelle Sorente y ajoute sa petite touche originale ( c'est souvent cette touche qui fait la différence) : la sorcière ! ( on sent que le succès de Mona Chollet fait des émules ! )
Avouons-le, il est difficile au début de ne pas sourire du postulat de départ du roman. Une sorcière apparaît dans les rêves de la narratrice et celle-ci se demande si toutes ces femmes brûlées, torturées durant des siècles au prétexte de leurs pouvoirs démoniaques, n'hantent pas l'esprit des femmes d'aujourd'hui, libérant des angoisses bien actuelles, voire dirigeant leurs vies, mais dont les origines sont à chercher dans la transmission souterraine de ces souffrances au fil des générations. Isabelle Sorente y croit dur comme fer, se plonge dans toute la littérature disponible laissée par les inquisiteurs. C'est bien écrit, pas antipathique mais on se dit dans cette première partie qu'elle est peut être un peu piquée.
Puis arrive une deuxième partie, sur son adolescence chahutée par un harcèlement scolaire qui a duré quelques années. L'idée de sorcière disparaît quasi complètement dans ce récit émouvant et accrocheur.
La fin sur le blog.
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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contrairement à d'autres lecteurs, j'étais plus intéressée par les sorcières et leurs impacts encore aujourd'hui sur nos mémoires, émotions et relations entre humains.
Le détournement du propos vers le harcèlement scolaire m'a paru alambiqué et n'apportant pas grand chose à ce débat, à part une description précise des ressentis et des graves conséquences de ces horreurs sur les enfants et adolescents. Bref, quant à la psychanalyse, je n'ai pas non plus été intéressée parce que l'auteur en relate.
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Je suis déçue car je m'attendais à un livre sur les sorcière mais ça ne parle pratiquement que de psychologie il est très long à lire ... c'est plutôt une biographie d'elle et pas une histoire sur les sorcière...très déçue pour le prix qu'il m'a coûté.
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Roman hybride que ce complexe de la sorcière : on oscille tout le long entre essai, autofiction, fiction… mais sans jamais se perdre dans les méandres de la pensée de l'autrice. Même si comprendre ce qu'elle cherche à démontrer est moins évident.
Il est vrai que mon appréciation du livre est relié très fortement à mon incapacité à adhérer à la thèse de l'autrice. Tout le long, je l'ai trouvée très tirée par les cheveux, avec des associations d'idées qui me semblaient absurdes, avec des liens de cause à effet dont la logique m'échappait totalement.
En soi, évaluer les dégâts de la chasse aux sorcières, pourquoi pas ! Penser que cette chasse absolument ignoble et horriblement violente ait pu provoquer des traumatismes qui perdurent dans le temps, cela me semble bien probable ! Sauf que ce prétexte est la porte ouverte pour poser des logiques bien trop faciles et très limitées. En effet, faire des liens entre la pesée des sorcières lors de leur procès et l'obsession des femmes pour leur poids m'est incompréhensible. C'est oublié absolument l'ensemble des autres facteurs (les normes esthétiques par exemple) qui, à mon sens, n'ont rien à voir avec les modalités de l'instruction lors du procès des sorcières.
Le roman n'est pas qu'une compilation de cette logique un peu étrange, il est également une tentative de l'autrice de faire le lien entre sa propre expérience personnelle (le harcèlement scolaire qu'elle va subir) et la chasse aux sorcières. Si j'ai pu compatir à cette douloureuse expérience que l'autrice tente d'exorciser en écrivant ce roman, j'ai encore une fois éprouvé des difficultés à faire le lien entre la « chasse harcèlement » et la « chasse sorcière », même si de pareils effets traumatiques peuvent en découler.
Bref, le roman m'a paru être un effort presque désespéré pour faire sa psychanalyse dans laquelle l'autrice fait étalage de ses propres névroses et tente d'y trouver une raison. Peu importe que celle-ci soit rationnelle, elle permet juste à l'autrice de trouver un baume à son mal-être. En cela, le livre m'a mise mal à l'aise, j'étais profondément attristée de voir cette femme se débattre bien mal avec ses démons.
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