AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 153 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cinq nouvelles puissantes, étonnantes, bien écrites qui m'ont réconciliée avec l'auteur. Avec un talent remarquable Sylvain Tesson illustre dans L'asphalte, Les porcs et le lac, la nocivité des désirs et des espérances des hommes quand ils s'éloignent de la nature. Surprenante la chute de ses nouvelles, sorte de pied de nez du destin, remet l'homme présomptueux et téméraire à sa place. Ainsi l'éleveur intensif de porcs est-il hanté par le regard de ses bêtes... « J'ai réussi un exploit : en quarante ans, ne jamais regarder un porc dans les yeux. J'aurais risqué de croiser un regard. Ne jamais laisser s'immiscer dans l'esprit l'idée que chacune de ces bêtes est un individu. Ne raisonner qu'en masse. Ne penser qu'à la filière. Lorsque je me suis aperçu que je haïssais mes bêtes, je compris que Herbert avait raison. Nous avions inventé un élevage où l'animal est l'ennemi. Aujourd'hui, l'éleveur abaisse. Nous avons rompu l'équilibre, le lien charnel. le sang qui coule dans nos veines ne sourd plus de la terre du Dorset. Il y a une dalle de béton sous le sabot des bêtes. Je ne peux plus dormir. Les cris me réveillent. Il semble que l'odeur ne veut pas disparaître de mes mains. » ...et prend la décision qui s'impose à lui.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Commenter  J’apprécie          754

Cinq nouvelles extraites de " Une vie à coucher dehors". Cinq nouvelles cinglantes, grinçantes et hyper-réalistes sur la puissance de la nature, sur la dérision de la vie humaine, sur les méfaits de la modernisation à outrance...

Géorgie, Dorset, Sibérie, Pacifique: des régions du monde très différentes, mais ayant comme point commun la petitesse humaine , malgré son désir de vaincre , de dominer son environnement. Et la nature qui se venge, d'une manière ou d'une autre.

L'auteur porte, comme à son habitude, un regard lucide, ironique, sur notre société actuelle, et ces histoires nous font réfléchir : rendements industriels où l'animal n'est plus qu'un objet en série, dangers de la mystification, conséquences désastreuses de la construction d'une route goudronnée...

Certes, cela donne une image pessimiste et angoissante du monde contemporain...mais ô combien véridique!
Commenter  J’apprécie          449
Sous les rafales maritimes, dans la neige sibérienne, sur un îlot du Pacifique, dans la fange des élevages intensifs du Dorset ou au coeur d'un village de la montagne de Géorgie, Sylvain Tesson nous plonge dans des tranches de vie plus ou moins dramatiques. Les certitudes y côtoient le doute.

Assez d'avaler la poussière ! Celle-ci est soulevée par la route non goudronnée qu'Édolfius emprunte chaque soir, à pied, pour rentrer des champs. Pourquoi son village de Tsalka, perché sur les hauteurs de Géorgie, n'a-t-il pas le droit à une belle route asphaltée, comme partout ailleurs ? Ironiquement ce n'est pas le tabac, ni l'alcool, qui altèrent le corps quinquagénaire d'Édolfius mais bien la poussière montant de cette piste d'un autre temps. Et pour sortir d'un monde arriéré, il faut asphalter !
Ensuite, dans la lettre d'un éleveur du Dorset, l'exergue d'Isaac B. Singer oriente implacablement sur le thème à venir en écrivant que, pour les animaux, c'est un éternel Treblinka que l'humain a mis en place. À quelles extrémités faut-il consentir pour produire des protéines ? Faut-il occulter la vie elle-même ?
Suit le décompte des derniers jours d'ermitage de Piotr dans la taïga avant de pourvoir rejoindre la civilisation. L'hiver sibérien, la neige fraîchement tombée attestant le passage de la faune environnante. Ici, à une centaine de kilomètres de toute civilisation, qui est maître des lieux et de son destin ?
Plus loin, quand des naufragés ont réussi à organiser leur survie, ne manquant ni de nourriture ni d'abri, il leur reste à trouver une étincelle romanesque pour animer leurs soirées et occuper leurs pensées.
Pour clôturer ce petit fragment de recueil sur une note plus festive, l'auteur nous convie dans un lieu bâti pour résister à la furie de la houle, un soir de Noël, pour y subir, ou y savourer, un choc thermique. Ouest et Est, un Russe et un Breton, les fins de terre se rencontrent dans la mer bretonne. Et c'est le baromètre qui décidera d'une mémorable veillée de Noël.

Sylvain Tesson abat ses couperets sur la modernisation humaine. Dans les deux premiers textes, il rend compte de la marche du monde, avec l'aménagement du territoire et la course au rendement dans l'alimentation. Il abordera la bêtise humaine, le déni de la nature. Il laisse une porte de sortie en vantant les bienfaits de la spontanéité et de la vodka !
Regard cinglant et réaliste sur la course de l'Homme vers un prétendu mieux-être, sur sa vision unilatérale d'un avenir meilleur. L'homme est persuadé que progrès et confort riment avec bonheur. Les conséquences de ses actes le rattrapent pourtant.

Ces textes sont très agréables à lire, saupoudrés de poésie, piquetés d'aphorismes. Nul besoin de longues histoires pour dévoiler certaines facettes de l'homme, de la nature et du destin. J'en retiens l'éloge de la littérature qui nourrit l'esprit de l'homme, le pousse à se questionner, le maintient en haleine sur une île déserte. Et cette phrase de l'auteur : « Si le paradis est réservé à ceux qui ont contemplé la beauté du monde, il était sûr de sa place. »
Dans le même temps, si l'on a tendance, comme moi, à ne pas croire en l'intelligence et la bonté de l'Homme, lire ces nouvelles n'inversera pas ce penchant !
Commenter  J’apprécie          330
Sylvain Tesson, éternel voyageur, partage avec nous cinq nouvelles du monde: Sibérie, Angleterre, Bretagne et Géorgie. 5 hommes à la vie rude et au destin tragique; il y a, ici, à la fois de l'absurde et de l'implacable. Est-on vraiment libre de choisir et de vivre?
Les quatre premières nouvelles préparent méticuleusement à la chute, qu'on attend avec impatience et appréhension. La dernière est plus légère.
Il y a de la beauté sauvage dans ces nouvelles, de la nature brute, de la rudesse, mais aussi l'horreur de l'élevage intensif (cette nouvelle devrait servir de manifeste).
Je n'avais pas encore lu Sylvain Tesson jusqu'ici mais la qualité de son écriture m'incite à continuer ma découverte de l'auteur. Je conseille vivement, ce sont des nouvelles magnifiques.
Commenter  J’apprécie          280
La collection Folio 2 ne publie en général que de courts textes : ce sont des livres à lire vite, lors d'un voyage en train ou d'une courte nuit d'insomnie.
Peu de pages, petit budget, facile à glisser partout et parfait pour " goûter" un auteur avant de se lancer dans plus gros .

Mais là, bien qu'il s'agisse d'un petit livre, celui ci nous présente 5 nouvelles magistrales.

Avec un talent incroyable Sylvain Tesson est capable de créer dans chacune des ces nouvelles extra-courtes une ambiance et une histoire extraordinaire et dont les dernières lignes m'ont, pour chacunes d'elles ébahie.

Un vrai talent de narrateur, d'autant que ces histoires nous emmènent dans des contrées lointaines : la Sibérie, la Géorgie, la Hongrie ...et où, en quelques lignes seulement, Tesson nous immerge totalement.

Une petite pépite à découvrir pour 5 voyages... peu coûteux .
Commenter  J’apprécie          270
Moi j'aime bien la collection Folio 2€. le prix, d'accord, mais aussi et surtout les choix.

5 nouvelles, 5 histoires, 5 invitations à méditer sur l'homme et la nature.

‘L'asphalte' nous amène dans un coin reculé du Petit Caucase en Géorgie. Pour désenclaver le village, un paysan fait des pieds et des mains pour asphalter la route qui y mène. Mais est-ce une bonne idée ? Ce sera le grand débat dans le village. La chute sera surprenante.

‘Les porcs', ou les dérives de l'élevage intensif qui perturbe les campagnes, anglaises ou non, et peut provoquer des drames.

‘Le lac' se déroule en Sibérie et fait référence à la Grande Guerre Patriotique, mais aussi et surtout à la vie dans la nature si chère à l'auteur – « Deux chemises suffisent lorsqu'on travaille par – 27 °C. le froid n'affecte pas les paresseux. Au-delà de – 30 °C, il fallait passer la veste. Dans la vie, il y a des seuils.

‘Lîle', ou de l'avantage de la lecture.

‘Le phare', ou la rencontre du gardien de phare de Vladivostok et de celui de Brest, ou la rencontre de l'orient et de l'occident, où un gardien de phare taiseux rencontre un autre gardien taiseux et ils s'entendent très bien.

ET pour couronner le tout une belle écriture.
Commenter  J’apprécie          80
On est très secoué si on a commencé par lire ''Le téléphérique'', mais c'est authentique, la force de la Nature s'y déploie avec toute sa puissance au gré de ces histoires et l'homme est ramené à sa juste place, il est aussi invité à réfléchir à son respect, à retrouver sa juste place parmi elle et à une réflexion sur le progrès et la modernité aussi. La lecture de l'une d'entre elles est à la limite du soutenable et invite à une réflexion notre rapport aux animaux d'élevage. Un recueil avec des chutes violente et un peu trash parfois mais il faut ce qu'il faut pour secouer l'opinion.
Commenter  J’apprécie          70
Sylvain Tesson est quand même un sacré magicien des mots.
Quand en plus, il allie un histoire solide , à rebondissement, c'est un pur régal.
La première nouvelle de ce roman est un chef d'oeuvre du genre .
Dans un village enclavé de Géorgie , un habitant se bat pour relier sa bourgade à la grande ville toute proche... derrière les avantages et les inconvénients de la sortie de l'isolement que pourrait connaitre le village , va se nouer un drame personnel. Superbe, magistralement écrit, et comme souvent avec S. Tesson, plutôt cynique.
Les autres nouvelles sont un peu en deçà , mais la fibre écologique, les dérives de la société de consommation et la très belle écriture valent le détour.
Commenter  J’apprécie          70
Cinq nouvelles très réussies !

En quelques pages, Sylvain Tesson imprime une ambiance, une atmosphère et des personnages souvent cabossés ou qui vont l'être.

J'ai été happée par chacune des nouvelles. Des nouvelles qui ressemblent à des contes. le dénouement comme une morale.

J'ai particulièrement aimé L'asphalte, le lac et l'île.
Quel talent !



Commenter  J’apprécie          50
Quelques fort bonnes nouvelles, assez classiques dans leur forme, et où Tesson se montre plutôt réservé, retenu dans son propre style. Mais ça sent quand même le vécu. Alors, c'est... bien.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (376) Voir plus



Quiz Voir plus

Sylvain Tesson

Quelle formation a suivi Sylvain Tesson ?

histoire
géographie
russe
urbanisme

10 questions
329 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvain TessonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..