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3,76

sur 882 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Conte philosophique somme toute assez classique, avec un peu plus d'humour grinçant que d'habitude. On n'a en tête que le voyage à Lilliput en tête, mais il y a le voyage au pays des géants, qui inverse un peu la situation, puis un ensemble de voyages un peu oubliables, et enfin un voyage au pays des chevaux parlants, où les humains sont des sortes de singes vicieux, sorte de caricatures d'hommes qui sont à l'image de la misanthropie croissante de l'auteur. La forme est très classique rappelle les lettres persanes, Candide, les Etats de la Lune et du Soleil et a pu être parodié par la suite par des auteurs modernes, comme dans le Baron Perché. le passage sur les chevaux parlants et les humains dégénérés est le plus intéressant à mon sens.
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Naufragé et abandonné, Gulliver se réveille et se retrouve sur Lilliput, une île habitée par de petits gens, dont la hauteur rend leurs combats ridicules. Ses rencontres ultérieures avec les géants brutaux de Brobdingnag, les philosophiques Houyhnhnms et les brutaux Yahoos, donnent à Gulliver de nouvelles perspectives amères sur le comportement humain. La satire sauvage de Swift voit l'humanité dans une galerie des glaces déformée comme une espèce diminuée, agrandie et finalement bestiale, nous présentant un reflet sans compromis de nous-mêmes.

Bien qu'il présente peu de résolutions ou d'idées d'amélioration, il fait un travail remarquable en exposant les problèmes qu'il considérait comme existant dans le monde du XVIIIe siècle, notamment en Angleterre.

Une série d'aventures dans divers mondes fictifs sert de toile de fond pour réprimander et se moquer de toutes les formes d'institutions, de philosophies et de groupes politiques, religieux et sociaux. Tout, depuis l'adhésion aveugle aux idéologies politiques ou aux dogmes religieux, l'intolérance idéologique, les divisions sociales arbitraires et même les aspects peu pratiques des explorations scientifiques effrénées de l'époque.
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Les voyages de Gulliver, comme son nom l'indique, raconte les voyages de Gulliver... Merci... au revoir !

Détaillons un peu plus quand même, cela en vaut la peine !
Il s'agit de 4 voyages au cours desquels le personnage va découvrir des sociétés différentes, ce qui permettra à son auteur à la fois de prendre du recul la condition humaine et d'autre part de critiquer la société anglaise des années 1700 dans laquelle Jonathan Swift et son personnage vivent.

Il s'agit d'aventures faciles à lire et plutôt amusantes, ce qui peut d'ailleurs faire croire à beaucoup de gens qu'il s'agit d'aventures pour enfants. Ce serait réduire considérablement l'ambition de toute cette oeuvre. Oui il existe bien plusieurs niveaux de lecture et il est possible d'adapter l'histoire de Gulliver pour les petits et ça leur plaira (le personnage a bien inspiré le nom d'une chaine de TV pour les enfants !), mais un adulte pourra y trouver une vraie satyre sociale, encore largement d'actualité car la nature humaine ne change pas en quelques siècles. La lecture peut être vécue un peu comme les voyages extraordinaires de Jules Verne et comme l'utopie de Thomas More, qui a visiblement inspiré l'idée de ce roman.

L'édition GF (Flammarion) est accompagnée d'une présentation (à lire avant et à relire après le roman) d'Alexis Tadié et de notes de fin d'ouvrage, qui sont bien utiles pour comprendre les références et l'implicite du texte car l'histoire est truffée d'allusions ou de sous-entendus ironiques faisant références à des évènements réels de l'Angleterre de l'époque. Mais le texte peut largement être compris sans eux, mais sans sa profondeur historique.

Au passage, j'en profite pour préciser que je souhaiterais que les éditions GF améliorent le confort de lecture de ses ouvrages en aérant davantage le texte (interlignes plus importantes, caractères plus gros, et conversion des notes de fin d'ouvrage en notes de bas de page).

Si j'ai bien compris l'intérêt de l'auteur, il s'agissait de faire croire à de réels voyages malgré le peu de crédibilité des faits racontés. Swift a utilisé tout un stratagème pour laisser penser à un vrai voyageur qui ferait publier ses écrits auprès d'un éditeur en passant par un cousin...(je vous laisse lire la présentation pour les détails). Il s'agissait d'une ruse pour critiquer durement la société d'où il vient sans (trop) en subir les conséquences (un peu comme la Fontaine avec ses fables animalières).

Absurdité, cynisme, ironie, raillerie...voici les 4 ingrédients principaux de ce texte avec lequel j'ai passé de bons moments. Je regrette que Swift n'ait pas écrit d'autres voyages, comme suite de cet ouvrage.

Alors que feriez vous si vous étiez...
- un géant parmi les liliputiens ?
- un nain parmi des géants ?
- sur une île volante ?
- parmi des fantômes de personnages historiques célèbres ?
- immortel
- dans une société où les chevaux sont civilisés et les humains ne le sont pas (Pierre Boule, avec la planète des singes reprendra cette idée plus tard)
- dans un pays où le mensonge n'existe pas ?
- ...
Gulliver lui l'a vécu, alors embarquez avec lui pour y voir ce qu'il en retourne !
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Les Voyages de Gulliver font partie des classiques dont j'ai souvent entendu parler mais que je n'avais jamais lus. J'y ai remédié après être tombé dessus par hasard à la bibliothèque. Je n'avais pas du tout en tête cette structure en quatre parties : le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer.
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Paru en 1726, lorsque son auteur a près de 60 ans, ce livre est en quelque sorte la somme de Swift, qui a derrière lui une longue carrière, à la fois d'auteur, surtout pamphlétaire et polémiste, mais aussi politique, mettant sa plume au service de whigs puis de tories.

Les inspirations et sources des Voyages sont nombreuses et reflètent la culture et les goûts de Swift et celles d'une époque : les Mille et une nuits, Lucien de Samosate, Rabelais, Cyrano de Bergerac…. On pourrait les égrener longtemps, et chacun au détour d'un passage pourra trouver des références et des réminiscences. Mais de tous ces matériaux composites, Swift fait une oeuvre originale, d'une grande inventivité et où une ironie féroce est presque toujours présente.

Le livre se compose de quatre parties, chaque partie correspond à un voyage de Gulliver, selon toujours le même schéma. Gulliver se laisse entraîner à faire un voyage, plein de dangers et de péripéties, dont il revient jusque dans son foyer familial, mais une nouvelle occasion de partir se présente, à laquelle le personnage ne résiste pas, un peu comme Sindbad.

Le premier voyage fait arriver Gulliver à l'île de Liliput, dont les habitants sont de toute petite taille, et où notre héros fait figure de géant. Capturé pendant son sommeil, il arrive à gagner une certaine liberté, en se rendant utile, en particulier dans la guerre que les Lilliputiens mènent contre l'île rivale de Blefuscu. Son séjour à la cour de Lilluput permet à Swift une satire impitoyable des intrigues de cour, des appétits individuels qui s'en donnent à coeur joie contre les intérêts du pays, des mesquineries et ambitions. de même il met en évidence la déraison des guerres meurtrières et absurdes, comme celle qui a cours entre la France et l'Angleterre à son époque, parodiées en Blefuscu et Lilliput.

Le deuxième voyage de Gulliver le mènera à Brobdingnag, le pays des géants, il deviendra à son tour moins qu'un nain. Tentant de mettre en valeur son pays d'origine, ses institutions, il ne ferra que démontrer leur corruption et l'absurdité, mises à nue par les géants, dont les jugements sains et de bon sens, démontent toutes les failles de la société anglaise, opposée à la société paisible et juste des géants, qui malgré leur force n'ont rien de belliqueux, et ne sont pas désireux de dominer et d'écraser les autres.

Le troisième voyage est le plus disparate. Nous faisons d'abord connaissance avec l'île volante de Laputa, où la science et les savants dominent la société. Mais une science poussée à l'absurde, totalement coupée de la réalité, qui fait construire des maisons de travers, et appliquer au quotidien des techniques inefficaces et contre-productives. Une science qui sert aussi à une domination politique impitoyable : l'île volante peut détruire les villes installées au sol, la population est donc soumise à la toute puissance et aux exigences de Laputa. Swift parodie un certain nombre de savants d'une manière mordante. Il rencontre ensuite dans l'île de Struldbruggs des immortels, mais découvre que s'ils ne meurent pas, ils vieillissent, et que ce qu'il prenait comme le plus grand de bienfait, se révèle la pire situation possible. Il réussit enfin à rentre chez lui en passant par le Japon.

Son dernier voyage l'amène en fin de compte chez les Houyhnhnms, des chevaux intelligents, qui mènent une vie sage. Ce sont les hommes, les Yahoos,créatures stupides, agressives, qui cumulent tous les défauts possibles, qui sont les animaux dans ce monde. Gulliver tente bien de persuader les Houyhnhnms des différences qui existent entre les hommes de son monde et les Yahoos, mais plus il décrit les réalités de l'Angleterre de son époque, et plus les Houyhnhnms trouvent des similitudes entre les deux populations. Les Yahoos sont une sorte de vision déformée de l'homme, dans laquelle tous les défauts du genre humain sont grossis. Un être humain d'après la chute, et qui visiblement ne peut être racheté, au point que Gulliver, mis à la porte de ce qu'il considère comme une sorte de paradis (pays des Houyhnhnms) revient en détestant les hommes, ne pouvant les supporter, y compris les membres de sa propre famille.

C'est donc une vision très sombre de l'homme que donne ce livre. On peut d'ailleurs s'étonner de son statut de livre destiné aux jeunes lecteurs, compte tenu de sa complexité et de sa noirceur. Cela est sans doute du à la riche imagination de Swift, aux images à laquelle il donne vie, celles des Lilliputiens, de l'île volante etc. Et aussi malgré tout à l'humour, qui n'est jamais absent, la misanthropie finale de son personnage principal étant aussi ridicule que les travers humains que les chevaux intelligents mettent à jour, Gulliver n'étant plus capable de voir ses congénères que de ce point de vue, ce qui montre les limites du personnage.

Un classique incontournable, à relire à l'âge adulte.
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Edité en 1965 dans la collection super 1000, avec une adaptation de Claude Radeval, ce vieux texte, publié en 1721 par Swift, devenait plus accessible aux jeunes. Je l'ai donc lu vers 12 ans et j'en garde un bon souvenir; bien sûr au XXIème siècle, nous avons des ouvrages de science-fiction plus élaborés et plus spectaculaires, mais je crois qu'il garde encore de l'intérêt aujourd'hui.

Je viens d'ailleurs reprendre cette lecture et j'y trouve toute la richesse philosophique de l'auteur qui passe au-dessus de l'adolescent que j'étais en quête de science-fiction et d'aventure.

Le parallèle avec Micromégas et d'autres oeuvres voltairiennes est inévitable. Les contemporains de l'auteur ne sont pas plus épargnés que ceux De Voltaire mais, ici, le style britannique apporte des nuances goûteuses différentes de la prose De Voltaire.

L'histoire de Gulliver est teintée des nuances apportées tant par les perceptions du héros lui-même que par celles des habitants de Lilliput. Et celles-ci vont se confronter au point que le héros finit par perdre en quelque sorte son identité et qu'il se réfugie dans la misanthropie.
La relation de Gulliver avec les lilliputiens le met face à ses convictions, l'amène à une réflexion sur ses semblables qui reste d'actualité quatre siècles plus tard.

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Rien d'étonnant à ce que l'on connaisse surtout les deux premiers voyages de Gulliver, qui exaltent les vertus de leur héros bien humain : à Lilliput, « l'homme-montagne » impose rapidement sa force et sa sagacité (tandis que le petit peuple qui l'accueille guerroie pour prouver la supériorité de l'oeuf dur écalé par le petit bout plutôt que le gros) ; à Brobdingnag, le minuscule Gulliver est choyé par des géants débonnaires et même si son séjour se termine sur une humiliation sans équivoque, du moins le lecteur peut-il penser que seuls les Anglais, et non les hommes en général, sont concernés par les insultes assassines lancées par le Roi. de fait, l'Irlandais qu'est Swift tape à coups redoublés sur la puissance coloniale qui opprime son pays. Il imagine d'ailleurs l'île de Laputa capable de se maintenir dans les airs au grand dam du territoire qu'elle survole et menace. Jusque là, l'auteur apparaît donc comme un homme des Lumières, humaniste persifflant l'intégrisme religieux et la violence étatique, prônant la justice et la tempérance à grand renfort d'humour pipi-caca. D'ailleurs le nom de son héros résume le programme du conte philosophique cher à Voltaire: « gull », verlan de « lüg », mentir (en allemand), « y » pour et (en espagnol), « ver » pour « vera », choses vraies (en latin); soit mensonge et vérité, la fiction au service de la réflexion.
Le voyage à Balnibardi étonne un peu : l'auteur s'en prend aux savants et aux intellectuels qui manqueraient de bon sens. Mais c'est surtout le pays des Houyhnhnms qui fait sortir les « Voyages » de l'optimisme de combat des Lumières pour le pessimisme radical d'un Pascal: l'être humain y est dépeint comme une brute dégénérée, aussi laide que méchante. Quant aux Houyhnhnms, magnifiques et rationnels chevaux, ils sont d'autant plus aptes à la sagesse qu'ils sont dénués de toute affectivité. Chassé de ce qu'il considère comme un paradis, Gulliver rentre chez lui en haïssant le genre humain, incapable même de supporter la vue de sa femme et de ses enfants.
L'individu qui, fils de Gargantua et de Pantagruel, débarqua à Lilliput, renonce finalement et aux voyages et à l'espoir. L'homme, misérable engeance, est incapable de se reformer et doit son sort moins à des préjugés qu'il conviendrait de combattre qu'aux vices qui lui sont inhérents. Telle est la triste morale que l'épilogue semble transmettre.
Mais avec Swift, sait-on jamais ? Un auteur capable d'exhorter les Anglais à manger les enfants irlandais pour éradiquer la famine ne devrait jamais être lu au premier degré. Et son Gulliver aigri et misanthrope n'est-il pas la meilleure façon de nous pousser à aimer nos semblables ?
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Dans la série "les classiques pour enfants que je n'avais jamais lus", j'ai fini il y a quelques jours Les Voyages de Gulliver !

J'entendais souvent des références au Lilliputiens et voyais régulièrement cette image d'un humain ligoté allongé au sol par ces petits êtres, mais je n'avais encore jamais lu cette aventure.

La belle surprise ce fut de découvrir qu'il arrive d'autres aventures à notre héros.
Cependant, ce que je ne savais pas, c'est que cet exotisme, ce fantastique, est en fait assez marginal et ne sert en réalité à l'auteur qu'à se mettre hors-contexte afin de pouvoir librement critiquer la société de son époque : en effet, l'histoire passe souvent à l'arrière plan derrière un pamphlet politique omniprésent.
Je ne le savais pas, et comme je voulais lire un roman d'aventures, j'ai forcément été contrarié.

Par contre, force est de constater que je trouve son analyse très bonne, et en plus de contenir des paragraphes franchement bien envoyés, il faut dire que nombres d'entres eux restent tout à fait d'actualité !
Un bon nombre de 'notables' feraient bien de le relire, ça leur remettrait les idées en place !
A leur lecture, je me suis plusieurs fois demandé comment est-ce que l'auteur avait eu le courage, et le culot, de publier une telle satyre ! Il s'est sans aucun doute exposé. Chapeau à lui !

Une sacrée découverte !
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Comment gérer la différence quand on se retrouve loin de chez soi et que les habitants du pays dans lequel vous débarquez ressemblent à des lutins, pas toujours farceurs même s'ils vous enchaînent pensant se protéger; là n'est qu'un pan de ces histoires vécues par Gulliver mais que l'on suit avec impatience, en attendant toujours plus de mystère, d'héroïsme.
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Attention, On est très loin de l'histoire pour enfants !!
Une redécouverte aussi étonnante que déconcertante. Ecrit au début du xviii s, ce livre reprend successivement les quatre voyages de Gulliver jeune chirurgien puis capitaine dans 4 pays complètement différents et fictifs. Ce roman a priori d'aventure n'est qu'une grande dénonciation du système anglais de l'époque et de ses actions contre l'Irlande notamment . Mais le texte est très intéressant, on ne s'ennuit pas du tout, c'est incisif, ironique, c'est drôle et cynique. A noter que ce livre a été publié anonymement, on comprend facilement avec les risques encourus ... Swift nous prévient ... Il n'est pas là pour divertir le lecteur, il est là pour l'instruire. le ton est donné!
Une très très belle découverte
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