AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de tamara29


En ouvrant « Divagabondages » de Frédéric Jacques Temple, j'ai su immédiatement que je tenais une petite pépite entre les doigts. L'une de celles qui a le pouvoir de donner à la journée une résonnance autre que celle banale et sans âme.
Frédéric Jacques Temple est un écrivain, poète, né à Montpellier en 1921. de par son travail à la RTF/ ORTF du Languedoc-Roussillon mais aussi par sa passion pour les lettres, il va faire la rencontre d'écrivains, poètes, artistes divers et nouer des amitiés fortes (Blaise Cendrars, Henry Miller, Richard Aldington, Jean Carrière, Jean Hugo, Curzio Malaparte, Pierre Soulages, Lucien Clergue pour ne citer que les plus connus). Il a aussi été traducteur notamment de textes de Thomas Hardy, Henry Miller et Lawrence Durrell.
« Divagabondages » est le recueil d'une partie de ses textes, chroniques, articles écrits en hommage à tous ces artistes ; à toutes ces amitiés et ces souvenirs de moments passés avec eux (commencés en 1945 jusqu'au dernier en 2017). D'autres chapitres sont des pensées plus personnelles, des sensations plus intimes pour cet homme sensible, discret, amoureux des mots, de la nature, la mer, les oiseaux, les voyages.
Chacun des chapitres est une petite merveille. Il y a de la poésie dans ses textes, de la magie dans ses mots. Il sait nous faire partager toute l'amitié et l'amour qu'il ressent pour ces hommes dont il loue les mérites et qualités. Ce recueil est un véritable écrin qu'on ouvre avec délicatesse, une malle au trésor qu'on fouille, excité comme un gamin, une boite de chocolats aux milles saveurs et arômes.
Pour une bonne majorité, soit l'artiste m'était inconnu, soit je ne connaissais que peu son oeuvre. D'ailleurs, bon nombre de ces écrivains, au vu des lecteurs actuels sur Babelio, ne sont plus beaucoup lus, ou malheureusement oubliés, tels Jean Paulhan, Rémy de Gourmont, Max Rouquette. Je ressentais parfois quelques frustrations face à ma montagne d'ignorance, ou encore à ne pas être de la génération de ces divers auteurs (ce n'est plus si souvent que je me fais la réflexion que je suis ‘'trop jeune''). En plus de cela, ornithologue, conchyliologue, botaniste amateur, Temple est aussi capable de donner le nom d'espèces d'oiseaux par dizaines, des variétés de coquillages lors de ses promenades, etc.
Mais, loin de me décourager, cela titillait au contraire ma curiosité, mon envie de découvrir. Alors, j'ai souvent navigué sur internet à la fin des chapitres, à la recherche de l'écrivain cité, des critiques faites parfois sur certains de leurs romans, des peintures de tel peintre, fouillant dans les dictionnaires pour identifier les espèces animales, etc.
Je passais d'un artiste à un autre, comme me baladant dans une ville étrangère où chaque pas m'amenait vers un nouveau trésor, un nouveau sourire. J'avais l'impression à chaque fois d'être plus riche, plus chanceuse, plus cultivée. Au fil de mes pérégrinations, j'ai découvert par exemple qu'un recueil de correspondances de Henry Miller avait été édité « Frère Jacques » (correspondances avec Frédéric Jacques Temple) ; que Frédéric Jacques était déjà dans ma bibliothèque, ayant été le traducteur de « Poèmes du Wessex » de Thomas Hardy.
Parce que je n'ai pas eu dans ma famille de grands lecteurs, comme un grand-père qui aurait pu me tendre un livre en me disant « Tiens, lis-le, tu vas faire une rencontre magique ! », il m'a fallu bon nombres d'années avant d'oser aller vers des classiques ou des romanciers qui me paraissaient hors de portée. Intimidée, frileuse, ayant peur de ne pas être à la hauteur, je préférais ouvrir des romans contemporains, plus faciles, plus compréhensibles, plus proches de mon quotidien, plutôt que d'aller vers des chemins qui me paraissaient incommodes, peut-être trop pentus, trop ardus, trop nébuleux, trop sérieux… Et pourtant, je me rappelle encore ces émotions indescriptibles lors de mes premières fois avec Hemingway Camus, Steinbeck, Balzac, Aragon, Kawabata, Barthes, Tolstoï (mon 1er auteur russe)… (J'en profite pour remercier ces libraires et amis qui depuis me donnent de si précieux conseils… dont les deux qui s'évertuent à ce que je lise enfin Proust).
Temple est un formidable passeur de livres et d'art. Parce qu'il met tout son coeur, parce qu'il y a de l'âme, de la culture, de la beauté dans ses textes, il crée une ambiance tout à fait délicieuse lorsqu'on se plonge dans « Divagabondages ». Ce fut un bonheur à chaque fois de commencer un nouveau chapitre et qu'il me fasse partager ses émotions, ses plaisirs, ces moments forts avec tous ces auteurs et artistes.
Rêves, divagations et vagabondages, c'est bien ce que j'ai fait avec lui durant ces heures de lecture et de recherches. J'ai été tout bonnement happée par son écriture et sa sensibilité. Et j'avoue avoir été aussi été séduite par son doux sourire et ses yeux parfois rieurs. Je ne pourrais oublier cette rencontre avec cet homme qui a su réveiller en moi une telle vague d'émotions.
Et pour le bonheur qu'il m'a donné à parler de ces hommes dont j'appréciais l'oeuvre (Hemingway, Soulages, etc.), et peut-être plus encore en me faisant découvrir tous ces auteurs, loin de mon monde et si proche en même temps, pour l'envie qu'il a insufflé en moi de lire certains de ces écrivains, l'envie de prendre plus souvent ces chemins de traverse plus ‘'risqués'' (une de ces bonnes résolutions de nouvelle année qu'on compte bien tenir tant le plaisir est décuplé lorsque la « rencontre » émotionnelle se produit alors qu'on ne s'y attend pas), je n'ai pu m'empêcher d'écrire ce petit billet, bien loin de la haute qualité de ce recueil.
Il ne m'était pas possible de ne pas le remercier pour toutes les émotions qu'il m'a offertes. Il ne m'était pas possible de ne pas vouloir aussi les partager et essayer, à mon niveau, de passer le relais.
Alors, si certains d'entre vous aviez la curiosité de vous immerger dans « Divagabondages » et pourquoi pas aussi lire ou relire ces écrivains, je crois que j'en serais ravie pour lui (et pour eux). Et si, par le plus grand des hasards, quelqu'un à Montpellier pouvait dire à Frédéric Jacques Temple combien il m'a touchée, combien il m'a ouvert à de nouveaux horizons, j'en serais profondément, immensément heureuse !
Commenter  J’apprécie          337



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}