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sur 199 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ce livre avait — a priori — tout pour me plaire : un auteur d'une incroyable érudition, un humour omniprésent, un esprit particulièrement iconoclaste et novateur, une réflexion sur ses contemporains constamment épaissie d'un message à double entente d'un caractère grivois…

En somme, on m'avait parlé de chef-d'oeuvre, et je m'attendais à tel or… or… or, en ce qui me concerne, ce livre m'est tombé des mains — littéralement car je me suis endormie dessus à de nombreuses reprises — et c'est vraiment parce que j'étais très motivée que je suis allée au bout car, sans quoi et si j'avais été un tantinet moins maso, je me serais arrêtée bien avant son terme.

Ce sont des digressions à n'en plus finir, du parler pour ne rien dire, et volontairement en plus, des interpellations constantes du lecteur, une " performance ", au sens moderne du terme, du genre « vous voyez ce truc-là, eh bien moi je vous parie que je peux arriver à le casser ou à sauter par-dessus sans le toucher ». Et, en soi, les performances de ce type m'ennuient profondément.

Tiens, je vais essayer de vous trouver un parallèle, c'est un peu comme si, pour vous impressionner, un cuisinier décidait de réinventer la cuisine : « le plat chaud ? Eh bien je vais vous le faire froid. le dessert ? Eh bien on va commencer par ça et au lieu de vous le faire sucré, je vais vous le faire salé. Etc., etc. » Donc, performance, oui, peut-être, mais est-ce vraiment bon et digeste, là, permettez-moi de m'interroger.

Donc, Laurence Sterne n'en finit pas de déconstruire le roman, de dynamiter tous les codes, parfois jusqu'à l'illisible. D'une certaine façon, il est le James Joyce de son temps. L'art de la digression inutile y est porté à son paroxysme quasiment comme un credo et sera par la suite quelque peu imité par Diderot dans Jacques le fataliste.

En somme, voici un livre assez gros qui ne raconte rien de précis (bon ça, à la limite pourquoi pas), qui tourne tout à la dérision et au burlesque (pourquoi pas encore) avec des longueurs incommensurables en étrillant au passage deux ou trois connaissances de l'auteur vis-à-vis desquels il souhaite régler quelques comptes et les ridiculiser un peu à la façon De Voltaire (là encore, pourquoi pas). Mais je ne vois pas de cette fameuse profondeur dont on nous rebat les oreilles à chaque fois que l'on lit des commentateurs de cette oeuvre qui tous crient au chef-d'oeuvre, au monument incomparable de la littérature mondiale.

(L'argument, en général, lorsque vous n'avez pas apprécié un tel livre, c'est de dire que vous n'avez pas compris, que vous n'êtes pas assez subtile pour en percevoir tout le bon grain et le nectar, etc.) Bon, ce que je me dis, très modestement — les gens n'étant pas plus bête que ça — c'est que s'il s'agissait véritablement d'un chef-d'oeuvre, beaucoup plus de gens le lirait. Personnellement, je l'ai lu, avec un réel ennui très souvent, et n'en retire absolument aucune satisfaction particulière alors que je ne lis quasiment que des classiques et ne suis donc pas spécialement fermée aux livres anciens ni aux livres réputés " difficiles à lire ".

J'ai eu le sentiment que pendant tout l'ouvrage, Sterne jouait à " qui pisse le plus loin " histoire de nous prouver que LUI, il pouvait le faire. Personnellement, je serais tentée de lui répondre : « Et nous ? Est-ce que ça nous intéresse ? »

Pour ceux que cela motive tout de même, disons que le livre prétend être une autobiographie de Tristram Shandy, mais dont, finalement on n'apprendra presque rien, vous vous en doutez. L'épisode précédant sa naissance étant le plat principal. de ses opinions, bien évidemment, on ne saura à peu près rien non plus car l'essentiel tournera autour de son père et de son oncle (le frère du précédent). le père est une caricature du philosophe John Locke, et l'oncle Tobie est présenté comme ayant une toquade (un dada) à la Don Quichotte.

Lui, son truc, ce n'est pas la chevalerie errante, ce sont au contraire les très statiques sièges des villes pendant les guerres. Les références à Cervantès et Rabelais sont omniprésentes, mais l'on est loin, d'après moi, de l'engouement que peut susciter la lecture d'un Don Quichotte, par exemple.

Bref, à vous de voir si l'aventure shandéenne vous attire. Il y a quelques passages drôles, beaucoup d'autres longs, loooonnnnngggggssss, ennuyeux à souhait et gratuits à mes yeux. Bien entendu, le mieux était, est et sera toujours de s'en faire soi-même sa propre opinion et je ne prétends pas avoir des lumières particulières à propos de ce livre. Vous connaissez la suite…
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Ca a été un long chemin de croix pour moi, pourtant habitué des « pavés » mais dans ce chef d'oeuvre de Sterne (oui les cercles littéraires positionnent le « Tristram Shandy » de Sterne au même niveau que les oeuvres de Rabelais ou encore Cervantes) on assiste aux déboires et aux élucubrations passionnées des membres de la famille Shandy, de leurs amis, voisins et domestiques, dans des domaines aussi variés que l'obstétrique, la religion, l'amour ou l'art de la guerre. Pages après pages, on divague, on suit les digressions de l'auteur, certes érudites, humoristiques et parfois avec un réel intérêt philosophique ou encore culturel et sociologique mais on a du mal à suivre le fil de sa pensée. Pour cause il n'y en a pas vraiment.
En fait j'ai trouvé une citation de Kundera à propos de ce livre de Sterne qui est tellement vrai à mon sens que je l'ai reprise ici. Kundera évoquait ce livre ainsi : « Sterne renonce complètement à la "story" ; son roman n'est qu'une seule digression multipliée, un seul bal enjoué d'épisodes dont l'unité, délibérément fragile, drôlement fragile, n'est cousue que par des personnages originaux et leurs actions microscopiques dont la futilité prête à rire ».
Ce qui donne à Sterne et son oeuvre une place à part c'est bien cette singularité de l'écriture, tant dans la forme narrative que dans le fond. le narrateur nous interpelle parfois directement, nous lecteurs, quelle originalité au 18ème siècle. Sa publication a forcément eu un impact sur les générations suivantes d'écrivains, ayant un exemple d'écriture « libre », sans conformisme, aux antipodes des auteurs classiques de l'époques.
Dans mon édition (folio classique, d'Alexis Tadié) la préface de 50 pages donne un bon avant-goût des 900 pages suivantes. J'ai dû la relire plusieurs fois en cours de route pour, je dirais, me redonner courage et perspectives afin d'aller au bout de ce pensum. D'autres auront peut-être d'avantage apprécié le caractère si particulier de cette oeuvre. Bon courage aux prochains!
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