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EAN : 9791034400126
394 pages
Presses Universitaires de Strasbourg - PUS (11/12/2018)
5/5   3 notes
Résumé :
En aout 1943, des membres de la SS assassinèrent dans la chambre à gaz du camp de concentration de Natzweiler-Struthof, 29 femmes et 57 hommes, tous Juifs ou d'origine juive. Le commanditaire de ces meurtres était un institut de recherche, l'Ahnenerbe, qui probablement à des fins de propagande, voulait utiliser les squelettes des victimes pour enrichir la collection anthropologique de l'institut d'anatomie de la Reichsuniversität Strassburg, dirigé par le professeur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lire le livre de Hans-Joachim Lang, c'est aller à la rencontre de 86 personnes dont la vie a tourné au drame à cause d'une idéologie fanatique et scientifiquement totalement erronée.
Lire ce livre, c'est aussi réaliser les horreurs dont sont capables les hommes sous l'influence de cette même idéologie extrême.
Mais lire ce livre, c'est surtout découvrir la vie de ces 86 personnes, qui grâce à Hans-Joachim Lang ont retrouvé leur identité plus de 70 ans après avoir disparues!

En effet, l'auteur, homme persévérant, a mené une incroyable enquête pour identifier les corps des victimes retrouvées à l'institut d'anatomie de Strasbourg en 1944, refusant de les abandonner à l'oubli éternel voulu par les nazis.
Pour y parvenir, il a réalisé un vrai travail de fourmi, exigeant et minutieux en recoupant de nombreuses archives (Washington (USA), Auschwitz (Pologne), Yad Vashem (Jérusalem). Cela lui a permit -après une dizaine d'années de recherches- d'identifier ces personnes, de retrouver leur pays d'origine, et de leur redonner un souffle de vie -avec l'aide des familles- en écrivant leur vie dans : "Des noms derrière des numéros".
Car, oui, le premier objectif de ce livre, c'est bien cela : découvrir la vie de ces personnes, restées dans l'oubli bien trop longtemps et considérées comme "disparues à Auschwitz" par leurs familles.
D'ailleurs, quand l'auteur est allé à la rencontre des familles pour leur révéler ce qui était advenu de leur proche, il craignait un peu leurs réactions, il avait peur de rouvrit des blessures du passé. En réalité, il a été très bien accueilli. En effet, comment rouvrir une blessure qui n'a jamais été fermée?

Plus j'avance dans mes lectures et le visionnage de documentaires sur cette période noire de l'Histoire, plus je ne crois plus en RIEN - sauf en l'existence du Mal absolu! Heureusement Hans-Joachim Lang a mené ce travail d'identification, ce qui me laisse entrevoir une lueur d'humanité bienveillante. le focus n'est pas mit sur les bourreaux mais sur la vie de ces existences brisées. Alors, 86 fois MERCI à lui, et 86 fois MERCI à Babelio ainsi qu'aux Presses Universitaires de Strasbourg de m'avoir fait l'honneur de lire ce livre d'enquête exceptionnel, indispensable pour permettre aux (sur)vivants de panser leurs plaies,de mettre en lumière la vie de ces existences brisées et enfin de faire connaître cet "épisode" encore peu connu de notre histoire.

Pour connaître plus de détail de cette incroyable enquête, vous pouvez lire ce qui suit :
A la base de cette enquête : l'Ahnenerbe , centre de recherche scientifique créé par la SS en 1935 dont le but à l'origine était de découvrir et diffuser des preuves archéologiques des ancêtres Allemands. Pour eux, la race aryenne est la race supérieure, dont tous les autres peuples descendent par métissage et sont donc inférieurs.
Puis, une fois la guerre déclenchée, l'Ahnenerbe va mener des expériences scientifiques sur des humains pour de prétendues «études raciales». Car en effet, les nazis croient en l'existence de races qu'il serait possible de reconnaître grâce à des spécificités physiques.
Les camps de concentration constituent alors un vivier humain pour les chercheurs allemands qui y voient une occasion unique de mener des expériences et de créer une collection d'anatomie complète des races (coupes, cranes, squelettes), dont celle des juifs, considérée comme inférieure, et destinée à disparaître avec la mise en oeuvre de la solution finale. Pour créer un musée de la race disparue, la science nazie va alors cautionner la mort en laboratoire.

Après nous avoir présenté ces 86 personnes, l'auteur raconte ce qui s'est passé pour elles en 1943.
Ils ont été déportés puis sélectionnés par des anthropologues à Auschwitz, qui leur ont fait subir tout un tas de mesures physiques, ainsi que des prises de sang... Puis, pour ne pas "abîmer" les corps, les "scientifiques" décident de les transférer (le 30 juillet 1943) au camp de Natzweiler-Struthof (en France occupée) où ils seront gazés (en août 1943).
Enfin, les corps des victimes ainsi assassinées, rejoindront les sous-sols de l'Université de Strasbourg où oeuvre le "fameux" professeur Hirt chargé de constituer la collection du futur musée.

Novembre 44, c'est la libération de Strasbourg et c'est avec horreur que les américains découvrent dans les réserves de l'institution d'anatomie de Strasbourg les corps encore -pour partie- conservés dans des cuves. Si en 1946/47,des médecins allemands sont jugés et condamnés pour les expériences qu'ils ont mené pendant la guerre, beaucoup manquent à l'appel (fuites, suicides...). Les victimes, elles, uniquement identifiées par leur matricule restent sans nom, sans identités, pendant plus de 70 ans, les allemands ayant bien pris soin de détruire un maximum de documents permettant de les identifier.

Commence alors en 1995 (!!!)le long (et formidable) travail de Hans-Joachim Lang pour finalement leur restituer noms et vie. L'enquête est très intéressante et les recoupements de tous les documents qu'il a consulé et dont les sources viennent d'Amérique, Pologne et Jérusalem mettent en évidence l'immense détermination de Hans-Joachim Lang à sortir ces 86 personnes de l'oubli.

Merci pour eux, et pour ma part, sachez que j'ai été heureuse de les rencontrer (dans de bien tristes circonstances!).
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C'est un livre dense à l'écriture serrée qu'on ne peut lire que lentement. Un témoignage de l'innommable, celui de rendre un instant de vie à 86 victimes juives dont la vie s'est arrêtée brutalement et horriblement par la folie d'une époque et de médecins monstrueux.
Hans-Joachim Lang a fait un travail impressionnant pour retrouver ces noms, des traces de vie de ces personnes emmenés par ces trains de la mort. Leur vie d'avant, la famille c'est le premier chapitre, qui raconte des vies banales ou espérées qui vont basculer dans le drame. Après on découvre l'horreur, le but des nazis était de faire un musée pour exposer des Juifs morts. Comme dans ces musées de peuplades lointaines et anciennes où l'on pouvait en France ( peut?) voir des têtes momifiées. Là les médecins choisissent des gens en vie, sous divers critères, pour les tuer et récupérer leurs organes. Cette partie du livre est dure à découvrir. de nombreux noms et des explications précises ralentissent la lecture. Mais les faits sont exposés avec des détails pour mieux comprendre ce que souhaitent faire les nazis et surtout l'arrivée et le mise à mort de ces 86 victimes. C'est éprouvant et insupportable d'imaginer cette barbarie au nom de quoi?
Quelle folie pouvait inciter ces hommes à se comporter ainsi. Lecture éprouvante tant je découvre une page de l'histoire que je ne connaissais pas. L'auteur nous raconte leur agonie, les corps maltraités... Et Strasbourg complice de cette infamie.
Ensuite c'est le sauve qui peut quand en 1944 arrivent les alliés. de cette histoire je me souviendrais surtout de 2 noms parmi les bourreaux. L'anthropologue allemand Bruno Berger qui sélectionna les hommes et femmes pour la collection du professeur Hirt. Il mourut en 2009 à l'âge de 98 ans. Et Hirt anatomiste et criminel nazi. L'auteur nous en dresse de longs portraits.
L'ouvrage se termine par une brève biographie de ces "numéros" devenus des noms grâce à cette identification minutieuse. Après il faut gérer toutes ces informations. Illustrés de photos et de nombreuses notes ce travail de mémoire est phénoménale. Utile et nécessaire un livre important pour compléter l'histoire de la Shoah. J'ai été un peu perdue parfois par la minutie des détails. Une enquête glaçante mais l'ensemble est passionnant. Une sale époque tout de même avec des fous au pouvoir. Et il ne faut pas oublier ces victimes et leurs familles.

merci à Babelio et aux Presses Universitaires de Strasbourg pour cet envoi.
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Ce livre m'a été envoyé par Bebelio dans le cadre du Masse-critique. Ce fut un gros coup de coeur pour moi ❤️❤️❤️❤️❤️

Ce livre est une vraie pépite, l'auteur nous raconte une histoire terrible, mais son écriture simple et fluide, met cet ouvrage à la portée de tous. Ce qui est rarement le cas quand ceux-ci sont écrits par des historiens où des chercheurs. Et vu le nombre de livres que je lis sur la seconde guerre mondiale, sans publier mon avis, je peux pour une fois vous faire partager ma passion pour cette époque et je l'espère vous donner envie de découvrir Des Noms Derrière Des Numéros.

En 2004, l'auteur publie une première version de son roman, mais en 2007 il a pu consulter d'autres archives, jusque là inaccessibles et ceci est une réédition avec ces nouvelles découvertes.

Ce volume est le résultat des recherches de l'écrivain pour savoir quels étaient les noms des 86 corps trouvés dans des cuves, à l'université de Strasbourg à la fin de la guerre et dont le squelette de certains d'entre eux devait être exposés dans le Musée d'anatomie de cette ville.

Il faut savoir qu'avant l'auteur, il n'y avait eu aucune enquête, sauf par Serge Klarsfeld (mais sans les moyens d'aujourd'hui il n'a pas abouti) et que tout ces morts ont été enterrés sous une stèle qui ne mentionnait aucun nom, ce n'est que grâce au travail de l'écrivain qu'une nouvelle stèle a été érigée en 2005 avec tous les noms.

Cet ouvrage est partagé en plusieurs parties ce qui permet de mieux suivre le travail fourni par l'auteur .

Ensuite nous avons la liste complète des 86 noms avec leur date de naissance, le jour de leur déportation et ce texte qui revient comme une litanie sous chaque identité, mais que personnellement je n'ai pas pu m'empêcher de lire à chaque fois
" Déporté le 30 juillet au Camp De concentration de Natzweiler- Struthof en compagnie de 85 compagnons d'infortune. Il a été gazé le 16 ou 18 août (pour les hommes) le 11 ou 13 août (pour les femmes). Il (elle) avait * ans"
Pour ceux que cela intéresse voici le site de l'auteur www.die-namen-der-nummern.de
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ce spécialiste en science raciale voulait à tout prix prouver que les juifs formaient une race spécifique, reconnaissable immédiatement à des caractéristiques simplistes.
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La commémoration n'a pas le pouvoir de ressusciter qui que ce soit, mais, au moins, préserve-t-elle un souvenir vivant des personnes assassinées.
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