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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Wallace Stegner est un homme très ancré dans l'Ouest Américain. Comme il l'évoque, il a été "façonné par l'immensité, la rareté, l'espace, la clarté et l'optimisme de l'Ouest". Dès son enfance, il a beaucoup bougé avec ses parents. Il s'est souvent installé dans des coins reculés entre monde civilisé et monde sauvage.
Ici, dans ce livre, il n'écrit pas un pamphlet sur le massacre programmé d'immenses espaces vierges comme beaucoup peuvent le faire. Lui-même, quand il était jeune, il a arpenté cette nature indomptée pour chasser le gibier. Ses parents ont vécu dans des endroits où l'homme pouvait se tailler une Grosse place dans ces paysages sauvages.
Ce n'est pas un pamphlet, certes, quoique...Il évoque clairement que jadis un écureuil pouvait presque aller d'arbres en arbres de l'Atlantique au Pacifique sans toucher le sol. Aujourd'hui, l'empreinte de l'Américain sur son entourage n'est plus anecdotique. Celui-ci règne désormais en maître suprême sur cette terre.
Stegner n'est pas un pamphlétaire. Il est plutôt romantique. Malgré les cicatrices ou le piétinement sans concession (c'est comme on veut), notre auteur a trouvé un endroit qui ressemble à l'éden; un lieu originel où il se sent bien. "Cet endroit a [...] tous les à côtés imaginables. Il a le terrain plat, l'herbe grasse, le bois, l'accès facile à l'eau [...]. Il a l'abri et l'ombre, les vues panoramiques, la brise légère, qui élèvent le confort au luxe. [...]. Il y a des arbres qui épousent le dos". J'arrête là; c'est trop beau ce qu'il raconte. Il convoque Thoreau, Twain et les autres déjà bien aguerris à la cause "Nature".
Dans ce livre, j'ai suivi (comme dans beaucoup de ivres chez Gallmeister) les traces des migrations successives de l'auteur sur une carte : le Saskatchewan, le Montana, le Dakota du Nord...
Je n'ai jamais arpenté ce mythique Ouest. Mais en lisant Stegner, j'ai eu l'impression d'y être.
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Wallace Stegner est un écrivain de l'Ouest américain. Il nous fait partager ici ses réflexions sur le pays qui l'a vu naître, vivre et vieillir. Il est au crépuscule de sa vie et offre au lecteur l'itinéraire de sa vie d'homme de l'Ouest, ce qui fait sa particularité et ce pourquoi il n'a pu vivre ailleurs. Il se fait l'avocat d'une nature en danger malgré son immensité. Celle-ci est mise à mal par le peuplement, l'exploitation sans vergogne des richesses qu'elle renferme et, plus optimiste, protégée par ceux -là même qui l'habitent. La prise de conscience est née de l'indissociable lien entre cette nature farouche et l'homme. Cet homme de l'Ouest s'est construit dans l'adversité d'une nature hostile et d'une nécessité vitale d'aller de l'avant, au delà de la Frontière. Il n'y a plus de frontière à dépasser, juste des espaces à protéger, ceux qui ont construit leurs habitants.
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J'ai eu quelques difficultés à entrer dans cet ouvrage tant il surprend par sa forme, ni roman, ni essai, cela ressemble à des nouvelles mais pas vraiment, c'est du nature writing mais pas complètement non plus, deux lettres, l'une adressée à sa mère (premier chapitre), l'autre adressée à un responsable de la protection de la nature au sein de l'université de Berkeley en Californie (dernier chapitre), bref, pour moi, le texte au premier abord , tout au moins par la forme, manquait de cohérence interne. Pourtant, au fil de la lecture, cette cohérence apparait : l'homme est façonné par le territoire, par la nature et les grands espaces de l'Ouest américain et du Canada où Wallace Stegner a grandi et vécu produisent des personnalités particulières au point que l'auteur nous dit : "l'ouest figure dans mon système, la plus grosse partie de mon logiciel". L'auteur au gré des déménagements familiaux, a navigué entre le Saskatchewan au Canada, le Montana, l'Utah, la Californie, les déserts du Nevada, le Wyoming. Il nous raconte à travers ses souvenir d'enfance, ses réflexions au seuil de sa vie la nécessité de préserver la nature qui nous a construits.
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Avec Lettres pour le monde sauvage, les éditions Gallmeister et Wallace Stegner offrent au lecteur une plongée magistrale entre récits, genre épistolaire, nouvelles, pensées intimes et plaidoyer envers la nature !

Il y a deux points que vous savez sûrement : je vénère les éditions Gallmeister ET j'adore les éditions Gallmeister (je ne me répète absolument pas !) : dès lors c'est cette maison qui a réussi avec ce livre à me faire aimer un roman qui emprunte au récit mais aussi au genre épistolaire et des nouvelles -deux genres dont je ne suis pas la plus grande adepte. Mais c'est sans compter cette magnificence littéraire, cette qualité de l'écriture retranscrite par une traduction de haut vol : merci et bravo à Anatole Pons !

Chaque mot est un nectar, ce livre est vraiment trop court : on veut savourer encore plus cette faculté, ce don stylistique merveilleux. Au-delà de ce style, c'est le choix des thématiques qui m'a énormément plu : celui de la nature, des Etats-Unis. Ce sont des lettres qui témoignent d'un pays qui perd ses valeurs, mais un pays que l'auteur aime et ne veut pas voir disparaitre avec lui. Un pays où la nature était reine, et devient un instrument aux mains des hommes et en voie de disparition.

Après une réflexion sur son pays, l'auteur nous livre aussi des passages autobiographiques très émouvants qui nous permettent de rentrer dans son intimité mais aussi de comprendre qu'une vie est remplie de moments personnels mais aussi de convictions intrinsèques, d'éléments spatio-temporels extérieurs qui construisent, forgent notre personnalité et notre destin.

En définitive, une magnifique lecture qui témoigne encore de la qualité éditoriale de cette maison, pour les éditions Gallmeister : une ovation !

Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Si vous avez aimé La montagne en sucre de Wallace Stegner, ce livre est pour vous. En effet, dans ce recueil de douze lettres, l'auteur revient sur la genèse de son oeuvre majeure, explique certains de ses choix narratifs. Il se souvient aussi de son enfance, dans l'Ouest, enfance toujours en mouvement, entre un père bouillonnant, espérant faire fortune et une mère qui tentait de construire un foyer. Dans le tout premier texte de ce livre, « Lettres, bien trop tard », il s'adresse à sa mère, retrace sa vie, sa résignation, lui parle de ce qu'elle n'a pu connaître, des amis qu'elle n'a pas rencontré. Il veut qu'elle ait cette fois-ci la première place, et non son père, comme dans ses deux romans semi-autobiographiques. Dans « Trouver sa place : une enfance de migrant », il parlera à nouveau d'elle, des nombreux déménagements qu'elle a dû subir et, pour lui, des deux lieus de son enfance qui lui ont permis de se construire, parce qu'il y a vécu une certaine stabilité.
Bien sûr, ce ne sont pas les seuls sujets de ce livre. Il parle aussi de son amour pour le « monde sauvage » américain, de sa préservation nécessaire, comme dans « Au jardin d'Eden »et des capacités qu'a l'homme à faire plier la nature- parfois jusqu'à l'absurde, pour ne pas dire l'épuisement (« Frapper le rocher »). Il n'oublie pas les indiens, ou plutôt les tribus indiennes, et leur intégration (nécessaire ou pas ?) non dans la nature (c'est déjà fait) mais au sein de l'économie américain afin de faciliter leur développement – ou leur extinction. Il montre aussi leur très faible empathie, point qui n'est à ma connaissance jamais soulevé.
Certains pourront trouver les textes un peu redondants. J'ai cette habitude de mettre souvent à la place des râleurs qui vont lire le livre, et après, râler qu'on eût pu le leur recommander. Est-ce un tort de montrer que les ressources s'épuisent, que le gâchis est bien réel et que les politiques de protection de la nature peinent à se mettre en place ? Est-ce un tort de rappeler cette enfance toujours en mouvement, dans l'Ouest américain, et de nous faire partager les sensations, les émotions de ces années-là ? Pour ma part, j'ai vraiment beaucoup apprécié ce livre, et je le recommande à tous ceux qui veulent découvrir le Nature writing.
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« Mes souvenirs les plus précis correspondent à certains moments, à des révélations, des illuminations, dans lesquels le petit sauvage voluptueux que j'étais alors se trouvait face à face avec l'univers. Et clignait des yeux. »

Les souvenirs de l'auteur, dans l'Ouest américain du début du XXe siècle, sont les souvenirs d'une enfance en mouvement, mais aussi et surtout les souvenirs d'un territoire sauvage et fabuleux. L'impressionnante précision de ces souvenirs décrit d'une façon fascinante un paysage d'une autre époque et donne le rôle principal de cet ouvrage à la nature. On est, pour moi, pleinement et pour mon plus grand plaisir, dans le Nature Writing .

On se croirait parfois dans une lettre d'amour, une déclaration adressée à cette immensité déserte qu'est l'Ouest, une confession sur leur relation et les regrets associés, une suggestion sur l'avenir. plus consternant est peut-être le fait de réaliser que ce livre date de 1960 et partage des réflexions que l'humain ne semble toujours pas avoir intégrées depuis.

« Au lieu de nous adapter, comme nous avions commencé à le faire, nous avons tenté de faire correspondre la terre et le climat à nos habitudes et à nos désirs. Au lieu d'écouter le silence, nous avons hurlé dans le vide. Nous avons fait de l'Ouest aride ce qu'il ne fut jamais censé être et ne peut demeurer, le Jardin du Monde et le foyer de millions de personnes. »

Bref, j'ai aimé, vraiment beaucoup, et je le conseille à tous les adeptes de Nature Writing et d'écologie.
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Lettres pour le monde sauvage de Wallace Stegner a été une sacrée rencontre, avec ce mythe de la littérature de l'ouest américain. L'histoire d'une migration au début du XXe siècle, un enfant des Prairies du Dakota, vers le Saskatchewan au Canada. On assiste à la naissance d'une ville, celle de Whitemud qui n'est qu'un amas de planches. L'émergence du chemin de fer dans un paysage qui est encore un désert démographique, habité par les dernières colonies de chiens de prairie au monde. La ruée vers la propriété de gens qui cherchent une vie meilleure et à qui ont a promis le rêve (américain !). Wallace Stegner écrit la première lettre qui inaugure le livre à sa mère disparue il y a déjà 20 ans, alors qu'il en a lui-même quatre-vingts. On apprend des choses sur ce qui a inspiré La montagne en sucre, mais aussi l'ensemble de son oeuvre. C'est un très beau livre, émouvant, une réflexion sur la destruction de la nature, bien sûr mais aussi le combat de l'homme pour vivre dans ces endroits encore reculés et sauvages.



"Comme partout, les fondateurs de la ville arrivaient de tous horizons - agriculteurs, commerçants, flambeurs, squatteurs métis, cow-boys texans, colporteurs syriens et juifs, et cockneys tout droit sortis de l'Est End londonien. "



Il y a quelques allusions à de furturs écrivains prometteurs, comme Edward Abbey. 😎 Mais aussi à celui qui a grandement inspiré Wallace Stegner : Henry David Thoreau.

Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Âgé de 80 ans, l'auteur se livre à nous dans cette biographie témoignage qui est un véritable hommage à la nature.
Il revient sur son enfance, sa vie dans l'Ouest américain, ses souvenirs.
On y apprend beaucoup de choses sur le Montana et le Dakota de l'époque, ainsi que sur l'évolution de la société et des modes de vie.
J'ai malgré tout trouvé ce récit difficile d'approche dans le sens où il est écrit de manière très personnelle et ça a été pour moi assez difficile à suivre, pour pouvoir entrer dans le texte et s'en empreigner.
Certains passages étaient un peu trop confus.
J'aurais aimé quelque chose de plus littéraire, plus fluide et plus romancé.
Par contre, W. Stegner a su parfaitement nous transmettre son amour du monde sauvage, d'incroyables réflexions sur son pays et sur la nature en danger.
On sent bien son envie de se faire plaisir avec cet ouvrage en relatant ses souvenirs mais surtout en défendant ses valeurs les plus profondes.

▶️ Une ode à l'environnement et au monde sauvage !
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Un livre idéal pour faire un pas de côté dans la lecture de l'oeuvre de Wallace Stegner. Dans un mélange de récits brefs, de réflexions écologiques et de souvenirs autobiographiques, l'auteur nous dépeint les sentiments ambivalents des américains face à un pays et un paysage qui les dépasse, à la fois Eden, enfer, espace à domestiquer et soumettre ou possibilité d'une vraie vie sauvage à respecter.
On retrouve, racontés différemment, certains épisodes de la Montagne en sucre ou le souvenir de l'époque où il écrivit Une journée d'automne.

Dès la première "lettre", bouleversante, "Lettre, bien trop tard", il avoue son regret d'écrivain de n'avoir pas su restituer la vérité de sa mère, d'une bonté trop grande pour pouvoir être crédible en littérature.

Ce livre m'amène enfin à la question suivante : pourquoi est-ce que la littérature française aborde peu la question de la nature (sauvage) ? Une question d'échelle ?
Nous avons une littérature "du terroir" (pardon pour cette appellation probablement trop parisianno-centrée, mais le fait que nous n'en ayons pas d'autre est peut-être un début de réponse 😉), dans laquelle la "nature" est avant tout la campagne, domptée, domestiquée. Serge Joncour, avec Chien loup, avait raconté le lien à terre et au lieu sauvage autrement que par l'agriculture. Il suffit pourtant de se promener en France pour voir que de nombreux espaces ne sont pas ou plus faits pour l'humain.
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Toujours aussi vite proche de son lecteur, Wallace Stegner navigue entre les époques. Il nous fait partager son enfance de nomade à travers le Nord-Ouest des Etats Unis, tout autant que les prémisses de ce que nous vivons de façon aigüe cet été; nous devons considérer le monde sauvage et redéfinir la place, beaucoup trop invasive, de l'homme. Quelle actualité pour ces différents courriers écrits dans les années 80-90 ! Une lecture entre espoir et désespoir car ma génération n'a pas su l'entendre. Mais revigorante pour demain; nous percevons grandement cette alarme et nous commençons enfin à agir.
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