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sur 808 notes
S'embarquer à pied sur les routes du Massif central du nord au sud en 1870, avec pour seul compagnon un âne et quelques affaires de fortune pour camper sommairement, reste un exploit que même de nos jours, il ne resterait pas si simple à réaliser. Car, qui connaît un peu les chemins de traverse, de la Haute-Loire, de la Lozère et du Haut-Gard, sait que ces sublimes contrées encore sauvages, ne sont pas une promenade de santé pour les randonneurs.
Mais revenons à Mister Stevenson et à son périple de l'époque, où les chemins étaient malaisés, les forêts sombres et inquiétantes ressuscitant la légende de la bête du Gévaudan et tous ses fantasmes souvent injustifiés qui lui sont associés, les plateaux désertiques, inhospitaliers balayés par les vents, les hameaux tristes, habités par des gens dubitatifs ou méfiants envers l'étranger. Néanmoins, dans ce récit de voyage, l'auteur distingue deux mondes à ses yeux totalement différents pour de multiples raisons. Un versant nord, continental, froid, triste, venteux, ou les gens sont plus curieux qu'accueillant, et un versant sud méridional, chaud au décor méditerranéen, plus gai et où la population parait plus ouverte et altruiste envers les voyageurs. Pourquoi ce constat un peu partial ? N'oublions pas que l'auteur est écossais, habitué aux régions sauvages et froides de son pays, mais souffrant d'une maladie pulmonaire, il préfère les régions ensoleillées, salutaire pour son mal. Secundo, il est protestant et a été élevé dans l'esprit et la culture évangéliste, particularité qu'il retrouve avec bonheur chez les gens du sud du massif central et les Cévennes, au détriment de la partie nord qui elle, est majoritairement catholique. Alors Stevenson est-il vraiment neutre dans son jugement ? On a peine à le croire, surtout qu'il a en plus une profonde compassion, pour les victimes protestantes persécutées et massacrées durant la guerre atroce des Camisards, qui s'est déroulée dans la région. Cependant, on pourra mettre au crédit de l'auteur, sa volonté de discuter avec tout le monde sur tous les sujets et une relative narration de la souffrance des catholiques, eux aussi victimes des exactions de protestants fanatiques.
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C'est en visionnant Antoinette dans les Cévennes, film de Caroline Vignal, que m'est revenu en tête ce titre de Robert Louis Stevenson. Longtemps, j'ai voulu m'y plonger, intriguée par un tel périple et par-dessus tout, de l'utilité de le raconter. L'intérêt n'y était franchement pas jusqu'à ce film…
La randonnée pédestre de Stevenson débute le 24 septembre 1878 dans la région montagneuse du Massif Central, pays de gorges, de causses, de rivières et de panoramas grandioses. Jusqu'au 4 octobre, il parcourt sentes, sentiers et routes, accompagné d'une ânesse achetée à un paysan et qu'il s'empresse de baptiser du charmant nom de Modestine. Couchant parfois à la belle étoile, parfois dans des dortoirs communs de petites auberges villageoises, Stevenson prend langue avec les habitants et c'est ce qui rend intéressant le récit, outre la description des paysages et des sites tous magnifiques, d'où une certaine redondance à ce niveau.
Du reste, un voyageur d'une telle trempe devait être assez rare à cette époque et dans cette région reculée, Stevenson faisant état d'un tracé de chemin de fer alors en cours d'élaboration. le calme des lieux traversés et l'impression d'être hors du temps sont parfaitement rendus dans ce récit fort bien écrit qui, de surcroît, contient quelques pépites historiques bien venues. Je recommande les deux : le film et le livre, dans une perspective différente mais complémentaire.
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Une fois n'est pas coutume, c'est le film de Caroline Vignal "Antoinette dans les Cévennes" qui m'a donné envie de lire le récit de voyage de Robert Louis Stevenson. On ne peut pas vraiment dire que les histoires se ressemblent même si j'ai passé un bon moment avec l'un et l'autre.
"Voyage avec un âne dans les Cévennes" est le journal de route des douze jours de randonnée que l'écrivain voyageur écossais a effectué en septembre 1878.
Il se rend en France au pays des camisards. J'ai appris à cette occasion que les camisards étaient des paysans et artisans protestants, qui se sont rebellés à partir de 1702 contre les autorités en réaction aux persécutions de leur foi religieuse.
Comme sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, la marche est propice à la réflexion, aux visites et aux rencontres. D'ailleurs, il est souvent question de religions, d'églises et de croyances dans ce récit.
Le périple de Stevenson va de Monastier sur Gazeille jusqu'à Saint Jean du Gard et comme il ne peut pas porter tout son paquetage, Modestine va l'accompagner dans les Cévennes. le baudet qui a son caractère est plutôt maltraité au début mais va vite devenir un compagnon de voyage. Ils dorment souvent à la belle étoile mais ne croisent pas la bête du Gévaudan heureusement.
Stevenson aime admirer le ciel de Lozère et je trouve ses descriptions très visuelles. Je comprends pourquoi ce récit est devenu un livre de randonneurs.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Challenge ABC 2022-2023
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J'avais une tendresse pour Modestine bien avant d'ouvrir ce livre (notre dame oiseau s'appelait ainsi il y a quelques années, du fait de son plumage gris et de son caractère réservé. Monsieur son mari, vantard et n'ayant pas froid aux yeux, avait hérité du nom de Stanley), mais je fus un peu déçue en commençant ma lecture par la consultation de la carte du parcours de Stevenson. A peine deux semaines de voyage ? Tout juste 230 kilomètres, parcourus du 22 septembre au 4 octobre 1878, en suivant la route du Monastier à Saint-Jean-du-Gard. Est-ce bien un voyage, ou tout au plus une promenade (connue aujourd'hui sous le nom de « chemin de Stevenson » et balisée du rouge et blanc caractéristique des sentiers de grande randonnée) ? Et pauvre Modestine, à laquelle Stevenson ne donne pas le beau rôle alors que sans son aide et sans sa patience envers son ânier pas même novice, notre randonneur ne serait pas allé bien loin… Mais cette injustice est finalement compensée par l'autodérision dont Stevenson ne se prive pas.
Ce livre est aussi l'occasion de descriptions intéressantes sur les paysages traversés, l'accueil souvent méfiant qui est reçu, et sur les évènements historiques marquants, en particulier la révolte des Camisards. Malgré son parti-pris de protestant écossais et cette étrange façon de lier les spécificités physiques d'une région avec le physique et la mentalité des habitants (une pratique courante à l'époque il est vrai), la lecture de ce petit ouvrage reste divertissante, et est un témoignage intéressant sur son époque et les mutations à venir.
Mes parties préférées sont probablement celles des descriptions des nuits à la belle étoile, qui m'ont donné envie de mettre mon sac sur mon dos et d'aller planter ma tente dans des bois qui n'existent probablement plus. Voyageur de son époque, intrépide sans jouer au héros, Stevenson n'a certes pas une plume merveilleuse (je me souviens que Dans les Mers du Sud m'était tombé des mains il y a quelques années, mais peut-être faudrait-il que je m'y essaie à nouveau) mais il met des fourmis dans les jambes, et c'est plutôt un bon critère pour mesurer la réussite d'un récit de voyage !
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Le récit d'un grand écrivain qui ne se prétend pas être un aventurier ou un explorateur. le roman d'un autre temps aussi, celui d'une société où l'on prenait le temps, où la communication était précieuse, pas étouffante. Un temps où la technologie n'avait pas tant réduit les distances et où les nouvelles rencontres étaient d'autant plus précieuses qu'elles étaient rares.
Si j'ai beaucoup apprécié le début de ce court roman et tout ce qui se rapportait directement au périple de Stevenson et Modestine, les nombreuses et longues digressions sur l'histoire régionale ont un peu modéré mon plaisir.
Un bon moment de lecture néanmoins, et une histoire qu'on ne peut que garder en mémoire.
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Nous avons marché quelques heures modestement sur un petit bout du chemin de Stevenson. J'avais cru pouvoir me dispenser de lire ce récit de voyage. Heureusement, j'ai eu la curiosité de lire quelques extraits et j'ai été séduite. J'ai donc emprunté le Voyage avec un âne dans les Cévennes, cette lecture me régale. Quelle belle surprise : un écrivain sympathique voyageant avec un âne que l'on aimerait accompagner dans sa route. Son récit est honnête, ses rencontres sont variées et il en témoigne avec beaucoup d'esprit. le style est admirable.
Ses descriptions fabuleuses me donnent envie d'aller plus loin sur ce chemin de Stevenson.
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Admirable auto-dérision (voir citation) d'un des premiers touristes modernes, qui sait à la fois nous rendre compte des aventures et mésaventures bien prosaïques du marcheur inexpérimenté, et à la fois nous faire ressentir la transformation intérieure profonde et inénarrable que ce type d'expérience induit chez celui qui la tente...
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En 1878, pendant quatorze jours, Robert Louis Stevenson va effectuer, en compagnie de Modestine son ânesse, un voyage à travers les Cévennes.

Si les débuts sont un chaotiques( apprivoiser un âne n'est pas une mince affaire) l'auteur parvient à comprendre l'animal et à se familiariser avec lui.

A travers ce récit évoque ses rencontres avec les habitants de cette région marquée par des conflits religieux et sa découverte d'une nature parfois inhospitalière mais toujours porteuse de surprises et de sensations nouvelles.

Si les évocations de nuits à la belle étoile sont très parlantes, ce qui marque le plus c'est l'identité de cette région traversée. Une identité forte qui porte les stigmates d'une histoire violente (la révolte des Camisards) et qui peut encore interroger le lecteur contemporain sur la tolérance religieuse.

La version numérique dont je disposais ne comportait pas de préface qui aurait été bien utile pour appréhender les épisodes historiques mentionnés plus haut. Ceci-dit, la lecture abordable a été aussi très instructive.
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Mea culpa, je n'avais jamais lu cet auteur hormis L'île aux trésors et j'avoue c'est le film "Antoinette dans les Cévennes" qui m'a donné envie....
J'imaginais un cheminement rempli de "zenitude" et une belle complicité âne/homme, or au début du récit l'auteur est plutôt énervé et la direction de l'âne ainsi que la confection du bât source d'exaspération.
J'ai bien aimé le passage décrivant sa rencontre et sa nuit passée chez les moines trappistes mais la suite du voyage est selon moi trop tournée vers la religion et les considérations entre le catholicisme et le protestantisme ainsi que sur les Camisards. Je pense qu'il sera plus aventureux de faire soi-même le chemin que lire le récit!
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R. l'Stevenson raconte dans cet ouvrage le voyage à pied qu'il a effectué au cours de l'"automne1878 à travers les Cévennes, plus précisément entre le Monestier et St-Martin du Gard.
L'auteur a alors 28 ans; sa compagne de route, censée le guider, est une ânesse qu'il prénomme Modestine, en référence à sa légendaire humilité, mais qui est aussi, Stevenson en fait l'expérience, plus ou moins docile et d'humeur souvent changeante.
Une belle écriture classique du XIXème siècle atteste du changement d'époque, alors même que les paysages et l'environnement sont restés presqu'inchangés; une opposition qui rend cette lecture pleine d'intérêt pour le lecteur contemporain qui connaît cette région..
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