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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Nous devons apprendre à écouter la terre, entendre ce qu'elle dit, comprendre ce qu'elle peut et ne peut pas faire à long terme."

Dans ce recueil, Wallace Stegner, écrivain majeur de l'ouest américain, évoque son enfance nomade. Il a en effet vécu en divers endroits : à Whitemud au Saskatchewan, dans le village d'Eastend dans le Saskatchewan en passant par Great Falls dans le Montana, ou encore à Salt Lake City dans l'Utah. Difficile de trouver sa place quand son monde est tellement en mouvement permanent, en raison d'un père "aussi libre qu'un virevoltant dans une tempête". Malgré tout, il se définit comme un américain de l'Ouest "Je venais des contrées arides, et j'aimais l'endroit d'où je venais. J'étais habitué à une clarté sèche et à un air cristallin. Mes horizons, des étendues déchiquetées, bordaient le cercle géométrique du monde. J'étais habitué à voir au loin. J'étais habitué aux couleurs de la terre -brun, roux, blanc cassé -, et le vert infini de l'Iowa me heurtait. J'étais habitué à un soleil qui s'élevait au-dessus des montagnes et descendait derrière d'autres montagnes. Les couleurs et l'odeur de l'armoise me manquaient, tout comme la vue du sol nu." (Trouver sa place : une enfance de migrant)

S'il est émouvant quand il parle de son enfance (Lettre bien trop tard), ces souvenirs sont avant tout prétextes pour livrer une réflexion sur la nature et ses trésors, tellement délicats et éphémères qu'ils doivent absolument être protégés. Même s'il garde un souvenir ébloui par exemple d'une randonnée idyllique, il reste prêt à renoncer à ces visites au jardin d'Eden pour les préserver. Dans Au jardin d'Eden il parle de tempérance :

"Notre meilleure leçon, après environ cinq siècles de contact avec la vie sauvage en Amérique, est celle de la tempérance, la volonté de retenir notre main : visiter ces endroits pour le bien de nos âmes, mais ne pas laisser de traces."

Plus loin, il est même plus radical :

"Même quand je ne peux me rendre dans la nature, la pensée des déserts colorés du sud de l'Utah, ou le réconfort de savoir qu'il existe encore des étendues de prairie où le monde peut instantanément figurer un disque ou une cuvette, et où, l'être humain, petit mais intensément important, se trouve exposé qux cinq directions et aux trente-six vents, est une consolation positive. cette seule idée suffit à me rassasier. (...) Nous avons simplement besoin que ce pays sauvage nous soit accesible, même si nous ne faisons jamais rien d'autre que de rouler jusqu'à sa bordure pour en contempler l'intérieur. Car ce peut être un moyen de nous rassurer quant à notre santé mentale, un élément d'une géographie de l'espoir." Coda : lettre pour le monde sauvage.



L'homme doit s'adapter à son environnement et non l'inverse. Ainsi un architecte capable de construire une maison dans le désert reste immoral pour l'auteur :

"Cette maison dans le désert me paraissait, et me paraît toujours , un paradigme - plus qu'un paradigme, une caricature - de notre présence dans l'Ouest au cours de ma vie. Au lieu de nous adapter, comme nous avions commencé à le faire, nous avons tenté de faire correspondre la terre et le climat à nos habitudes et à nos désirs. Au lieu d'écouter le silence, nous avons hurlé dans le vide. Nous avons fait de l'Ouest aride ce qu'il ne fut jamais censé être et ne peut demeurer, le Jardin du Monde et le foyer de millions de personnes. " (Frapper le rocher)

Le risque en agissant ainsi est de perdre notre humanité en perdant contact avec la terre naturelle. D'où la nécessité d'enseigner aux enfants l'amour de la planète par des "initiations au monde sauvage", des voyages dans des sanctuaires préservés, plus pertinents que le service militaire !

"Nous devons garder à l'esprit ce que sont ces précieux endroits : des terrains de jeu, des salles de classe, des laboratoires, certes, mais avant tout des sanctuaires dans lesquels nous pouvons apprendre le monde naturel, apprendre sur nous-mêmes, et nous réconcilier, au moins à moitié, avec ce que nous voyons." (Des bienfaits du monde sauvage)

Pour finir il chante les bienfaits du monde sauvage :

"On aimerait entendre Thoreau disserter sur la question de savoir combien de temps l'optimisme, la liberté, l'égalité, la foi dans le progrés et la perfectibilité, voire l'assouvissement de l'avidité des entreprises et des individus, peuvent survivre aux ressources qui en sont à l'origine. Combien de temps la liberté survit-elle aux richesses ? Combien de temps la démocratie peut-elle survivre à l'amenuisement des possibles et à l'élargissement du fossé entre riches et pauvres ? (...) "Thoreau croyait que les forêts autour des Grands Lacs demeureraient sauvages pendant de nombreuses générations. Elles ont été décimées en quarante ans. A l'exception de rares survivantes, comme celle de la réserve Menominee, dans le Wisconsin, il n'existe plus aucune des magnifiques forêts d'antan dans le Midwest." (Des bienfaits du monde sauvage)

Un manifeste touchant et essentiel !
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Un mélange de nouvelles narrant les souvenirs d'enfance de l'auteur et de plaidoyers pour préserver l'Ouest Américain.
Un hymne à la beauté des grands espaces de l'ouest intouché et surtout des plaines du Saskatchewan.
Une évocation attachante de la vie d'une femme esseulée et courageuse: la mère de l'auteur.
Le manifeste d'un érudit amoureux de l'Ouest Sauvage.
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Le dernier titre de Wallace Stegner est un recueil d'anecdotes, de souvenirs, de réflexions sur la vie, la nature, et sur l'Ouest, celui des contrées immenses et du mouvement. Stegner raconte son enfance et son amour pour le monde sauvage. le recueil propose aussi plusieurs réflexions sur la genèse de l'Ouest et sa façon dont elle a modelé le caractère américain. Depuis "La montagne en sucre" je suis une inconditionnelle de sa prose qui raconte ses paysages et ses habitants!
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