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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ben je me suis régalée avec ce polar médiéval ! Dès la scène d'ouverture, grandiosement macabre, j'ai été happée : à l'heure matinale où sonne l'angélus, un serf, levé tôt, croit voir un ange accroché à un arbre ; il se prosterne jusqu'à comprendre que cet ange a les ailes qui saignent et qu'il est mort ... Juste un pauvre homme en fait, à qui le tueur a cloué des ailes d'oie.

Le XIIème siècle est magnifiquement restitué avec une intrigue solidement ancrée dans le terroir occitan, entre Narbonne et Carcassonne : fanatisme religieux, catharisme, fonctionnement des institutions politiques et religieuses, art de la taille de pierre, quotidien populaire, autant de thèmes parfaitement maitrisés et réinjectés sans lourdeur dans la trame policière. L'écriture est soignée, joliment teintée de langage médiéval. Les dialogues sont très réussis , notamment lors des joutes oratoires faussement feutrées entre l'archevêque de Narbonne et l'abbé de la Grassa ou celles entre ce même abbé et les nobles locaux qui montent en puissance face à une Eglise catholique qui veut conserver sa mainmise sur la société.

La très bonne idée est d'avoir confié cette quête du tueur à un trio de personnages très différents, aux desseins contradictoires, qui représentent très pertinemment la société occitane de ses années 1165 : Raimon de Termes, jeune noble fraîchement adoubé, mandaté par les autorités locales ; dame Aloïs, femme cathare issue du peuple qui est chargé de disculper les siens, boucs émissaires faciles dans ce contexte de montée du catharisme, secte dissidente du catholicisme officiel, fascinée par la pureté évangélique ; le maitre tailleur de pierre Jordi de Cabestan ( largement inspiré du Maître de Cabestany, un des plus grands sculpteurs médiévaux ) qui veut venger la mort des compagnons de son atelier. Les péripéties de l'enquête accompagneront leur cheminement intérieur.

Forcément, entre la toile de fond des rivalités intestines au sein du christianisme et le décor d'une abbaye où surviennent des crimes odieux dans une ambiance paranoïaque et mystique, on pense au Nom de la rose, chef d'oeuvre du genre, d'Umberto Eco. Et cet Angélus soutient la comparaison sans rougir. François-Henri Soulié a fait le choix d'un roman moins érudit, moins philosophique, pour privilégier une intrigue policière particulièrement retorse et bien rythmée. Quelques facilités scénaristiques pour introduire le tueur sur la fin n'ont en rien gâché mon plaisir.

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François-Henri Soulié est un homme de théâtre aux multiples casquettes, écrivain, comédien, marionnettiste, scénographe, metteur en scène et scénariste. Il a reçu le Prix du premier roman du festival de Beaune en 2016 pour « Il n'y a pas de passé simple », paru aux éditions du Masque.

On avait adoré « Il n'y a pas de passé simple » premier volet des trépidantes aventures du journaliste Skander Corsaro ainsi que le présent n'a plus le temps, le troisième volet héros journaliste malicieux et narcoleptique et de Tonio son ami d'enfance, un ferrailleur drôlement gay.

Passionné d'Histoire François-Henri Soulié met un peu de coté Skander Corsaro pour livrer un roman- un inédit en grand format qui sort directement en poche chez 10/18- particulièrement ambitieux avec Angélus, une intrigue cette fois implantée au XIIème siècle, autour de la "secte" des Cathares.

Cette plongée autour des Cathares, secte dissidente de l'église catholique, qui sont un peu les ancètres des protestantq , avec une vraie fascination pour la pureté évangéliste. Il situe son intrigue dans son Occitanie bien aimée - "territoire passionnant d'échanges et de mixages culturels".

C'est en effet en 1165, dans des abbayes qui servent de décor à de macabres mises en scène, que se déroule l'action de son nouveau livre, un "road movie médiéval" selon ses propres dires. S'y entrecroisent trois enquêteurs aux desseins contradictoires : pour investiguer sur les crimes, Raimon de Termes mandaté par l'Église de Rome, et Aloïs de Malpas, une "femme du peuple" désignée par les "hérétiques" cathares ; et pour venger ses amis suppliciés, le tailleur de pierres Jordi de Cabestan.
Marchant fidèlement dans les traces du Umberto Eco du Nom de la rose, mais en creusant un sillon personnel plus fantaisiste, Soulié tisse le destin croisé de trois protagonistes principaux, liés par des évènements crapuleux sur fond de catharisme, en soulignant l'influence des hérétiques dans le sud de la France, dans un contexte propice à la réflexion et une intrigue haletante.
Angélus bénéficie comme atout important de protagonistes principaux attachants, notamment le héros Raimon de Termes, fin limier dans son enquête et ambiance paranoïaque et mystique fortement bien troussée Francois Henri Soulié compose un univers médiéval précis et sophistiqué, dans une prose "moyenâgeuse" idoine

Un polar historique qui permet aussi de mieux comprendre notre monde d'aujourdhui, notamment dans la description des rapports de soumission et de domination , à découvrir en poche, mais avec 522 pages bien roboratives tout de même !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il fut un temps où la présomption d'innocence n'existant pas, désigner un bouc émissaire était plus confortable que trouver le vrai coupable d'un crime. Ce temps que François-Henri Soulié a exploré est celui au cours duquel ce que l'église officielle, celle de Rome, qualifiait d'hérésie n'était rien d'autre que ce qui mettait en danger son monopole et donc ses propres intérêts. Il en fut ainsi de la foi dite cathare qu'avaient adoptée ceux qui se disaient tenants de la Vraie Foi, et se désignaient comme les bons hommes et bonnes femmes, sans attribuer à cette appellation la moindre once d'orgueil, bien au contraire.

Angélus tient son intrique en l'an de grâce 1165, en terre d'Occitanie ainsi que le précise la quatrième de couverture. Et lorsqu'un crime, puis deux, puis trois sont perpétrés contre le personnel de l'atelier du célèbre tailleur de pierre Jordi de Cabestan, travaillant à une oeuvre commandée au profit de l'abbaye de Grassa, il n'en faut pas plus pour y voir la main d'un hérétique, connaissant l'aversion de leur communauté pour tout ce qui incarne luxe et richesse et trahit la parole divine laquelle, selon eux, exhorte à la pauvreté et à la chasteté.
Raimon de Termes, jeune chevalier nouvellement adoubé est officiellement missionné pour rechercher le ou les coupables. Aloïs de Malpas, dont les frères de foi sont suspectés, et Jordi de Cabestan le maître artisan dont l'atelier est cruellement visé, se mettent de leur côté en demeure de démasquer ces coupables. Des enquêtes qui devront trouver leur point de convergence lorsque les intérêts divergent et les conceptions de la foi opposent dans un contexte social dont on a fort heureusement aujourd'hui du mal à apprécier l'atmosphère.

Avec cet ouvrage, il faut bien parler de polar, appliqué en un temps où les investigations n'avaient de pratiques que celles suscitées par l'observation et le bon sens pour oser contrecarrer une vérité dictée par celle qui régnait en maître sur les consciences, n'admettant ni contradiction ni concurrence.

Les enquêtes sont habilement conduites par chacun des protagonistes selon les prérogatives qui leur échoient du fait de leur statut. le climat de l'époque est bien restitué par une recherche documentaire que l'on soupçonne scrupuleuse. le contexte historique est maîtrisé. C'est un ouvrage crédible et prenant, même si l'on imagine assez tôt que le premier soupçon sera disputé pour que la justice des hommes parvienne à battre en brèche le préjugé dicté par les autoproclamés représentants de Dieu sur terre. L'inconnu portant sur le sort des petites gens lorsqu'ils sont pris dans les mailles de l'obscurantisme sous couvert de volonté divine.
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"Angélus" de François Henri Soulié nous plonge dans l'Occitanie de la seconde moitié du XIIème siècle, plus précisément en l'an de grâce 1165. C'était mon tout premier roman historique de cet auteur, et le moins que je puisse dire, c'est que j'ai été pleinement séduit. L'intrigue est redoutablement menée et pleine de rebondissements. Les ressorts de ce récit nous permettent d'apprendre et de mieux saisir les enjeux de cette époque historique. Dès les premières pages totalement hypnotiques, on est immergé dans un roman impossible à lâcher. Comparé au chef d'oeuvre d'Umberto Eco, "Le nom de la Rose", j'émets quelques réserves sur ce rapprochement qui me semble un peu hasardeux car sans renier le talent de l'auteur, le style d'écriture d'Umberto Eco me semble être au dessus. Néanmoins, c'est un roman foisonnant, une trilogie que je vais suivre avec attention. le troisième tome sort en septembre. En attendant, je vais me plonger dans le second volet intitulé "Magnificat." Prix Historia, "Angelus" nous raconte l'enquête sur des cadavres découverts avec le point commun morbide d'être affublé d'étranges ailes, mise en scène macabre faisant songer à des anges. Est-ce la main du diable ? Qui donc peut commettre des crimes aussi abjectes ? Nous suivrons tour à tour le jeune noble, Raimon de Termes, Jordi de Cabestan, un tailleur de pierre et enfin Aloïs de Malpas, considéré comme hérétiques par l'Eglise catholique romaine. Les Cathares sont aussi appelés les "bons hommes" terme usité la plupart du temps par les Cathares eux-mêmes pour se définir. Si vous aimez les romans historiques se déroulant à la période médiévale, je ne peux que vous recommandez cet "Angélus" signé François-Henri Soulié.
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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"An de grâce 1165. En terre d'Occitanie."
Ce roman est très riche en ce qu'il nous montre différents corps de ce qui compose l'Occitanie au XIIe siècle.
Tout d'abord, les tailleurs de pierre dont le plus célèbre est Maître Jordi de Cabestan.
Ensuite, le clergé séculier et les moines qui s'opposent dans une "lutte d'intérêt". Ils sont représenté par l'Abbé Forton Deltheilt et Monseigneur Archevêque Pons d'Arsac.
Puis les nobles dont Raimon de Termes, récemment promu chevalier et pas peu fier de l'être, est un beau représentant.
Et enfin, ceux par qui tout le malheur arrivent, selon les catholiques, bien sûr, les cathares. C'est un évêque allemand, Eckbert de Schönau qui a ainsi nommé cette "infamie". Catharos, et il ne le savait sûrement pas, veut dire "pur" en grec.
Dans cet "univers retors fait de meurtres et de fourbes calculs", des cadavres déguisés en anges sont découverts.
Commence alors la recherche du coupable.
Une très intéressante lecture.
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L'histoire se situe en terre occitane (Carcassonne, Narbonne) en 1165.

Maître Jordi de Cabestan est tailleur de pierre. L'un de ses compagnons, Thomas-le-boiteux, n'est pas rentré d'une mission qui lui avait été confiée. Un paysan, Joan, découvre un ange accroché à un arbre. L'ange est mort. Il ne s'agit pas d'un ange mais d'un homme sur le corps duquel des ailes ont été greffées.Cet homme est Thomas- le -boiteux.

Raimon des termes, jeune noble, est adoubé chevalier. Par cette élévation il accepte de verser son sang pour la Justice et pour le Droit.

Dame Aloïs, une tisserande, vit dans la maison commune des Bons Hommes et des Bonnes femmes. Ces Parfaits sont considérés par l'Église catholique comme des hérétiques cathares. Ils savent qu'ils seront soupçonnés.

Sans se connaître et avec des objectifs différents, Maître Jordi, le Chevalier Raimon et Dame Aloïs vont enquêter sur le premier meurtre et sur ceux qui suivront.
Avec ses trois protagonistes l'auteur nous introduit dans des milieux très différents, ceux des abbayes, des dignitaires de l'Église catholique, des Parfaits, des Seigneurs et du peuple. Avec talent il met en exergue les conflits, les tensions et oppositions entre ces communautés.

La construction de ce roman est intéressante : quatre grandes parties, divisées chacune en plusieurs courts chapitres. Chaque chapitre porte le nom de l'un des trois protagonistes avec un sous titre indiquant le lieu dans lequel se déroule l'action.

Roman intéressant qui enrichit nos connaissances sur une des périodes de l'Histoire de la région occitane.
Merci à Babélio et aux éditions Grands Détectives 10/18
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Je viens de terminer Angélus après avoir peiné à le commencer. En effet, j'ai trouvé le début de l'histoire un peu longue à se mettre en place mais au milieu du roman le suspens m'a pris et je n'ai pas vu passer la deuxième moitié. Il m'a fallu un certain temps pour m'habituer au style de l'auteur mais sûrement à cause de ma formation de chercheur en histoire. Autant j'apprécie de lire les sources historiques et leur vocabulaire autant il est difficile pour moi de lire des romans tentant de s'en approcher alors que l'évolution de la langue ne rend pas la chose possible et alourdi le style.
Cependant, j'ai finalement apprécié Angélus qui met en avant une société médiévale prise dans les méandres de la religion. Cette approche de l'histoire par le biais de personnages appartenant aux trois ordres de la société et à des obédiences et dogmes différents est très intéressante. Il est certain que l'auteur a réalisé un énorme travail de recherche et de documentation pour donner vie à son roman. J'ai découvert François-Henri Soulié avec Angélus et je compte ne pas m'arrêté tout de suite.
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Bon,....C'est médiéval et poussé loin puisque l'auteur a fait le choix d'émailler les pages de vocabulaire, de tournures moyenâgeuses...comme ripaille....un petit coté "les visiteurs"....ça surprend au début mais finalement, c'est plutôt malin. L'histoire après est longue et un peu fastidieuse....un peu manichéenne aussi sur les bons et les méchants....Interessant de voir le poids de la religion à cette époque , pas une surprise bien sur et j'ai beaucoup appris sur les "vrais chrétiens", ces fameux cathares qui ont marqué cette période .
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Nous sommes en plein Moyen-Âge occitan, près de Carcassonne en 1165. Pourtant ce bouquin est un polar. Je ne lis pas beaucoup de romans policiers historiques, pas beaucoup de romans policiers tout courts en fait, mais j'ai beaucoup aimé cette enquête médiévale.

Le spitch de départ est assez simple : on retrouve un tailleur de pierre, pendu à un arbre, auquel on a planté dans le dos des ailes d'oie… une sorte de caricature d'ange tué. Il y aura d'autres morts, suivant la même macabre mise en scène.

Évidemment, en plein 12e siècle, il n'y a pas vraiment de policier car le métier n'existe pas. Aussi, ce sont deux personnages qui vont chacun mener l'enquête de leur coté : un maitre tailleur de pierre, et un jeune chevalier tout juste adoubé.

L'histoire, pourtant, ne se limite pas à ces deux héros et l'on suit d'autres protagonistes, dont le portrait est bien soigné et leurs caractères attachants : je pense surtout à la jolie cathare Aloïs, et à son gamin adoptif à la diction si particulière, mais on croise aussi un apothicaire alchimiste, des moines en tout genre, un paysan converti à la foi des bons hommes…

Le récit alterne entre les points de vue des différents personnage. L'histoire prend son temps, nous ne sommes pas dans un format thriller avec de gros retournements de situation, mais plutôt dans un polar où c'est l'ambiance qui fait la réussite du livre. L'auteur, souvent, utilise de vieux mots, et ce vocabulaire spécifique au monde médiéval accentue l'immersion dans le monde qu'il raconte.

Bref, j'ai trouvé que c'était une belle réussite, qui peut plaire au-delà des stricts amateurs du genre policier.
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Moyen-âge. Jordi de Cabestan est sculpteur ou tailleur de pierre, en fait, c'est lui qui sculpte les "ornements" des monuments. Il est maître artisan donc, et occupé à travailler sur le haut-relief du nouveau sarcophage destiné à recueillir les reliques de St Sernin pour l'abbaye de St Hilaire... Mais voilà, un des membres de son atelier, Thomas, est retrouvé mort, affublé d'un costume d'ange, à califourchon sur la branche d'un arbre...

De son côté, Raimon de Termes vient d'être adoubé chevalier, et brûle d'épouser la fille de l'apothicaire, la belle Lucia qu'il a sauvée de la noyade...
Quant à Dame Aloïs, au passé si sombre et triste, son époux est resté grabataire et quasi muet suite à une bastonnade.
Quand un second ange est retrouvé, pour des raisons diverses, Jordi, Raimon et Aloïs se lanceront aux trousses de l'assassin. Jordi parce que les deux premiers morts sont de son équipe d'imagiers - le second cadavre étant celui de son propre frère de sang, Valérian, Raimon par un concours de circonstances et une machination retorse qui met en jeu l'avenir de son domaine, et Dame Aloïs parce que les Cathares - les Bons Chrétiens - dont elle fait partie - sont accusés et qu'elle souhaite disculper sa communauté...

On s'attache dans ce roman à tous les personnages qu'on croise, et leurs destins sont habilement tissés et entrecroisés. L'intrigue est bien menée, je déplore juste un peu qu'un des éléments de compréhension arrive si tardivement dans le récit, ça m'a fait un peu l'effet d'une petite "tricherie", mais bon dans l'ensemble j'ai adoré ce roman policier historique.
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