Dans cet essai, le "brasseur-écrivain" s'intéresse à notre surconsommation, collective et individuelle, de produits culturels, qui finit souvent par ressembler à une addiction, à une forme de fuite du réel, au détriment de notre productivité et de notre enrichissement personnel. Il se penche aussi sur la marchandisation de la culture, au détriment d'une vision plus artistique et au profit d'une industrie capitaliste.
J'ai trouvé le début du livre, qui traite de l'histoire de la culture en tant qu'industrie et qui fait référence à des ouvrages plus spécialisés, un peu lourd, peut-être trop didactique. Heureusement, la suite est plus accessible et s'attarde à des sujets que l'on connaît bien : les séries télévisées, les réseaux sociaux, la porn et les jeux vidéos. J'ai trouvé la réflexion très intéressante et pertinente. J'en retiens qu'en ce qui concerne ces formes de divertissement, nous devrions peut-être opter pour la qualité plutôt que la quantité.
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L'informatique a une limite évidente : la subjectivité. Le seul terrain de combat qu'il nous reste face à l'omniprésence des algorithmes qui régulent nos vies, c'est celui de l'émotion. Puisque l'art cherche à produire une émotion profonde (et non superficielle), "jamais" aucun algorithme ne pourra calculer comment un individu peut se construire avec tel ou tel portefeuille culturel; comment il peut être atteint par une oeuvre à un moment de sa vie plutôt qu'à un autre. Et les oeuvres ont ce pouvoir de nous transcender. Par-delà toutes les équations.
Dans une quêtre pressée et vaine pour se détourner des "vraies" choses, les consommateurs passifs en viennent à se perdre dans le simulacre, à en prendre comme réel le spectacle. Non pas qu'ils ne parviennent plus à distinguer la fiction de la réalité, mais ils interprètent les standards et les modes de la réalité à partir de ceux divulgués et prônés dans des fictions (...).
Puisque les "situations humaines sont la nourriture des écrivains-artistes" et que ceux-ci s'alimentent maintenant de culture populaire, il y a une forme de dilution qui s'opère dans le procédé créatif. Cette dilution représente la mince frontière sur laquelle les nouvelles fictions se déploient, risquant de se nourrir d'un excès d'images préfictionnalisées, prémâchées.
L'évolution technologique aura-t-elle servi à mettre un écran entre nos crimes collectifs et notre conscience?
L'art d'être parent repose souvent dans cet équilibre fragile : exposer l'enfant au monde dans lequel il vit et l'aider à y résister.