Une très légère oscillation

Vous êtes vengés, mon vieux Cabu et toi, mon bon Charb, et vous, chers Wolinski et Tignous. Les types qui vous assassinèrent mercredi sont les incarnations de vos caricatures. Ils sont à plaindre, ils ne s'en doutent pas. Ils sont les brutes hagardes, nées de vos crayons. Comme il doit être faible, ce Dieu qu'ils se bâtissent, qu'ils s'imaginent grand et se font le devoir de défendre contre des dessinateurs !

Je m'étais persuadé que les Français allaient respecter la trêve olympique, marquer une légère pause dans leur entreprise de déversement de critiques sur le dos de l'ours russe , célébrer un pays relevé de soixante-dix ans de communisme et de vingt ans de dépeçage libéralo-elstinien . Eh bien non , pas de répit .

Encore ce soleil de janvier : une boule mortifère qui blanchit les labours, annule l'horizon.

Ève ne se doutait pas qu'un jour se serait à elle de faire la compote. (p. 194)

Tolstoï donnait une définition du talent qui cerne Jünger en deux lignes et devrait pétrifier tout écrivain : "Le talent est la faculté de concentrer son attention sur tel ou tel objet et d'y voir quelque chose de nouveau, quelque chose que les autres ne voient pas". (p. 13)

Le mariage est l'intervalle qui sépare une passion élémentaire d'une pension alimentaire.

Le silence habille mieux le deuil et la colère que le brouhaha du commentaire. (p. 125)

AOÛT 2015 : NOTRE-DAME DU BON SECOURS

Je traversais la coursive de la façade vers la tour sud. Il fallait slalomer entre les touristes . J'observais les visiteurs de Notre-Dame. Tous prenaient des photos, des millions de photos , sans discontinuer. Pas un ne regardait Paris de son oeil. Ils brandissaient un écran entre le monde et eux. Y avait-il encore de
la place pour l'éclosion d'un souvenir, d'une pensée ? ( p.119 )

Frayeur

On a beau être fatigué de la condition humaine, on se dit que cela ne doit pas être drôle, la vie d'insecte : se tenir aux aguets, se mouvoir dans le cauchemar, environné de monstres à huit yeux qui vous fondent sur la gueule en silence... (p. 101)

Quand on y marque halte, les églises vides et silencieuses ont un pouvoir apaisant.