Faut-il être nordiste pour avoir une raison de lire et d'apprécier ce livre? Sans doute. Mais il se lit d'une traite: du rentier collectionneur qui achète des tableaux contemporains parce qu'ils sont dans ses prix et qui demande un croquis à Picasso pour l'emporter à la guerre et se consoler de la bêtise humaine en le regardant, au chef d'entreprise fou d'art qui met des tableaux jusque dans sa salle de bain et ses toilettes, qu'il est rafraîchissant de lire l'histoire d'une collection exempte de tout désir de spéculation et d'enrichissement.
Quant à la construction du musée, elle vaut son pesant de cacahuètes: entre le président de la communauté urbaine bien décidé à souffler une opération de prestige à son meilleur ennemi
Pierre Mauroy, l'architecte visionnaire décidé à imposer ses choix, le donateur qui a lui aussi une idée très précise du bâtiment qui doit exposer les oeuvres dont il se sépare et le malheureux conservateur tentant désespérément d'obtenir des murs nus où accrocher les tableaux, la comédie est savoureuse.
Et elle se termine bien. le musée est bien là, les oeuvres et les visiteurs s'y sentent bien.