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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tadasu est à présent un jeune homme. Il se souvient de son enfance, dans la maison familiale où il a grandi : l'Ermitage des hérons. Il se souvient de ses mamans, de son père et de cette époque où les émotions et sentiments sont teintés d'étrangeté. Sa première maman, décédée en couche lorsqu'il était tout petit vers cinq ans. Après une période de deuil, son père décide de prendre une jeune femme pour épouse. Celle-ci s'impose avec la douceur, le raffinement de sa première maman, imitant sa façon de parler, de se comporter et d'être, au point où les souvenirs de Tadasu se confondent entre sa mère biologique et la seconde femme de son père. Elle sera même rebaptisée Chinu, du nom de sa vraie mère. Elle jouera du koto avec délice et encouragera même Tadasu à revenir téter son sein. de souvenirs en prise de conscience, il se souviendra de sa nourrice, du médecin de famille et de toutes ces rumeurs autour de sa famille.

Malgré la longueur du livre, une centaine de pages, l'histoire est riche et mène à une réflexion quasi-oedipienne. C'est un hymne à la maternité, à la féminité, au rôle de mère. Tout ce récit tient en ce lien entre Tadasu et ses mères. La position de la femme est ici mise en avant avec le rôle tenu dans la société : celui d'épouse, de mère.
L'auteur parvient à mettre en exergue les difficultés pour le personnage à faire la différence entre les souvenirs de la première mère et de la seconde, ces passages sont même très touchant et révèle l'amour filiale pour ces deux mères. La maternité et le lien mère-enfant est au coeur des réflexions : Junichirô Tanizaki frôle avec l'interdit et la relation entre Tadasu et sa seconde mère est ambiguë.

Provocation, ambiguïté, l'auteur joue sur les "limites acceptables". Tadasu grandit et certaines scènes peuvent choquer et sembler malsaine. Mais on prend de la distance et Junichirô Tanizaki parvient avec sa plume à retranscrire ces scènes avec finesse et distance, mais aussi questionnement : Tadasu le premier se pose de nombreuses questions. Qu'il s'agisse de son lien avec sa mère, du rôle que son père a joué en "plaçant les pions pour que sa seconde femme vive heureuse. Et cette relation qui lui manque, son frère Takeshi qui fut adopté à la naissance, décision des parents... La famille est un cercle étrange où des événements souvent incompréhensibles se jouent.
Il y a du désir, de la sensualité et les descriptions, parfois oniriques, rendent la situation floue. le narrateur, avec la retranscription de ses questions et de ses doutes, arrive à nous faire sentir que oui, quelque chose ne va pas, mais ce n'est pas forcément ce qu'on croit.

Une histoire courte qui débute dans l'innocence avant de nous faire plonger dans le doute des relations adultes. Je n'ai pas trouvé l'histoire érotique, mais effleurant le "politiquement correct". Et que dire de la plume de Tanizaki qui nous transporte avec poésie et délectation dans certains poèmes japonais.

En bref :

Une belle expérience littéraire, une lecture provocante sur certains points, mais qui met en avant le rôle de mère d'une femme. Un livre qui demandera sans doute une relecture pour apprécier tout le style de l'auteur.
Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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Le pont flottant des songes est le roman d'un affranchissement tardif, le roman aussi d'un passage allégorique du japon ancestral vers celui de la modernité.
Son protagoniste fusionne sa mère naturelle, morte encore trop jeune, avec sa remplaçante une ancienne geisha. Mais il est surtout totalement soumis, gardé dans une sorte de torpeur infantile dont il ne pourra s'affranchir que tardivement avec la disparition de ses parents.
Nulle révolte lorsque ceux-ci abandonnent leur second enfant, des questionnements mais une totale obéissance. Enfin, libéré de l'envoutement de la propriété familiale et du passé, il pourra se reconstruire selon sa propre morale.
Autant qu'on en puisse juger sur une traduction, l'écriture poétique de Tanizaki dessine un univers onirique qui puise ses sources dans le psychisme de son auteur, oscille entre désir de la mère et peur de la perte de l'enfance, besoin de tuer le père et de s'affirmer. Autant de thèmes que l'on retrouve souvent dans les contes du monde entier et que la psychanalyse a tenté d'expliciter.
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Le titre de ce court roman fait référence au dernier chapitre du roman-fleuve « le dit du Genji », et fait partie d'un poème qui commence le livre : il est écrit par l'une des mères du narrateur le jour où celle-ci termine la lecture de l'imposant roman. Car notre héros, le jeune Tadasu, a deux mères qui se superposent dans sa mémoire et dans son coeur. 
La première mère de Tadasu, surnommée Chinu, meurt à vingt-deux ans, alors qu'il en a cinq. Les souvenirs de Tadasu sont confus à cette époque, s'attachant plutôt à sa maison, l'ermitage aux hérons, à l'histoire du lieu, à ses bruits, comme celui du sôzu, tuyau de bambou basculant lorsqu'il est plein d'eau et claquant de façon caractéristique en reprenant sa place, et qui rythmera le récit.

Deux ans après la mort de sa mère, son père se remarie avec une autre Chinu, qui va s'employer, sur les instructions de son mari, à remplacer, à s'identifier même à la disparue. Elle va ainsi adopter les mêmes comportements, qui ne se limitent pas à l'usage du koto : comme il le faisait avec sa première mère, Tadesu va dormir avec elle, et va même la téter, comme il le faisait tardivement avec sa première mère. 

Au fil du temps, les relations vont s'approfondir entre la belle-mère et son fils adoptif, se troubler aussi, avec l'accord tacite du père, qui cherchera toujours à les rapprocher. Tadasu découvrira par sa nourrice les secrets de ses parents, restant, jusqu'après son mariage, dans l'ombre et la dépendance de sa belle-mère. C'est à la femme de Tadasu que reviendra de trancher ce noeud et d'amorcer la conclusion du récit.

Tanisaki nous offre ici la chronique trouble d'une relation filiale passionnée et d'une maternité de substitution vécue de façon étonnante, absolue. L'écriture en est délicate, nourrie de références classiques japonaises et de la description d'un quotidien qui peut parfois nous surprendre ou nous choquer, tant est facile à oublier la distance temporelle, géographique et culturelle… Il n'y a toutefois rien de scabreux ou de choquant, seule fonctionne la suggestion de l'écriture, la possibilité d'une intention, sans que jamais certaines limites ne paraissent franchies, mais tout en restant si proche de la frontière.

Le traducteur, Jean Jacques Tschudin, rend parfaitement la délicatesse du trait voulu, je crois, par Tanizaki, et ses annotations sont précieuses. Un excellent roman pour sonder les tourbillons si fréquents sous le pont flottant des songes
Lien : https://litteraturedusoleill..
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Bon petit roman que celui de Tanizaki qui tient son titre à la fois d'un poème du dit du Gengi et du titre du journal intime du héros. Dans cette courte histoire, nous découvrons une famille au sein de laquelle les relations ne sont pas simples. La mère meurt tôt, mais elle est remplacée par une belle-mère qui sait admirablement se glisser dans le rôle du personnage absent. le père lui aussi disparaît et lègue cette femme à son fils, avec pour rôle de la protéger. Tous les autres personnages sont sacrifiés au profit de cette relation triangulaire et charnelle qui ne va jamais jusqu'à l'inceste.

C'est aussi une réflexion sur la femme et son rôle au sein de la société japonaise, sur sa relation à la maternité. le talent de l'auteur réside aussi dans un art consommé de la description. Cet ermitage aux hérons construit par le grand-père du narrateur, nous avons l'impression de le connaître intimement, de partager la fraîcheur de l'eau de la fontaine, d'entendre le claquement du mécanisme en roseau qui permet d'alimenter le plan d'eau...

Tanikazi est un fin connaisseur des lettres et des coutumes du Japon auxquelles il nous initie également au long de ces quelques pages.

Bref, c'est un très beau petit roman pour les amateurs de lettres japonaise et une bonne entrée en matière dans l'oeuvre de l'auteur.
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Tadasu est un adulte aujourd'hui et il revient avec nostalgie sur son enfance et les 2 femmes qui ont bercées ses rêves. Sa mère Chinu le laisse orphelin à l'age de 5 ans, à la suite de complications lors de sa 2ème grossesse. Au bout de quelques années, son père décide de se remarier avec une femme un peu plus jeune que lui. L'affection que Tadasu porte à ces 2 femmes est très forte et le texte de Taniguchi est une vraie ode à l'amour.

Le titre le pont flottant des songes fait référence à un célèbre texte de la littérature japonaise : le dit de Genji.La mère de Tadasu reprend le titre d'une des parties dans un poème :
"En ce jour où le coucou
A l'ermitage aux hérons
Vient chanter
Le pont flottant des songes
Est désormais franchi. "

Tadasu débute le récit de ses souvenirs mais ces derniers sont un peu flous. L'image de ses 2 mères se confond et il ne sait pas toujours exactement à laquelle des 2 femmes ils sont associés. C'est le père de Tadasu qui a voulu que la nouvelle venue prenne la place de sa première femme dans le coeur et l'esprit de son jeune fils. Elle sera renommée Chinu elle aussi et effectuera les mêmes gestes que sa première mère. Elle jouera du koto sur l'instrument de la morte et bercera le garçon en lui donnant le sein comme autrefois. Aussi, les 2 femmes finissent pas ne plus faire qu'une dans l'esprit du petit garçon, comme son père le souhaitait.

Tadasu se souvient avec bonheur de la beauté des pieds nus de sa mère trempés dans l'eau de l'étang, du bruit sec et régulier du sôzu, des berceuses maternelles au creux des seins, des séances de koto que son père écoutait religieusement... A 10 ans, quand sa deuxième maman arrive, ces mêmes habitudes reprennent.
Leur vie se déroule harmonieuse et sans tâche. Chinu attend un enfant mais le bébé est très rapidement confié et éloigné à la campagne sous le prétexte qu'il reste la priorité de la famille.

Tadasu grandit et continue d'aimer sa mère et de lui prodiguer affection et calineries. L'éloignement de son frère le dérange et il cherche à le retrouver mais en vain. Même son mariage sera lié à Chinu, son père lui imposant de ne pas faire d'enfant ou de les faire adopter afin qu'il se dévoue exclusivement à elle.En mauvaise santé, il espère bien que, après sa mort, son fils qui lui ressemble tant devienne le soutien de Chinu.

Un bonheur sans tâches ? Des rumeurs vont pourtant bon train : la famille sort peu et on les soupçonne de relations coupables.
Et effectivement, le lecteur très attentif pourra relever quelques notations ambigües qui laisse planer un certain doute et révèle que les choses ne sont peut-être pas si simples qu'elles y paraissent.

Tout l'art de l'auteur est là : celui de ne pas dire toute la vérité tout en la suggérant. A travers une narration pure et délicate, Taniguchi insère dans son récit des subtilités si légères qu'on peut facilement passer dessus sans s'arrêter. le texte mérite même une deuxième lecture afin de mieux repérer les indices.

Au lecteur de juger ! L'auteur n'en livrera pas plus !

Le pont flottant des songes se révèle finalement un petit texte bien malsain qui va au-delà d'une simple ode à la maternité. Je vous le recommande mais sachez lire entre les lignes !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Le pont flottant des songes de Tanizaki est un livre qui soulève l'aspect de la femme et de la maternité. La nouvelle, bien que courte, a le temps de plonger le lecteur dans un monde serein où nous suivons la vie du jeune Tadasu. Poésie, calme, intrigue d'une famille aux traditions ancrées, Tanizaki offre dans son livre son art d'écrire dans toute sa splendeur.
Petite remarque sur le choix du titre : "Le pont flottant des songes" (Yume no Ukihashi) peut faire référence au dernier chapitre homonyme du Genji Monogatari. Dans le dit du Genji, "Le pont flottant des songes" marque l'épisode où Kaoru érpouve encore de l'amour pour Ukifune, devenue nonne. C'est sans doute ainsi une référence à un amour malheureux, impossible.
Lien : http://yoru.e-monsite.com/pa..
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Le pont flottant des songes est un texte magnifique sur l'amour maternel et sur l'image de la femme.

Article complet : Cliquez sur le lien ci-dessour !!!
Lien : http://bibliotheca.skynetblo..
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