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3,9

sur 391 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Quelle est la recette secrète d'une pièce de Tchekhov ?
- Tout d'abord, mettez en présence une bonne brochette de personnages névrosés, dévorés d'ambitions ou d'envies inassouvies, d'amours avortées, de rancoeurs diverses, d'inimitiés masquées.
- Enfermez ensuite tout ce petit monde dans le réduit d'une maison de campagne, par exemple, et faites monter la pression façon huis clos dans cette cocotte-minute rurale pour citadins endurcis.
- Pour vos personnages, respectez les proportions suivantes : 1, 2 ou 3 superbes femmes et autant de laides, avec entre elles une bonne pincée de sel de jalousie. Pour les hommes, sélectionnez un vrai tocard, si possible, jouissant d'une situation enviable histoire de susciter les convoitises d'un autre, plus compétent mais non reconnu ; prendre également un homme d'authentique talent dont la promiscuité du groupe rend les qualités inopérantes, sans oublier un amoureux fou, marié ou non, cela n'a pas d'importance, la seule chose qui prime étant qu'il soit raide dingue de la seule femme de l'assemblée qui ne puisse pas l'encadrer. Il faut évidemment que cette femme soit elle-même éprise d'un autre qui ne fera, bien sûr, aucun cas d'elle, et ainsi de suite, vous avez compris le principe.
- Préférez, pour ces personnages, une moitié environ d'aristocrates ou de représentants de la haute bourgeoisie que vous ferez mariner à feu doux avec quelques membres d'autres classes sociales afin de faire ressortir leur ego.
- Ajoutez enfin dans cette pétaudière un petit élément catalyseur qui va faire éclater la marmite.
- Servez très frais en ramassant les débris éparpillés de-ci, de-là.
Voilà pour les aspects généraux du théâtre d'Anton Tchekhov. Concernant plus particulièrement Les Trois Soeurs, on peut dire qu'il n'a pas choisi la facilité car son thème est casse-gueule au possible, à savoir, faire une pièce sur l'ennui, la vacuité de la vie et les vains espoirs. Un drame qui aurait en quelque sorte pour questionnement : Pourquoi faut-il vivre dans cette vie qui ne rime à rien ?
Au départ, nous avons donc trois soeurs, Olga, l'aînée, Macha, la cadette et Irina, la benjamine, qui sont orphelines de leur père, ancien officier haut placé dans l'armée, et de leur mère. Elles partagent la maison familiale, située à la campagne, avec leur frère Andreï.
Toutes trois rêvent de retourner vivre à Moscou, loin de cette petite ville de garnison où leurs seuls contacts sont pour l'essentiel des militaires ayant bien connu le papa.
L'auteur s'essaye à un exercice assez difficile au théâtre, présenter une action qui se déroule sur plusieurs années et ainsi montrer l'oeuvre du temps sur la décadence de chacun et la ruine de tous les espoirs, un à un. Ainsi, le second, le troisième et le quatrième acte ont lieu respectivement environ un an, quatre ans et cinq ans après le schéma initial qui ouvre la pièce. Les situations, mentalités et positions de chacun ont donc largement eu le temps d'évoluer.
Tchekhov nous livre sa vision désabusée de l'existence, et fait ouvertement, quant au sens de la vie, un clin d'oeil au Candide de Voltaire et à ça fameuse réplique finale "Cela est bien dit, mais il faut cultiver notre jardin."
Pour ceux que cela intéresse, notons qu'une nouvelle fois l'auteur joue en russe sur le signifiant et le signifié des noms de famille de ses personnages. Ainsi, Verchinine, qui est probablement le militaire le plus louable et humain de la pièce, avec la grandeur d'âme la plus élevée, a un nom qui évoque les hauteurs, les sommets. de même, l'étrange et incompréhensible Soliony a un nom qui fait penser tout d'abord à l'adjectif " seul ", mais qui évoque tout aussi bien l'aspect " salé " ou " bourré ". Aaaahhh ! Mauvais génie douanier de la traduction, pourquoi nous voles-tu tant de choses au poste frontière ?
Il est vrai que la question « Pourquoi faut-il vivre dans cette vie qui ne rime à rien ? » est et demeurera toujours intéressante, mais cette pièce, pas forcément. Moi qui suis plutôt très admirative de Tchekhov en général, je me suis parfois ennuyée presque autant que les protagonistes bien que cette pièce soit loin d'être mauvaise.
En manière de conclusion, je ne sais tout simplement pas si le genre théâtral, par nature voué à l'action, au ping-pong des répliques, à une unité de temps hyper condensée se prête particulièrement au thème développé ici, sous forme de drame à monter sur les planches. le roman, dans ce cas précis, me semble plus à même d'offrir à l'auteur les moyens d'une expression vraiment pertinente. D'où mes trois étoiles seulement, moi qui n'hésite pourtant pas d'ordinaire avec Tchekhov à octroyer le très saint Graal des cinq étoiles de pacotille de mon jugement qui ne vaut pas grand-chose.
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Cette pièce sur le temps qui passe et efface les rêves quand il ne les détruit pas ; sur l'amour vécu ou raté ; sur le travail et l'ennui est d'un ennui... !

Mais ses dialogues absurdes et délirants, les conversations qui se voudraient philosophiques ont fini par me faire rire et derrière tous ces personnages, j'ai ressenti la dérision et l'oeil acéré que Tchekhov portait sur la bonne société russe !

C'est suffisamment court pour n'être pas trop une lecture douloureuse, bien que mon esprit ait eu tendance à s'égarer !

Challenge MULTI DEFIS 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge XIXème SIECLE 2021
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Décidément j'ai un peu de mal avec les pièces de Tchekhov. Ces personnages qui s'ennuient tout en s'interrogeant sur le sens de la vie, qui ressassent leurs rêves non réalisés sans jamais avoir rien fait pour les réaliser, je les préfère nettement dans les nouvelles de Tchekhov. Au théâtre, avec des dialogues, leur oisiveté et leur vacuité sont exacerbées par leurs paroles, c'est à la limite du supportable et terriblement déprimant. En même temps quel talent pour peindre la société de son époque avec ces trois soeurs enfermées dans le cercle vicieux de leur vie d'aristocrates de province. Ce n'est pas une pièce facile à lire, les scènes et dialogues se succèdent sans lien évident, comme de petites touches de peinture dans un tableau impressionniste.
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C'est un jour de fête dans la maison des trois soeurs.
Tout est joyeux et lumineux. le deuil du père, mort il y a un an, est terminé. Les militaires habitués de la maison, sont là. Arrivent les cadeaux et les récentes connaissances, Verchinine, le nouveau commandant de la batterie en garnison dans la ville, et Natacha, la fiançée d'Andreï, le frère.
L'avenir est plein de certitudes heureuses : retourner vivre à Moscou, la ville natale, commencer à travailler, se marier. Quatre ans plus tard, le rêve de Moscou est mort, les soeurs ont été chassées de chez elles par leur belle-soeur, et les militaires, qui constituaient l'essentiel de leur société, s'en vont.
Tout s'est vidé, la ville et la maison comme la question du sens qui a traversé toute la pièce.
Les trois soeurs n'ont plus que l'espoir qu'un jour, peut-être, "on saura pourquoi l'on vit, pourquoi l'on souffre".
Les certitudes se sont transformées en suppositions, l'avenir ne s'envisage plus qu'au conditionnel, mais le présent réclame de vivre : c'est là que s'achève la pièce, au seuil d'une vie à recommencer

Actuellement à la Comédie Française, salle Richelieu.
Mise en scène Alain Françon, que je vous recommande vivement
http://www.comedie-francaise.fr/spectacle-archive.php?s=6&spid=233&id=539

Lien : http://www.comedie-francaise..
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Les trois soeurs est une pièce de théâtre écrite en 1900 par l'auteur Russe Tchékov (1860 – 1904). Dans cette pièce, comme dans d'autres de Tchékov, nous retrouvons la langueur et le temps qui n'en finit pas de passer et de s'étirer dans les demeures des notables russes au fin fond de la campagne.

Un frère et trois soeurs (André, Olga, Irina et Maria (dite Macha)) regardent le temps passer. André est promis à un bel avenir mais son mariage et ses pertes au jeu vont le conduire dans une impasse. Les trois soeurs répètent comme un refrain leur envie de partir pour Moscou mais ce désir ne se concrétisera pas. Un groupe de militaires en garnison dans la petite ville viennent brièvement secouer la torpeur de la famille, en tombant amoureux de l'une ou l'autre soeur.

La pièce a cette atmosphère du temps passé où tout semble étriqué : l'intelligence, les moeurs, les amitiés, le manque d'espace. Même les émotions, contrairement à ce que j'aurais imaginé, semblent fortement atténuées ( quand Olga est chassée de sa chambre par sa belle-soeur pour y mettre le bébé, quand le fiancé d'Irina est tué en duel) ; elles sont écrasées par l'ennui omniprésent et le rêve de partir à Moscou (seul objet d'une émotion forte)
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Olga, Irina, Macha. Elles sont trois soeurs dans une maison de la Russie profonde, rêvant de Moscou et d'une vie plus trépidante. Elles sont trois soeurs, trois femmes dont seule une est mariée, mais s'ennuie. Elle sont trois soeurs, mais elles ont un frère, Andreï, marié à Natalia, cette belle-soeur un peu vulgaire qu'on n'apprécie guère. Dans cette maison de province vont et viennent des militaires de passage, comme attirés par cette fratrie féminine, mais ils ne restent pas. Les soeurs ne savent pas quoi décider, se laisser courtiser, épouser, tromper, agir pour peut-être fuir ce lieu...

Ce roman est court et heureusement car il ne se passe aucune action retentissante, les filles tournent en rond, se morfondent, rêvent, espèrent, se disputent... tout au plus !

Une pièce de théâtre douce amère, qui veut parler du quotidien de jeunes femmes nostalgiques de leur vie familiale avec leurs parents, de leur enfance, mais déjà tristes, désabusées, sur le sort que la vie leur réserve. Reste la musique, reste peut-être les hommes, même s'ils diffèrent de ceux auxquels elles rêvent...
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Pièce théâtrale où se côtoient amitiés multiples, désordres amoureux et attentes familiales, Les trois soeurs met en scène des personnages névrosés en prise avec leurs envies et leurs ambitions désolées. Une multitude de personnages parfois complexes qui auraient peut-être mérité d'être davantage développés, au-delà des ambitions qu'ils incarnent.
En effet, les histoires de ces êtres languissants s'enchainent parfois rapidement et manquent peut-être de profondeur. Les personnages, souvent oisifs, auraient en effet pu être davantage ancrés dans la réalité ou interagir plus efficacement entre eux. Difficile dès lors de s'attacher aux personnages et à leurs espoirs brisés. Une nouvelle lecture de Tchekov qui ne parvient malheureusement pas à me réconcilier avec l'auteur.
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Cette pièce date du début du siècle dernier. Tchekhov y raconte l'existence pleine d'ennui de trois soeurs, Macha, Olga et Irina, vivant avec leur frère Andrei, dans une grande maison, isolée dans la campagne Russe.

Leur vie, je l'ai dit plus haut, s'égrène à une lenteur effroyable, elle n'est émaillée (et égayée) que par les visites de militaires de la garnison sise à proximité.

La fratrie, en proie à une vague mélancolie, ne tarde pas à considérer ces visiteurs comme faisant partie de la famille.

Un espoir hante les trois soeurs: rentrer à Moscou, la ville faste et opulent où elles ont vécues heureuses il y a des années de ça.

Aux échecs conjugaux succèdent de grandes déceptions, les discussions futiles précèdent les entretiens à la limite du métaphysique ... Leur vie semble n'etre qu'un enlisement desenchanté.

Dans cette pièce l'écriture se fait vraiment pesante, elle "plombe" l'ambiance de telle sorte que le lecteur ressent véritablement l'ennui, la vanité de l'existence des personnages

Assez rapide à lire, mais très peu de mouvement et d'action (du coup le lecteur risque d'avoir l'impression de s'ennuyer ... avec les personnages), par contre les personnages sont très approfondis. Un grand classique :)
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Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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