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Citations sur Voyage avec un âne dans les Cévennes (164)

Le monde extérieur de qui nous nous défendons dans nos demeures semblait somme toute un endroit délicieusement habitable. Chaque nuit, un lit y était préparé, eût-on dit, pour attendre l'homme dans les champs où Dieu tient maison ouverte. Je songeais que j'avais redécouvert une de ces vérités qui sont révélées aux sauvages et qui se dérobent aux économistes. Du moins, avais-je découvert pour moi une volupté nouvelle. Et pourtant, alors même que je m'exaltais dans ma solitude, je pris conscience d'un manque singulier. Je souhaitais une compagne qui s'allongerait près de moi au clair des étoiles, silencieuse et immobile, mais dont la main ne cesserait de toucher la mienne. Car il existe une camaraderie plus reposante même que la solitude et qui, bien comprise, est la solitude portée à son point de perfection. Et vivre à la belle étoile avec la femme que l'on aime est de toutes les vies la plus totale et la plus libre.
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Ce n’est pas toujours le croyant le plus débordant de foi qui fait l’apôtre le plus habile !
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J’ouvris alors une boîte de saucisses boulonnaises et cassai une tablette de chocolat. C’était là tout ce que j’avais à me mettre sous la dent. Voici qui peut sembler désagréable, pourtant je mangeai chocolat et saucisse ensemble, morceau après morceau, en manière de pain et de viande.
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L'auberge était encore une fois singulièrement dénuée de prétentions. Tout le mobilier de cette famille pas si mal lotie se trouvait dans la cuisine : les lits, le berceau, les vêtements, le vaisselier, le coffre à farine et la photographie du curé. Il y avait cinq enfants dont l'un fut mis à ses prières matinales au pied de l'escalier peu après mon arrivée et un sixième devait arriver avant longtemps.
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Alors, en un endroit où se groupaient plusieurs châtaigniers droits et florissants qui formaient îlot sur une terrasse, je fis ma toilette dans l'eau du Tarn. Elle était merveilleusement pure, froide à donner le frisson. Les bulles de savon s'évanouissaient comme par enchantement dans le courant rapide et les roches rondes toutes blanches y offraient un modèle de propreté. Me baigner dans une des rivières de Dieu en plein air, me paraît une sorte de cérémonie intime ou l'acte d'un culte demi païen. Barboter parmi les cuvettes dans une chambre peut sans doute nettoyer le corps, mais l'imagination n'a point de part à pareil lessivage. Je poursuivis mon chemin d'un cœur allègre
et pacifié et chantonnant en moi-même des psaumes rythmant ma marche.
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Je n'avais pas souvent éprouvé plus sereine possession de moi-même, ni senti plus d'indépendance à l'endroit des contingences matérielles. Le monde extérieur de qui nous nous défendons dans nos demeures semblait somme toute un endroit délicieuse ment habitable. Chaque nuit, un lit y était préparé, eût-on dit, pour attendre l'homme dans les champs où Dieu tient maison ouverte. Je songeais que j'avais redécouvert une de ces vérités qui sont révélées aux sauvages et qui se dérobent aux économistes. Du moins, avais-je découvert pour moi une volupté nouvelle. Et pourtant, alors même que je m'exaltais dans ma solitude, je pris conscience d'un manque singulier. Je souhaitais une compagne qui s'allongerait près de moi au clair des étoiles, silencieuse et immobile, mais dont la main ne cesserait de toucher la mienne. Car il existe une camaraderie plus reposante même que la solitude et qui, bien comprise, est la solitude portée à son point de perfection. Et vivre à la belle étoile avec la femme que l'on aime est de toutes les vies la plus totale et la plus libre.
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Je voulais atteindre le lac du Bouchet, où j'avais l'intention de camper, avant le coucher du soleil, et, pour n'en conserver que l'espoir, il me fallait immédiatement maltraiter cet animal résigné. Le bruit des coups que je lui administrais m'écoeurait. Une fois, tandis que je la regardais, elle me parut ressembler vaguement à une dame de ma connaissance qui m'avait autrefois accablé de ses bontés. Et cela ajouta au dégoût de ma cruauté.
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Si un campement n'est pas secret, ce n'est qu'un endroit de repos illusoire.
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Mieux vaut voir les choses largement et comprendre qu'en vérité et en esprit, quelque dogme qu'on adopte, le péché reste toujours le péché.
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"l'appel des routes"... Les chemins escarpés, l'odeur des pins au soleil couchant, les nuits passées à la belle étoile, les horizons sans fin... C'est le contact du monde dans sa proximité qui lui a permis de se transformer. Le jeune écrivain écossais n'est plus tout à fait le même quand il arrive à Saint-Jean-du-Gard et s'embarque dans la diligence vers Alès. On le sent apaisé, rempli d'un bonheur simple, heureux sans doute d'avoir tenu la distance et d'être habité par tant d'images fortes. Et l'on ne sait pas si l'"Adieu Modestine" ! qu'il adresse à son âne avec émotion au moment de la séparation n'est pas aussi l'adieu symbolique à une part de son âme qu'il laisse sur la terre des Cévennes. [ Mils Warolin / p. 16]
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