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EAN : 9782709668712
370 pages
J.-C. Lattès (18/08/2021)
3.92/5   195 notes
Résumé :
Lorsque sa fille, Vina, est exclue du lycée pour avoir menacé un camarade, Elizabeth décide de se réfugier avec elle en Alsace chez son grand-oncle Thomas.
Dans cette maison en lisière de forêt, tous trois s'observent et s'apprivoisent. Malgré-nous, pris au piège de combats qu'ils n'ont pas choisis, ils le sont tous les trois : Thomas précipité dans le chaos du front de l'Est; Elizabeth qui ne vit que pour sa fille et son travail; Vina, l'adolescente emportée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 195 notes
Quand sa petite-nièce, Elisabeth, lui téléphone pour savoir si elle peut se rendre chez lui avec sa fille Vina, Thomas, 91 ans qui habite la maison où il a grandi en pleine forêt des Vosges, un peu affolé par la détresse et la lassitude perçues dans sa voix, lui déclare sa joie de les voir toutes les deux.
Vina, 14 ans, surdouée, tourmentée par ses origines et troublée par les bouleversements de l'adolescence a été exclue de son lycée pour avoir menacé un camarade. Sa mère, directrice d'une société productrice de documentaires, elle-même surmenée est au bord de la rupture. Un séjour chez ce grand-oncle qu'elle considère comme sa seule famille car lui seul ne l'a jamais jugée s'avère, il lui semble, le seul moyen de lâcher-prise.
Dès leur arrivée en Alsace, Vina est très vite intriguée puis fascinée par cet homme qui communique avec les rapaces et semble deviner les pensées.
Rapidement des liens vont se tisser entre le vieil homme et l'adolescente.
En parallèle à l'histoire de cette mère et sa fille confrontées à des choix difficiles, l'auteure revient sur ce que vécurent Thomas et son frère Alex enrôlés malgré eux dans l'armée allemande en 1944.
En se basant sur des faits réels, c'est pour Isabelle Sorente le moyen de mettre en avant ce tragique épisode des « Malgré-nous », ce drame méconnu de la Seconde Guerre mondiale, peu souvent évoqué.
Elle montre comment ces Alsaciens ou Mosellans n'avaient d'autre choix que d'obéir, sauf à se blesser dangereusement eux-mêmes, pour se rendre inaptes à partir sur le front russe en uniforme allemand alors qu'ils étaient français, ou à disparaître et à être considérés alors comme déserteurs exposant leurs familles à l'expulsion et aux représailles.
À l'incorporation forcée et l'horreur vécue sur le front, vont s'ajouter pour les deux frères les conditions de vie terribles par un froid glacial dans un camp de prisonniers soviétique, ce camp 188 de Tambov-Rada, où furent détenus et où moururent nombre de « Malgré-Nous » ayant déserté le front ou faits prisonniers par l'Armée rouge. Des passages parfois très crus permettent d'approcher ce qu'a pu être la réalité pour ces jeunes enrôlés.
La femme et l'oiseau est un huis-clos psychologique conduit magistralement par Isabelle Sorente, dans lequel chacun des personnages est, a été et peut être encore confronté à des choix, des choix souvent douloureux, jamais anodins pour leur avenir.
Au fur et à mesure que les liens se tissent entre Thomas, Elisabeth, Vina et Mona, l'aide-ménagère de Thomas, chacun dénoue les secrets de l'histoire familiale. Et pour guérir leurs blessures, pour se libérer des fantômes qui les hantent, tous devront affronter leur culpabilité.
Quelle magnifique image que ce vieil homme qui donne confiance à cette adolescente qui, en retour, lui permet de se libérer de son secret !
J'ai aimé cette symbolique du faucon dont se sert Isabelle Sorente au travers de son personnage Thomas. Cet oiseau majestueux à la vue hyper développée qui a sauvé celui-ci en lui permettant de s'évader par la force de l'esprit montre qu'on n'est jamais complètement piégé dans une situation, qu'il peut y avoir une possibilité de s'en extraire.
Ce roman haletant, développe avec beaucoup de profondeur et de sensibilité la relation-mère-fille et le thème de la gestation pour autrui, de même qu'il exprime avec justesse la résilience et la transmission entre les générations et se penche aussi avec finesse sur le sens de la vie.
Un grand coup de coeur pour La femme et l'oiseau d'Isabelle Sorente.
Je remercie Babelio et Folio pour m'avoir permis avec ce somptueux roman de découvrir une auteure que je ne connaissais jusque-là que de nom.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Un coup de coeur auquel je ne m'attendais pas ! En effet, c'est la belle illustration et le titre qui m'ont attirée, j'ai à peine lu la quatrième de couverture et je ne connais pas l'auteure.

Eh bien, ce livre m'a passionnée ! Trois personnages, de la même famille, vont peu à peu se révéler à nous et à eux-mêmes , très subtilement, en reliant passé et présent.

Thomas, le grand-oncle au regard si pénétrant et vif, en dépit de ses quatre-vingt onze ans.

Elisabeth, sa petite-nièce , business woman épuisée et mère inquiète.

Vina, sa fille, adolescente de quatorze ans surdouée et hypersensible, aux réactions parfois violentes.

C'est justement suite à une menace d'agression envers un autre élève que Vina se retrouve exclue de son lycée. Elisabeth décide de partir avec elle dans les Vosges chez Thomas, qu'elle n'a plus vu depuis longtemps et avec qui elle a eu enfant un lien particulier.

Je ne souhaite pas en dire plus sur l'histoire, ce serait dommage. Ce roman atypique et tout en sensibilité est à découvrir par soi-même. Il mêle analyse fouillée des personnages, pan d'histoire cruel , quête identitaire et magie fusionnelle entre l'homme et l'animal.

J'ai aimé tout particulièrement Thomas, tendre jeune homme au don unique, pris dans la tourmente de la guerre contre son gré, hanté par ses souvenirs mais toujours aussi émerveillé par les beautés de la nature.

Je le conseille vivement, ce livre original, prenant et poétique!


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Elizabeth est à la tête d'une société de production. Femme volontaire et courageuse, elle mène de front sa carrière professionnelle et sa vie personnelle auprès de sa fille Vina.
Tour bascule lorsque l'adolescente est renvoyée de son lycée pour avoir menacé un camarade avec un couteau.
Elizabeth pense aussitôt que son grand-oncle Thomas est le seul a pouvoir lui donner la protection dont elle et Vina ont tant besoin.
Thomas est hanté par ce qu'il a vécu pendant la guerre. Il faisait partie de ces soldats originaires d'Alsace ou de Moselle enrôlés de force par l'armée allemande, que l'on appelait « Les malgré-nous. »
Vina, Elizabeth, Thomas vont apprendre à se connaître, à s'apprivoiser, à s'entraider.

Isabelle Sorente tisse l'histoire de chacun avec beaucoup de tendresse. On ne peut qu'aimer ces êtres aux grandes qualités humaines.
« La femme et l'oiseau » est un magnifique roman sur la vie, le destin, sur comment on grandit et comment on choisit de grandir, ce qu'on veut faire de sa propre vie.
L'écriture est pleine de douceur et de poésie. J'ai tellement aimé suivre Thomas et Vina au milieu d'une nature magnifique à la rencontre de l'oiseau.
Je remercie très vivement NetGalley et les Editions JC Lattès pour ce partenariat.
#Lafemmeetloiseau #NetGalleyFrance !

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J'avais lu, en avril 2020, « le complexe de la sorcière » et je n'avais pas accroché à ce texte qui était plus un essai, une autofiction thérapeutique, une analyse introspective un peu fourre-tout qu'un roman. Je ne serais probablement pas allée plus loin avec Isabelle Sorente si je n'avais pas reçu, de façon aléatoire, « La femme et l'oiseau », son dernier roman, dans le cadre d'un jury littéraire. le hasard a bien fait les choses car ce roman m'a transportée.
Le titre est déjà une promesse en lui-même avec l'association de l'oiseau, symbole de liberté et la femme, association souvent présente en littérature, en peinture, en sculpture. Cette promesse, l'autrice la concrétise avec l'histoire de Thomas, 91 ans, ancien Malgré-Nous, qui vit dans une maison en pleine nature dans le massif des Vosges et qui accueille sa petite-nièce, Elizabeth et sa fille, Vina, 14 ans ; la mère et la fille ont quitté Paris précipitamment après que Vina ait menacé un camarade avec un cutter et ait été exclue du collège. Les trois personnages doivent faire face à un secret qui les ronge ; Thomas doit affronter le souvenir de la guerre dans les rangs allemands contre son gré, il doit exorciser les souvenirs horribles du camp de prisonniers de Tambov, en Russie, la mort de son frère aîné dont il se sent responsable et la perte de la seule femme qu'il ait aimée, Nergui, une combattante mongole. Elizabeth, elle, doit guérir de la culpabilité d'avoir payé une femme indienne pour porter sa fille, étant stérile. Vina doit assumer cette blessure de n'avoir jamais revu sa mère biologique et avoir pu lui dire « je t'aime ».
Chacun va aider l'autre en lui offrant la possibilité de partager le secret, la douleur afin de trouver sa liberté, de respirer. Thomas a le don de voir l'invisible, au-delà des choses grâce à la méditation et une sorte de transe déclenchée par la nature et la rencontre avec un faucon omniprésent dans le roman. le faucon est la voie vers soi, vers une sorte de sérénité profonde.
Ce roman aborde de façon très poétique des sujets graves et douloureux comme la gestation pour autrui, le besoin vital de savoir d'où l'on vient, la culpabilité, la transmission ; il nous offre également une page d'histoire qui a laissé une plaie encore béante en Alsace avec l'engagement contraint des Alsaciens dans les rangs de la Wehrmacht, épisode peu évoqué en dehors de cette région et donc largement méconnu. Ayant vécu quelques années en Alsace, j'ai eu l'occasion d'apprendre le sort de ces jeunes hommes, écartelés entre leur patriotisme et le besoin de survivre. Ce roman rend cette tragédie encore plus émouvante avec le personnage de Thomas, qui a essayé de préserver son intégrité, son honnêteté, sa part d'humanité dans ce monde inhumain de Tambov.
La nature est omniprésente même au camp de Tambov ; il n'y a qu'en son sein, qu'on peut se trouver, se débarrasser des oripeaux qui nous étouffe, aller au fond de soi pour atteindre notre vérité. Au sein de cette nature, toujours décrite comme bienveillante, le faucon ou le gerfaut, symbole du subconscient, représente la liberté ultime, celui qui permet de s'envoler, d'aller à sa propre rencontre, de rentrer en soi débarrassé des scories de la vie quotidienne et de l'asservissement au sol.
Un beau roman, une très belle écriture poétique, une émotion très présente par la profondeur donnée aux personnages et à leurs interrogations qui pourraient être les nôtres. Il eut été dommage que je passe à côté de ce roman après la déception ressentie à l'égard du précédent.
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C'est le faucon qui m'a eu. Oui, celui de la couverture, avec son beau plumage et toute l'envergure de ses ailes déployées.
Depuis son rayonnage de bibliothèque, perché tout là-haut, il a fondu sur moi comme sur une proie sans défense.
Je n'ai rien pu faire : j'ai emprunté le bouquin.

C'est bien plus tard que je me suis penché sur la 4ème de couverture, et qu'enfin j'ai entamé ma lecture à tâtons, sans trop savoir à quoi m'attendre...
Et tout s'est d'abord plutôt bien passé ! Une écriture sobre et claire, un texte fluide, quelques jolies scènes en pleine nature - moins nombreuses qu'espéré, cependant - au plus proche du fameux faucon gerfaut, et enfin des personnages sympathiques aux profils plutôt originaux, à savoir Thomas (un gentil nonagénaire alsacien doté d'impressionnantes facultés d'écoute et d'empathie), son aide-ménagère Mona (secrètement amoureuse de lui), sa petite nièce Elisabeth (jeune veuve un peu surmenée) et la fille de cette dernière, Vina, une élève brillante mais relativement "émotive", en proie aux troubles de l'adolescence...
Quand Vina se retrouve exclue de lycée, sa mère a l'excellente idée de lui présenter Thomas. C'est alors le début d'une formidable complicité, l'occasion pour chacun de percer des abcès plus ou moins enfouis, de révéler des fractures, de faire la lumière sur certains secrets de famille et finalement de reprendre pied dans l'existence.

Ai-je été pour autant complètement conquis ?
Hélas non, pas tout à fait, et j'aurais bien du mal à expliquer ce qui m'a empêché d'entrer pleinement dans cette histoire pourtant touchante et teintée d'ésotérisme. Isabelle Sorente y aborde des thématiques fortes (le traumatisme de la seconde guerre mondiale qui hante encore Thomas, la pression professionnelle excessive qui mène Elisabeth au bord du burn-out, la quête des origines et les questions de filiation qui taraudent Vina, mais aussi le deuil, la culpabilité, le poids des non-dits) mais cela n'a pas toujours suffit à m'embarquer totalement. Peut-être la faute à ce rythme un peu lent, à cette intrigue un peu trop ténue et à ces discussions parfois un peu stériles.
J'ai néanmoins été sensible à la poésie tout en simplicité de certains passages, ainsi qu'à l'horreur absolue endurée sur le camp de prisonniers de Tambov par Thomas et ses compagnons d'infortune, ces "Malgré-Nous" (Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans la Wehrmacht à partir d'août 1942) souvent laissés en marge de l'histoire et dont j'ignorais jusqu'alors le terrible destin.

Un roman sensible, un bel exemple de consolation et de transmission intergénérationnelle où chacun pourra sans doute puiser quelques enseignements.
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critiques presse (1)
Psychologies
13 septembre 2021
L’autrice n’a pas son pareil pour faire apparaître la spiritualité cachée des êtres, les humains comme les animaux… La magie est là. Il suffit de regarder.
Lire la critique sur le site : Psychologies
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Il n’était pas le seul Malgré-nous à constater qu’un abîme de séparait de sa famille. Oh invisible à l’œil nu. Plus fin qu’un cheveu, un abîme qu’un enfant aurait franchi sans y penser. Mais une fois qu’on avait le malheur de constater son existence, il devenait profond comme une entaille dans une artère. Même si les choses avaient commencé à changer. À mesure que les années passaient. Que les jeunes gens vieillissaient. Après les premiers témoignages des rescapés du goulag, il était devenu possible de parler des camps russes sans avoir l’air de cracher sur les anciens alliés.
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L’œil du faucon perçoit un insecte sur le sol à cent mètres de hauteur.
Le faucon pleure, il pleure des larmes assez consistantes pour protéger ses yeux des grains de sable qui pourraient les lui crever, lorsqu’il fond sur sa proie à trois cents kilomètres à l’heure.
À cette vitesse, les larmes humaines sécheraient aussitôt. Pas celles du faucon.
Ses larmes le protègent, et sa vision panoramique du monde qui s’ouvre à cent soixante degrés.
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- Je connais les garçons mieux que toi, Vina, et les garçons entre eux ne changent pas. Il y a ceux qui trahissent les femmes pour leurs copains, et ceux qui trahissent leurs copains pour une femme. Vu tout ce que tu m’as dit, ton Gaspard fait partie de la deuxième catégorie.
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Les probabilités étaient au pogramme cette année et [elle] les comprenait mieux que personne. Les probabilités servent à calculer la chance que quelque chose se produise, ou pas. Mais les probabilités servent surtout à cacher la vérité : on ne sait pas. On ne sait rien. L'improbable peut vous tomber dessus n'importe quand. Et le probable ne jamais arriver. [...] Incertitude absolue dans toutes les directions, quoi qu'on espère, quoi qu'on fuie, quoi qu'on rate. C'est ça, la vérité. Les probabilités ont été inventées exprès pour la cacher. Comme un voile jeté sur un visage que personne ne doit regarder. Comme un endroit où ceux qui le peuvent ne s'aventurent jamais.
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Les choses paraissent toujours plus grandes la première fois qu’on les voit, même si on ne les voit pas en entier.
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Videos de Isabelle Sorente (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabelle Sorente
Dans "L'Instruction" (JC Lattès), Isabelle Sorente se prête à un mystérieux exercice d'empathie, pratiqué par d'anciens maîtres nomades, consistant à s'imaginer à la place d'un animal conduit à l'abattoir. Elle n'imagine pas que cela la conduira à l'intérieur d'un élevage industriel, et à un questionnement bouleversant sur l'écriture et notre lien aux autres espèces.
À l'occasion de la parution de ce nouveau roman, elle répond en vidéo aux questions que lui ont posées ses lecteurs.
En savoir plus https://www.hachette.fr/videos/questions-de-lecteurs-avec-isabelle-sorente
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