La nouvelle couverture poche de
Charly 9 est rouge.
Comme si le turbulent flot de sang avait débordé des pages du roman.
Le sang est omniprésent, peu contenu dans les veines et les artères. On l'aide à se libérer, à découvrir de nouveaux horizons, avec des lames ou des balles.
Cela commence par la rupture du barrage de la Saint-Barthélemy. Ce brave Charly est mis à la pression par son Conseil, son effrayante mère Catherine et son ambitieux frère Henri. Acculé, il étouffe ses scrupules et ouvre les vannes du lac de sang huguenot.
Et quelque chose casse en lui. Il pète plombs, câble, Wifi et 5G. Il ne veut plus rien avoir affaire avec les décisions politiques. de toute façon, quoiqu'il « décide » (sa mère lui tient le crayon), le sang coulera et on le haïra.
Et il participe au flot de sang. A la chasse par exemple. Il chasse les lapins et les cerfs dans
Le Louvre même. Il casse le cou des alouettes pour en faire des pâtés. Il estrapade les espionnes de sa mère.
Et ce sang libéré invite le sien propre à faire la foire en dehors de son corps. Il blêmit. Il vieillit plus vite que son âge.
Tout cela, bien sûr, est à prendre au second ou au troisième degré.
Jean Teulé propose de rire de ces massacres religieux. Je le surprends à imiter Quentin Tarentino.
Et j'ai ri. Faut bien, car on entend clairement l'effroyable réalité corner derrière le sarcasme, à coups de marteau-piqueur.
Est-ce pour autant que l'auteur a déformé la réalité historique ? Là je suis un peu perdu. A nouveau Henri III est nommé grand penseur de la Saint-Barthélemy, avec l'aide de sa mère qui adhère bien à sa légende noire, loin de la biographie de
Jean-François Solnon.
Mais, dans un sens, Charles IX est dédouané, simple instrument fragile installé par hasard sur le trône de France et dont la famille espère qu'il n'y restera pas trop longtemps, quitte à aider le sort en piquant d'aiguilles une poupée à sa ressemblance.
Rire du carnage. Pas facile.
Jean Teulé sait y faire.