AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 538 notes
5
13 avis
4
12 avis
3
9 avis
2
3 avis
1
0 avis
Un début de réconciliation avec Theodore Sturgeon ?

Suite à quelques déconvenues avec cet auteur qui ne semblait pas me convenir, je me suis joint à Nadou38 et Srafina dans la lecture de Les plus qu'humains afin de lui redonner une chance. Eh bien l'expérience est concluante cette fois ; ce roman m'a certes bousculé avec ces situations sans concessions, mais au moins il ne m'a pas ennuyé.

Bousculé, je l'ai été par tous ces personnages marqués par la vie dès leur enfance. L'idiot est faible intellectuellement, Alexia et Evelyne sont éduquées par un père odieux aux règles d'une rigidité d'airain, Janie a une mère qui rêverait la voir disparaître. J'en passe. Certains d'entre eux, comme Gerry, reproduisent le modèle et font montre d'une cruauté et d'une absence de compassion crasses. Sturgeon ne nous épargne pas : maltraitance, injures, méchanceté gratuite, animosité, racisme. Prédateurs et proies, l'échantillon d'humains qu'il met en scène fait peine à lire. Il n'est pas tendre avec eux. Bien avant G.R.R. Martin, il peut nous faire aimer un personnage et l'éliminer littéralement d'un trait de plume.

Mais le style utilisé est épatant, si l'on y adhère comme moi. Dans les trois parties – qui pourraient être autant de nouvelles regroupées en fix-up – l'auteur nous plonge tout habillé dans la péripétie, sans nous réconforter avec des explications de contexte (Roger Zelazny emploie le même genre de technique). A chaque fois je me demandais où je me noyais. La première partie nous fait sauter d'un regard à un autre, de L'idiot à Evelyne à Janie et retour. On apprend à les connaître en supportant leurs avanies, comme si l'auteur voulait que l'on se mette dans leur peau (et ça ne donne pas vraiment envie). Mais ça marche pour qui manifeste un peu d'empathie. Les deux autres parties sont construites un peu sur le même système : on partage la découverte de soi de personnages qui ont oublié une grande partie de leur passé. L'histoire, ce sont leurs souvenirs qui reviennent, les deux fois selon une méthode différente particulièrement efficace.

Cependant le thème principal est la surhumanité. Theodore Sturgeon construit un être supérieur en « agrégeant » des humains comme autant de membres ou d'organes. Chaque « composant » a un don : télépathie, télékinésie, téléportation et a eu jusqu'ici une vie dont on ne rêvera pas. Cet agrégat a un composant « tête » qui dirige, pour peu que tous les composants l'accepte. Lors des meilleurs moments d'union, le tout est bien supérieur à la somme des parties, mais les composants ne sont pas décérébrés, ils ont encore une certaine individualité. Cela entraîne des instabilités dans cette nouvelle structure.
Le tout est de savoir comment ce « Plus qu'humain » doit réagir face à l'humanité. Dominer, comme elle en a les moyens, aller jusqu'à se comporter comme l'homme avec les fourmis, ou bien développer une « éthique », un comportement bienveillant permettant de vivre en bonne intelligence avec les hommes. Ce débat sera repris et rabâché dans les X-men (si, si !) avec Magneto qui est pour la domination et « la sélection naturelle » et le professeur Xavier pour la cohabitation. Mais Sturgeon offrait déjà une solution bien avant ses compères de comics. Et j'avoue que j'ai trouvé son analyse à base de morale et d'éthique convaincante. le seul point qu'il n'aborde pas, c'est la réaction de l'humanité découvrant l'existence de « l'homo gestalt ». A n'en pas douter peur et résolution de l'anéantir.

La fin m'a surpris. Je ne m'attendais vraiment pas à ce que l'auteur fasse jouer une telle corde. Les événements qui y amènent semblent parfois tirés par les cheveux. Janie a des actions aux antipodes de son attitude du début et ses motivations ne sont pas si claires : amour pour Hip mixé avec la volonté de remettre son « homo gestalt » sur de bons rails ? Hip conceptualise la morale et l'éthique en quelques minutes alors qu'il sort d'une très longue période de brumes. Bref, beaucoup de choses arrivent à point nommé.
Malgré ce chemin qui peut rendre perplexe, je l'accepte car cette fin ouvre certaines perspectives, et certaines fenêtres pour peut-être faire courant d'air.

Merci à mes deux compères de LC avec qui nous avons eu de riches discussions. Grâce à elles, il est donc possible que je tente un autre Sturgeon un de ces jours.
Commenter  J’apprécie          4211

Recueil de trois nouvelles écrit en 1953 par Théodore Sturgeon, il obtient l'International Fantasy Award en 1954.
L'idiot de la fable, Bébé a trois ans et La Morale constitue les trois parties de ce roman qui offre une continuité au niveau des personnages.
Bébé a trois ans a été écrit en 1952, les deux autres sont venus compléter l'histoire.
L'Idiot de la Fable c'est Tousseul, caractérisé comme un idiot congénital et analphabète, qui n'est pas si idiot que ça dans son domaine. Simplement il ne fonctionne pas comme tout un chacun, je pense que de nos jours on parlerait plus d'autisme. Il vit dans son monde, tout est incompréhensible pour lui dans le fonctionnement social. Il renaît quand il rencontre les autres êtres qui vont constituer l'homo-Gelstat en évolution par rapport à l'Homo-sapiens.
Cette première partie est la rencontre de ces personnages si particuliers et associaux. Il faut dire que la vie n'est pas tendre avec eux. Ce sont des laissés pour compte, abandonnés de la société dans laquelle ils vivent. Un fil ténu les relie et les fait se rencontrer pour trouver leur équilibre. Ils sont les membres d'un même corps.
Bébé a trois ans fait entrer le facteur psychanalyse dans l'histoire. Un certain Gérard Thompson consulte un psychiatre pour lui faire revivre un pan de son existence. C'est la survie de l'Homo-Gelstat qui est en cause.
La Morale fait suite obligatoire à la 2ème nouvelle. L'évolution de l'homme implique-t-il une nouvelle morale ou une nouvelle éthique. Un nouveau personnage apparaît qui met cette question en avant. Est-ce l'homme qui crée la morale ou la société dans laquelle il vit ?

Un roman original, l'auteur questionne sur le devenir de l'homme, son évolution mais aussi sur l'exclusion et la compréhension de la différence.
Une écriture adaptée aux personnages qui constituent la nouvelle. La 1ère partie emploie un langage haché, non structuré, nous sommes dans la tête de Tousseul l'idiot, et l'auteur emploie la 3ème personne pour s'exprimer.
Dans Bébé a trois ans c'est Gérard qui raconte, il a remplacé Tousseul et il a lui aussi de grandes aptitudes à manipuler les autres. On sent à travers les dialogues la violence et la haine qui l'habitent.
La dernière partie est plus difficile à appréhender, c'est un homme en totale perdition qui est à la recherche de son identité. C'est une longue introspection qui nous est contée..
En somme un livre très particulier. le style et l'écriture de l'auteur nous font ressentir un malaise ambiant, lié à l'étrangeté de tous ces êtres, Tousseul, Janie, les jumelles, Bébé et Gérard. Ils vont avec leurs différences créer une nouvelle évolution de l'humanité.
Je ne peux pas dire que j'ai vraiment aimé, je l'ai trouvé intéressant dans son étrangeté. Il y a aussi un facteur très important dans ce roman, c'est la solitude des personnages. Solitude individuelle mais aussi solitude d' l'Homo-Gelstat par rapport à la société.
En somme une lecture en demi-teinte que je suis très contente d'avoir effectuée avec Nadou et BazaR. On se sent moins seul n'est ce pas les amis surtout avec ce genre de livre. Merci à eux pour le partage.
Commenter  J’apprécie          348
Ayant beaucoup aimé « Cristal qui songe », j'ai voulu poursuivre la découverte de l'oeuvre de Théodore Sturgeon avec « Les plus qu'humains ». Mais j'avoue ne pas ressentir un aussi grand enthousiaste à la fin de cette lecture.

Les personnages qui portent ce roman sont tous atypiques car détiennent des capacités extraordinaires : une petite fille douée de télékinésie, des jumelles qui se téléportent, un homme et un garçon capables de télépathie ou encore un bébé doté de capacités de calculs exceptionnelles. Mais de part leurs différences, ces personnages sont en marge de la société, abandonnés ou maltraités.
Ils vont se croiser et constituer une petite communauté soudée et complice avec une complémentarité qui va les « transformer » en une entité surhumaine…

« Les plus qu'humains » est un recueil de 3 nouvelles, « L'Idiot de la Fable », « Bébé a 3 ans » et « La morale », publié en 1953. Ces nouvelles sont étroitement liées car on y retrouve la plupart des personnages et leur succession est chronologique.
L'ouvrage reçut l'International Fantasy Award en 1954.

L'auteur y met en avant l'humain, encore une fois, avec ce qu'il peut proposer de pire comme de meilleur. L'abandon, le racisme, le rejet du handicap ou encore la maltraitance sous toutes ses formes seront évoqués dans l'ouvrage mais combattus et repoussés par l'union, l'amitié et l'amour qui offrent un nouveau départ.

« -Demande à Bébé ce que c'est un ami ?
-Il répond que c'est quelqu'un qui vous aime encore quand il ne vous aime plus. »

Pour être honnête, je ne sais pas si j'ai aimé ce livre ou pas au final, je l'ai trouvé complexe et je ne suis pas certaine d'avoir tout saisi. Mais il est clair que Sturgeon a su m'accrocher dans son approche et sa narration, l'envie de savoir comment vont évoluer ces personnages.
Beaucoup d'interrogations aussi sur le côté psychanalyse qui y est traité. J'ai trouvé particulièrement intéressant les passages sur la distinction entre la morale et l'éthique.
Les échanges ont été actifs avec mes amis co-lecteurs Srafina et BazaR sur nos interprétations, surtout à la fin du roman. Je les en remercie au passage car ce fut bien agréable et enrichissant.

Challenge duo d'auteurs SFFF 2022 : Heinlein - Davoust - Age d'or de la SF
Commenter  J’apprécie          2920
J'avais lu ce roman il y a de nombreuses années.
J'ai relu également il y a peu « Cristal qui songe » du même écrivain.
J'avais été subjugué par la puissance du récit.
L'auteur n'a pas sa pareille pour parler de l'autre, des marges de l'humanité.

J'ai donc replongé.

Encore une fois la différence est au coeur du récit. Cette fois-ci le roman parle de l'émergence de nouveaux humains.
Des humains complémentaires qui forment ensemble autre chose, quelque chose de plus qu'humain.

« Les plus qu'humain » est tout aussi fascinant, mais un peu plus difficile d'accès que « Cristal qui songe ».
Il y a en effet trois parties :

la première voit une sorte d'embryon de « corps » se constituer
la seconde vous plonge tout à coup dans la psychanalyse d'un individu à la recherche de quelque chose d'enfoui. Qui est-il ?
Quel est le rapport avec la partie précédente ?
On ne raccroche les récits que tardivement et …
on bascule dans une troisième partie. Une des parties du « corps » aide un homme se remémore difficilement certains évènements troublants. Petit à petit la trame va apparaitre, mais au début on est un peu perdu.

Une structure un peu perturbante, mais

l'essentiel est la force de l'écriture. Theodore Strugeon n'a pas sa pareille pour décrire par petite touche tous ceux qui sont mis de côté par la société. Il a une manière bien a lui de décrire les liens forts entre « eux ».
C'est une peinture juste de « nous » qui les rejetons. Métaphore à peine voilée de notre monde qui rejette les moins qu'humains. Serons leur tendre enfin la main ? Theodore le pense et j'aimerais le croire.

Lien : https://post-tenebras-lire.n..
Commenter  J’apprécie          226
Auteur inconnu pour moi, mais qui fait partie des grands classiques de la littérature SF. Quand ce livre m'est tombé entre les mains, c'est le pitch qui m'a plu.
Et effectivement, l'histoire est assez sympa avec tous ces enfants vivant en marge de la société et qui possèdent des dons extraordinaires.
Ce qui m'a dérangée et je dirais même franchement déplu, c'est l'écriture. Attention, je ne dis pas qu'elle est mauvaise et loin de moi l'idée de dénigrer les qualités de l'auteur, c'est simplement que ça ne m'a pas accrochée.
Du coup, je ne suis jamais vraiment entrée dans ce livre qui pourtant m'attirait beaucoup au départ.
Pas grave, next !
Commenter  J’apprécie          180
La Gestalt inventée par Sturgeon est fascinante et fait froid dans le dos: comment allier une forte envie d'individualité et le fait d'être la partie d'un corps plus grand (un cerveau, un bras, une jambe)? Vingt-cinq ans après l'avoir lu pour la première fois (il y en eut beaucoup d'autres), cela me turlupine encore. J'aurais aimé une suite pour comprendre comment cette association disparate allait fonctionner sur le long terme.
Commenter  J’apprécie          180
Assez déçu par ce roman, après ma lecture enthousiaste de Cristal qui songe, du même auteur.

Là encore, une fable ou presque, des personnages atypiques et torturés, de la morale et des dilemmes.

Dans un décor de campagne et de petite ville qui n'est pas sans rappeler celui de Demain les chiens, de Simak, nous suivons une poignée d'enfants asociaux, bizarres ou dotés de pouvoirs psychiques.

Le récit s'étire sur une dizaine d'années et se divise en trois parties bien nettes de cent pages chacune. Trois actes, pourrait-on dire.

J'ai retrouvé ce style inimitable, cette plume toute en sensibilité, parfaitement taillée pour traiter des sujets fétiches de l'auteur. L'écriture est économe et le plus souvent agréable, parfois poétique. de nombreux effets la rendent spéciale et élégante, comme le recours aux ellipses. Ces effets sont parfois de trop et gênent la compréhension.

J'ai trouvé que l'écriture péchait surtout dans l'intrigue et la construction du récit.
Sur le découpage, rien à redire. La première partie présente l'ensemble des protagonistes. La suivante suit le point de vue (et le récit) d'un garçon. La troisième fait de même pour un autre garçon.
Mais que l'histoire est tortueuse !
La difficulté dans la première partie vient de ce que les différents personnages – et ils sont assez nombreux – nous sont présentés par bouts de séquences non homogènes en nombre, en taille et en forme. Chacune récit ressemble à une petite nouvelle et se lit plus ou moins aisément, mais rassembler le tout pour voir où l'auteur veut nous emmener est assez ardu. Enfin, bon an mal an, on arrive à lier le tout avant la fin de ce premier acte.
Les deux autres parties sont très différentes de la première, et étonnamment similaires entre elles dans la narration, puisque dans chacune on suit un jeune homme dont le récit nous est conté par l'entremise d'une séance de psychothérapie visant à lui faire retrouver la mémoire.
Je n'ai pas compris l'intérêt du procédé narratif. En l'occurrence je l'ai trouvé artificiel et inutile. Par contre, pour ce qui est de rendre la lecture fastidieuse et confuse, c'est gagné ! Non seulement les tranches de récit arrachées dans ces deux parties sont nombreuses, mais elles arrivent aussi dans un ordre pas toujours chronologique, avec des ruptures de temps. J'ai perdu le fil plus d'une fois. Maigre satisfaction : la conduite plutôt bien menée de ces séances psy (surtout celle de la seconde partie).
Globalement, je trouve les choix narratifs plutôt douteux, avec un résultat cher payé pour proposer quelques réponses en différé. D'autant que le suspense sonne souvent faux, avec l'usage récurrent de la technique « tourner autour du pot ».
Ces lacunes me rappellent un travers de l'auteur que j'avais observé dans la dernière partie de Cristal qui songe : la forte redondance du récit avec des personnages qui passent leur temps à raconter aux autres ce qu'ils ont vécu. Au moins dans cet autre roman, le récit restait parfaitement linéaire.


Ensuite il y a l'histoire proprement dite et les thèmes abordés. Et là aussi, j'ai été déçu.
Ça partait très bien je trouve, avec les premières intrigues qui posent bien l'ambiance, tragique.
Ensuite, on finit par comprendre le schéma, l'idée, avec cette poignée d'enfants rejetés qui vont s'unir à leur façon. Et tour à tour les parties 2 et 3 vont compléter le récit.
Mais au moment de refermer le livre, je ne suis pas certain d'avoir compris le message, ni même qu'il y en ait un précis. Cette lecture me laisse la sensation désagréable que l'auteur nous a embarqués dans les méandres de son imagination fertile sans scénario clair.

Le thème de l'équipe aux pouvoirs complémentaires est central (impossible de ne pas penser aux superhéros), mais, paradoxalement, il n'est jamais traité directement, comme si ce n'était pas le sujet principal (et en effet je ne crois pas que ce le soit). Il y a bien quelques séquences d'action – croustillantes d'ailleurs – mais vraiment, ce roman n'est pas le genre de divertissement surfant habituellement sur ce thème.

Le thème philosophique de la Gestalt mixé avec le thème de la nature de l'individu au sein de la société (on n'est pas loin du thème de la ruche), cela c'est la grande originalité du roman. L'auteur brode tant qu'il peut sur ce sujet. Et pourtant, j'ai eu le sentiment qu'il n'était pas allé au bout de son raisonnement. On a l'impression qu'il pose un concept, applique dessus quelques idées générales du type limites / perspectives, et c'est à peu près tout.

On retrouve le thème, cher à l'auteur, des personnages asociaux qui peinent tout au long de leur existence. Un aspect particulièrement réussi. Par contre, j'ai trouvé qu'il ne profitait pas vraiment de l'intrigue générale autour du thème du dépassement de l'humanité. La synergie entre les thèmes fonctionnait bien mieux dans Cristal qui songe.


Quant au dénouement, vite expédié, peu original et assez plat, il m'a laissé de marbre…


Le titre est bien trouvé. Avec sa polysémie, il rend parfaitement compte des thèmes traités par l'auteur : plus qu'humains grâce à leurs pouvoirs, plus qu'humains parce qu'en tant que Gestalt, ils les transcendent. Plus qu'humains car malgré leurs handicaps, ils vont chercher et réussir à s'élever, tandis que les humains pour la plupart les rejettent ou les exploitent.
Commenter  J’apprécie          1713
L'histoire :

Paru en 1953, ce classique de la science-fiction relève de la fable et non du space opera type Star Wars.

Le texte nous fait suivre l'évolution d'un groupe d'enfants, naufragés de la vie et pourtant individus exceptionnels puisque dotés chacun d'une spécificité. Janie, une gamine privée d'amour maternelle, pratique la télékinésie. Qualités plus terre à terre, elle manifeste aussi une bonne dose d'irrévérence en même temps qu'une belle vivacité d'esprit. Elle va se lier aux jumelles Beany et Bonnie qui peuvent disparaître et apparaître à volonté. Une complicité se créé ensuite autour de Bébé, un être mongoloïde qui fait preuve d'un génie tenant du prodige. Va se joindre à eux un idiot télépathe qui vivait seul, d'où son nom… Tousseul.

Ici, l'auteur qu'on qualifie aujourd'hui d'humaniste, ne fait pas une apologie bonasse de la différence mais rêve d'un corps social qui n'exclurait personne. Ce « corps », symbolisé par une entité supérieure bien « plus qu'humaine » donc, sera formé par ces cinq protagonistes : Bébé en commande le cerveau, Beany et Bonnie les membres, Janie le coeur et l'Idiot la conscience. Chaque membre comprend que sa vie est liée à celle des autres dans « un ensemble plus grand que la somme des parties ». Cette conception de la symbiose se veut ainsi l'idée-maîtresse du roman.

Autour des personnages principaux, on trouve aussi Alice Kew dont le père tyrannique – et qui a mal fini – l'a bousillée moralement avec ses principes rigoristes. Mademoiselle Kew a progressivement érigé un mur invisible qui la sépare du reste du monde. Son isolement à elle est d'ordre psychologique. Un concours de circonstances l'amènera à recueillir les enfants pour leur offrir un foyer. Autres personnages : Gerry qui, au cours d'une séance de psychanalyse, espère découvrir les raisons qui l'ont amené à tuer quelqu'un et enfin Hip Barrows, qui cherche à retrouver sa mémoire.

Mon avis :

Je dois préciser avoir en ma possession une édition ancienne traduite de l'américain et j'ajoute que je voue une très grande déférence envers tout travail de traduction. Dans le cas présent, loin de trouver certaines tournures de phrases vieillottes ou dépassées, j'estime au contraire que maintenir dans « son jus » une manière de voir dans un contexte donné est plus qu'appréciable.
Ceci étant, j'ai trouvé l'écriture rêche, elliptique et primitive. Ces trois mots balancés tels que ne mènent pas bien loin, c'est pourquoi voici quelques éclaircissements.
D'entrée de jeu, j'ai ressenti la rugosité de cette histoire. Je n'ai pas lutté mais disons que j'ai fait un léger effort de concentration pour pouvoir y rentrer. Effort récompensé au centuple car une fois dans le bain, le ressenti est comparable à celui d'une semaine de vacances...
Des situations arrivent de façon impromptue pour nous focaliser sur l'essentiel, cela sans affaiblir l'impact du propos. Là encore, les ellipses ne supposent pas forcément une préparation académique de haut niveau mais imposent néanmoins de recourir à ses capacités innées d'adaptation (sourire).
Enfin, par écriture primitive, j'entends pureté du style. Ce qui en l'occurrence permet de se fondre avec aisance dans l'atmosphère des lieux et la nature environnante, sauvage par certains aspects, qui nous renvoient tant à la dureté du monde qu'au rejet dont souffrent les individus hors-norme.
Au fil de ma progression, les aspérités de l'intrigue se sont aplanies comme si plusieurs corps de métier, du bûcheron à l'ébéniste, s'étaient unis pour façonner un morceau de bois brut, en tirer le meilleur parti et au bout du compte lui donner sa juste forme. Le livre en trois parties se clôt par un chapitre intitulé « La morale » qui donne tout son relief aux deux premières. Et, en lisant la ligne ultime, les contours d'une image en trois dimensions ont alors surgi sur ma rétine. Une vraie semaine de vacances !
Lien : http://scambiculturali.over-..
Commenter  J’apprécie          174
Il y a peu de temps, je découvrit ce grand écrivain avec la merveille Cristal qui songe devenue un véritable coup de coeur. C'est ainsi que je m'empressai de me procurer les plus qu'humains.

Écrit en 1953 sous le nom original de More than human. le livre est écrit en trois parties bien différentes, mais qui suit la même histoire. Les premières lignes donnent la note avec l'idiot comme personnage principal. L'idiot c'est le nom qui lui est donné. Il inspire la pitié, de sorte que l'être humain le rejette puisqu'il n'est pas comme les autres. L'idiot ne vit pas, il survit. Puis, en parallèle, un père qui se croit en être un bon, inhibe la vie ses filles. Il croit les protéger, mais les torture psychologiquement. Un jour, l'idiot s'approche et rencontre la fille.

Comme toujours, Theodore Sturgeon arrive a donner un regard critique sur l'être humain et ses monstres comme il aime le dire. Puisque ces personnes qui sont différentes sont qualifiés ainsi. L'idiot qui était un rejet de la civilisation devient petit à petit affectueux. J'ai appris à travers les lignes écrites à l'apprécier ainsi que les autres personnages qui le rejoindront. Cette première partie est vraiment très forte en émotion, on s'en prend plein la figure. Theodore Sturgeon c'est humainiste arrive même pointer du doigt le racisme.

La deuxième partie est déroutante. Déjà la narration change, passant de la troisième à la première personne. Cette fois-ci c'est un autre personnage qui se confit à un un psychiatre. Déroutant puisque ce n'est plus l'idiot, mais un autre. J'ai cru au début à une autre histoire, mais finalement, je retrouve avec plaisir les exclus. Si le roman s'était arrêté là, je l'aurai trouvé vraiment très bon, mais il y a une troisième partie. Cette dernière inspire la confusion, tout devient flou. L'auteur semble vouloir se justifier. Deux personnages arrivent et l'histoire m'a semblé plus difficile à comprendre.

Theodore Sturgeon, qui nous à quitté bien trop tôt, est un excellent écrivain. Cet humaniste ne cessera de vouloir plaider la cause des exclus. Il excelle également dans l'univers fantastique. Ce roman est vraiment très bon malgré sa troisième partie moins accessible. Je l'ai trouvé toutefois moins bon que le génial Cristal qui songe. Ma route ne s'arrêtera pas là avec ce grand Monsieur.
Commenter  J’apprécie          160
Theodore Sturgeon a été souvent encensé pour ce roman très ambitieux, paru en 1953. C’est de la SF, mais on est très loin du space opera; c’est plutôt une fable fantastique. C’est une folle perspective qui, en devenant réalité, peut bouleverser l’avenir de l’humanité. L’idée de l’auteur est géniale: des laissés-pour-compte, marginaux de la société, constituent ensemble une "Gestalt", c’est-à-dire un ensemble d’individus liés étroitement entre eux et vivant en symbiose: Janie a un don de télékinésie; les jumelles Beany et Bonnie ne cessent de se téléporter; Gerry, le "ganglion central", est télépathe: Bébé, un pur esprit qui ne deviendra jamais adulte, est le "cerveau"; Tousseul, un idiot (qui met en œuvre, incidemment, l’antigravité !) est la "tête". Ils vont expérimenter ensemble le fonctionnement de leur communauté dans la demeure de Mademoiselle Kew. Mais ensuite les choses vont se compliquer…

Très bon sujet ! Malheureusement, le livre pénible à lire. La première partie, centrée sur Tousseul, est laborieuse et assez glauque, sans doute pour faire ressentir au lecteur le flou existant dans l’esprit de l’idiot. Dans la seconde partie, Gerry se trouve consultant un psychiatre pour retrouver des souvenirs qu’il a refoulés; je la trouve réussie, même si la progression du récit semble aussi laborieuse qu'une séance de psychanalyse. La troisième partie, longue et confuse (le lecteur est pressé d’en finir, car il y a des dialogues sans fin !), me semble obscure: un nouveau protagoniste, nommé Hip, fait son apparition dans le récit; lui aussi, il cherche sa vérité, avec l’aide de Janie.
Mon impression générale, en refermant le livre, c’est que Theodore Sturgeon a rendu inutilement compliquée une histoire très originale, dont le sujet est a priori fascinant. Le souvenir que j'en garde est donc mitigé.
Commenter  J’apprécie          122




Lecteurs (1783) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4895 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}