Le réel est la maladie du rêve.
L'Europe
C'est une petite péninsule à l'ouest de l'Eurasie. Son climat lui a conféré une richesse agreste unique. C'est un jardin minutieusement cultivé, un potager agencé depuis des millénaires, une mosaïque de paysages, de terroirs. Irriguée par des sources spirituelles grecques, romaines, celtiques, chrétiennes, juives, elle a vu naître des systèmes de pensée somptueux, la plupart des philosophies politiques et la majorité des découvertes scientifiques. Elle a nourri des savants qui, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, s'intéressaient à ce qui n'était pas eux-mêmes et désiraient comprendre, connaître, étudier l'Autre. La démocratie y a été inventée, expérimentée. Aujourd'hui, on y vit libre. Les plus démunis peuvent espérer une prise en charge gouvernementale. Des millions de déshérités essaient d'en gagner les rivages. Elle a conquis le monde et régné sur les peuples. Son modèle a été partout exporté, partout imité. Il sert encore de référence aux pays qui vivent la transition démocratique. Cette péninsule s'appelle l'Europe. Il paraît que les Européens d'aujourd'hui en rejettent l'héritage.
La politique : transformer ses promesses en renoncements, tirer bilan de ses mensonges.
Je passais de longs moments à caresser les gargouilles. Mon accident m'avait affligé d'une paralysie faciale, mon visage avait subi un glissement de terrain. Je promenais une face grimaçante. Les gargouilles me consolaient de la disgrâce. Elles se tenaient, scellées sur les parapets, et contemplaient Paris avec leurs gueules de monstres.
Si l'on coupe les mains d'un Italien, il risque de devenir muet.
L'expression « appuyer là où ça fait mal » fait-elle référence à la dissuasion nucléaire ?
Mao incarne le rêve de l'écrivain : son livre est obligatoire ; ceux qui ne le lisent pas sont punis ; tous les autres ouvrages sont interdits. Résultat : un milliard de lecteurs.
Le journal est la bouée de sauvetage dans l'océan de ces errements. On le retrouve au soir venu. On s'y tient. On s'y plonge pour oublier les trépidations, on y confie une pensée, le souvenir d'une rencontre, l'émotion procurée par un beau paysage ou, mieux, par un visage, ce paysage de l'âme. On y note une phrase, une colère, un enthousiasme, l'éblouissement d'une lecture. Chaque soir, on y revient. On lui voue sa fidélité. La seule qui vaille. La seule qui tienne. Le journal est une patrie.
Dans l'escalier régnait la fraîcheur. L'odeur de la pierre, aqueuse, métallique, n'avait probablement pas changé depuis le XIIe siècle, date de la construction de Notre-Dame.
Cette senteur de fleur morte, je l'ai sentie souvent dans les grottes karstiques où je bivouaquais au milieu des calanques de Cassis...
Je crois à la mémoire des pierres. Elles absorbent l'écho des conversations, des pensées. Elles incorporent l'odeur des hommes...
Les mots sont des voyageurs merveilleux. Ils naissent, ils se déplacent, certains connaissent le succès, d'autres ont la vie courte. Ils vivent, ils meurent, ils rendent grand service aux hommes ou bien créent la discorde. Nous abonnissons de les ressusciter.