(Critique de la série)
Je les ai lus il y a quelques années, à la bibliothèque, et je suis aussitôt tombée sous le charme de cette drôle de bande de potes, à la fois solidaire et complexe. Oui, pour moi, orange, c'est avant tout ses 6 protagonistes, ces filles et ces garçons qui nous font rire, sourire, pleurer, qui nous ressemblent, qui nous questionnent. le côté romance, voyage dans le temps, c'est secondaire à mes yeux. le souvenir principal que je me fais de la lecture de ce manga, ce sont les relations qui unissent les protagonistes les uns aux autres, leurs moments de complicité, de regrets, de joie, de peur. Une belle ode aux années lycéennes, aux groupes de potes et à l'insouciance de la jeunesse. Pourtant, orange, c'est loin d'être cucul ou plein de bons sentiments. C'est tout de même plutôt subtil dans son traitement de l'amitié, de l'amour, du soutien, du rejet. C'est aussi dur. Car le personnage de Kakeru est assez extrême, dans sa joie comme dans ses moments plus sombres ainsi que certains sujets abordés (dépression, deuil, suicide, rejet social…).
Puisqu'on en est aux personnages, parlons de Naho, notre héroïne. C'est une fille bienveillante, qui vit tranquillement entourée de ses meilleurs amis : deux filles et deux garçons. Puis arrive le nouveau, un brun un poil taciturne, mais capable aussi de s'ouvrir. Et arrive ce qui devait arriver : love in the air. Bref, on passe rapidement cette partie pour aller à l'élément déclencheur des « péripéties » d'orange : la lettre de Naho du futur. Ce côté fantastique (fantastique, car, même si on a des « explications', ça reste hyper flou et c'est compliqué d'expliquer l'origine de la lettre) est mis en arrière plan au profit du présent, des défis personnels que se lancent les personnages… et ce n'est pas gênant. Car l'objectif initial d'orange est de parler de sujets plus importants : est-il possible de sauver quelqu'un qui n'est pas certain de vouloir être sauvé ? Peut-on aimer plusieurs personnes ? Est-ce si facile de se sacrifier pour faire le bonheur de l'autre ? Ces questionnements peuvent paraître bateau, mais ils sont tellement bien traités dans orange, de manière différente et juste, que c'en est agréable à suivre, même moi qui suis pas fan des romances shôjo. D'ailleurs, la romance entre Naho et Kakeru est ultra classique et la mangaka ne cherche pas spécialement à le cacher… sauf que cette romance est polluée par les pensées sombres de Kakeru, par les remords de Naho qui doit aussi gérer la lettre envoyée par son soi du futur… Une histoire aux facettes multiples, dont la complexité vient aussi dans ses personnages secondaires : tous les membres du groupe d'amis sont intéressants, chacun a son petit quelque chose et, même si c'est assez vu et revu, ça les rend attachants. J'ai d'ailleurs un gros coup de coeur pour Suwa, qui est mon bébou attitré de l'univers, et qui est clairement l'un des personnages les plus sympas que j'ai pu croiser, que ce soit pour son altruisme, son charisme ou sa cool-attitude (marry-me please). Il m'a d'ailleurs arraché une larmichette en étant l'un des amis les plus formidables que j'ai pu voir dans un bouquin.
Côté histoire, c'est vraiment crescendo, avec un début plutôt lent et informationnel, qui nous présente les personnages, les enjeux, la lettre… Puis les pages s'enchaînent, la lecture est de plus en plus fluide et happante, notre souffle se crispe jusqu'au final… le doute sur la réussite des personnages est bien maintenu, on se questionne jusqu'aux dernières pages. J'ai trouvé que le rythme était bien géré, grâce au système de lettres, grâce aux visions « du futur », des moments de calme avant/après la tempête.
Pour le dessin, si le premier tome est parfois un peu maladroit, la suite est très bien maîtrisée : j'adore la façon dont les visages s'expriment. C'est subtil, fin, il faut bien observer la direction du regard, la courbe du sourire, la position des membres… Ça reste du shôjo en termes de trames et de fonds, donc assez clair, simple, agrémenté d'effets de lumières et graphiques. Puis, on en parle de ces couvertures ? Elles sont trop belles.
Pour conclure, je parle rapidement du T6, tome bonus centré sur Suwa et Naho à l'université. Étant très attachée à Suwa, j'ai évidemment bien apprécié ce tome, qui me semblait plus mélancolique et « adulte » que la série de base. C'est expliqué en partie par l'âge des personnages, qui sont devenus jeunes adultes, mais aussi par les difficultés rencontrées à nous un lien fort et pérenne malgré les événements passés… Naho m'a bien plu dans ce tome, à ma propre surprise ; pas que je l'aimais pas, mais elle m'a étonnée et convaincue dans ses agissements du T6. J'ai trouvé son parcours auprès de Suwa touchant et juste, où ses choix sont judicieusement mûris.
Si vous hésitez à vous lancer dans orange, dites-vous que c'est seulement 5 tomes, que c'est une jolie exploration de l'amitié, que c'est pas niais et que c'est super fluide à lire !
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