S'embarquer à pied sur les routes du Massif central du nord au sud en 1870, avec pour seul compagnon un âne et quelques affaires de fortune pour camper sommairement, reste un exploit que même de nos jours, il ne resterait pas si simple à réaliser. Car, qui connaît un peu les chemins de traverse, de la Haute-Loire, de la Lozère et du Haut-Gard, sait que ces sublimes contrées encore sauvages, ne sont pas une promenade de santé pour les randonneurs.
Mais revenons à Mister
Stevenson et à son périple de l'époque, où les chemins étaient malaisés, les forêts sombres et inquiétantes ressuscitant la légende de la bête du Gévaudan et tous ses fantasmes souvent injustifiés qui lui sont associés, les plateaux désertiques, inhospitaliers balayés par les vents, les hameaux tristes, habités par des gens dubitatifs ou méfiants envers l'étranger. Néanmoins, dans ce récit de voyage, l'auteur distingue deux mondes à ses yeux totalement différents pour de multiples raisons. Un versant nord, continental, froid, triste, venteux, ou les gens sont plus curieux qu'accueillant, et un versant sud méridional, chaud au décor méditerranéen, plus gai et où la population parait plus ouverte et altruiste envers les voyageurs. Pourquoi ce constat un peu partial ? N'oublions pas que l'auteur est écossais, habitué aux régions sauvages et froides de son pays, mais souffrant d'une maladie pulmonaire, il préfère les régions ensoleillées, salutaire pour son mal. Secundo, il est protestant et a été élevé dans l'esprit et la culture évangéliste, particularité qu'il retrouve avec bonheur chez les gens du sud du massif central et les Cévennes, au détriment de la partie nord qui elle, est majoritairement catholique. Alors
Stevenson est-il vraiment neutre dans son jugement ? On a peine à le croire, surtout qu'il a en plus une profonde compassion, pour les victimes protestantes persécutées et massacrées durant la guerre atroce des Camisards, qui s'est déroulée dans la région. Cependant, on pourra mettre au crédit de l'auteur, sa volonté de discuter avec tout le monde sur tous les sujets et une relative narration de la souffrance des catholiques, eux aussi victimes des exactions de protestants fanatiques.