Je crus comprendre un peu pourquoi nous les hommes nous tombions dans l’esclavage, nommant reine une femme qui était femme, qui était odalisque lorsqu’elle nous touchait. C’était pour cela que nous étions pris au jeu et que nous détachions nos regards de ces femmes et de ces filles qui étaient nos semblables, cherchant d’autres femmes et cherchant autre chose chez d’autres femmes, sans jamais nous douter que nous cherchions le contact de mains tendres sur nous.
Quand un joueur quitte un club, ou plutôt quand un club se sépare d’un joueur, c’est la conspiration du silence ; chaque partie estime que, pour le bien du joueur, il vaut mieux tourner la page, mais moi, je crois plutôt que le passé récent, quand il est moche, personne n’a envie qu’il vous siffle aux oreilles.
C’était simple, en apparence, de se laisser aller à cet amour, simple de se laisser emporter par le courant ascendant du désir, à la manière de ces cerfs-volants multicolores que mon camarade Ovidio faisait voltiger, dans la journée, au-dessus des marais pour amuser l’enfant.
L’important, c’était de faire passer les sensations avant les sentiments, les souvenirs ou les impressions anciennes ; découvrir la nouveauté en éprouvant les sensations de quelqu’un d’autre ou en se confrontant à une situation inédite.
Parce que la vie, ça se termine toujours par la même rengaine : on veut tous figurer en bonne place, à l’arrivée, sur la photo.
Jean Louis Terrade présente son roman Bienvenue au Club aux élèves du Lycée Jules Guesde