AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,72

sur 54 notes
5
5 avis
4
5 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
28/03/1871: Dix jours après l'insurrection, la Commune de Paris est officiellement déclarée. Vive la Commune!
Ce furent la misère du peuple et les conditions de vie et du travail des enfants qui embrasèrent Paris et menèrent à l'insurrection...

Louise Michel (enseignante, poétesse, journaliste, féministe, militante anarchiste...) est au devant de la scène, avec ce foulard rouge qui préfigure l'élan communiste...
Elle fut aussi la première à arborer le drapeau noir des anarchistes!

Le 16 avril, décret de la Commune:
Le personnel religieux est chassé des hôpitaux et des écoles, et remplacé par des laïques...
Le comité de vigilance des citoyennes demande le pouvoir immédiat de réquisitionner les maisons abandonnées, afin d'y loger les citoyens sans abri et de leur permettre de nourrir leurs enfants.

Louise Michel harangue le peuple, lors des rassemblements:
-" Travailleurs, nous sommes en guerre, en guerre contre les parasites et les exploiteurs. Les riches sont un autre mal de notre société, eux qui ne font que boire et s'amuser.
Le mariage, citoyennes, est la plus grande erreur de l'humanité. Être mariée, c'est être réduite en esclavage!"

Louise Michel n'avait peur de rien: rue Peyronnet, elle joue de l'orgue dans l'église abandonnée, attirant les obus sur la barricade... Mais, elle devra se rendre pour faire libérer sa mère, arrêtée à sa place.

Ensuite, ce sera la déportation, en Nouvelle Calédonie... pour celle à qui Victor Hugo rendit hommage !
Il la dépeint comme "Judith, la sombre juive" et "Aria la romaine", dans le poème "Viro major."

" Les femmes, surtout, sont le bétail humain, qu'on écrase et qu'on vend. Notre place, dans l'humanité ne doit pas être mendié, mais prise!" Louise Michel, Mémoires.
Commenter  J’apprécie          819
Une Bd à posséder. Très bien documenté, le récit est prenant. le graphisme est principalement un travail du noir (belle maîtrise), agrémenté de rouge. Les notes permettent un éclairage supplémentaire sur les contemporains de Louise Michel. Et ça donne envie de lire les oeuvres de Louise Michel ! Bravo aux auteurs.
Commenter  J’apprécie          160
On connait Louise Michel comme une icône de la Commune de Paris. Ce qu'elle est, évidemment ; en même temps qu'une battante, une guerrière. On sait moins qu'elle a continué à militer lorsqu'elle est revenue du bagne en Nouvelle-Calédonie, où là aussi elle s'est opposée à la puissance colonisatrice (son pays, donc), a rencontré et a appris à connaitre et comprendre les Kanaks. Puis les Algériens emprisonnés avec elle. Sans hésiter à s'opposer aux autres blancs en exil forcé, dont le racisme lui était insupportable. Une battante jusqu'à la fin de sa vie.
Le graphisme est vraiment très beau. L'album est en noir et blanc, avec des touches de rouge (socialiste, bien évidemment).
C'est très prenant, très instructif et sans démystifier le personnage, nous fait entrer dans sa pensée et ses combats. Elle aura droit à des obsèques nationales, à la fin.

Challenge BD 2020
Commenter  J’apprécie          110
Ce tome content une histoire complète indépendante de toute autre. Sa parution initiale en version originale date de 2016. Il a été réalisé par Mary M. Talbot (scénario) et Bryan Talbot (narration & dessins). Il s'agit d'une bande dessinée majoritairement en noir & blanc avec des nuances de gris, avec une utilisation ponctuelle de la couleur rouge, et parfois des lavis d'une autre couleur. Les époux Talbot ont réalisé trois autres ouvrages ensemble : Dotter of her Father's Eyes (2012), une biographie de de Lucia Joyce, la fille de James Joyce, Sally Heathcote: Suffragette (2014) sur le mouvement des suffragettes, et Rain (2019) sur la préservation d'une nappe tourbeuse dans le Yorkshire. le tome se termine avec 14 pages d'annotation rédigées par Mary M. Talbot, détaillant les sources historiques qu'elle a utilisées, en référençant chaque page.

Trois phrases sont mises en exergue du récit : la définition du mot Utopie, une citation d'Oscar Wilde sur l'Utopie (une carte du monde qui ne comprend pas Utopie ne vaut pas la peine d'être regardée), et une citation de Samuel Beckett (A toujours essayé. A toujours échoué. Peu importe. Essayer encore. Échouer encore. Échouer mieux). À Calais en 1909, Franz Reichelt assiste au vol d'un avion à hélice, le pilote devant tenter la traverser de la Manche deux jours plus tard. Il pense à une panne d'avion, et a l'idée d'inventer une toile de tissu qui permettrait au pilote de ralentir sa chute. À 10h00 à la Gare de Lyon à Paris, le 22 janvier 1905, Charlotte Perkins Gilman descend du train alors que s'ébranle le cortège funéraire de Louise Michel. Monique, une jeune femme, l'attend avec une pancarte à son nom pour l'accueillir. Elle lui explique qu'il vaut mieux qu'elles aillent prendre un café en attendant que le cortège soit passé, et elle précise qu'il s'agit de celui de la vierge rouge de Montmartre. Charlotte se rend compte qu'elle a rencontré Michel à une occasion : à Londres, avec un centre d'intérêt commun la fiction utopique.

Les deux femmes continuent d'évoquer la mémoire de Louise Michel, une anarchiste, sa place au cimetière de Levallois Perret, son idéal de vie sans rien posséder, sa dévotion aux autres, et bien sûr son rôle durant la Commune de Paris. En décembre 1870, elle parcourait Paris pour mendier de la nourriture pour les enfants pauvres de Montmartre. Lors de ce siège de Paris par les prussiens, elle était en colère contre les autorités publiques inefficaces et même incompétentes, et contre les profiteurs spéculant sur les denrées de première nécessité. Monique évoque les queues devant les magasins, la viande de chat et de rat pour les démunis, la viande exotique des animaux du zoo de Vincennes servie dans les restaurants de luxe, le rêve de révolution sociale dans les quartiers pauvres de Paris, les familles mettant en gage leurs biens y compris leurs outils de travail, et les violences faites aux plus faibles comme les enfants et les femmes. Dans l'auberge qu'elle fréquente, Louise Michel échange avec les habitants et les gardes nationaux, se met à rêver des applications pratiques de la science, de l'amélioration de la qualité de vie grâce aux découvertes scientifiques, et leurs applications. Elle est suivie dans son imagination par Albert Robidal un illustrateur qui dessine son idée de tuyaux distribuant la nourriture dans tous les foyers grâce à un réseau de canalisations reliées à une cuisine centrale.

Le lecteur peut aussi bien être attiré par les auteurs s'il a déjà lu d'autres de leurs oeuvres que par une biographie de Louise Michel et la couverture qui semble promettre une large place consacrée à la Commune de Paris (du 18 mars au 28 mai 1871). Il est un peu décontenancé par les deux pages d'introduction consacrée à Henry François Reichelt (1878-1912) inventeur d'un proto parachute. Les deux dernières pages du récit lui sont également consacrées. Ensuite, il découvre que le récit commence le jour de l'enterrement de Louise Michel, dont la vie va être commentée et retracée par Charlotte Perkins Gilman (1860-1935), une sociologue et écrivaine américaine, ayant eu une grande influence sur le féminisme. Elle va discuter tout d'abord avec Monique, puis avec sa mère et encore avec une autre femme. L'autrice a décidé de dérouler la biographie dans un ordre légèrement réarrangé, commençant par la Commune (1871), allant jusqu'à sa déportation et son arrivée en Nouvelle Calédonie en 1873, pour sauter en 1889 au pied de la Tour Eiffel, pour revenir à son enfance au cours des années 1830, pour reprendre un fil chronologique en retournant en Nouvelle Calédonie. le lecteur comprend bien l'intérêt d'un tel réarrangement pour éviter un effet de lecture trop linéaire, mais il n'est pas forcément entièrement convaincu de son intérêt, car un tel ordre recomposé ne fait pas apparaître de constat particulier par le biais de rapprochements.

La première moitié de l'ouvrage est consacrée au rôle de Louise Michel pendant la Commune de Paris, son jugement étant évoqué en une page, la deuxième moitié couvrant le reste de sa vie. Mary M. Talbot à fort à faire car elle s'adresse à un lectorat anglo-saxon pas forcément familier de la Commune de Paris. Elle se sert du personnage de Monique pour exposer le contexte de cet épisode de l'Histoire de France, à gros traits car elle ne dispose pas d'une grande pagination. Il ne s'agit donc pas d'un ouvrage sur la Commune, comme peuvent l'être Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, ou le Cri du Peuple de Jean Vautrin & Jacques Tardi. Cette partie-là sert à montrer l'engagement de Michel pour le peuple, ainsi que certains de ses traits de caractère, à commencer par un fort altruisme et une forme de témérité assumée. le lecteur est vite entraîné dans cette période car les textes de phagocytent pas les images, et Bryan Talbot est un bédéaste accompli. La narration visuelle est prenante, à la fois pour la qualité de la reconstitution historique, à la fois grâce aux personnages vivants, animés par des émotions.

Dès la première page, le lecteur peut apprécier la justesse de la représentation de l'avion. Les quais de la Gare de Lyon sont représentés de manière un peu simplifiée, mais le lecteur retrouve bien la verrière et l'architecture si caractéristique ; en revanche il est très étonné que le corbillard tiré par les chevaux défile sur le quai de la gare. Par la suite, il regarde avec curiosité la vue extérieure de la Gare de Lyon avec sa tour si reconnaissable, la montgolfière au-dessus de Paris, les moulins, le défilé sur les Champs Élysées, l'Hôtel de Ville de Paris, une galerie du Louvres reconverti en atelier pour artisans, la chaire de Saint Sulpice, le trois-mâts Virginie qui emmène Louise Michel en Calédonie, la basilique du Sacré Coeur en construction, la Tour Eiffel également en construction. L'artiste se montre out aussi précis pour dessiner des tenues vestimentaires authentiques aux différentes époques, que ce soient les robes des interlocutrices en train d'évoquer la mémoire de Louise Michel, ou les uniformes militaires. Il adopte une direction d'acteur de type naturaliste insufflant de la vie dans chaque personnage, qu'il soit en train de parler, en train d'agir, en train de se battre aux barricades, en train de se faire rouer de coup. Alors que le format est plus petit que celui d'un comics, la lecture des pages est fluide le dessinateur ayant adapté ses prises de vue, sans rien sacrifier en densité narrative. Il utilise aussi bien des cases avec bordures que sans bordure, une suite de case pour décrire une action, qu'un dessin en pleine page pour un moment particulièrement mémorable (ou atroce, comme les doubles pages consacrées aux morts lors de la semaine sanglante, du 21 au 28 mai 1871). le lecteur lit donc une vraie bande dessinée, et pas un texte académique illustré.

Une fois passée l'étonnement que les auteurs ne respectent pas l'ordre chronologique, le lecteur apprécie le dispositif qui consiste à raconter la vie de Louise Michel, commentée par d'autres femmes ce qui permet d'apporter naturellement des éléments de contexte, des jugements de valeur, ainsi qu'une mise en perspective car les discussions se passent après sa mort. Par la force des choses (la pagination), la Commune de Paris n'est vue qu'au travers des actions de Louise Michel, avec quelques éléments de contexte, ce qui peut s'avérer frustrant à certains moments. D'un autre côté, cela permet au lecteur de découvrir deux autres phases de la vie de cette femme, sa déportation en Nouvelle Calédonie, ses activités après son retour en métropole. Les commentaires de Charlotte Perkins Gilman et des autres font ressortir en quoi son engagement et son comportement étaient similaires à celui des autres communards, et tranchaient avec la place réservée à la femme dans la société de l'époque. Il apparaît ainsi une fibre féministe. le titre complet de l'ouvrage mentionne la vision d'une utopie. Cela commence avec la conviction de Louise Michel que les découvertes scientifiques ne peuvent qu'apporter un progrès social. Les auteurs mentionnent Jules Verne, mais surtout Mary Shelley (1797-1851), Herbert George Wells (1866-1946), Edward Bellamy (1850-1898), et Albert Robidal (1848-1926) illustrateur, caricaturiste, graveur, journaliste et romancier français. Il y a donc en filigrane une évocation des romanciers ayant fantasmé un monde meilleur au travers de leurs écrits d'anticipation ou de leurs essais, tout comme la Commune de Pais était fondée sur une vision utopique de la société. Arrivé à la fin du récit, il ne reste plus au lecteur qu'à s'interroger sur le lien qui unit la vie de Louise Michel à cette étrange introduction et conclusion mettant en scène Henry François Reichelt, lui aussi le concepteur d'une invention révolutionnaire qui l'a testé sans filet, comme la Commune était sans filet.

Les époux Talbot évoquent la vie de Louise Michel dans un bande dessinée dense, tout en étant très facile à lire. La narration visuelle est impeccable pour reconstituer les différentes époques et les différents lieux (de Paris à la Nouvelle Calédonie), pour une vraie bande dessinée, et pas un texte illustré. le lecteur sortira forcément frustré de sa lecture, que ce soit sur le déroulement de la Commune de Paris, ou sur la vie même de cette femme car il y a trop à dire pour la pagination.
Commenter  J’apprécie          70
Entre l'effervescence révolutionnaire et féministe, cette BD offre à voir la vie de Louise MICHEL à partir d'une discussion entre militantes féministes prenant place au soir de la marche funèbre qui célèbrera la Vierge Rouge. Autour des questions de l'américaine Charlotte PERKINS GILMAN, de passage en France en 1905, on arpente au fil de nombreux souvenirs la vie de Louise MICHEL en remontant aux prémisses de la Commune, fin 1870, avant de suivre la Vierge Rouge en Nouvelle-Calédonie où elle sera exilée comme tant d'autres communards, jusqu'à son retour en Europe, où elle combattra encore des années pour l'émancipation et l'éducation, notamment des femmes.

Paradoxalement à son positionnement anticlérical – trait commun à la majorité des anarchistes – Louise MICHEL a fini par être sanctifiée pour sa vie, menée sous la bannière d'un altruisme quasi-absolu et littéralement sans frontière. Combattante sans concession de la Liberté, féministe déterminée, on retrouvera Louise MICHEL sur les barricades d'un Paris en proie à la guerre, proclamant la Commune, démontrant par sa bravoure et sa rage que les femmes sont parfaitement aptes à prendre les armes aussi bien que leur destin en mains.
La « Semaine Sanglante » met fin aux ébauches de l'utopie (si chère à Louise) en construction, les Communards sont massacrés – on estime à 30.000 le nombre de parisiens tués par le pouvoir en place. Louise MICHEL en sort vivante, mais est envoyée en exil en Nouvelle-Calédonie. Sur place, elle continuera à défendre les opprimés ainsi que ses convictions.
De retour en France et toujours fascinée par les Sciences, Louise aura la chance d'assister à la construction de la Tour Eiffel tout en faisant vagabonder en parallèle ses réflexions sur une société où l'éducation et l'émancipation des femmes seront le terreau d'un monde plus libre et harmonieux.

Celle que l'on surnomme la Vierge Rouge est élogieusement dépeinte dans des planches aux traits doux, aux tons pastels oscillant entre nuances de gris et sépias, que viennent vivifier quelques notes parcimonieuses de rouges. L'ensemble est très agréable à l'oeil et quelques pleines pages ou variantes d'illustrations agrémentent parfaitement le rythme du récit.

Nous sommes actuellement au printemps 2021, la Commune de Paris fête son 150ème anniversaire cette année. Replonger dans l'Histoire de ce moment populaire empreint d'émancipation et d'humanisme est un bel hommage à Louise MICHEL ainsi qu'à toutes celles et ceux qui prirent part à la lutte pour défendre l'utopie, défendre l'idée qu'une société plus libre, plus juste, est non seulement possible, mais indispensable.

Une sympathique lecture pour découvrir Louise MICHEL et les combats de sa vie.
Commenter  J’apprécie          50


Lecteurs (123) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5229 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}