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sur 338 notes
Page 57
« - Restez donc couché. Vous pouvez converser en restant couché, ajoute-t-elle sur un ton débonnaire.
J'ai pensé qu'elle avait raison. Je m'allonge d'abord à plat ventre en tenant mon menton entre les mains, puis je relève mes deux coudes qui forment un soutien sur les tatamis.
- J'ai craint que vous ne vous ennuyiez et je vous ai apporté du thé. »

Hélas ici, personne n'est venu m'apporter une tasse de thé pour me sortir de la torpeur dans laquelle ce machin m'a mise…
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Je me souviens d'avoir débuté, il y a longtemps, mon commentaire de Sur la Route par : « Ceci n'est pas un livre, c'est un état d'esprit. » Eh bien je crois que je pourrais débuter celui-ci par une formule exactement similaire, tant l'impression laissée sur moi est du même type (mais non pas comparable).

Ici, l'auteur Natsume Sôseki écrit le roman d'une quête. Mais est-ce un roman ? Est-ce une quête ? Je ne sais… Car c'est si différent des écrits à l'occidentale, c'est si chargé de codes, qui me sont, pour bon nombre, inconnus, que je n'arrive guère à me prononcer. Bref, c'est spécial.

Au départ, j'ai vraiment adoré l'entrée en matière du roman, pleine de réflexion et de philosophie, le tout délicatement recouvert d'une fine couche de lyrisme. Et puis, est venue la narration, au sens le plus classique du terme, avec des personnages, des événements, si bien que l'impression première — très positive — est un peu retombée comme un soufflet, car, avons-le, l'auteur n'est pas franchement un as de l'intrigue.

Oui, c'est cela qui m'a un peu déroutée, cette espèce de mélange entre une introspection de haut vol teintée de poésie comme sut en faire Fernando Pessoa avec son Livre de l'Intranquillité et cette soupe narrative, plus prétexte qu'autre chose. Et puis, par moments, ça revenait, les phases méditatives, apaisantes et lyriques à la fois, mais sans le charme des débuts.

L'auteur, donc, nous fait prendre part à la quête personnelle du narrateur, un peintre japonais de Tokyo (Edo) qui souhaite se rendre dans la montagne la plus reculée pour toucher aux racines vraies de l'art, de la poésie tout particulièrement bien qu'il fût peintre, je le rappelle. C'est en cela que ce livre n'est peut-être pas si éloigné du roman de Jack Kerouac sus-mentionné, l'idée d'une quête d'un objet immatériel. Il appartient peut-être également à la catégorie de ceux qu'a signés Hermann Hesse, son Siddhartha, son Loup de Steppes, par exemple, mais avec des tonalités bien à lui, très extrême-orientales, plus proches à certains égards de celles d'auteurs nippons du XXème tels que Kawabata ou Mishima.

Vous voyez, c'est assez étrange comme objet littéraire. Pas désagréable, de mon point de vue, mais pas non plus à m'y sentir totalement à l'aise : un rythme lent, réflexif, méditatif et contemplatif, mais pas que, des épisodes narratifs où l'on suit des personnages, mais pas que, et puis surtout, une gageure insurmontable, à savoir, essayer désespérément de pister, de s'approcher de manière asymptotique de ce que pourrait être un être poétique, le tout sur fond de séparation entre un homme et une femme couplé à un arrière-plan de guerre sino-russe.

Vous admettrez que ce n'est pas évident à définir un machin pareil, ça résiste à toute forme de catégorisation et je me demande encore, plusieurs semaines après en avoir terminé la lecture ce que je dois en penser. Peut-être est-ce cela finalement, l'accession à la poésie vraie, ne plus penser, lâcher prise, dériver sur l'onde, laisser glisser les lignes et les impressions sous nos yeux de lectrices et de lecteurs inconséquents… Quoi qu'il en soit, de cet avis comme de beaucoup d'autres choses, cela ne signifie pas grand-chose, et si le coeur vous en dit, allongez-vous sous les nuages, la nuque posée sur un oreiller d'herbes et laissez-vous porter…
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Quelques réflexions intéressantes même s'ils l y a une tendance à vouloir prouver la supériorité des cultures asiatiques face aux cultures occidentales, antagonisme que je trouve franchement lassant. Un petit roman de réflexions qui ne laissera que peu de traces dans ma mémoire mais qui m'a permis de découvrir quelques artistes grâce aux références
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Si je n'avais pas eu la chance de trouver ce livre abandonné sur un siège d'avion, je n'aurais probablement jamais lu Soseki. J'ai dégusté ce petit livre si poétique, reflet de l'âme d'artiste japonaise et été subjugué par sa poésie.
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Un peintre, une légende, une femme fascinante. Il s'agit très certainement des ingrédients nécessaires à un grand tableau. Si vous chercher une intrigue vous serez déçu, elle n'a pas d'importance. Ce livre est un petit bijou. Il semble universel et contemporain. Il est impossible d'affirmer que son auteur est décédé il y a maintenant plus d'un siècle. Son langage et ses réflexions su la vie, sur l'art, sont d'une telle justesse. On n'oublie l'histoire, qui est bien secondaire, pour se concentrer sur les idées et les très belles phrases de l'auteur. Elle raisonne comme une douce musique
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Un peintre vient passer quelques jours dans la montagne, dans une station thermale désertée depuis que la guerre russo-japonaise a débuté en 1904. Il y apprécie le calme pour se consacrer à son art et réfléchir à la condition de l'artiste, ne plus exister que comme peintre. Il recherche l'impassibilité mais bientôt il est troublé par une jeune femme étrange, Nami, qui semble perturbée après son divorce.

Un très beau texte, très poétique, nourri de réflexion sur la littérature et la peinture, illustré de haïkus, petits poèmes japonais de dix-sept syllabes. Il ne s'y passe pas grand chose mais tout est dans la subtilité des relations entre les personnages qui glissent comme des ombres, des paysages sublimes, et la guerre en arrière plan qui menace les jeunes appelés comme la folie qui guette les amours contrariées. Car l'artiste, recherchant la beauté, saisissant l'instantanéité de la perception, se nourrit aussi de cette désespérance...

L'auteur, Natsumé Soseki, a disparu il y a un siècle mais son roman est d'une grande modernité. Ses réflexions sur la destinée de l'homme contemporain, le rôle de l'artiste et l'art abstrait, les dangers de la civilisation moderne sont très actuelles.

" J'ai par hasard obtenu une journée de sérénité
J'ai compris cent ans d'agitation
Où pourrai-je garder cette nostalgie lointaine ?
Sinon dans le ciel vaste où règnent les nuages blancs ?"
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"Oreiller d'herbes" nous emmène à la suite de son narrateur dans une auberge de montagne, où il se retire pour oublier la vulgarité du monde, et trouver, loin de l'agitation urbaine, l'inspiration. Car ce narrateur est un artiste, plus précisément un peintre, qui ne dédaigne pas par ailleurs l'art du haïku.

Lors de sa première nuit à l'auberge, l'apparition mystérieuse, entre les arbres du jardin, d'une silhouette féminine qu'il croit entendre fredonner, le plonge dans des rêveries poétiques. L'ombre nocturne est celle de la fille des propriétaires des lieux, que d'aucuns disent folle, revenu vivre à Nakoi après son divorce...

L'approche de l'art du personnage principal s'inscrit dans la continuité d'une philosophie qu'il considère comme typiquement orientale, consistant à s'imprégner de l'environnement avec détachement, à éliminer du regard qu'il porte sur le monde -et notamment sur le milieu naturel- toute dimension émotionnelle, sans chercher à tirer du sujet de cette observation quelque profit que ce soit. Il fait ainsi l'éloge de la contemplation, et d'une forme d'impassibilité qui, en annihilant toute passion, épargne à l'individu toute sensation trop puissante susceptible d'engendrer la souffrance. A la recherche à la fois de paix et d'un raffinement éthéré dans l'accomplissement de son art, il pressent qu'il ne pourra atteindre ces objectifs que par cette distanciation.

Si le récit est ponctué de dialogues et de rencontres entre le héros et ceux qu'ils croisent parfois lors de ses pérégrinations, je retire "d'Oreiller d'herbes" une sensation assez confuse liée à ses épisodes contemplatifs, à la manière dont le narrateur semble vouloir transcender l'essence de toute chose -la couleur d'une assiette ou d'un mets, le reflet d'un clair de lune- qui lui inspire une vision esthétique dont il tente de transcrire toute la pureté...

En l'accompagnant dans son cheminement créateur, le lecteur éprouve ainsi le sentiment d'osciller entre songe et réalité. Après un début de lecture, je dois l'avouer, un peu laborieux, je me suis laissée prendre au charme apaisant de ce curieux roman.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Rècit d'un voyageur qui ne voit que peintures et poèmes dans les paysages qu'il rencontre. Très jolie écriture.

Mais il faut aussi souligner la qualité de l'édition Picquier avec les magnifiques reproductions des peintures illustrant l'ouvrage. Un vrai plaisir !
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Ce livre, d'une rare poésie, est comme un rêve éveillé. C'est un véritable voyage au coeur de la création artistique et de la beauté, à lire à petite dose pour en apprécier toute la douceur et la légèreté.
Le narrateur est peintre et poète. Il n'est pas en manque d'inspiration mais veut se plonger dans l'ambiance propice à la création.
Pour cela, une fois arrivé le printemps, il quitte la ville et s'enfonce à pied dans la montagne, avec son matériel de peintre.
Il va s'installer dans une auberge perdue où, il est l'unique voyageur et où, il espère, qu'aucune passion humaine ne viendra plus le déranger, ni l'agitation de la ville le perturber.
Mais c'est sans compter sur la mystérieuse jeune femme qui occupe les lieux et dont la vie semble pleine de mystère. Les découvrir va hanter son esprit...
Réussira-t-il à peindre le tableau de ses rêves ?
Ce roman est un texte subtil sur l'art et la création, sur la place de l'artiste dans le monde moderne, sur le regard que l'artiste porte sur les êtres humains ou la nature environnante...
Une belle lecture, mais pas du tout facile malgré les apparences car déjà, entrer dans l'histoire est assez laborieux et puis, c'est un livre impossible à lire d'une seule traite.
Mais une fois imprégné de cette poésie, vous le quitterez à regret car c'est aussi un livre empli de légendes et de mystères...
Le lecteur met du temps à suivre ce poète artiste, mais il sortira de ce chemin, grandi et capable de trouver réflexion et beauté, dans la nature et dans sa vie quotidienne, en chacun des cailloux du sentier, en chaque petite fleur ou coin de ciel, en chaque être croisé...
Sôseki l'appelait son roman-haïkus car le texte est interrompu par de magnifiques haïkus...
L'édition que j'ai emprunté en médiathèque, est étayée de nombreux tableaux tous magnifiques, dont la couverture déjà vous donne un aperçu, et d'une grande délicatesse, issus d'une édition japonaise de 1926 en trois rouleaux où figurait le texte calligraphié de Sôseki et les peintures intégralement reproduites dans ce magnifique livre.
...
Lien : http://www.bulledemanou.com/-4
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J'ai beaucoup aimé ce livre.
Le thème du roman est la création artistique, thème traité de manière originale et vivante. le narrateur fuit Tokyo pour aller peindre dans un village perdu dans la montagne face à la mer. Il veut s'ensevelir dans la nature pour faire sienne la beauté du monde et entrer en parfaite harmonie avec lui. Pour ce faire, il prend au début du roman de grandes résolutions : contempler le monde objectivement en abandonnant toute préoccupation, être impassible, observer le paysage comme un tableau et les gens rencontrés comme des figurants vus avec désintérêt. En bref : « placer devant soi son sentiment, reculer de quelques pas et l'examiner avec calme comme s'il s'agissait de celui d'un autre. » le moyen le plus simple est de composer un haïku.
Avant que ce beau programme ne se termine de façon catastrophique dans le dernier chapitre, Sôseki balade son artiste dans le décor, la montagne avec ses roches de couleur, l'étang et l'ombre du magnolia, un « univers au raffinement extrême ». Mais l'artiste échoue à en faire un tableau. Il pinaille et son appréhension rompt le charme ou alors il se rend compte que son projet consistant à reproduire par la peinture un simple état d'esprit est quasi impossible à réaliser. Par contre, il est plus heureux en matière de poésie. Nous assistons, en direct pourrait-on dire, à la création de très beaux poèmes.
En dehors de ces tentatives et des réflexions sur la nature de ce que l'on nomme l'art , la vulgarité dans l'art , les défauts de l' art occidental , le roman est constitué de dialogues qui sont de véritables petits bijoux. C'est la rencontre du peintre avec la vieille tenancière d'une maison de thé, avec un cocher, avec une servante d'auberge, avec un vieil esthète, avec un jeune homme qui part faire la guerre en Mandchourie, avec un moine, et surtout avec une mystérieuse et attachante jeune femme : Nami.
Evidemment l'artiste essaie de s'en tenir à son programme, éviter tout sentiment et subjectivité, mais il est troublé, même si, nue dans le bain avec lui, il ne voit dans le corps de Nami qu'une construction de lignes géométriques. Les dialogues avec Nami ressemblent à une partie de ping pong dont l'artiste sort souvent désappointé.
Le roman présente aussi l'intérêt de nous faire toucher du doigt la subtilité et le raffinement de la sensibilité japonaise, dans des scènes où sont entrevus par exemple les mérites d'un tableau, d'une tasse, d'une pierre à encre. Par opposition, le narrateur- auteur est d'une violence extrême lorsqu'il parle de la société, de la civilisation industrielle de 1906.
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