J'avais adoré le roman
Rouille de Florianne Soulas, un peu moins
les Noces de la renarde, qui m'avait déçu par certains aspects. Pour autant ma confiance dans cette jeune autrice était acquise tant elle m'avait bleuffé avec
Rouille.
Avec
Les Oubliés de l'amas, l'autrice propose un nouvel univers après le steampunk et le japon fantastique et c'est avec un réel plaisir que je me lance dans la lecture de ce pavé de 600 pages.
Première remarque, le poids du bouquin qui m'a gêné tout comme le précédent roman de l'autrice.
Malgré cela, dès les premières pages, on entre dans le vif du sujet, grâce au style dynamique et efficace de l'autrice. le rythme effréné impulsé par la brièveté des phrases décrivant l'action, nous plonge immédiatement dans l'ambiance et donne le ton du récit. Un ton dur pour un univers où la survie est maîtresse, un monde où on ne rigolee pas et dans lequel on ne pleure pas la mort d'autrui, un monde en apparence dénué de sentiments.
L'autrice diffuse les éléments de l'intrigue progressivement, mettant en place son histoire intelligemment. On notera au passage la facilité avec laquelle elle jongle sur les genres et la maîtrise dont elle fait preuve pour donner de la cohérence à son récit. Tantôt sf, tantôt thriller policier, tantôt horreur lorgnant parfois avec le gore, l'autrice étale son talent avec une générosité et une intelligence rare. Elle ne manquera pas non plus de saupoudrer son récit d'un élan féministe prononcé même s'il n'est que suggéré au détour d'un évènement, d'une situation ou d'une simple remarque.
Son roman fait la place large aux femmes. Les personnages principaux, et importants sont avant tout des femmes, et certains lui reprocheront sûrement de donner trop souvent le mauvais rôle aux hommes de son histoire. Seul l'un d'entre eux, le frère de l'héroïne, s'en sort avec les honneurs quand un second ne s'en prend pas plein la tête...
600 pages mais jamais je ne me suis ennuyé une seconde avalant les chapitres sans me rendre compte que les heures passent.
Florainne Soulas sait y faire et maîtrise parfaitement tous les points de son récit. Elle révèle progressivement à la fois les éléments de l'intrigue, qui se construit à plusieurs niveaux et selon plusieurs axes, et les personnalités de ses personnages, qui sont intimement liés à l'histoire. Elle nous révèle également par des descriptions sommaires mais riches d'évocation, tous les recoins de son univers.
Son style dynamique apporte à certains passages un souffle et une énergie époustouflants, par exemple lorsqu'elle décrit le concours de courses.
De plus elle gère parfaitement bien les différents ressorts du scénario, alternant action, réflexion, intensité, fragilité, drame ou terreur pure.
L'une des grandes qualités de Florianne Soulas est de pouvoir passer d'un genre à l'autre avec une facilité déconcertante, sans éprouver de gêne particulière, en étant même à l'aise, et en restant cohérente.
Bon vous l'aurez compris, ce roman je l'ai adoré, et il a fini d'asseoir la confiance déjà bien arrimée en cette autrice que je continuerai de suivre assidûment.