38. Les Thraces, les Illyriens et tous ceux qui habitent ce qu’on appelle l’Europe, bien qu’ils fussent encore ignorants des communautés monastiques, n’étaient pas cependant totalement dépourvus d’ascètes. Chez eux se faisait alors connaître Martin, qui, né d’une famille distinguée de Sabaria en Pannonie, avait d’abord servi brillamment dans l’armée et était devenu commandant d’un syntagma. Puis, mettant au-dessus de tout le service de Dieu, il avait poursuivi la vie d’ascèse. 39. Il avait vécu d’abord en Illyrie. Comme, luttant vigoureusement pour le dogme, il avait surpris certains des évêques du lieu en flagrant délit d’arianisme, il avait été victime de complots, souvent frappé en public, et il avait été chassé. Arrivé à Milan, il y avait vécu à part. Mais il avait dû s’en retirer, victime d’un complot de la part d’Auxence, évêque du lieu, qui lui non plus ne pensait pas juste touchant la foi des pères réunis à Nicée.
40. Pendant quelques temps il avait habité une île, nommée Gallinaria, se contentant de racines de plantes : c’est une île petite et inhabitée, située dans la mer Tyrrhénienne. Plus tard, il se vit confier l’évêché de l’Église de Tours. Il atteignit à de tels pouvoirs thaumaturgiques, dit la tradition, qu’il ressuscita un mort, croit-on, et opéra d’autres miracles qui ne le cèdent pas à ceux des Apôtres.
L’été arriva un autre messager de l’empereur et, avec l’aide des magistrats, il pressait Athanase de sortir de la ville et fit une rude guerre au clergé. Mais comme le peuple de l’église avait repris courage, quand il vit la foule rangée pour se battre, il s’en alla lui aussi sans avoir rien obtenu. Peu de temps s’étant écoulé, on fit venir à Alexandrie d’Egypte et de Libye les corps de troupes que les Romains nomment légions. Et sur la dénonciation qu’Athanase était caché à l’église dite de Théonas, le duc des troupes d’Egypte, ayant pris avec lui des soldats, brisa inopinément à une heure indue les portes de l’église et y entra ; mais, bien qu’il eût cherché de tout côté, il ne trouva pas Athanase à l’intérieur. On dit en effet que, de même qu’il avait souvent, sur des indications divines, échappé à bien d’autres périls, Dieu lui avait révélé aussi à l’avance cette attaque ; il était à peine sorti que les soldats occupèrent les portes de l’église, ayant manqué de très peu de le prendre.