Publié en feuilleton dans un magazine écossais pour enfants, en 1881 et 1882, puis en volume en 1883,
L'île au trésor est le premier roman de son auteur, même si celui-ci peut faire valoir à son actif des articles, essais, récits de voyage, poèmes et nouvelles. L'oeuvre connaît rapidement le succès, qui ne s'est jamais démenti depuis, le livre étant rapidement devenu un grand classique de la littérature jeunesse et du roman d'aventure, au point qu'un certain nombre d'éléments qui y sont présents vont devenir des passages obligés de livres de pirates. La renommée de ce premier roman occultera quelque peu le reste de l'oeuvre de
Stevenson, très fournie, à l'exception du célèbre L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde.
Tout le monde connaît plus ou moins l'intrigue de
L'île au trésor. Un jeune garçon, Jim Hawkins en est le héros principal. Un étrange vieux marin s'installe dans l'auberge de ses parents, Billy Bones, terrorisant quelque peu les propriétaires ainsi que les autres clients. D'anciens compagnons sont à ses trousses, et l'angoisse s'installe dans l'auberge, à cause d'apparitions menaçantes, qui finiront par provoquer la mort de Billy Bones. Jim subtilise dans la malle de ce dernier une carte, celle d'un trésor enterré par le terrible capitaine Flint, décédé, mais dont l'ancien équipage recherche les richesses cachées qui sont légendaires. Une équipe, menée par le chevalier Trelawney et le docteur Livesey, à qui Jim a confié la carte, va se mettre en route pour chercher le trésor. le chevalier équipe un bateau, l'Hispaniola. Mais il est trop bavard, et les anciens pirates éventent son projet. Long John Silver, un ancien de l'équipage de Flint, gagne la confiance de Trelawney et lui fait embaucher sa bande. Jim découvre la conspiration en marche au bord du bateau, un peu par hasard et prévient Trelawney et Livesey. Les pirates ont besoin des talents du capitaine Smollett pour faire marcher le bateau et comptent donc se révolter uniquement sur le chemin du retour, après avoir trouvé le trésor. Arrivés dans l'île, l'exploration commence. Jim fait la connaissance de Ben Gunn, un ancien pirate, abandonné par ses pairs, et prêt à tout pour rentrer dans le droit chemin. Sa connaissance de l'île va devenir un atout décisif pour nos héros, qui devant les menées des pirates, se réfugient dans un ancien fortin, qui leur permet de tenir un siège. Un jeu terrible s'installe entre les pirates, supérieurs en nombre, et nos héros, moins nombreux mais plus intelligents et organisés. Sans oublier les initiatives et intuitions de Jim.
Le roman est à proprement parlé haletant : l'action ne s'arrête jamais, il y a des surprises, des découvertes, à chaque page. C'est d'une efficacité et d'une inventivité redoutables. Au-delà de l'aspect roman d'aventures, c'est aussi un roman d'apprentissage, la découverte du monde par un jeune garçon, de tous ses possibles, merveilleux et horribles. Il faut choisir un camp, mais les choses ne sont pas aussi simples qu'il y paraît : entre le capitaine Smolette, le devoir et l'honnêteté, et le charme de l'aventure, de tous les possibles, représenté par Silver, un doute peut exister. L'ordre social représenté par Trelawney et Livesey est contestable, il est au service des riches et établis, et laisse peu de possibilités à ceux qui ne le sont pas à avoir leur part. Jim navigue entre les deux : au final, il n'est pas issu d'un milieu privilégié, mais ses capacités, son courage, en font le personnage principal, celui qui va faire pencher la balance, et cela en se comportant d'une manière qui ne respecte pas les règles, ce qui le rapproche du monde des pirates. Assez étrangement, à la fin, où
Stevenson détaille comment les revenants ont utilisé leurs gains, ce qu'ils sont devenus, il ne précise pas ce qu'en a fait Jim, laissant ouvertes toutes les possibilités.
C'est vraiment un livre fabuleux, à découvrir jeune si possible, mais même plus tard, c'est un grand plaisir de lecture, et un objet qui peut s'analyser suivant différentes grilles de lectures, car sa construction, les personnages, et ce qu'il laisse entrapercevoir, est au final complexe. Sans oublier une écriture simple en apparence, mais en réalité très maîtrisée.