Une Banale histoire. 1889 Nouvelle
Anton Tchékhov (1860-1904)
Ca commence comme du
Pouchkine, jusqu'au tiers on est dans le sillon, mais hélas l'histoire de ce vieux professeur de la faculté de médecine est bien trop touffue pour nous convaincre de sa vraisemblance. Comme si quand on change, ce qu'on peut comprendre quand le soir de sa vie se précise , on change du tout au tout ? le protagoniste commence par nous donner le sentiment de vouloir plaquer tout son monde familier, sa famille, sa profession ; ne voit plus que la face moche de toute chose, de tout être pour lequel hier encore il nourrissait quelques égards. On ressort de cette lecture avec le sentiment confus que tout est bon à jeter de cette société où tout semble médiocre, voire pourri, que tout est prétexte à la railler. On inclinerait vers une éclaircie qui vous remettrait en selle pour la vie que tout à coup le récit replonge avec plus de force encore vers une forme de dégoût, de sinistrose, l'antichambre de la mort inoculant son effet poison.
L'auteur était visiblement dans une mauvaise passe qu'il eut bien du mal à contenir dans sa fiction. On ressent chez lui cette exigence intérieure à laquelle il est coutumier qui le fait flipper sur tout acte moyen de la vie, cet aspect monocorde qui l'ennuie prodigieusement, ce son usé comme un vieux disque trop entendu, à défaut d'avoir connu le bonheur, comme une aigreur qui s'est installée et qui le mine, toujours contrarié par quelque chose ! Je crois bien sûr à la vérité de l'homme
Tchékhov où il a tant montré par ailleurs la dimension absolue, exclusive de son être exprimée avec abnégation à la fois dans sa vie et dans son oeuvre. Mais ici, désolé, c'est une projection chimérique tout ça ! On a même l'impression qu'il ne fait pas grand effort pour se sortir de ses mauvais pas, tant au plan sentimental que social où c'est même l'élite qui en fait les frais par facilité que je n'ose pas dire intellectuelle. le fait qu'il n'y ait pas de retour sur la vie passée du vieil homme accentue l'idée de malaise qui se dégage de la nouvelle et qui fait comme un cul de sac littéraire - pardon Anton, je sais que ta délicatesse se serait offusquée de cette note finale pas très distinguée !