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623 pages
Aux bureaux du soleil (31/12/1899)
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Frédéric Soulié fut une des plumes les plus célèbres et les plus populaires du XIXème siècle, célébrée par un titanesque et morbide roman-fleuve, encore régulièrement imprimé de nos jours, « Les Mémoires du Diable » (1837-1838). Bien que relativement brève (15 ans), la carrière de Frédéric Soulié fut prolifique, avec parfois trois ou quatre publications par an, et connut également des succès au théâtre, dont « La Closerie des Genêts » (1846) qui fut un classique ponctuellement repris même bien après la mort de l'auteur.
Frédéric Soulié fut terrassé par une affection cardiaque moins d'un an avant la révolution de 1848. Il reste donc intimement lié à la Monarchie de Juillet, et sur bien des plans, en incarne à jamais un certain romantisme âpre, tragique, volontiers pervers et parfaitement suranné.
« La Comtesse de Monrion » est l'avant-dernier roman de Soulié, publié en feuilleton en 1846-1847. Comme il en avait parfois l'habitude, Frédéric Soulié à scindé son récit en deux intrigues distinctes, formant chacune un tome et se passant à un an d'intervalle : le premier tome, « Léona » (parfois réédité sous le titre alternatif « La Lionne ») se passe entièrement à Paris, ainsi que partiellement au bois de Boulogne, tandis que le second tome « Julie » se déroule dans les environs de Nevers, une région qui était alors particulièrement boisée et rurale jusqu'à en être un peu sauvage.
« Léona » tourne autour de la figure centrale de Victor Amab, un jeune peintre et sculpteur qui parvient au faîte de la gloire au moment où débute ce récit. L'homme est aussi talentueux qu'ambitieux, et bien décidé à être reconnu, il dirige un atelier de jeunes peintres, dont Charles Thoré, son élève le plus brillant avec lequel il a développé des solides liens d'amitié... de plus, ce fils de petits commerçants est doté d'une jeune soeur absolument sublime, Julie Thoré, qui ne tarde pas, avec toute la naïveté de son jeune âge, à tomber amoureuse de Victor Amab. Mais le peintre n'est pas un sensuel. C'est plus en esthète qu'en homme qu'il admire la prodigieuse beauté virginale de Julie, et fait poser la jeune fille pour une statue en bronze de la Vierge. Cet hommage n'est évidemment pas fait pour calmer les ardeurs de Julie, au grand regret du très irrésolu Victor Amab, tiraillé entre sa pleine conscience de se sentir tout juste flatté par cet amour adolescent, et la tentation de faire un magnifique mariage avec l'une des plus jolies filles de Paris. Cependant, si Charles Thoré ne voit pas d'un mauvais oeil un éventuel mariage de sa soeur avec Victor Amab, les parents de Julie y sont résolument opposés, tant parce que la différence d'âge les gêne que parce que, résignés à ce que leur aîné soit artiste, ils espèrent bien voir la cadette reprendre leur commerce. Or, la femme d'un peintre célèbre ne saurait être en même temps une boutiquière…
Une aventure inopinée va sortir Victor Amab de ce dilemme. Comme bien des artistes, il reçoit quotidiennement à son atelier des lettres d'admiratrices enfiévrées par son art. L'une d'elles le surprend un jour par sa froideur lapidaire : elle est signée d'une certaine Léona qui, sans ambages ni présentation, donne son adresse à Victor Amab et lui fixe un rendez-vous chez elle tel soir à telle heure, sans même lui demander son avis. Peu habitué à être sommé comme un valet, Victor rejette la lettre d'un geste rageur qui attire l'attention de Charles. Ce dernier, après avoir lu la missive, propose à Victor de faire une farce cruelle à cette femme. Charles propose d'aller au rendez-vous fixé par Léona, mais en se faisant passer lui-même pour Victor Amab. Amusé, Victor donne son accord, et deux jours plus tard, Charles passe une nuit d'amour enfiévrée avec ladite Léona, avant de s'esquiver au petit matin pendant que la belle dort encore. L'après-midi, Léona se rend à l'atelier de Victor Amab et découvre, humiliée, de quelle supercherie goujate elle a été la victime, et jure de se venger de ces deux hommes.
Léona est officiellement fiancée avec le comte de Monrion, un jeune homme alcoolique et dépressif qui en est amoureux mais qui refuse de l'épouser, sentant bien que seule la perspective de devenir comtesse l'attache à lui. Mais comme c'est un faible, il passe tout à Léona, lui autorise toutes les tromperies et les infidélités et la laisse puiser allégrement dans sa fortune. Léona dispose donc de fonds illimités et en use pour entretenir un puissant réseau d'espionnage, qui lui apprend la passion de Julie Thoré pour Victor Amab. Léona en est évidemment verte de rage, car outre qu'elle reconnaît la femme sublime qui a servi de modèle pour une des dernières statues de Victor Amab, Julie est aussi blonde que Léona est brune, aussi virginale que Léona est capiteuse, aussi innocente que Léona est manipulatrice et perverse. Léona décide donc de mener un puissant réseau d'intrigues pour détruire la passion de Julie pour Victor Amab, ignorant qu'elle n'est pas réciproque. Utilisant à la fois le peintre lui-même, qui ne peut se défendre d'être fortement attiré par la beauté mature et tourmentée de Léona, et le comte de Monrion, qu'elle parvient à manipuler lui aussi dans ce projet dément, elle tente d'organiser le viol crapuleux de Julie par l'un des deux hommes. Elle fait aussi enlever Charles, et le drogue de diverses substances hypnotiques, tout en lui faisant croire que Victor Amab a déshonoré Julie, et qu'il doit le tuer pour venger l'honneur de sa soeur.
Finalement, ni Victor ni Charles ne seront longtemps dupes de Léona, et ce sera le comte de Monrion qui se livrera dans un moment d'égarement à la tentative de viol sur Julie que Léona lui a commandé, mais grièvement blessé par Charles, et conscient en fait d'avoir été trop longtemps la marionnette de Léona, il décide de sauver l'honneur de Julie en l'épousant sur son lit de mort, faisant d'elle à la fois une comtesse millionnaire et une jeune veuve qui n'aura aucun mal à refaire sa vie. Léona, furieuse, en est réduite à se laisser épouser par Victor Amab, définitivement conquis par cette beauté vénéneuse.
Le deuxième tome, « Julie », se passe un an plus tard dans la campagne nivernaise, où la nouvelle comtesse de Monrion, endeuillée par la mort accidentelle de ses parents et chagrinée par le départ aux colonies de Charles (c'est ce qui s'appelle se débarrasser des personnages dont on n'a plus besoin) s'est lassée de Paris et vient de s'installer dans la propriété ancestrale de l'oncle du défunt comte de Monrion, le Marquis de Monteleu, vieillard débonnaire qui l'a adoptée comme sa fille.
Ce coin de campagne regorge de manoirs et de châtelets exclusivement tenus par des gens titrés, à l'exception de Victor Amab et de sa femme Léona qui - Quel prodigieux hasard ! – s'étaient installés là pour oublier leurs mésaventures parisiennes et voient débarquer affligés la Julie Thoré que Léona voulait absolument fuir. C'est d'autant plus un drame que le couple bat de l'aile : miné par sa relation toxique avec Léona, Victor Amab sombre dans l'alcool, ne peint plus et le couple se dirige lentement mais surement vers la ruine. Victor Amab ne fait d'ailleurs que de sporadiques apparitions dans ce deuxième tome, principalement centré sur Léona et Julie.
Car Léona ne va pas résister à cette nouvelle occasion de détruire sa rivale, avec en plus l'éventualité de lui dérober sa fortune. le coeur pur de Julie la poussant bientôt à s'occuper de l'enfant en bas-âge que la femme d'un de ses métayers a eu d'une relation adultère, Léona s'arrange pour révéler l'existence de cet enfant caché et faire croire qu'il est de Julie, et donc que l'immaculée comtesse en deuil s'est déjà trouvé un amant. Mais l'arrivée d'un mystérieux soldat qui se fait appeler Thomas Rien, et qui semble connaître les secrets de naissance de plusieurs personnes de cette région, y compris de Léona elle-même, va déranger les plans bien ordonnés de Léona et mettre l'astucieux Marquis de Montéclain, fort épris de Julie, sur la piste de la résolution de cette ténébreuse affaire…
Comme on le voit, « La Comtesse de Morion » est un récit terriblement désuet, qui repose principalement sur des jalousies bien trop maladives, et des préoccupations d'honneur et de réputation qui datent d'un autre âge. Il est fort difficile de retrouver aujourd'hui tout ce que ce roman pouvait avoir de crucial au point de vue suspense. Sa qualité repose donc avant tout sur le talent narratif, d'une grande fluidité, de Frédéric Soulié et sur le machiavélisme des intrigues mises en place par Léona. Tout cela donne à l'auteur l'occasion d'exceller dans ce roman principalement constitué de dialogues, de joutes verbales, de mensonges convaincants et de vérités diffamées. Même si globalement, la crédibilité laisse à désirer, les hommes sortant facilement l'épée, les femmes s'évanouissant pour un rien, et nul ne pouvant tout à fait cesser de croire les rumeurs de Léona même avec les preuves de ses mensonges révélées, le roman est remarquable par la manière perverse et cérébrale dont chaque intrigue est exploitée, chaque dialogue est piégé, chaque mensonge s'incruste comme une pièce de puzzle manquante dans une vérité fractale, avec à la fois un cynisme à froid, une rhétorique flamboyante et une intensité dramatique qui témoignent d'une technique poussée de la narration, du malentendu et de la manipulation orale par un conteur fébrile et méticuleux, alors au sommet de son art. La désuétude même de l'ensemble ne parvient pas à occulter le prodigieux et monomaniaque travail de composition d'un tel roman, même si évidemment, il n'est pas interdit de songer qu'un tel exercice littéraire aurait gagné à se complaire avec moins d'aisance dans une histoire aussi bassement triviale...
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