AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,42

sur 2068 notes
La nouvelle couverture poche de Charly 9 est rouge.
Comme si le turbulent flot de sang avait débordé des pages du roman.
Le sang est omniprésent, peu contenu dans les veines et les artères. On l'aide à se libérer, à découvrir de nouveaux horizons, avec des lames ou des balles.

Cela commence par la rupture du barrage de la Saint-Barthélemy. Ce brave Charly est mis à la pression par son Conseil, son effrayante mère Catherine et son ambitieux frère Henri. Acculé, il étouffe ses scrupules et ouvre les vannes du lac de sang huguenot.
Et quelque chose casse en lui. Il pète plombs, câble, Wifi et 5G. Il ne veut plus rien avoir affaire avec les décisions politiques. de toute façon, quoiqu'il « décide » (sa mère lui tient le crayon), le sang coulera et on le haïra.
Et il participe au flot de sang. A la chasse par exemple. Il chasse les lapins et les cerfs dans Le Louvre même. Il casse le cou des alouettes pour en faire des pâtés. Il estrapade les espionnes de sa mère.
Et ce sang libéré invite le sien propre à faire la foire en dehors de son corps. Il blêmit. Il vieillit plus vite que son âge.

Tout cela, bien sûr, est à prendre au second ou au troisième degré. Jean Teulé propose de rire de ces massacres religieux. Je le surprends à imiter Quentin Tarentino.
Et j'ai ri. Faut bien, car on entend clairement l'effroyable réalité corner derrière le sarcasme, à coups de marteau-piqueur.

Est-ce pour autant que l'auteur a déformé la réalité historique ? Là je suis un peu perdu. A nouveau Henri III est nommé grand penseur de la Saint-Barthélemy, avec l'aide de sa mère qui adhère bien à sa légende noire, loin de la biographie de Jean-François Solnon.
Mais, dans un sens, Charles IX est dédouané, simple instrument fragile installé par hasard sur le trône de France et dont la famille espère qu'il n'y restera pas trop longtemps, quitte à aider le sort en piquant d'aiguilles une poupée à sa ressemblance.

Rire du carnage. Pas facile. Jean Teulé sait y faire.
Commenter  J’apprécie          334
J'avoue avoir du mal avec l'écriture de Jean Teulé. Elle me bouscule, me perturbe y compris dans l'acte de lire. Je comprends bien que c'est délibéré de sa part. Avec Charly 9, il entre de plain-pied dans le registre historique. Il saute à pieds joints dans le plat de la grande histoire.

Je crois y déceler une intention de désacralisation de l'Histoire. Ne tire-telle pas ses lettres de noblesse du respect que l'on s'impose envers nos ascendants, du seul fait qu'ils ne sont plus. Je vois dans le style de Jean Teulé une forme d'anti conformisme dans sa relation à cette discipline. Sa manière de l'aborder est tout sauf factuelle et chronologique. Elle est comme un éclat de rire pendant un enterrement. Cela dérange les affligés. Ne méprise en aucun cas le défunt. de toute façon ce dernier s'en moque.

Jean Teulé reste, accessoirement, fidèle au fait historique. Son style n'en constitue nullement une remise en question. Il échafaude simplement une autre approche de la relation du conteur à son auditoire. Il veut aborder l'histoire avec un état d'esprit différent. La désinvolture en est un. N'est-ce pas Charly ?

Il y a chez lui une forme d'anticipation rétroactive que n'auraient pas dédaignée les révolutionnaires de 1789. Il envisage une remise en question de la légitimité du pouvoir royal selon la conception de l'ancien régime. Ne se réclame-t-elle pas de droit divin dans son fondement ? Excusez du peu.

Selon Jean Teulé le droit divin ne fait pas le roi. le grand ordonnateur des choses de ce monde peut aussi se tromper. Mais oui ! Charles IX n'était pas fait pour être monarque. Il n'en avait ni l'âge ni le caractère. Il était surtout, même adulte, trop influencé par sa mère. Et comme avec tout être qui ne se gouverne pas par lui-même les choses ne sont ni simples ni claires. A ce niveau de pouvoir, l'indétermination se solde dans l'horreur. Une tâche de sang parmi d'autres dans les pages de nos livres d'histoire, certes bien marquée quand même : la Saint-Barthélemy.

L'humour est une autre façon de traiter le sordide. La moquerie une autre façon de plaindre. L'ironie une autre façon de blâmer. Jean Teulé bouscule l'establishment historiographique avec sa maestria dans l'art de surprendre. Cela peut déconcerter. Cela peut séduire. Mais pourquoi pas !
Commenter  J’apprécie          330
Ce livre retrace une période peu glorieuse de l'histoire de France.
Charles IX succède à son frère François II alors qu'il n'a que 10 ans. Son frère avait lui-même succédé à son père, Henri II, mort accidentellement. Jusqu'à sa majorité, c'est sa mère, Catherine de Médicis qui assurera la régence. le royaume à cette époque fait face à des querelles entre catholiques et protestants. le mariage de Marguerite, soeur du roi, avec Henri de Navarre, protestant, avait pour but de réconcilier les 2 religions. Mais quelques jours après ce mariage, un attentat contre le chef des huguenots va déclencher le massacre de la Saint-Barthélemy. Plusieurs milliers de morts, à Paris mais aussi en province vont ainsi être perpétrés. Cette période troublée n'est pas des plus réjouissante, mais Jean Teulé arrive à mettre de l'humour dans sa narration. Charles IX, très affecté par ce massacre, qu'il a décidé sous l'influence de sa mère et de ses conseillers, regrettera le restant de sa vie (très courte) cette décision. de santé fragile, il préférera échapper à toute implication politique en s'évadant dans des parties de chasse réelles ou fictives (dans le palais du Louvre) ou en allant visiter sa maîtresse, Marie Touchet. le livre est truffé de situations cocasses, comme celle où le roi préfère enfouir sa tête dans une alouette, et ainsi faire l'autruche, pour ne pas avoir à répondre au maréchal de Tavannes. Et après le départ du militaire, il déclarera : "Il ne m'a pas trouvé, hein ? J'étais bien caché...".
Je ne sais pas quelle est la part de vérité dans toutes ces anecdotes, mais malgré les atrocités de cette période et les appétits sanguinaires de ce roi qui sombre dans la folie, la lecture de ce livre a été agréable pour moi, comme l'avait été la lecture du Montespan, il y a quelques années.
Commenter  J’apprécie          320
Jean Teulé nous offre ici une immersion dans un royaume de France secoué par les guerres de religion – opposition violente entre les catholiques et le protestants. L'auteur nous donne un cours d'Histoire qui regorge de détails croustillants. Vous saviez, vous, que Charles IX était à l'origine – malgré lui – du célèbre poisson d'avril ?

Ce livre, je l'ai lu et relu, j'aime la façon dont l'auteur flirte avec le registre du comique mais également le registre de l'horreur. Je ne sais pas comment expliquer vraiment, mais cette alternance du cocasse et du pathétique, ça me fait vraiment rire/sourire et déconnecter du quotidien !

Cette biographie romancée de Charles IX n'est pas focalisée sur les guerres de religion mais plus sur la descente de ce roi aux enfers entre fièvres carabinées et fortes suées de sang par tous les pores de la peau. Quelle horreur !

C'est cru, c'est drôle, c'est détonnant, c'est du grand Jean Teulé comme je l'aime ! C'est un brin perché mais par ce temps gris, on ne va pas se le cacher, ça fait du bien ! Et, ce qui est terrible, c'est qu'à la fois on ne peut pas oublier que c'est bien lui qui a – même si c'est sous la dictée de Catherine de Médicis – déclenché le massacre des protestants à la Saint-Barthélémy, mais qu'en même temps, on a très envie de le plaindre, ce pauvre Charly 9 qui n'a pas eu une vie facile… pour finir, finalement, par connaître l'indignité finale, ses restes ayant été mis à la fosse commune à la fin du XVIIIème siècle !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/1..
Commenter  J’apprécie          320
S'inspirant de la courte vie de Charles IX, Teulé se lâche, percute avec des scènes de folie sanguinaires, hyper visuelles, quasi des scénarios, comme la chasse au cerf dans les couloirs du Louvre.

On en retient peu, qu'il a été à l'origine voir manipulé pour le massacre de la Saint Barthélemy, jaloux de son frère Henri, duc d'Anjou, préféré de sa mère Catherine de Médicis, qu'il est devenu fou sanguinaire et qu'il mourut à 27 ans, hémophile et transpirant du sang. (Wikipedia parle d'une pleurésie..)
Commenter  J’apprécie          320
Quand Jean Teulé revisite l'Histoire de France, ça ne passe pas inaperçu. Alors quand il remonte ses pendules à l'heure du règne de Charles IX et du massacre de la St Barthélemy, inutile de préciser que ça gicle de partout.

Alors qu'il m'avait enthousiasmée avec son Magasin des suicides, cette deuxième lecture parmi son oeuvre m'a laissée sur une impression nettement plus mitigée. J'ai trouvé que son roman versait avec trop d'allégresse dans l'excès. Les excès pour être plus exactes. Les actes comme le langage dérapent à chaque instant ou presque.

Les derniers Valois n'étaient certes pas très équilibrés, le petit Charly encore moins sans doute, mais là on sombre dans le grotesque qui finit par excéder. C'est du moins l'effet que ça m'a fait. J'étais restée sur l'humour noir bien ficelé du Magasin des suicides et là, je tombe sur une espèce de bouffonnerie sanglante et triviale.

L'écart a été trop grand pour moi. Ou le laps de temps entre les deux lectures pas assez important. Bref, j'ai pas aimé, même si j'ai tenu jusqu'au bout (ce que je ne parviendrai pas à faire plus tard avec Mangez-le si vous voulez...).
Commenter  J’apprécie          324
Pour un premier roman lu de Jean Teulé, critiqué 252 fois sur Babelio et partagé par plus de 2000 personnes, je suis déçu... il n'y a vraiment pas de quoi casser trois pattes à un canard boiteux du XVIème siècle...

Réinterpréter l'Histoire de la Saint Barthélémy, de Charles IX et sa mère, en distillant des anecdotes inédites dans une trame générale bien connue était pourtant intéressant. Surtout, le contraste entre le thème très dur, les scènes de sang, de larmes et de folie, et la plume vive, insolente et baroque de Jean Teulé, aurait dû s'avérer saisissant.

Il n'en fut rien pour moi. Sur une intrigue simple et des personnages caricaturaux, le vocabulaire moderne volontairement décalé et les envolées carnavalesques de Jean Teulé, qui prennent de plus en plus de place au fil de la lecture, à mesure que la trame historique s'épuise, sont vite retombées.

Pour moi, ces poissons d'avril -dont Jean Teulé nous conte une possible origine- sont un peu potaches... et la blague est lourdement mise en place... tant qu'à s'oxygéner par du pipi-caca, de l'hémoglobine et du vomi irrévérencieux, allons-y franchement et sans détour. Je préfère de loin la verve, plus spontanée, plus percutante, il me semble, de Cavanna. La plume de Jean Teulé est alerte et agréable, et j'ai ri parfois, certes, mais dans ma découverte du syle "true crime", je crois que je ferai un détour par Truman Capote, avant de revenir -peut-être, à temps perdu, pour la détente facile...- vers un roman comme celui-ci.



Commenter  J’apprécie          317
Le jeune roi français Charles IX se laisse convaincre de faire le grand ménage des huguenots et d'opérer ainsi ce qui deviendra le massacre de la St Barthélémy, en 1572. Après cette décision, il ne sera jamais plus le même, hanté par toutes les morts dont il se sent responsable. La folie et la violence le gagnent et surtout le rongent, jusqu'à sa fin...

Jean Teulé nous offre le récit d'un roi à la postérité bafouée fichtrement amusant et loufoque en mêlant vocabulaire et expressions modernes à un décor de Renaissance. C'est drôle et bien rythmé, bien que le style se veuille parfois ampoulé.
Le roi fait n'importe quoi mais surtout bascule dans une brutalité sans nom complètement symptomatique de sa fin à venir. Si l'histoire traîne un peu à la longue à force de relater à répétition plus ou moins les mêmes âneries, on assiste quand même au jeu très sanglant hyper politisé des Guerres de religions, ainsi qu'à un jeu de pouvoir et de chaises musicales royales tout à fait véridique et instructif.
Teulé ne perd pas le but ultime de son ouvrage : revenir sur une ironie historique, une déchirure dans le passé français et européen, et revient de manière acerbe sur les conflits religieux qui règnent et continuent de sévir en cette Terre. C'est franchement bien foutu et faudrait pas s'en priver.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          300
Merci Jean Teulé ! Si l'Histoire avait été enseignée avec un peu plus d'humour et d'humanité comme dans ce livre peut-être que j'aurais été un peu plus attentive en cours.
Au lieu d'une succession de faits, le règne de Charles IX entaché du sang de la Saint Barthélémy est abordé à travers la psychologie des personnages, leurs préoccupations au quotidien.
On y découvre des anecdotes telles que le premier Poisson d'avril, le sale caractère de Ronsard...
C'est peut-être très romancé mais qu'importe vu que c'est très agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          300
Troisième roman de Jean Teulé que je lis, j'ai apprécié cette lecture, surtout qu'elle m'a permise d'en savoir un peu plus sur l'histoire de France, domaine dans lequel, j'ai beaucoup de lacunes.
Charly 9 est le surnom de Charles IX, roi de France arrivé sur le trône jeune adolescent, et qui en début de règne vit sous la régence de sa mère Catherine de Médicis, oui, mais voilà les habitudes restent et quand celle-ci conseille très vivement à son fils, alors jeune adulte, de faire massacrer en une nuit toutes les protestants, celui-ci va contre son gré, accepter de donner cet ordre stupide et voilà comment le massacre de la Saint-Barthélémy a eu lieu. Très vite, le jeune roi va sombrer dans la folie, se reprochant constamment cet épisode tragique. Il va organiser des chasses à courre à l'intérieur même du Louvre, il va se promener avec une selle sur le dos, estimant de son devoir de devoir la tester avant de la mettre sur le dos de son cheval, il va vouloir fabriquer de la fausse monnaie, espérant redonner de la richesse à son peuple qui meurt de faim, bref la folie le gagne rapidement et avec celle-ci la maladie arrive et le roi meurt d'une maladie étrange puisqu'il transpire du sang, a-t-il été empoissonné par sa mère ? Certains le pensent. Il ne laissera pas vraiment d'héritier et de son règne, nous ne pourrons malheureusement retenir que la tradition du muguet au premier mai, mais cette tradition arrivera-t-elle à effacer tout le sang versé ?
En tout cas, merci Jean Teulé pour ce livre, qui m'en a beaucoup appris.
Commenter  J’apprécie          272




Lecteurs (4073) Voir plus



Quiz Voir plus

Jean Teulé

Comment se prénomme le personnage principal du roman "Rainbow pour Rimbaud"?

Roger
Robert
Ronan

10 questions
57 lecteurs ont répondu
Thème : Jean TeuléCréer un quiz sur ce livre

{* *}